drugs rules brain (moïse)

trois heures du matin. le queens s'est endormi malgré le tapage nocturne de la maison de bois dans le quartier contemporain. la musique battait à plein, eden et mimi riaient si forts que leurs lèvres s'en souviennent. encore un after improvisé, dont elles n'auront sûrement pas de souvenir le lendemain. entre une prise de taz et une prise de bang, les filles ont refait le monde. comme souvent. elles se sont imaginées ici et ailleurs, ont débattu sur la compatibilité du physique et de la psychologie mentale et ont terminé par faire des concours à la con. le genre de truc qui finit par vous faire boire une bière cul sec et mimer une position sexuelle. c'est laïs, qu'est venue jouer les rabat-joies. la gamine, elle a encore de l'avenir, et il ne lui restait plus que quelques heures de sommeil quand elle est sagement venue demander à ses colocataires de la mettre en veilleuse. mimi a rejoint son lit peu de temps après, mais eden est restée éveillée. ses réserves se sont vidées trop rapidement pour qu'elle n'ait eu le temps de s'en rendre compte plus tôt. alors, mimi lui a passé le numéro d'un de ses dealers, qui se déplace, même en pleine nuit, à contraire de ses contacts à elle. le temps pour eden de prendre une douche dont l'eau finit par couler froide, le temps de maudire les filles qui partagent son loyer, le temps de s'habiller d'une chemise en lin beige sur un tanga blanc, et voilà qu'on frappe déjà à la porte. sûrement trop fort, puisqu'elle l'entend de la salle de bain. alors elle s'en va ouvrir, les sourcils froncés. "eh, j'tiens à ma porte, donc évite de la casser s'teplaît tu seras mignon." elle détaille du regard un instant le mec qui se tient devant elle. il a un physique à faire peur. ça lui plaît. "déjà qu'elle est pas en super forme." elle rajoute. non, vraiment, ce serait bête qu'il la lui abîme. mais il a pas l'air très souriant, le bonhomme, alors eden, elle se retourne et s'en va rejoindre le salon. "les filles ! le gigolo est arrivé !" elle lance, assez fort pour réveiller une énième fois laïs qui doit sûrement étouffer ses oreilles dans son coussin. après avoir changé la première chaîne de la télé pour celle des clips musicaux, elle s'assoit dans son canapé, laissant sa tête tomber en arrière. silence. aucun mouvement. elle se redresse, plantant son regard dans celui du dealer, resté planté devant la porte. "bah viens, rentre. c'était une blague t'sais." elle commence, en se frottant la paupière de sa main droite. "j'compte pas vraiment te payer pour qu'on couche ensemble." elle rajoute, l'air aussi malicieux qui lui imprègne si souvent le visage. elle est encore un peu défoncée, eden, mais provoquer les autres fait partie d'elle. sobre ou stone. elle n'sait pas s'arrêter. elle n'a pas de limite. et même quand elle essaie d's'en poser, elle les brave la seconde d'après.

la manette de la ps4 ancrée dans les mains, les yeux rougis par l'écran et par le pur que vous venez de fumer, leeroy est en train de te mettre la misère. le plus doué de vous deux en ce qui concerne les jeux de combat. c'est le combat numéro trente neuf, et t'es même pas foutu de sortir vainqueur. vas-y, comment c'est d'la merde ton jeu. que tu craches. il est fier comme un coq, passe une main à l'arrière de ton crâne pour t'encourager comme un gosse, tu l'envoies chier sans ménagement. allez, j'suis sûr, le quarantième c'est le bon ! ton portable se met à vibrer, numéro inconnu, tu lis le message en diagonale, ne retenant que les informations importantes. une livraison tardive, de l'argent qu'on ne refuse pas, et la possibilité d'échapper aux mains expertes de leeroy. le bussiness. il tire tout de suite la tronche, t'attends pas de réponse, tu te lèves d'un bond. t'enfiles un hoodie couleur sang après avoir récupérer la came, écouteurs tout de suite dans les oreilles, c'est à pied que tu te rends à l'adresse indiquée.
tu cognes à la porte, une fois. deux, trois, quatre, cinq fois. t'as jamais été patient, encore moins à trois heures du matin devant tout ce qui a l'air d'un trou à rat. eh, j'tiens à ma porte, donc évite de la casser s'teplaît tu seras mignon. c'est sur une poupée à moitié habillée que tes yeux se posent, c'est pas dans leurs habitudes, aux nanas, de se faire livrer  à une heure pareille, par un parfait inconnu. chez elle, qui plus est. t'es suspicieux, t'observes le regard froid, les lèvres scellées. elle s'est déjà retourné, t'offrant une vision qui ne laisserait pas le dernier con indifférent, ça pue le piège à plein nez. peut-être un connard qui voudrait te descendre. les filles ! le gigolo est arrivé ! tu restes planté à l'entrée, les mains dans la poche de ton sweat. une musique de merde s'attarde jusqu'à tes oreilles, ce n'est qu'à ses dernière phrase que tu te dérides, encouragé par le flingue qui dort au creux de tes reins. t'es entré, t'as même fermé la porte branlante derrière toi. puisqu'elle s'est assise, t'en fais de même, à quelques centimètres d'elle. un coup d’œil rapide pour ceux qui t'entoure, que tu t'en souviennes. mais tu vas pas te mentir, c'est surtout la fille que t'observes. sa tenue bien trop décontractée, son regard miroir d'une soirée agitée -pas encore terminée. c'est dommage. que tu lâches, enfin, t'as pas perdu ta langue. j'suis strip-teaseur pour boucler les fins d'mois. t'arques un sourcil. il te faut quoi, pour te terminer en beauté ? tu causeras prix ensuite.

