ta vie, je n’ose l’assembler à la mienne.
ta mort, je n’ose l’imaginer. pourquoi tu le ferais bear ? pourquoi tu prendrais le risque ? pourquoi t’en meures d’envie, d'elle ?
pourquoi tu me fais ça, amira ? plus rien ne va. tout se bouscule. tout se fracasse, idées bonnes ou mauvaises, envies idéales ou invivables. tu ne comprends pas, tu ne sais pas pourquoi tu tombes pour elle. juste pour elle. tu ne sais pourquoi les sens sont décuplés en sa présence, pourquoi tes yeux et ton corps restent bloquer sur elle et près d’elle alors que ton esprit te hurle de fuir le danger. princesse magnétique qui t’embrouille l’esprit.
je ne connaissais pas ton côté pétasse. tu n’avais pas besoin de ça, qu’elle revienne pour tout foutre en l’air, raffermir rage et colère, révéler envie et dépendance.
faut croire que tu déteins déjà trop sur moi. un souffle moqueur avant que tes lèvres ne prennent les siennes, rageuses. pénitence et punition pour elle, pour toi. l’un plus que l’autre. sans doute toi. tu t’enfonces bear, les pieds, puis déjà les cuisses dans les marécages d’or, à sentir ce genre de chose. à vouloir toujours plus. toujours plus de ses lèvres contre toi. toujours plus d’elle contre toi. encore plus d’elle près de toi.
tu vois quand tu veux. cinq mots saccadés alors que les lèvres sont relâchées. les yeux qui divaguent sur la porcelaine de la poupée. une caresse de ton pouce contre sa joue alors que ta main se desserre pour la libérer et glisser. elle se loge contre le creux de son cou.
arrête de flipper. et tu fais que ça, flipper pour de multiples raisons depuis que tes yeux se sont posés sur elle plus tôt.
y a les images du passé qui déboulent devant tes yeux, se fracassent contre ta vision pour te rappeler. plus encore que d’habitude. plus encore qu’avec tes quelques pensées pour elle, que des rêves inavoués, que des rêves passés lors des nuits, que des élans de nostalgie dégoutantes que t’as toujours rejeté dans l’immédiat.
car amira et bear, ce n’était pas possible.
car elle et toi, c’est trop dangereux pour une raison qui t’échappe complètement. sans doute parce qu’amira est belle. dangereuse créature d’une grande richesse, te surestimant peut-être un peu trop, toi le chien des rues regardant la folle allure de la chienne parfaite de ses maîtres, toi le taulard des rues moyennes du queens fourrageant la soie de ses cheveux. juste pour la plisser. juste pour que l'imparfaite perfection de son être intérieur resplendisse à l’extérieur.
tes yeux remontent dans les siens.
et toi arrête de jouer avec moi. l’ordre douloureux dans un soupir presque enragé. tremblotant du désir qu’elle t’anime, de la querelle qu’elle enclenche en toi. il n’y a pas d’autres explications à cet intérêt. pas d’autres mots pour définir ce qu’elle fait selon toi.
elle joue la princesse s’ennuyant dans son château doré. rebelle aux cheveux couleur corbeau de la sorcière elle parcourt en cachette les ruelles de la ville sans la protection des gardes du royaume. cachée sous sa longue cape qui virevolte au vent, son visage dissimulé sous son capuchon s’est relevé vers le tien. gamin des rues, truand recherché. noisette de son regard dans le tien, tu deviens le jouet parfait dans sa quête rebelle.
gamin des rues à son bras pour faire bondir papa.
ancien taulard à son bras pour offrir un grand sourire au prétendant choisi par papa.
rien à changer. tu le sais. tu crains que plus encore les choses s’enveniment. avec ce corps qui se colle contre toi, te ramenant dans la danse. dans la danse de l’enchanteresse, celle où elle reprend le contrôle. c’est doux, lent, plus dangereux que la poigne avec laquelle tu la détenais précédemment, plus que le baiser sauvage et impatient pour le goût de retrouvailles. c’est solaire, un coup dans sous la poitraille, le sourire qu’elle t’offre.
toi et moi, ce n'était pas un jeu pour moi. tu n’as pas le droit de dire ça, amira. elle va exploser, cette mâchoire qui ne desserre pas. elles vont imploser tes pulsions, celles qui rêvent de dicter tes choix, tes envies malsaines. elle, pour l’avoir elle. là ou n’importe où. là, tant qu’elle est là. épouser ses lèvres des tiennes, rendre grâce au souvenir de son corps divin contre le tien. réciter comme un dévot extrême et d’un chuchotement de tes lèvres contre son épiderme la leçon de ses courbes retenues dans ton crâne. bear, grand malade. garçon empoisonné psychique depuis la première rencontre avec méduse. pas le corps de pierre transformé mais le virus qui grouille à l’intérieur de toi. celui que tu tentes de te débarrasser, vainement.
un pas en arrière.
regret.
tes mains qui lâchent son corps, la brûlure comme dernière sensation. elle n’est pas de celle qui se dégoûte d’avoir touché. elle est de celle qui en redemande, cri capricieux d’un retour au source enfermé à double tour dans un coin de ta tête.
regret plus puissant.c’est une autre réponse que tu lui donnes.
j'te ramène chez toi. que tu craches en empoignant son bras, les chaussures qui foulent déjà le sol, la brusquerie pour te faire un chemin parmi les danseurs.
t’es venue comment ? t’as oublié tes amis assis à une table quelque part dans le bar mais t’as pas oublié qu’elle ne devrait pas être ici. t’as pas oublié à quel point amira chamboule tout, tes plans vengeurs, tes envies, ta vie. tu te souviens de nouveau à quel point votre dernière étreinte t’avait fait quelque chose dans le ventre. un regard dans l’autre, plongeons se terminant en noyade, comme incapable de dire les réels mots.
ne pars pas ; je regrette casse toi. toujours la même putain d’hésitation lorsqu’il s'agit d'amira. une dernière parole hésitante échangée entre vous comme lors d’un lendemain d’une coucherie entre meilleurs amis. puis c’est la vision de son dos que t’as eu pour dernière image. elle fuyant vers l’extérieur, toi de l’autre sens en attendant la libération.
tu ne sais pas ce que tu fais. tu fuis loin d’elle mais il y a ta main sur son bras alors que t'aurais dû la laisser derrière toi.
à amira, tu t’enchaînes plus encore.
pour amira, tu t’enchaînes en prônant le contraire, pas si certain de la laisser seule aux portes de son château.
@amira mokrane