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| Sujet: ultraviolence (eden) Jeu 28 Mar - 20:11 |
| L'or vacillant des langues de feu illuminent son visage. C'est dans l'ombre que le chalet est plongé, bicoque de bois perdue dans une forêt noire, enroulée dans son linceul d'arbres aux branches squelettiques. Dans un geste tout calculé, Nine craque une allumette avant de mettre le feu à une autre mèche, l'esprit en pagaille, étrangement sereine dans une pièce où les corps s'amoncèlent pour créer une mêlée de spectres sombres. Elle entend les rires dans un coin, les murmures fanatiques, recouvert d'une musique qui appel à réveiller les morts, des chants d'outre-tombes qu'elle écoute d'une oreille, ses yeux figés sur le crâne de bison qui sert de repère à l'autel levé pour une soirée d'anciens adeptes. Longtemps qu'elle a pas foutu un pied dans ce genre d'endroits, qu'elle a un peu oubliée cette ambiance qui vous hypnotise, qui shoote à l'adrénaline. Elle est noire, elle est sombre, elle empoisonne les entrailles l'atmosphère qui règne, pesante comme figée en l'attente d'un éclat de chaos. Être solitaire dans un monde où chacun a sa main accrochée à une autre, les lèvres moulues contre leurs jumelles, Nine se perd dans sa propre conscience, abrutie à l'herbe consumée qui grésille entre ses lèvres. Sa peau d'opale marbrée de bleus aux cuisses, vestiges de passions trop empressée, elle ressemble à une sorcière déchue, le regard d'obsidienne à travers les mèches qui lui tombent sur les yeux. Brutalement, on enroule un bras autour de ses épaules, elle ne répond pas, détourne le regard vers le vieux punk qui lui offre un verre. "J'l'ai appelé poison mortel. Du sirop d'menthe et de la vodka. Parait que si tu doses mal, tu crèves. Ca t'intéresses ?" Bien sûr, ça m'a toujours intéressée d'crever en soirée. Elle l'observe en silence, sans répondre, lui soufflant la fumée de sa clope en peine face avant d'enrouler ses doigts autour du présent dit toxique. Il avance son visage vers elle, prêt à lui voler bien plus que son temps mais déjà Nine se détourne en une danse de pas légers, s'éloigne de lui en goûtant la mixture qui glisse sur sa langue imbibée à l'acide. Prisme opalin dans la vague brumeuse des êtres asséchés par la tise qui passe de mains en mains, elle slalome, attendant que le pire reste à venir. Elle sait comment ça se passe. On fait semblant d'être là pour taper dans la bière et la weed, on s'abrutit contre les murs en cherchant des orgasmes désespérés puis vient enfin le grand final, l'ouverture des portes menant vers une anarchie totale, à coup d'animaux morts et de prières implorant Satan. Sa course sans but s'achève sur un canapé au cuir éventré, amputé d'un pied qu'on a remplacé par une planche. Elle y échoue sans grâce, les paupières lourdes de défonce, les basses criant du Gesaffelstein empirant le voile mystique tombé sur cette réunion d'âmes damnées. Ca ne fait pas résonner les mêmes choses dans son cœur, ça la dégoûte presque d'être ici, à voir le morbide qui repeint les murs, le climat de mort qui pèse férocement sur la poitrine. Clope entre ses doigts repeins en noir, elle est prête à mener son verre jusqu'à ses lèvres pour oublier les doutes quand ses yeux tombent sur des jambes se rapprochant d'elle. De ses yeux, elle caresse l'épiderme des cuisses, remonte jusqu'au ravin qui sillonne entre les reins et les hanches avant de passer le reste pour percuter des prunelles plus rencontrées depuis une éternité. Nine se fige, le monde s'estompe pour devenir une photo floue. Elle oublie son verre, le visage levé vers elle, le sourire de connivence pendu aux lèvres. "On s'connait, non ?" Bien sûr qu'on se connait. Tu m'as gangréné la tête avec ta voix aux accents d'Enfer, avec tes yeux qui murmurent la démence et tes mots qui restent accrochés à mes pensées pour jamais se décoller. Peut-être qu'elle la déteste, un peu, qu'elle l'adore, trop, jusqu'à l'overdose. D'un coup de tête, elle désigne la place à côté d'elle "Viens." Qu'on s'enfonce toujours plus dans le néant qu'on s'est