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| Sujet: lonely the brave / flip Mar 5 Mar - 18:01 |
| Les pas de Louve sont lourds sur l'asphalte. Sa capuche sur la tête lui permet d'observer les alentours sans risquer d'attirer l'attention. Elle laisse ses yeux vagabonder à la recherche d'un visage familier, de traits menaçants au milieu de la foule. Cependant, les seules âmes sur son chemin sont celles des bourgeois du Queens, toujours élégants et propres sur eux. Finalement, capuche sur la tête ou non, Louve attirerait pareillement l'attention dans cet environnement, bien loin d'être le profil type des quartiers uppés. Habillée d'un sweat rouge vif trop grand pour elle, d'un jean noir déchiré, de ses vieilles rangers et d'un vieux sac sur le dos, elle n'est pas à sa place, trop éloignée du Queens qu'elle préfère : celui où on rame, mais on est fier. Louve soupire bruyamment, levant les yeux sur un ciel embrumé par la pollution de New York et attirant le regard de quelques passants intrigués, sûrement aussi effrayés qu'elle ne leur saute à la gorge par autant la singularité de son apparence que ses jointures pétées. S'ils pouvaient voir son visage, le noir autour de son œil droit et sa lèvre inférieure fendue, ils partiraient certainement en courant. Ce monde n'est pas le sien et ne le sera jamais. Même lorsque Louve deviendra célèbre par la force de ses poings, elle ne sera pas comme eux. C'est une promesse qu'elle se fait ; la promesse de ne pas se perdre en chemin. Qu'est-ce que je fous là, sérieusement ? Qu'elle se demande intérieurement, les yeux ancrés dans ceux d'une bonne femme au regard trop jugeur à son goût. Bien sûr, la boxeuse connaît la réponse. Flip. Il n'y a que lui pour la pousser à venir ici. À l'obliger de supporter tous ces êtres qu'elle méprise presque autant qu'ils la méprisent elle. Ce sera toujours Flip qui la fera se déplacer jusqu'au Queens uppé, un air renfrogné mais les yeux qui pétillent de le retrouver. Traversant la rue avec précipitation, Louve manque de se faire renverser, levant son majeur vers le ciel face aux insultes du chauffeur. Il ne manquerait plus qu'elle se fasse renverser à son tour, remplaçant Flip dans son lit d'hôpital. Est-ce qu'il viendrait, lui ? Est-ce qu'il serait là pour lui tenir compagnie comme elle l'a fait ? Et si la réponse est non, qu'est-ce qu'elle ferait ? Est-ce qu'elle serait capable de l'oublier aussi vite qu'il est arrivé dans sa vie ? D'un secouement de la tête, Louve laisse toutes ces pensées perturbantes s'envoler. On s'en fout. On s'en fout de ce qu'il ferait. On s'en fout parce que toi, toi t'étais là et que c'est le plus important. Arrivée à l'adresse donnée par Flip, ses doigts voyagent sur l'interphone de son immeuble à la recherche de son nom. C'est sans difficulté qu'elle termine par le trouver, appuyant dessus après un regard par dessus son épaule – habitude prise à force de vivre avec un criminel. – C'est Louve, qu'elle dit simplement lorsque la voix de Flip se met à résonner à travers l'interphone. Une fois entrée dans le bâtiment, Louve opte pour les escaliers plutôt que l'ascenseur, sa claustrophobie plus forte que la douleur dans ses jambes. Et faut dire qu'elle se fiche bien de l'effort, surtout quand le visage du hongrois se révèle derrière la porte de son appartement. Hoenikker, exclamation sans écorchement. Elle s'est entraînée à dire son patronyme pour ne pas avoir l'air d'une idiote. Louve retire finalement sa capuche avant d'ajouter avec un grand sourire : J'ai une surprise pour toi. Une surprise, ou plusieurs. Trois ou quatre bouteilles d'alcool dans son dos, rien de terriblement excitant ni de bien méchant. Un petit rien pour fêter son arrivée dans son nouvel appartement. |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Dim 17 Mar - 4:17 |
| ☽☾C'est long, comme soirée. C'est chiant, comme soirée. La fille qu'il avait ramenée en milieu d'après-midi était déjà partie. Pas le temps de s'attarder — surtout pas avec le commentaire désobligeant qu'il lui avait fait. Ego froissé. Aucun respect de manqué. Mais fallait croire que Flip se le demandait. Fallait croire qu'il s'en voulait. L'esprit errant, le besoin de sortir de trouver de la compagnie l'animant. Elle n'était personne. Elle n'était rien. Juste une fille avec un peu trop d'orgueil, qui pensait avoir misé sur le bon cheval et qui était reparti avec un rien. Un billet qu'il lui avait donné pour le taxi, comme seul lot de consolation. Menton levé, fierté ravalée — et elle avait filé. Le laissant seul avec ses pensées. Seul avec cette douleur qu'elle avait provoquée.
Il serait sorti sans hésiter, s'il n'avait pas eu le flanc percé par les lancinements. La fille qui se foutait éperdument de son état, et qui n'avait voulu en avoir que pour son compte. Ignorant les avertissements. Ignorant les sourires gênés, et les demandes d'arrêter. Difficile à comprendre, un simple non. Difficile de piger le refus, et de l'avaler sans protester. Difficile pour lui aussi, de sentir son corps ainsi le lâcher.
Et dans l'élan de solitude, dans son envie de se changer les idées en sachant pourtant qu'il ne serait capable de déambuler dans aucune soirée, il s'était tourné vers la seule qui comprenait. La seule qui comptait. La gueule d'ange qui avait tiré la sienne de la chaussée, et qui n'essaierait pas de lui tirer une faveur qu'il ne pourrait plus donner pour la soirée.
