don't kill my vibe. (peyton)

La journée n’est pas encore totalement terminée et le travail de Peyton non plus. Mais il est hors de question pour la jolie brune de rester enfermée avec un temps pareil. Elle a parfois encore un peu de mal à se faire à cette vie, cette nouvelle vie ou plutôt, un retour à l’ancienne. Elle est partie quatre ans, c’est long, quatre ans. Elle est partie quatre années durant lesquelles elle eu la l’immense chance de faire le tour du monde. Et aujourd’hui, la voilà à travailler dans un bureau. Oh, elle adore ce qu’elle fait. Dessiner. Créer. Et elle est extrêmement reconnaissante à sa grande sœur de l’avoir aidé à trouver ce travail. Mais parfois, c’est difficile. C’est difficile d’être obligée d’admettre qu’elle ne sera plus vraiment capable de faire autre chose. Qu’elle ne sera plus jamais capable d’arpenter les métiers les plus fous. C’est difficile à admettre, et elle ne veut pas l’admettre. Elle ne veut pas voir la réalité en face. Elle se fait des illusions, Peyton. Des illusions plus grandes les unes que les autres, celles que sa vie ne changera pas. Alors que, qu’elle le veuille ou non, sa vie a déjà changé. Sa vie continue à changer. Chaque fois qu’elle se sent un peu plus faible encore, sa vie change. Elle qui a toujours eu la bougeotte, elle qui a toujours eu cette soif de vivre, cette envie de découvrir, se retrouve désormais condamnée à trainer une maladie qui la force à être tout le contraire de la jeune femme qu’elle est. Mais elle est résistante, Peyton, elle lutte, comme toujours. Elle ne s’effondre pas, comme toujours. La vie ne lui a pas fait de cadeaux, et encore aujourd’hui c’est le cas, mais elle ne veut pas se laisser abattre. Pas maintenant. Sinon elle ne s’en relèvera pas. Alors elle profite. Elle profite de moments comme celui-ci. Elle profite de ce qu’il y a de plus simple, parce qu’elle est là, sa vraie philosophie de vie. C’est pour cette raison qu’elle s’est installée sur ce banc, pour finir de travailler. Ici, elle est à l’air libre, exactement comme elle aime l’être. Et elle dessine. Elle laisse aller sa créativité. Jusqu’à ce qu’elle sente une jolie petite tête blonde au-dessus de son épaule. Se retournant vers cette jeune femme, Peyton comprend assez rapidement qu’elle n’est pas dans son état normal. Et pour cause, elle a elle-même était dans ce même état un nombre incalculable de fois. Alors elle esquisse un sourire, immédiatement amusée. Elle échappe même un rire en la voyant en panne de bonbons. Tu as l’air d’être dans un sacré état, toi ! Elle la regarde, mais il n’y a pas de jugement dans ses yeux. Ce n’est pas son genre. Elle mène elle-même une vie totalement atypique depuis toujours. Tu commences de bonne heure ! Un rire s’évade de nouveau de ses lèvres. La soirée n’a même pas encore débutée, alors elle n’imagine même pas les plans que cette jolie blonde a en tête pour cette dernière.

Elle écoute les paroles de la blondinette quelque peu amusée, Peyton. Elle se demande ce qui a bien pu lui arriver pour qu’elle en vienne à penser que la vie toute entière est de la merde. C’est quelque chose qu’elle n’a jamais pensé, elle. Même lorsque tout était sombre. Même lorsque tout s’effondrait. Lorsqu’elle a perdu sa mère, lorsque son père est parti, lorsque son frère est décédé, lui aussi, et même lorsqu’elle est elle-même tombée malade. C’est quelque chose qu’elle n’a jamais pensé. Peut-être parce qu’elle est une battante, parce qu’elle l’a toujours été, parce qu’elle a eu un incroyable modèle de force avec sa grande sœur, Isabella. Parce qu’elle sait aussi combien la vie est courte, combien elle peut basculer à tout moment. Il faut prendre ce qu’il y a de bon à chaque instant, voilà sa philosophie. Et cette jeune femme semble en avoir une toute autre, pourtant, en l’entendant dire que le monde est peut-être en retard, Peyton éclate de rire de la manière la plus sincère qui soit. - Mais oui ! C’est toi qui as raison ! Je ne comprend pas pourquoi je n’ai pas commencé, moi non plus ! Elle l’aime bien. Elle l’aime bien et elle est en mesure de le dire rien qu’avec ce peu de conversation. Elle a l’air aussi dingue qu’elle, aussi légère qu’elle, bien que tout le monde possède une part d’ombre. Et elle a rarement trouvé des personnes capables de comprendre sa folie alors elle veut en profiter. Peut-être que le hasard fait bien les choses, et qu’elles sont toutes les deux ici en même temps pour une bonne raison. Puis finalement sa nouvelle amie s’intéresse à ses dessins. Peyton lui tend alors le carnet et elle la laisse le feuilleter. - Je dessine des bijoux, c’est pour mon boulot ! Dis-moi ce que tu en penses. Elle aime avoir des avis sur son travail. D’autant plus que ce sont des bijoux de luxe, avec des diamants, et si ce n’est pas franchement le genre de bijoux qu’elle porte, elle apprécie le fait de pouvoir laisser parler sa créativité. Elle se demande ce que la jolie blonde fait de ses journées, elle. Car Peyton sait à quel point c’est difficile de s’enraciner dans un travail stable lorsqu’on est aussi folles qu’elles. Elle l’a elle-même expérimenté durant des années. Et si elle a ce travail maintenant qu’elle est revenue à New-York, c’est uniquement grâce sa grande sœur. - Surtout sois honnête, je ne suis pas du genre à me vexer ! Dit-elle en souriant. Elle n’est pas susceptible le moins du monde, Peyton. Et puis, elle est elle-même toujours assez honnête.