créé, qu'on emmerde le reste pour mieux se dévorer. Parce qu'on est deux serpents lâchés dans la tanière des agneaux se faisant passer pour des loups. Et elle est douce l'invitation, rauque comme du papier froissé. Finalement, elle lui tend son verre encore plein d'une concoction inconnue. Et peut-être qu'elles sont en train de se couler l'une l'autre, s'échangeant un verre empoisonné au GHB mais elle y fait pas gaffe, délie à nouveau sa langue jusqu'ici silencieuse "Un bouffon me l'a passé en me balançant sa recette, j'ai rien compris mais ça s'boit. Peut-être qu'il s'est ouvert les veines dedans mais j'vois rien et j'suis défoncée alors ..." Le sordide de ses mots est chassé d'un haussement d'épaules puant la nonchalance alors qu'elle s'enfonce un peu plus dans le canapé, ses yeux braqués sur elle, ravie d'avoir trouvé une alliée dans ce champ de bataille de morts-vivants. Laisse moi entendre ta voix, ça me rassure comme on rassure un gosse plongé dans le noir, les yeux crevés, un trou béant dans la poitrine parce qu'on lui a arraché le cœur à main nu. Mais vas-y Eden, essaie de panser mes plaies avec ta présence venue d'ailleurs, ton sourire de faë, j'entends plus que toi de toute façon. |
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| Sujet: Re: ultraviolence (eden) Mer 3 Avr - 16:55 |
| elle ne sait plus exactement quand est-ce-qu'elle a foutu un pied dans cette secte, eden. c'était après la cure en centre de désintoxication, là où elle avait rencontré lloyd. sir lloyd, c'putain d'malade mental. il n'avait pas qu'un problème avec l'alcool, il était comme elle. aliéné par la vie et hanté par la mort. il avait l'âme souffrante, le cœur arraché et les maux quotidiens. il parlait seul dans sa chambre, avait été transféré en psychiatrie après s'être taillé les veines avec l'un des pieds de son lit de fer. eden, c'était grâce à romy qu'elle avait tenu bon jusqu'au terme de son séjour. et plus d'nouvelles de lloyd, enfin plus, jusqu'à ce qu'il ne la retrouve à sa sortie. jusqu'à ce qu'il suive les empreintes de ses pas dans le queens, qu'il la traque dans l'espoir d'obtention d'un morceau d'elle. alors, il lui avait reparlé de ce comité, de cette magie noire qui avait réussi à réveiller ses perspectives d'avenir. il vendait ça comme un nouveau souffle, une paix intérieure, une rage libérée. elle a cédé, une fois. pour voir. non pas qu'elle soit influençable, mais bien parce qu'entre ça et la mort, aucun choix n'aurait été plus convaincant que l'autre. et puis elle y a prit goût. c'était une nouvelle addiction, un interdit de plus. toujours le même repaire au fil du temps. des bouts d'bois qui s'emboîtent les uns aux autres, architecturant leur sanctuaire en pleine âme forestière. des flammes incertaines et périssables qui se remuent dans les photophores, dont la danse s'accélère face aux décibels des chants implorants satan. sur les murs se chevauchent des photos par dizaines, des portraits abîmés de chacun des membres du clan. on entend toujours un chien aboyer et courir en tout sens après un os pas tout-à-fait proprement nettoyé. et puis il finit par pousser son dernier grognement avant minuit, l'heure de crime. elle a pour habitude de se penser invulnérable, eden. mais quand elle pousse la porte d'cette masure, elle se sent carrément invincible. comme si, enfin, la frontière entre la vie terrienne et l'antre fantomatique n'existait plus. on dit que les péchés mortels ouvrent les portes aux esprits impurs. elle imagine, depuis des années, que son charles ait rejoint les enfers depuis le jour où il s'est éteint. aucun ange n'aurait été capable d'accepter un malfaiteur comme lui au creux de ses nuages. dur comme fer qu'elle y croit, eden, à c'qu'il soit de l'autre côté, prêt à communiquer avec elle à travers la planche de ouija ou même par la grâce de son propre sang sacrifié. au coeur de la nuit, un soir de pleine lune. rien d'étonnant pour une soirée satanique. elle se sent à sa place, la fille au prénom paradis. intégrée à cette communauté depuis maintenant cinq ans. cette communauté, où le