bad habit (juliette)

les pieds ancré dans le sol, une stabilité sans failles, un genou qui remue au rythme des notes que laisse échapper l’ampli derrière vous. Les phalanges qui courent sur les cordes, tricote en résonance les sons qui se mélangent, connaissent à la perfection les cordes qu’elles doivent presser, gratté, faire trembler. Le souffle chaud qui transperce tes lèvres, irrigue ton cœur et tes poumons d’un air remplis de fumé de cigarette et de vapeur d’alcool. Mais tu t’en fous. Tu t’en fous de savoir que tu peux crever demain, t’en fout de savoir que tu’es en train de jouer dans un de ces bars qui ne reçoivent que des groupes de secondes zonent. Toi tout ce que tu veux, c’est qu’on te regarde, t’observe, qu’on n’ait d’yeux que pour toi. Au centre de leurs mondes pour faire tourner le tien. Les sourires que tu vends à qui voudra bien les voir, à qui voudra bien t’observer, le regard que tu finis par faire tomber sur la brune au fond de la salle. Vous enchaîner, les chansons que vous connaissez par cœur, les reprises de quelques groupes déjà bien plus connus que vous, les chansons que tu as toi-même composées, que Jax a écrites, sa voix posée contre le micro qui résonne entre les tintements de verre, de bouteille qui s’entrechoque, des éclats de rire de ceux qui ne vous écoutent même pas. Tu les regardes un peu, essoufflé, écœurer de voir que vous ne captivez pas tous les regards, toutes les âmes. pourtant tu continues. The show must go on.

tu redescends un peu en même temps que tes pas t’emmène loin de la “scène” improvisé, rejoins les loges tout aussi improvisées. Ce sont juste des fut de bière que l’on a poussée, des chaises que l’ont à disposer en rang d’oignons, vos affaires posé en vrac par-dessus. putain. toi qui rêves de jouer dans de vraies salles, devant un vrai public qui aurait payé pour vous voir, pas devant un tas d’alcoolo qui ne sait même plus où il crèche. Mais le sourire de tes potes te fait oublier un instant le manque de reconnaissance et le succès auquel tu aspires tant. T’attrape la serviette, frotte ta tignasse blonde sur ton crâne tout en allumant une clope. T’attend qu’on te serve ta première bière avant de quitter la réserve et de retourner dans la grande salle, les yeux cherchant dans la foule. Tu sais pas ce que tu cherches, mais tu sais que c’est elle quand tes yeux se pose sur sa jolie petite gueule. tu gommes la distance, de grand pas pour te retrouver à coté d’elle rapidement. “Alors”, une gorgée de bière et tu t’incrustes, te place là, bien en face d’elle. “Tu nous as trouvé comment ?”, tu veux vraiment savoir Bart ? tu veux vraiment qu’elle te dise ce qu’elle a pensé de toi ou tu préfères qu’elle te mente ? qu’elle te serve de doux mensonges qui raviront ton ego ?