« C'est Louve. » Il a un foutu sourire, quand la voix résonne dans l'interphone. Enfin. Il enfonce le bouton pour lui ouvrir et lui permettre de monter. Lui demande si ça a marché — mais la porte claque derrière elle pour toute réponse. Et il respire calmement, s'appuyant contre le mur avec un sourire tandis que le silence revient dans l'appartement. Bientôt, Louve serait là. Bientôt, y aurait plus à se poser de questions. Plus à jouer ce foutu jeu dans lequel il s'était enlisé avec les années, et dont il avait à nouveau du mal à se tirer. Mais Louve changerait ça. Louve changeait tout.
Louve lui avait sauvé la vie, après tout.
Il entend ses pas dans les escaliers avant même qu'elle ne toque à la porte. Et ouvre, pour la trouver sur son palier. Le sourire lui étirant les traits, le soulagement de la voir aussi vite arrivée ne pouvant que l'animer. « Hoenikker. » Elle a l'air contente de le voir, elle aussi. Laisse sa capuche retomber, son regard mouvant croiser le sien. Putain, que ça fait du bien. « T'as fait vite. » Le soulagement, jusque dans sa voix. Le sourire bien trop large, sur ses traits de minet. Louve est là. Louve est là. Côtes presque oubliées. La fille mécontente, un lointain souvenir qu'il aurait bientôt balayé. « J'ai une surprise pour toi. » Pas besoin d'en dire plus, pour savoir que ça lui plaira. Le sourire qui s'élargit encore un peu, alors qu'il s'avance d'un pas. Ignore ses côtes, tend le bras. Attrape son menton du bout des doigts, profitant qu'elle ait les mains occupées à cacher son présent. « T'es une reine. » Et sans plus y penser, il colle sur ses lèvres un baiser. Doux, amical. Sans aucune arrière-pensée. Se séparant d'elle toute aussi vite, et s'écartant pour lui laisser le loisir d'entrer dans l'appartement. « Fais comme chez toi. » Un sourire en coin, la malice au fond de l'oeil. « T'es la première arrivée, et y a pas d'autres invités. » J'espère que t'as rien prévu d'autre pour ta soirée.
PAR MARS / @LOUVE KOROLEVA |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Mer 20 Mar - 18:07 |
| Flip et Louve, ce n'était pas écrit. Les événements ne prêtaient pas à une si belle amitié, à deux âmes qui se retiennent même après la tempête passée. Ils ne devaient pas se revoir et certainement pas construire une relation sur la durée. Flip et Louve, c'était la simple histoire d'un accident, l'un transporté à l'hôpital et l'autre refusant de lui lâcher la main. La vérité est que Louve n'a jamais compris pourquoi elle avait réagi de cette manière, revenant tous les jours, ses doigts entremêlés à ceux d'un parfait inconnu. De deux étrangers, ils se sont liés pour ce que la boxeuse espère être l'éternité. C'est idiot, quand elle y pense. C'est idiot d'être si attachée à Flip alors qu'elle ne connaît pratiquement rien de lui, les surfaces seulement éraflées et la profondeur de chacun enfermée à clé. Dans le fond, ce qui pourrait lui déplaire avec n'importe qui d'autre est loin de la gêner aux côtés de l'hongrois. Elle n'a pas besoin de savoir tous les détails de son existence pour l'aimer et se sentir en sécurité en sa présence. La preuve est que pour un autre, elle ne se serait jamais déplacée dans ce quartier, supportant mal la condescendance des bourgeois new-yorkais. Et si ses pas se font rapides pour cette raison, Flip en est pour beaucoup aussi. Louve a toujours hâte de le rejoindre et de l'avoir près d'elle. Il est une bouffée d'air frais dans un monde pollué et malade, tout ce qu'elle a besoin pour se relever et avancer. Si ça n'avait pas été lui qui l'avait contacté, elle l'aurait très certainement fait, l'invitant à bouger dans son quartier à elle pour passer la soirée ensemble. Lorsque Louve arrive devant son immeuble, elle s'empresse de l'appeler sur l'interphone, n'attendant que le son de l'ouverture de la porte pour s'aventurer à l'intérieur. C'est luxueux, un peu trop à son goût même, mais elle tente de ne pas faire attention à cette démonstration de richesse. En montant les marches, elle se dit qu'elle ne pourra jamais se faire à la fortune du Hoenikker. Ce n'est pas que ça la gêne, simplement qu'elle n'en a pas l'habitude et que Flip n'a rien à voir avec les autres richous qui ont pu croiser son chemin. C'est presque difficile à croire qu'il fait partie de la bourgeoisie new-yorkaise. Cette discussion intérieure s'arrête dès qu'il se retrouve devant elle, un sourire qui pourrait presque la faire craquer au visage. Parfois, Louve imagine que dans un autre monde, peut-être qu'il y aurait bien longtemps qu'elle serait tombée sous son charme – et très certainement qu'elle se serait rétamée la tête la première. – T'as fait vite. Que ça fait du bien d'être là, avec lui. C'est sans ambiguïté qu'elle laisse son regard glisser le long de son corps, un rictus enfantin sur ses propres lèvres. – Comment aurais-je pu faire attendre un si beau jeune homme ? L'orpheline taquine, bien que loin de mentir. Il est beau, Flip. Il n'a jamais cessé de l'être, mais sa beauté semble bien plus vivante maintenant qu'il s'est remis sur pieds. Elle ne perd pas de temps pour annoncer qu'elle a apporté un petit quelque chose pour lui, retirant le sac de ses épaules en même temps que les mots sortent de sa bouche. Bien que l'hongrois ne sache pas encore de quoi il s'agit, l'effet est immédiat, étirant les lippes de ce dernier plus largement encore. Ça réchauffe le cœur de Louve de le voir sourire, les