crime est un rituel et où les péchés sont usuels. là où on revendique l'animalité de l'humain. elle se souvient, pour son baptême, on l'avait forcée à se traîner à quatre pattes toute la nuit, jusqu'à ce que ses genoux s'en abîment rouge vif. on ne l'autorisait à répondre que par des cris, rien qui n'aurait pu ressembler à la langue de shakespeare. elle s'était réduite à devenir chienne d'une nuit pour intégrer la secte, et soulager sa douleur. parce qu'on lui avait bien assuré qu'ici, la vengeance remplaçait le pardon. et qu'elle trouverait réponse à sa revanche. elle déambule donc dans la pièce, perséphone, elle s'imprègne de toute cette aura mortelle qui oxygène l'espace. sir lloyd lui tend la main et la fait tourner sur elle-même. elle est contente de le revoir, sourit à ses blagues sanglantes. et puis, son rire chaud devient glaçon, enveloppé par les vers trop forts récités autour de la table ronde. alors elle part ailleurs, parce qu'en scrutant l'environnement, ses yeux se sont raccrochés à une silhouette bien trop familière. elle est là, sa sorcière. effondrée dans le canapé du coin de salle, aussi belle et déchue que la dernière fois. toutes, les dernières fois. elle se plante devant elle, l'ombrant de toute sa noirceur. nine lève les yeux, aussi douce que lente. elle la déshabille du regard, lui déficelant les lacets de sa jupe de cuir noir et lui déchirant le coton de son pull au col roulé de la même couleur. "on s'connait, non ?" eden sourit dans un souffle bruyant, qui ne s'entend pourtant pas, trop vite attrapé par les prières prononcées en boucle à quelques mètres d'elles seulement. "bonsoir ma perle." une éternité, que je ne m'étais plus perdue dans le chaos de tes opales fatiguées. une éternité encore, que je n'avais plus répondu de ce sourire hypnotique, que je te dévorerai un jour entièrement par la pointe de mes propres canines. "viens." elle sourit encore, de la même façon. elle la sonde, faisant glisser ses yeux de son front jusqu'au menton. appréciant chaque trait marqué sur son visage, et puis dévalant plus bas. laissant traîner son jugement curieux des clavicules jusqu'à ses cuisses, puis de ses cuisses à ses chevilles. et c'est seulement après quelques secondes qu'elle accepte l'invitation. la blonde s'assiège à ses côtés, prenant soin de croiser ses jambes avec élégance mais enfonçant son dos dans le coussin derrière elle. ayant soulevé le bras de nine pour s'installer plus confortablement, elle le prend près d'elle, le laissant s'allonger le long de sa cuisse, remuant sa peau du bout des ongles. et de sa main libre, l'innocente lui tend son verre. "un bouffon me l'a passé en me balançant sa recette, j'ai rien compris mais ça s'boit. peut-être qu'il s'est ouvert les veines dedans mais j'vois rien et j'suis défoncée alors ...." elle lui sourit en coin, j'sais bien, qu't'es défoncée bébé. t'as pas changé. t'es toujours défoncée. elle récupère le verre sans avoir pris le temps d'examiner son contenu et en boit deux pleines gorgées. sans aucune grimace lisible ou simple avis, elle se contente de se sortir une cigarette. ça atténuera sûrement le goût amer qui lui nappe le palais. opportuniste, elle profite de l'instant où nine tire sur sa clope pour lui faire tourner la tête avec sa main, clope en bouche elle-aussi, histoire de pouvoir allumer la sienne à son tour. elle tire une première taffe, se repositionnant aisément dans le canapé. puis elle regarde nine, sa nine. "jolis bleus." elle fait, sur un ton d'indifférence, avec une attitude figée. crachant simplement sa fumée. tu fais n'importe quoi nine, quand j'suis pas là. regarde donc l'état de tes cuisses. j't'ai pourtant prévenue de m'attendre pour t'foutre en l'air, j'n'aimerais pas rater ça. |
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| Sujet: Re: ultraviolence (eden) Dim 14 Avr - 20:17 |
