Lui montrer la voi(x)e

Une après-midi de libre. Avec son travail, cela arrive rarement désormais. Et cela a un côté un peu frustrant pour Peyton qui n’a jamais aimé avoir un emploi du temps attitré, avoir des obligations à respecter ou des règles à suivre. Elle a toujours aimé vivre sa vie comme elle l’entendait, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle est partie faire le tour du monde durant quatre années. C’est pour cette raison qu’elle s’est émancipée de toutes contraintes, de toutes barrières. Parce qu’à ce moment précis, elle en a eu besoin bien plus que jamais. Parce que la mort de son frère a été un nouveau coup dur, un ultime coup dur. Le coup de trop. Mais maintenant qu’elle est revenue, elle retrouve peu à peu une vie rangée, bien malgré elle. D’autant plus qu’elle n’a pas le choix, et c’est encore bien plus difficile à accepter. Elle est malade. C’est la triste réalité. Une insuffisance cardiaque qui l’empêche de faire un grand nombre de choses. Une insuffisance cardiaque qui l’empêche d’être elle-même, tout simplement. Cette maladie a des symptômes qui sont l’exact opposé de ce qu’elle, elle est. Fatigue, faiblesse, un vrai supplice pour une jeune femme qui croque la vie à pleine dent, qui n’a peur de rien et qui ne demande qu’à vivre. Et elle ne parvient pas à s’y faire, Peyton. Plus encore, elle n’essaie pas de s’y faire. Elle ne veut pas s’y résoudre. Ce n’est pas sa maladie qui va déterminer qui elle est. La jolie brune fait surtout tout pour ne pas y penser. Cette après-midi, elle a décidé de profiter du beau temps pour prendre un bol d’air frais. Elle est allée au parc pour pouvoir dessiner de nouveaux modèles de bijoux tranquillement. Elle ne réalise même pas qu’elle chantonne, en réalité. C’est quelque chose qui lui vient tout naturellement. La chanson est celle que chantait sa mère lorsqu’elle était petite, avant qu’elle ne décède. Une chanson qui est restée gravée dans la tête de Peyton. « Eres tu » de Mocedades. Mais c’est alors qu’elle entend une voix s’adresser à elle. Un homme qu’elle n’avait pas remarqué, et à qui elle offre pourtant un joli sourire. En réalité, elle pense qu’il plaisante avec elle. - Une carrière ? Tant que ça ? Dit-elle en échappant un rire. Elle a du mal à imaginer qu’elle puisse avoir un talent pour la chanson. Elle n’a jamais chanté, elle n’a jamais pris de cours. - C’est très gentil à vous, mais je ne chante pas, je chantonne. Elle ne le prend pas du tout au sérieux, c’est certain. En revanche, elle est ravie de pouvoir faire la connaissance d’un voisin. Alors d’un ton toujours aussi agréable, elle reprend rapidement. - Moi c’est Peyton. Et j’habite aussi le quartier avec ma sœur. Une nouvelle vie qui s’est offerte à elle au moment même où elle a choisi de revenir vivre à New-York.