souvenirs de son corps inerte revenant de plein fouet dans son esprit. Ils sont vite effacés par les doigts de Flip à son menton. – T'es une reine. Louve étouffe un rire contre ses lèvres, son propre sourire continuant de s'étendre à chaque seconde. – Je sais, qu'elle laisse glisser avec un clin d’œil, sa main se posant furtivement sur la joue de son acolyte. – Fais comme chez toi. T'es la première arrivée, et y a pas d'autres invités. Elle accepte l'invitation sans un mot. Ses iris voyagent à l'intérieur, détaillant tout du sol au plafond. L'appartement n'a rien à voir avec ce qu'elle connaît, mais ça ressemble à Flip et c'est le plus important. Elle se retourne vers lui, la lèvre inférieure capturée entre ses dents. C'est un réflexe qui lui vaut une sacrée douleur due à sa blessure encore fraîche. – C'est très joli. Et elle est sincère. Son honnêteté brille au fond de ses prunelles et elle espère que Flip le verra. Elle trouve cet appartement magnifique, ce n'est pas ça le problème. Au fond, il ne devrait même pas y en avoir, mais Louve ne peut s'empêcher d'angoisser. Et si Flip se rendait compte qu'ils n'ont rien en commun ? Que leurs deux mondes sont trop différents pour qu'ils soient compatibles ? Elle pourrait prétendre ne pas avoir peur que ça arrive, mais ce serait mentir. Elle reste plantée là, ses yeux posés sur Flip malgré leur envie de vagabonder davantage. Et elle sourit. Elle sourit en espérant qu'il ne verra pas qu'il y a quelque chose qui cloche. Louve termine par ouvrir la fermeture de son sac, en sortant une bouteille de vodka qu'elle a piqué dans le bar à Blaise. Les quatre bouteilles sont les siennes et s'il risque d'être énervé quand elle rentrera, la boxeuse est loin d'en avoir quelque chose à faire. Elle la lève un peu, le regard entendu et retrouvant doucement de sa confiance en soi. Vodka ? Qu'elle demande, le visage de nouveau pétillant. S'il faut que tu me lâches demain, Flip, on décrochera les étoiles ce soir.
@flip hoenikker |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Dim 24 Mar - 4:36 |
| ☽☾Elle est jolie, Louve. Gentille, aussi. Au moins avec lui. Elle est elle-même. Ne demande rien à personne. N'est pas intéressée à plus l'embrasser. À plus le toucher. Pas autrement qu'en amitié. Et pour Flip, à cet instant, c'est plus qu'il n'aurait jamais rêvé le demander. C'est un besoin de sécurité. Un besoin de rester auprès de quelqu'un qui ne chercherait pas à profiter de ses allures charmeuses, ou de sa réputation de courailleur pour s'attirer ses bonnes faveurs. Louve, c'est son dernier rempart avec la réalité. Et un soulagement sans bornes pour l'emparer, alors que la barrière s'était remise en place avec son arrivée.
Il la laisse rentrer, la laisse progresser dans l'appartement pour découvrir les lieux. « C'est très joli. » Mais ? Il les voit briller, ses yeux. Les voit luire de leur sincérité, mais aussi d'une étincelle légère qu'il était incapable d'identifier. Pas besoin d'être un foutu génie pour deviner, pourtant. C'est pas à ça qu'elle est habituée. Deux mondes trop différents, pour deux êtres on ne peut plus opposés. Ils s'étaient retrouvés à mi-chemin, dans la douleur et la solitude. Dans l'impression d'être compris, et le désir de le rester. Mais debout là, Louve faisait peut-être tâche. Dans les yeux de n'importe qui, dans le jugement de ceux qui auraient pu arriver. Elle détonnait. Belle à en crever, pourtant. Et au seul endroit où Flip aurait voulu l'avoir et la savoir, à cet instant.
« Bof. » Elle reste là, à le regarder. À sourire. Et il lui rend sa moue, avec un haussement d'épaules. Incertain de savoir ce qui lui passait au fond de la caboche, mais flairant qu'il ne s'agissait pas du meilleur instant pour le lui demander. « Mais c'est gentil. Merci. » Glissant dans son sens, pour encore un temps. Les questions viendraient. Pour le moment, il avait envie de profiter. Envie de rester à côté d'elle, et de se sentir entier. Arrêter de courir après le monde, et respirer. Juste pour une heure ou deux. Juste le temps d'un verre, ou d'une nuit à l'envers.
Elle finit par ouvrir la fermeture éclair de son sac. Par en sortir une bouteille, dont la vue seule tire les lèvres du Hoenikker « Vodka ? » « Oui. S'il te plait. » L'envie de se jeter à son cou. De la serrer, juste là, juste pour une minute ou deux. L'envie d'oublier le reste du monde, en sa compagnie. Mais ce ne serait jamais plus réalisable qu'avec un verre en main — et il le sait. Lui faisant signe de le suivre vers la cuisine, d'emblée. « T'as lu dans mes pensées. » Ça le fait rire. Ça lui donne envie de vider la bouteille. De sombrer dans le chaos de la nuit, pour ne s'en relever qu'une fois le soleil bien trop haut dans le ciel. La tête à l'envers, et le corps épuisé.
Dis-moi, Louve Dis-moi qu't'as nulle part ailleurs où tu dois aller.
« J'espère que j't'ai pas arrachée à tes projets. » Le sourire toujours aux lèvres, alors qu'il tend la main pour ouvrir le placard et en tirer deux verres. Il se retourne, les pose sur le comptoir. Lui prend doucement la bouteille des mains pour la laisser se débarrasser de son sac. Ouvrir et les servir. Deux rasades bien trop larges, mais fallait bien ça. « Tu la veux pure, ou tu te la joues prudente ? » Coup d'oeil en coin. Prunelles brillantes, malgré le tracas léger qui subsistait de se souvenir de l'ombre qu'il avait vu passer. Reste avec moi, Louve.
Parle-moi.