| " bonsoir ma perle." T'es mon putain d'arsenic. La flamme qui allume le coeur-dynamite qui pulse en moi. Il m'attaque de ses coups de butoirs, me rappelle toute la douleur que tu me fais ressentir à t'échapper loin de moi, parfois pendant des mois. J'aimerais qu'on soit toujours ensemble, nos mains liées par les plus beaux des péchés. Nine elle boit juste les quelques mots qui passent la barrière pulpeuses de ses lèvres, l'halo de ses cheveux blonds jurant avec le topaze limpide de ses yeux deux opales de poisons. Eden aspire toute son attention, annihile le manque ressenti, l'entente de ce surnom doucereux caressant son âme dans le bon sens. Les vibrations d'incantations mystiques recouvrent un instant leurs respirations reliées et le froissement de ses pas s'avançant enfin vers elle. La caresse invisible de ses yeux sur elle est une lente agonie qui la tire vers le bas, toujours plus vers un gouffre dont on ne ressort pas. Tu sais que t'as mal Nine chaque fois que tu lui parles, chaque fois qu'elle tire sur les bonnes cordes pour t'asservir. C'est toujours le souffle coupé et les sens en bordel que tu te retrouves rien qu'avec les mots que vous vous échangez. C'est la bouffée de sa clope qui manque de la faire tousser, un shoot à l'héroïne que ses doigts sur son bras, la chaleur de sa cuisse juste en-dessous. Elle n'ose pas bouger pendant un instant Nine de peur de casser le flot enivrant de ses ongles contre sa peau offerte, observe leurs danses aérienne, ses doigts de sylphide n'agressant jamais, presque trop douce pour que ça ne plane pas comme la menace d'une coupure brutale. Après une latte trop longue, elle se remet à parler Nine, l'esprit dans le vent de ses pensées encombrées de néant, de doute, de souffrance, de plaisir. C'est un maelström parfait qui ne fait que souffler plus fort sous le regard d'Eden. Eden, trop belle pour son regard qui en a vu si peu, trop attirante pour le commun des mortels. Elle est pleine d'une souffrance à peine atténuée par les effets de l'herbe qu'elle attise de ses lèvres, rougissant l'extrémité d'un joint roulé à la va vite. Une main impérieuse saisit son menton et dans un baiser indirect, elles s'enflamment, se consument, leurs yeux toujours emmêlés, le noir baisant le bleu dans un silence religieux gondolé par l'atmosphère étrange qui les entourent. C'est sous ce tempo angoissant qu'elles ce sont rencontrées, Nine et son visage encore juvénile, le cœur saigné par les doutes, Eden et ses sourires déjà envoûtants. Elle se souvient de chaque heures, de chaque mots échangés, en aurait noircies des pages et des pages pour ne jamais oublier. C'est l'amitié bancale qui les relient, l'ambiguïté qui pourrait tout faire tomber. Elles ne sont qu'un château de cartes dont les tranches s'épousent parfaitement mais qui au moindre coup de vent pourrait s'effondrer. Et Nine serait la première à tomber, à sentir tout le vide que laisserait Eden en partant. Sa clope allumée, Eden délaisse son visage et même son bras que Nine reprend dans un geste toujours ralenti. Elle est douceur quand l'être est de violence. Elle est sourire quand le cœur cri qu'il aimerait la voir un peu plus. Mais tu refuseras. Tu me feras courir, pas vrai ? Et elle est bien la seule. Parfois, elle ne sait pas si elle la déteste d'être devenue son bourreau préféré. Clope entre les phalanges, elle souffle l'opaque d'une fumée épaisse d'entre ses lèvres carmines, reprend le verre à la mixture singulière, le sucre d'une menthe mêlée à celle plus amer d'un alcool qu'elle identifie mal. Il le lui a sûrement dit. Elle a déjà oubliée. Elle oublie tout. " jolis bleus." Eden lui jette ça sans même laisser apparaître d'émotions. Nine ne baisse pas les yeux pour les regarder, ils sont ordinaires, maquillent sa peau pâle pour montrer toute sa décadence, corps tué pendant des nuits sous les coups de reins de types avides d'orgasmes minimalistes. Ils ne sont rien. Sauf un. Sauf un putain. Elle ravale ses confidences, croise simplement les jambes laissant le tissus de sa robe couleur néant remontée dans son mouvement " Je me suis mise dans le thème." Ici ça pue la destruction massive, l'apocalypse à plein nez, le soufre des portes des Enfers qui sont prêtes à s'ouvrir. Et elle doute Nine, elle doute d'aimer encore ça avec autant