« T'as pas eu de mal à trouver ? » Lui ne rajoute rien, et attaque son verre d'un trait. Brûlure au fond de la gorge, qui descend lentement mais sûrement jusqu'à l'estomac. La tristesse de réaliser qu'il s'agissait de la seule chose qui continuait de lui donner un peu de paix, lorsque rien n'allait. Ça, et la présence de visages rassurants à ses côtés. Depuis quelque temps, ils se raréfiaient. Mais au moins, Louve, restait. Louve resterait. Fallait y croire. S'y raccrocher. Reste là. Reste avec moi. J't'en prie. M'laisse pas.
PAR MARS / @LOUVE KOROLEVA |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Lun 25 Mar - 20:02 |
| Leurs différences éclatent à la gueule de Louve. Ça lui tombe sur la tête comme un coup d'éclair sur la terre ferme. Et elle se laisse entraîner dans le tourbillon des doutes et insécurités. Il n'y a qu'un fil fin et invisible qui les retient l'un à l'autre, qu'une solitude partagée pour solidifier les fondations bancales de leur amitié. Flip a son propre univers fluorescent et une meilleure compagnie pour passer ses nuits. Louve n'est rien – rien qui pourra se battre contre le reste pour le garder à elle. Dans cet appartement doré, elle ressent le caractère éphémère de leur relation jusqu'au plus profond de ses tripes. Elle a mal, l'orpheline. C'est aussi fort qu'un coup en pleine mâchoire, qu'une droite à lui en casser le nez. Malgré tout, elle garde la tête haute, la commissure de ses lèvres s'étirant dans un sourire ineffaçable. Tu m'abandonneras, Flip. Tu me laisseras comme le reste du monde, mais en attendant, j'imprimerais mon visage dans ton esprit et graverais mon prénom au plus profond de ta poitrine. Et ça le blesserait, Flip, de savoir ce qui se trame dans sa boîte crânienne. Louve le sait et c'est bien pour cela qu'elle ne dit rien, gommant toute trace d'incertitude sur ses traits. Des blessures, il en a déjà assez. Il en a ici, là, certaines gravées sur sa peau, d'autres dans les profondeurs de son âme. Et s'il y a bien une chose que l'orpheline refuse, c'est d'en créer de nouvelles. Moi, je t'abandonnerais pas. Je resterais avec toi jusqu'à la dernière seconde – et même dans l'éternité si tu décides de me garder à tes côtés. – Bof, mais c'est gentil. Merci. Les yeux de Flip se fondent dans les siens, les questionnements s'y entrechoquant. C'est avec de la vodka gratuite qu'elle les balaye, son trouble effacé par l’excitation dans le regard de son acolyte et le visage illuminé d'un rictus réel et sans contrefaçon. Un mot, deux syllabes et une réponse qui ne tarde pas : Oui. S'il te plait. Il ressemble à un gamin quand il sourit comme ça, ses canines sorties et ses prunelles pétillantes. Et ça, la joie qui se dessine sur ses traits, c'est assez pour faire oublier le monde entier à Louve. A cet instant, il n'y a que Flip qui compte ; Flip pour qui elle foutrait la planète à feu et à sang. Elle le suit jusqu'à la cuisine. Son regard ne vagabonde plus, préférant fixer le dos de Flip pour empêcher la machine des doutes de se remettre en route. – T'as lu dans mes pensées. Et il rit. Il rit à en exterminer les malheurs du monde, à en réparer les cœurs malades et réveiller les morts partis trop tôt. Louve pourrait l'écouter rire des siècles et ne jamais s'en lasser. Elle préfère entendre cette mélodie plutôt que des plaintes silencieuses sur un lit d'hôpital. Ça lui rappelle qu'il est en vie, sain et sauf au milieu de son propre appartement. Elle s'accoude contre le comptoir, ses lèvres étirées jusqu'aux oreilles et ses yeux suivant les mouvements de son hôte. J'espère que j't'ai pas arrachée à tes projets. Mais tu sais, Flip, que tu passeras toujours avant le reste. C'est son propre rire qui résonne entre leurs deux êtres, réveillant une douleur à ses côtes. Louve grimace dans l'ombre, loin du regard de Flip et de son inquiétude déplacée. L’œil au beurre noir et la lèvre fendue sont déjà assez, pas besoin d'en rajouter. Lorsqu'il se retourne finalement, il n'y a plus aucune trace de son affliction passagère sur son visage. – J'avais rien de prévu, qu'elle commence. Rien qui te concernait pas, du moins. Je t'aurais certainement invité si tu ne l'avais pas fait. La vodka voyage de ses mains à celles de Flip, lui permettant de poser vulgairement son sac sur le sol. Les bouteilles s'entrechoquent, mais Louve ne se fatigue pas à vérifier qu'elles ne sont pas brisées, son attention entièrement sur son acolyte. – Tu la veux pure, ou tu te la joues prudente ? – Pure. Toujours. Elle ne connaît pas la prudence, Louve – foncerait bien dans un mur sans réfléchir si ça pouvait tuer les lacérations dans son corps. Blaise la qualifie parfois d'inconsciente et dans le fond, il est loin d'avoir tort. Si ça ne lui plaisait pas, il aurait choisi une gamine plus douce à dompter et à foutre sur le ring. En choisissant de l'accueillir auprès de lui, Blaise savait dans quoi il s'embarquait – et c'est un choix qu'il aurait dû faire avec plus de prudence. – T'as pas eu de mal à trouver ? Haussement d'épaules. Louve retient un soupir exaspéré de sortir de ses lèvres, l'image des passants guindés qu'elle a croisé revenant à son esprit. – Ils sont tous aussi cons, les bourgeois ? C'est la question qu'elle pose en guise de réponse, son propre verre descendu avec autant de rapidité que celui de Flip. Et elle grimace, encore. Elle grimace au goût dans sa gorge, mais aussi à son manque de délicatesse. Comment t'as fait pour survivre entouré de... ça ? Louve lève les bras, n'indiquant rien en particulier pour signifier qu'elle parle d'un tout. Il n'est pas comme eux, Flip. Pas comme les riches qui regardent le petit peuple de haut, une lueur arrogante et jugeuse au fond de leurs iris. Flip retourne tout ce dont elle croyait, fout à la poubelle tous les préjugés qu'elle avait sur la jeunesse dorée. Et Louve, elle ne sait pas si elle devrait en rire ou en pleurer.