d'ardeur qu'avant. Ramène moi à la réalité. Dis moi que j'ai toujours raison de venir. Que peut-être, si je continue, tu reviendras. Mais à la place elle continue de s'enivrer, se penchant rien qu'un peu, le corps tourné vers elle comme attiré malgré son esprit qui lui cri toujours de ne pas plonger encore plus. Mais t'es ma came, ma ligne de poudreuse, ma morphine. T'es tellement de choses que parfois j'aimerais t'oublier pour retrouver des racines moins bancales. C'est dans un sourire bourré d'énigmes comme elle en sort tout le temps qu'elle reprend " Mais disons … qu'il a été un peu trop empressé. ça ne fait pas mal." Elle en rajoute pour mieux fouiller la faille dans laquelle elle peut s'engouffrer, sans savoir ce que ça donnera. Elle veut pas la voir lui échapper, gravir des kilomètres de distance entre elles pour mieux lui faire grappiller quelques mots derrière un écran. " ça faisait un bail. Pourquoi t'es venue ce soir ?" Dis moi que y'a une raison pour qu'on se recroise juste quand je décide de revenir, avide de retrouver mes instincts primaires, mes envies de chaos. Sa main glisse le long des mèches blondes, s'y enroule dans un mouvement cotonneux, laissant chaque fil d'or lui glisser du doigt et recommencer encore et encore. Elle ne va pas plus loin, elle ne franchit jamais la barre de ses cheveux, parfois de ses mains comme pour ne pas aller trop vite, comme on effleure un spectre par peur qu'il devienne poussière entre nos doigts tremblotants. Elle fixe des limites pour éviter de se laisser engloutir. On se détruirait, on ferait rien que de broyer nos démons si on cassait nos barrières, on en viendrait à se détester de la plus pure des façons, j'en suis certaine.@eden aleïev |
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| Sujet: Re: ultraviolence (eden) Mer 24 Avr - 19:02 |
| il n'a rien suffit de plus que le reflet râblé de son visage dans sa rétine. nine, elle est apparue la bouche en cœur et les poignards contre les parois de son palais. eden n'avait plus qu'à se servir, s'emparer des armes et attendre le bon moment pour embrasser son âme. elle a détonné, la gamine. comme des coulures de sang pur dans un rang de mille personnes s'entaillant leurs veines ombrées à la haine. mais nine, elle n'était ni trop limpide, ni trop occulte. elle s'est imposée dans sa mire comme s'il n'y avait plus qu'elle sur cette putain de planète. poupée de charme mystique aux pédoncules corporelles de verres cassés, la peau diaphane et les pupilles d'encre ébène. elle a percé son cœur tranché, en a fait danser les débris acérés qu'il en restait. elle est devenue son regard le plus chérit. celui qui ne se situe pas tout-à-fait à travers la mort, mais pas tout-à-fait à travers la vie. celui qui regroupe les deux à la fois, qui prend de l'âge sans vieillir. celui qui n'est jamais né mais dont l'illusion ne meurt jamais. ce regard, qui semble lui avoir possédé les opales en d'autres temps, et qui s'est détaché des banalités mortelles aux premiers instants. le visage de nine s'est révélé être un souvenir, autant qu'une prédiction d'avenir. les contours fumés de sa silhouette ont éclipsé ses tentations au suicide. voluptueuse nine, aux saveurs luxuriantes et aux regards lancinants. trois ans plus tôt, elle devenait son nouveau caprice. pour une plangonophile obsessionnelle comme eden, aucune d'entre elles n'était plus désirable que cette poupée neuve et proprement emballée, tout juste parée à se faire baptiser. elle en a pris soin, au début. pour que l'amour naisse réciproquement et que la fusion surgisse sans point de retour. et puis elle s'est amusée, lassée, énervée, excusée. elle a joué, de cette poupée, elle l'a usée. aujourd'hui, son articulation n'est plus aussi souple qu'elle l'eût été un jour. le plastique s'est aveuli, le tissu de sa tenue s'est dentelé. poupée phonographe s'est altérée pour cause de mécanisme dysfonctionnel. maintenant, (entre autres), les mots sont écrits. mais quand elle regarde nine, eden, elle sent toujours la flamme du mirage danser au cœur de ses opales. elle est