@flip hoenikker |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Dim 7 Avr - 22:54 |
| ☽☾Maintenant que Louve est là, tout va mieux. La solitude moins pénible. Le rappel des derniers mois, dernières années, moins lancinant. Flip recommence à respirer. C'est l'effet d'un regard. L'effet d'un sourire. L'effet d'une bouteille de vodka habilement tirée, et d'une complicité que personne n'aurait pu prédire. Parce que Louve et lui, c'étaient deux mondes qui ne se rencontraient que pour se détruire. Deux mondes qui se bouffaient jusqu'à la moelle, sans pitié. Qui ne s'arrêtaient que lorsque l'autre, pantelant et sévèrement blessé, avait besoin de temps pour se rassembler. Il le savait. Avait grandi avec la jeunesse dorée. Grandi au milieu du fric, dégueulé dans des chiottes en or massif. Louve, elle venait du même monde que Mimi. Et fallait croire que depuis quelques temps, y avait que ça de vrai. Que ça à quoi se raccrocher. Eux qui voyaient son vrais visages. Eux qui se foutaient du fric, et appréciaient le manque de prétention qu'il avait, lorsqu'il sortait un billet pour leur offrir un verre ou deux en fin de soirée. Louve ne le jugeait pas. Louve le laissait exister. Et Louve l'appréciait pour ça.
« Je t'aurais certainement invité si tu ne l'avais pas fait. » Ça lui réchauffe le coeur, plus qu'il ne saurait l'expliquer. La douceur de Louve, qui s'entrechoquait violemment avec la solitude écrasante qui ne le lâchait pas depuis quelques jours. Faut croire qu'il avait besoin de ça. Besoin de la voir. Besoin de lui sourire. Besoin de partager un verre. Besoin d'elle.
« Ils sont tous aussi cons, les bourgeois ? » Les premiers verre de vodka ne mettent pas longtemps avant de se vider. Bientôt, faut se resservir. Et Flip le fait, avec un haussement d'épaules rapide. « Nan. » Il en met un peu plus, cette fois. Quoi qu'il en soit, on la boira t'façon. Non ? « Enfin, ça dépend. Disons que y a trop de facteurs qui rentrent en compte dans la connerie. » Il soupire. « Prends mon père, par exemple. » Il repose la bouteille. Vide la moitié du verre d'un coup. Pas bon, de penser au père Hoenikker à portée d'alcool. « Brillant. Mais un parfait connard. » Sourcils froncés. « Mon frère, Gaspar ? Brillant, et tout à fait respectable. À... Un ou deux détails près. » Il hausse les épaules. Comme tout le monde, quoi. « Et puis y a ceux qui sont pas bien brillants, et qui font des efforts pour ne pas prendre de haut tous ceux qu'ils croisent. » Un sourire, léger. « Comme moi. » Il lui donne un clin d'oeil. Retourne à sa vodka. Tu comprends, Louve ? Tu comprends que y a plusieurs types de conneries, et qu'on en est les parfaits exemples par ici ?
« Comment t'as fait pour survivre entouré de... ça ? » Et il se met à rire, Flip. La vodka qui lui enveloppe progressivement le cerveau. Les yeux qui brillent. De tristesse, autant que du rire qui vient de le secouer. De l'ironie, aussi. Laughing. Laughing to keep me from crying. « Survivre ? » Le sourire qui reste là. Il secoue la tête, en l'observant. « Tu m'as r'gardé ? » Est-ce que tu m'trouves vivant ? Est-ce que tu m'trouves en pleine santé ? Est-ce que tu trouves que j'ai réussi à m'en tirer ? « Faut que j'te rappelle comment on s'est rencontrés ? » Mon sang sur le pavé. La conscience à laquelle j'peux même plus m'accrocher. Et toi. Toi au milieu du ciel. Toi, comme un ange tombé là. « Fact : si j'ai survécu jusqu'ici, c'est grâce à toi. » Et il lève son verre. En reprend une trop longue gorgée. Va bientôt falloir s'asseoir. Trouver un appui, pour se tirer de cette misère qui l'étouffait. Tiens-toi debout. Tiens-toi droit. Garde la tête hors de l'eau. Avance. Et ne proteste pas. « Et à tous les gens qui m'ont montré qu'y avait d'l'air à l'extérieur de cette... Grosse enveloppe dorée. » Il mime le cercle de ses mains. Manque de renverser un peu de vodka — reporte le verre à ses livres. « J'me plains pas. » Il hausse les épaules. « J'aurais pu naître plus mal loti qu'ça. » Il le sait. La chance de l'argent. Chance de pouvoir se payer ce qu'il voulait. Tout ce qu'il voulait. Sauf sa liberté. « Mais j'pense pas que tu me jugeras si j'te dis que parfois, j'aimerais pouvoir me sortir de tout ça. » Deuxième verre fini. Trop vite. C'est imprudent. La tête qui tourne. Mais il s'en fout. L'humidité dans les yeux. Le sourire qui a du mal à rester. Mais j't'aime bien, Louve. J't'aime pour me rappeler tout ça. J't'aime pour me rappeler que je déteste cette vie. Que je déteste ce qu'ils me font. Ce qu'ils veulent de moi.
J't'aime, pour me rappeler pourquoi je suis bien avec des gens comme Mimi, comme toi.
T'es libre, Et moi j'suis là.
Tout c'qu'il me reste, c'est l'auto-destruction. Et t'as aucune idée d'à quel point j'suis devenu bon.