comme son poupon préféré, celui qu'elle n'arrivera jamais à marchander en vide-grenier, mais qu'elle pourra salir et esquinter jusqu'à toujours. ses griffes glissent contre la chair suprême, dans un tango curieusement placide. elle l'aurait marqué au fer rouge, si elle ne sentait pas son myocarde battre de façon aussi réaliste. une inscription encrée dans sa nuque, le numéro de série suivi de son année de fabrique et l'indication "sold out" en-dessous, afin d'avertir tous les clients potentiellement intéressés. t'es à moi, nine. elle abandonne les caresses sur son bras, ses yeux dévalent son buste jusqu'à ses cuisses, se posant amèrement sur les hématomes, avant de se faire balayer par le mouvement de ses jambes qui se croisent, et sollicités par la moindre parcelle de peau porcelaine qui se dévoile sous la remontée du voile de sa robe. "je me suis mise dans le thème." eden souffle un rire prosaïque. parce que les reliefs rebelles de sa poupée ne parviennent pas à adoucir son déplaisir intérieur. t'as jamais eu besoin de blessures pour être dans le thème. t'es une plaie humaine, nine. une écorchure sur pieds, une douleur ambulante. ses yeux sont remontés sur le visage de nine, dont elle ne perçoit toujours aucun indice temporel. elle sait juste, qu'elle lui a manqué. et que sa dernière lettre reçue lui a servi pour rouler un joint. un joint dont l'encens lui a rappelé son parfum. et dont le souvenir l'a hantée pendant toute sa défonce. "mais disons … qu'il a été un peu trop empressé. ça ne fait pas mal." eden mordille sa lèvre inférieure, éprise d'un sentiment hérissant. c'est comme avoir la chair de poule, le frisson apparent en moins. "fais attention à toi." lui ordonne-t-elle sur un ton indulgent, alors que ses yeux se perdent un instant sur le spectacle d'en face. satan est sur le point de prendre possession de la bâtisse aux allures rococo. les mains liées les unes aux autres tremblent et invoquent leur prophète avec autant d'hargne que de soumission. mais le regard de perséphone retrace chemin pour retrouver celui de sa perle. "t'es bien trop belle pour te laisser défigurer." elle pénètre ses yeux sans limite, un sourire creusant ses lèvres. "sauf si c'est moi qui t'abîme. parce que là, ce serait différent, je ferrai en sorte que tu restes une jolie poupée." elle souffle un rire léger, qui s'envole tendrement avec les prières récitées. mais je rigole pas, nine. invite-moi seulement à bleuter ton corps et rougir ta peau. eden se redresse d'avantage, toujours adossée contre le canapé mais son bras s'étire contre la tête de ce dernier. elle laisse sa paume aliter sa joue gauche, accoudée au meuble en direction de nine, toujours penchée vers elle, toujours irrésistiblement engouffrée par la singularité de ses regards. "ça faisait un bail. pourquoi t'es venue ce soir ?" elle mime une moue amusée en souriant des yeux alors que pendant cet instant de silence, ses cheveux s'enroulent autour des doigts de la jolie poupée. elle lui voue un désir malsain, lisiblement fasciné, se complaisant dans les caresses de cette gamine souillon. elle inspire une taffe de sa clope, soufflant sa fumée en direction du plafond, les yeux levés au même moment. "faut croire que leur berceuse me manquait." fait-elle d'un hochement de tête furtif envers le groupe de huit personnes aux paupières closes, chuchotant à présent des promesses de vengeance inarticulées. "satan me quitte jamais, tu sais. c'est toujours vivifiant de revenir ici." elle tire encore sur sa clope. j'te dirai pas, nine. que j't'ai attendu aux deux cérémonies précédentes, comme une putain d'môme punie un jour de kermesse. "et toi ? t'as trouvé mieux à faire que de t'ouvrir les veines, flirter avec les esprits et repeindre les murs de ton propre sang ?" qui veut te racheter, hein nine ? un riche qui t'promet le luxe ? un connard qui pense que vivre est une solution ? n'oublie pas, ma poupée. tu es déjà vendue. |
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| Sujet: Re: ultraviolence (eden) |
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