PAR MARS / @LOUVE KOROLEVA |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Lun 15 Avr - 15:36 |
| Les préjugés font leur chemin entre leurs deux êtres imbibés. Ils s'échappent sans tendresse, ancrés en Louve depuis de bien longues années. Une vie entière à détester le monde de Flip. À parfois envier les âmes à la richesse sans limite. À se demander pourquoi – pourquoi pas moi. Louve a longtemps jalousé la jeunesse dorée, elle qui n'est qu'une orpheline du Bronx – jamais aimée, jamais choyée, jamais réchauffée entre des murs de verre ou noyée sous les jolis billets. Avant Blaise, elle ne connaissait que l'orphelinat, sa mauvaise isolation et ses lits inconfortables. Certains foyers étaient d'une chaleur à en étouffer, mais Louve n'est jamais restée assez longtemps pour réellement en profiter. C'est là toute la différence entre elle et Flip. Il avait un toit solide au dessus de la tête et de beaux vêtements sur le dos. Mais Flip est aussi bien loin de ce qu'elle imaginait, l'esprit libre et le cœur pur. – Nan. Enfin, ça dépend. Disons que y a trop de facteurs qui rentrent en compte dans la connerie. Louve l'écoute, son menton au creux d'une de ses paumes. Son autre main vient chercher la bouteille de vodka, la prend délicatement d'entre les doigts de Flip et resserre son verre vide. Prends mon père, par exemple. Brillant. Mais un parfait connard. Mon frère, Gaspar ? Brillant, et tout à fait respectable. À... Un ou deux détails près. Ses dents attrapent sa lèvre inférieure, lui arrachant une grimace de douleur. Foutue lèvre fendue. Elle peut désormais sentir le goût métallique sur sa langue, relève son verre à sa bouche pour le faire passer. L'acidité crame sa plaie rouverte autant que sa gorge, mais Louve n'en a que faire. Elle boit les paroles de Flip comme sa vodka. Je te laisserais volontiers retourner mon monde entier et te remercierais pour les dégâts causés. Et puis y a ceux qui sont pas bien brillants, et qui font des efforts pour ne pas prendre de haut tous ceux qu'ils croisent. Comme moi. L'orpheline répond à son clin d’œil par un léger sourire, son menton toujours posé sur une de ses mains. – Je te trouve brillant, Flip, qu'elle glisse avant d'avaler le reste de sa boisson d'une traite. Tu le vois pas, mais tu l'es. Et je le répéterais jusqu'à ce que tu le comprennes. Louve se resserre un verre avant d'enchaîner par une nouvelle question. T'es si différent, Flip. Si différent de ce que je connais habituellement, de ce que j'imagine être ton monde. Dis moi comment tu fais, Flip. Dis moi comment tu survis à ça, à l'hypocrisie, l'arrogance et la corruption. C'est un rire nerveux qui vient y répondre. Elle le regarde, les sourcils froncés. Il n'est pas difficile pour l'orpheline de voir qu'elle a tiré sur la mauvaise corde, les yeux de Flip soudainement nuageux malgré son sourire à jamais placardé. – Survivre ? Tu m'as r'gardé ? Faut que j'te rappelle comment on s'est rencontrés ? Elle secoue la tête doucement. Les images du corps amoché de Flip sur la chaussée restent toujours aussi puissantes, ricochent dans sa boîte crânienne jusqu'à lui donner envie de vomir. Ses doigts resserrent leur emprise autour du verre, alors que son regard se détourne sous l'impact de ses mots. Elle crève sous le poids de la culpabilité – celle de ne pas avoir été là avant. Fact : si j'ai survécu jusqu'ici, c'est grâce à toi. Et à tous les gens qui m'ont montré qu'y avait d'l'air à l'extérieur de cette... Grosse enveloppe dorée. Louve ne relève pas les yeux, le cœur lourd dans sa poitrine. Si elle avait fermé sa gueule, elle n'aurait pas fait revivre tout ça à Flip – et son visage ensanglanté ne serait pas aussi vivide dans son esprit. J'me plains pas. J'aurais pu naître plus mal loti qu'ça, mais j'pense pas que tu me jugeras si j'te dis que parfois, j'aimerais pouvoir me sortir de tout ça. Sans affronter son regard, l'orpheline laisse ses doigts faire leur chemin jusqu'à ceux de Flip. Sa peau touche la sienne délicatement, la pression de sa main se faisant plus pressante alors qu'elle le rapproche à elle. Elle détache son emprise de son verre vide pour permettre à son autre paume de serpenter jusqu'à la nuque de Flip. Louve le retient contre sa poitrine, caressant doucement la chair brûlante de son cou avant de remonter à son crâne. Pendant un instant, il n'y a rien d'autre que le silence entre eux, que la sensation du corps de Flip contre le sien et la chaleur de sa peau. Puis c'est un sanglot qui vient briser leur mutisme. Louve serre davantage l'hongrois contre elle, ses lèvres à quelques centimètres de son oreille. – Je t'aime, tu le sais ça ? Qu'elle susurre. Il y a parfois des évidences, des coups de foudre qui nous tombent dessus sans qu'on s'y attende. Flip en est une dès le premier instant. Louve aurait pu le laisser se vider de son sang sur l'asphalte. Ne pas l'accompagner dans l'ambulance. Ne jamais revenir le voir et oublier son existence. Elle aurait pu, mais elle ne se serait jamais sentie aussi entière qu'à ce moment précis. Et si tu veux partir, je viendrais avec toi. Je te suivrais jusqu'au bout du monde. C'est peut-être l'alcool qui parle – ou un besoin de disparaître elle aussi. Elle dépose un doux baiser sur le haut de son crâne, les larmes à la frontière des yeux. Ça va aller, Flip. Je suis là pour m'en assurer.
@flip hoenikker |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Sam 20 Avr - 6:19 |
| ☽☾Pleure pas, Flip. Pleure pas. Le sourire qui revient à la charge. La confiance que Louve a placée en lui, bien installée au fond de l'esprit. T'es brillant aussi, qu'elle a dit. Tu l'vois juste pas. Et il ne sait pas si elle a raison. Ne sait pas s'il devrait se raccrocher à ses paroles, ou se laisser aller dans l'image que le monde lui renvoyait. Sachant, pourtant, que ce n'était pas ainsi qu'il survivrait. Et ayant appris, avec les années, à éviter de se laisser miner par les jugements qu'on lui portait.
Mais c'était les jugements qui l'avaient placé où il était. Les jugements, qui l'avaient enfermé en désintoxication pendant cinq ans. Les jugements, toujours les jugements. Qui le ramenaient à ce qu'il était — à ce qu'il voulait être. Les jugements. Toujours, les jugements.
Un soupir. Lever les yeux vers le plafond. Verre de vodka qu'il laisse sur le comptoir, un instant. Essayer de faire passer les larmes qui menaçaient. En vain. Conscient que Louve les aurait vues, malgré tout. Et ça n'attend pas. Les doigts de la belle qui trouve les siens. Leurs regards qui se rejoignent à mi-chemin. Et il sent la paume venir trouver sa nuque. Son visage se poser contre la poitrine qu'elle lui offre. L'expiration longue. Les yeux qui se ferment. Confort d'être là. En sécurité. Dans ses bras.
Il met un moment, avant de finalement l'entourer de ses bras. Lui rendre son étreinte, et s'accrocher au pull qu'elle avait enfilé pour lui rendre visite. Les yeux fermés, paupières serrées, poitrine lourde et gonflée du chagrin soudain qui l'agitait. Sans savoir pourquoi, sans comprendre comment. Louve était venue pour te changer les idées. Pourquoi, alors, être aussi miné ? Il sait. Sait que les idées aussi noires ne peuvent être ainsi balayées. Que, parfois, l'alcool et la drogue eux-mêmes ne suffisent pas. Ils ne rebouchent pas les plaies. Ne rafistolent pas les coeurs brisés. Ne font que les anesthésier, pour le bref instant que le repos pouvait durer. Un instant qu'il ne faisait qu'étirer en vain, depuis qu'il était sorti. Depuis des années.
Depuis plus loin qu'il ne peut remonter.
Il ne réalise pas que le sanglot est le sien, même lorsqu'il l'entend entre eux. Se contente de se raccrocher. De s'imprégner des mots que la Louve murmure à son oreille; rengaine douce et sereine. « Je t'aime, tu le sais ça ? » Et il le sait. Sait que c'est vrai. Sait qu'elle le pense. Le mot qui lui crève le coeur, et qui achève de lui étaler les tripes sur le comptoir. Sur le plancher. Partout autour d'eux, dans cet appartement qui ne lui ressemblait qu'à peine. Combien de temps qu'on t'a pas dit « je t'aime » ?
Combien de temps qu'on ne l'a pas pensé ?
Pensé avec autant de sincérité que Louve ne le vivait ?
« Et si tu veux partir, je viendrais avec toi. Je te suivrais jusqu'au bout du monde. » Et au milieu des larmes, il en rit. Étouffé contre son pull, le sourire ayant au moins le mérite de revenir leur rendre une maigre visite. Chin up, kiddo. Baiser, sur son crâne. Les forces de Louve qui se glissent en lui. Étrange chimie. Chin up. « Ça va aller, Flip. » Le seul mensonge, peut-être. Mais ça importait peu. Trop peu. Elle le pensait : c'était tout ce qui comptait.
Il expire, longuement. Se redresse. Ne peut pas la regarder — pas tout de suite. Les yeux au plafond, les doigts qui les essuient machinalement. Respirer, en grand. Respirer.
Chin up.
« Merci. » Finalement, il la regarde. Voit les larmes briller dans ses yeux à elle aussi. En essuie la lisière, avec une tendresse non-dissimulée. Franchit la distance qui les sépare, pour poser sur sa joue un baiser. « Pleure pas, va. J't'aime aussi. » Pleure pas pour moi. J'vaux pas cette peine-là. Il renifle. Visage à proximité du sien. Lui sourit. Puis il se recule. Tire un tabouret du comptoir, y prend place. Soupire, en passant sa main dans ses cheveux. « Un jour, on partira. » Il attrape la bouteille de vodka, rapproche son verre. « J't'emmènerai loin d'ici, tu verras. » Se ressert. « Un peu de soleil. Des gens différents. Une langue qu'on comprend même pas. » Ça nous f'ra du bien. Tu verras.
Le fond du verre, qu'il vide d'un trait. Grimace. L'alcool le frappe de plein fouet. Il abandonne son verre là, croise les bras pour les caler sur le rebord du comptoir. Lui sourit. « Désolé pour ça. » Il se gratta l'arrière de l'oreille. Pensif. Sourcils froncés. « J'm'attendais pas à c'que la soirée prenne ce tournant-là. » Nouveau soupir. Nouveau sourire. « Mais j'suis content que tu sois là. » Il tend la main, repousse une mèche de cheveux bruns de Louve. Belle. Sauvage. Étrangement réconfortante, malgré l'univers entier qui les séparait. Rien en commun. Qu'importe. C'était bien trop peu pour les arrêter. « Qu'est-ce que j'ferais sans toi. » Rien. Tu ferais rien.
Tu s'rais resté misérable, dans ton coin. T'aurais bu seul. Tu te serais sûrement endormi sur le canapé. Et t'aurais eu plus mal encore, demain.
Mais maintenant, plus besoin. Louve pourrait te coucher s'il le fallait. Louve t'abandonnerait pas.
Louve a dit : ça va aller. Louve tiendrait parole.
Louve resterait. Et ça irait.
PAR MARS / @LOUVE KOROLEVA |
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| Sujet: Re: lonely the brave / flip Jeu 6 Juin - 21:29 |
| Elle est fissurée, Louve. Elle est fissurée et les morceaux de son âme manquent de s'éparpiller sur le sol, d'écorcher la peau nue de ceux qui croisent son chemin. Elle est brisée, Louve. Elle est brisée et laisse des fragments d'être s'échouer sur l'asphalte à chaque pas. Toutes ces années d'errance, de malheurs et dopage aux médicaments, ont fait d'elle ce qu'elle est aujourd'hui : une gamine aussi bousillée que pourrie jusqu'à la moelle. Ses démons sont bruyants, la crevant presque à chaque mot qui s'échappe de leurs lèvres putrides. Ils ne cessent de vociférer à son oreille et de s'attaquer aux fondements de sa vie bancale. Et Louve en souffre – tout le temps. Elle continue d'en souffrir aux côtés de Flip, mais sa présence apaise ses maux les plus profonds. Caresse ses plaies pour doucement les faire disparaître. Embrasse l'imperfection de son être pour faire taire les pensées dénigrantes et automatiques. Avec lui, Louve se sent entière dans sa douleur – comme si elle l'avait attendu toute sa vie, qu'ils étaient nés pour se compléter de la plus imparfaite des manières. Flip fait ressortir la douceur qu'elle se refuse si souvent de montrer au grand jour, effrayée à l'idée qu'on puisse l'utiliser contre elle et l'abandonner. Il est différent, Flip. Différent de ses idées reçues sur les riches. Différent de tous ces hommes qui ont croisé son chemin. Différent de l'entièreté de l'humanité. Et la vérité est que Louve serait prête à tout pour le protéger du monde et de ses impuretés. Alors, forcément, la puissance de sa tristesse intérieure la ravage comme un ras-de-marée détruirait une ville. Ses doigts trouvent automatiquement sa nuque pour le ramener à elle, l'encercler de sa chaleur corporelle et de son amour sans limite. Elle souhaiterait qu'il s'en imprègne jusqu'à ce que le reste ne soit que des mauvais souvenirs lointains. Je t'aimerais pour deux, trois, quatre, l'humanité entière. Je t'aimerais à en graver des montagnes – ou à t'en décrocher la Lune. Je t'aimerais à t'en faire t'aimer toi-même, tu verras. Ça prendra peut-être une semaine, un mois, un an, une éternité. Ça prendra le temps qu'il faudra, Flip, et je serais là quand ça arrivera – parce que moi, je partirais pas. Les mots s'échappent de ses lèvres abîmées et Louve peut affirmer les penser en toute sincérité. Il y en a eu d'autres avant Flip. Il y a eu des centaines d'hommes et de femmes à se faire une place dans sa vie, mais aucun d'eux n'aurait pu prétendre avoir celle que l'hongrois occupe depuis leur rencontre. Si elle déteste s'en rappeler et se remémorer son corps ensanglanté sur la chaussée, l'orpheline n'en reste pas moins reconnaissante. Dans ce malheur, ils se sont trouvés et c'est ce qui importe aujourd'hui. Le rire étouffé de Flip résonne contre sa poitrine, lui arrachant un sourire sincère et faisant battre son cœur un peu plus vite. Il vient lui rappeler qu'ils sont bien vivants, qu'aucun d'entre eux n'a encore succombé à ses blessures – qu'ils ont encore une chance. Lorsque l'hongrois se détache, il fait froid. Il fait froid et son affection pour lui la frappe plus fort encore. Ses opales rougies par des larmes qu'elle peine à restreindre le suivent, l'observent se recomposer après s'être laissé submerger. – Merci. – Sois pas idiot, que Louve glisse d'une voix craquelée par l'émotion. Les doigts de Flip effacent les larmes encore invisibles, puis ce sont ses lèvres qui font leur chemin jusqu'à sa joue encore sèche malgré les perles salées qui menacent d'y dégringoler. – Pleure pas, va. J't'aime aussi. Ça la fait sourire, Louve. On ne le lui dit jamais et elle sait que ce n'est pas bien différent pour Flip. Si ce dernier peut ressentir le besoin de l'entendre, ce n'est pas son cas. Elle ne souhaite pas qu'on le lui dise – sauf quand c'est Flip. Parce que contrairement aux autres, il le pense et sa sincérité lui importe plus que des milliers de je t'aime sortant de la bouche d'inconnu(e)s. Un jour, on partira. J't'emmènerai loin d'ici, tu verras. Un peu de soleil. Des gens différents. Une langue qu'on comprend même pas. Cette fois, le coin de ses lèvres remontent à ses yeux. Louve reprend place à côté de Flip, les yeux toujours aussi brillant et le cœur tambourinant dans sa poitrine. – J'irais n'importe où tant que c'est avec toi. Elle se resserre un verre à son tour et l'avale d'un trait, l'ombre d'une grimace passant sur son visage porcelaine. Ça brûle, mais elle crèverait pour pouvoir boire un millier de verres ce soir. – Désolé pour ça. J'm'attendais pas à c'que la soirée prenne ce tournant-là. Mais j'suis content que tu sois là. C'est accompagné d'un nouveau geste tendre qui lui retourne les tripes. Qu'est-ce que j'aurais donné pour te connaître toute ma vie. Pour grandir à tes côtés et t'aimer comme un frère avant même de comprendre ce que ça voulait dire. – Et je suis contente d'être là, que l'orpheline répond avec sincérité. Il peut pleurer, Flip. Il peut même s'énerver ou rire à s'en briser les côtés, elle sera toujours heureuse d'être à ses côtés. – Qu'est-ce que j'ferais sans toi. La main de Louve fait son chemin jusqu'à la sienne, la serre doucement. – Tu t'en sortirais. Elle sourit encore. Toujours. Mais tu t'en ennuierais et ça, j'en suis certaine. Clin d’œil. Louve relâche la main de Flip et passer ses doigts dans ses propres cheveux. Ses iris voyagent du visage de son hôte à l'intérieur de la cuisine, puis au reste de l'appartement. Maintenant, dis-moi. Comment fait-on la fête chez les riches ? J'ai toujours voulu savoir. Qu'elle demande avec un rictus amusé. Montre-moi les vestiges de ton monde. Fais-moi tout découvrir.
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