inviter un dealer chez soi en pleine nuit, c'est imprudent. pour eden, c'est insignifiant. de quoi devrait-elle se méfier ? de fréquenter un mec qui pourrait porter une arme sur lui ? d'ouvrir la porte à un inconnu ? c'est tout c'qu'elle aime faire, eden. se confronter aux dangers. elle ne se rend compte des risques que très rarement, pour ne pas dire jamais. et puis surtout, elle n'a pas peur. sa chienne de vie l'a fait devenir une femme indifférente et indolente, malgré elle. déjà petite, on ne l'a pas éduquée. personne n'a été assez bienveillant envers elle pour lui rappeler de faire attention, pour la prévenir de se méfier des gens, pour lui faire appliquer des règles de bonne conduite. comme par exemple, vouvoyer les personnes plus âgées qu'elle ou ne pas se balader à moitié à poil quand elle n'est pas toute seule chez elle. plus tard, elle n'a pas eu le temps d'enfin apprendre à aimer qu'on lui a volé l'amour et brisé le cœur. littéralement, on lui a pris quelqu'un pour qui elle ressentait enfin des sentiments encore inexplorés, et on l'a jeté au ciel. depuis ce jour-là, il n'y a plus rien qui bat plus fort que sa haine. plus rien qui ne pourrait lui faire plus de mal que ce qu'elle ressent déjà. alors non, définitivement, elle est à l'aise, eden, devant ce mec qui pourrait s'avérer être le plus grand psychopathe des états unis d'amérique. elle ne le craint pas, parce qu'au fond, elle se considère comme bien pire. "ouais, j'me disais bien." réplique-t-elle instantanément quand il rentre dans son petit jeu. "du coup ça se passe comment ? j'porte plainte parce que t'as pas débarqué en uniforme de pompier ou il y a un boxer en latex sous ta tenue de caïd ?" les yeux rieurs, elle se pince la lèvre inférieure, taquine, le dévisageant sans retenue. il est mignon, quand il veut. quand il ouvre enfin la bouche et qu'il lui rend bien ses regards. "j'sais pas. purple haze, candy kush, amnesia, t'as quoi ?" si elle s'écoute, elle préférerait de la came fruitée. mais à trois heures du matin et en manque d'herbe, elle va pas faire la difficile. elle l'observe beaucoup, eden. en l'voyant jeter des coups d’œil furtifs sur ce qui l'entoure, elle réprime un sourire amusé. "fais attention à c'que tu dis, t'es sur écoute." les traits du visage immobiles, elle prend tout de suite un air sérieux, plantant ses iris claires dans celles du dealer.

l'inconscience des êtres humains dépasse toutes tes espérances.
c'est cette curiosité mal placée qui te pousse à rentrer dans ce jeu qu'elle instaure doucement. désireux de voir jusqu'où son insouciance la pousse. tu n'es pas un monstre, juste un chien enragé trop bien dressé. sur le qui vive en permanence, le regard à l’affût de la moindre entourloupe, déjà la recherche d'une sortie de secours potentielle. c'est ce qu'on t'a appris, ne jamais resté coincé entre quatre murs. du coup ça se passe comment ? j'porte plainte parce que t'as pas débarqué en uniforme de pompier ou il y a un boxer en latex sous ta tenue de caïd ? y'a un rire qui s'échappe d'entre tes lèvres, sa chance fait que t'es dans un bon mood ce soir. peut-être aurais-tu été moins commode si tu étais tombé sur un mec déjà trop défoncé. ce sont ses cuisses qui t'adoucissent. j'sais pas, on m'a dit que c'était le style gangsta qui te faisait bander. je m'suis donné à fond. d'un geste de la main tu montre ton accoutrement, tes air force one parfaitement assortie à ton hoodie, le jean délavé qui a trop vécu. j'sais pas. purple haze, candy kush, amnesia, t'as quoi ? toi qui pensait vendre plus gros ce soir, t'es presque heureux qu'elle ne veuille pas s'éclater la cervelle à coup de skenan. fais attention à c'que tu dis, t'es sur écoute. ses yeux bleus t'absorbent en moins d'une seconde, les mains dans tes poches près à sortir la came, tu restes bloqué. ton regard ébène la sonde, t'es la nouvelle recrue des 21 jump street ?, puis tu juges le cendrier remplis de cadavre de joints j'prends le risque. puis oublie pas, j'suis là pour le show, c'est tout. trêve de plaisanterie, le temps de vider tes poches, et d'étaler le matos devant vous. purple haze, critical, jamaican dream, les pochons décorent sa table basse, t'as même sorti les cachetons skenan, de la c, aussi, mais j'laisse pas pour moins de cents dolls t'as repris un air un peu trop sérieux, celui des affaires que tu te dois de bien mener. Jamais de cadeau. j'fais goûter aux nouvelles clientes, par contre, juste l'herbe, t'es déjà en train de sortir ta favorite de son emballage, la tête de jamaican dream entre les doigts, t'en roule bien trop vite un pur de dégustation. soixante-dix, et j'te laisse le pochon entier. que t'ajoutes en lui tendant le joint pas encore allumé. t'attends le verdict, pas vraiment impatient,  préférant laisser glisser tes pupilles sur chacun de ses traits. t'as toujours apprécié les œuvres d'art malmenées.

quand elle fait rire celui qu'elle pense déjà s'approprier comme son nouveau dealer, elle lui fait écho par un sourire bruyant. c'est toujours bénéfique, de passer du bon temps avec un dealer. avec un peu de chance, il finira par l'appeler princesse et lui rapporter des petits échantillons gratuitement quand il recevra des nouveaux produits. "ouais, c'est vrai, j'aime les méchants garçons." elle se plaint, sur un ton de gentille fille. "mais j'suis sûre qu'tu peux mieux faire dans ton style. genre avec des tatouages en plus et un bonnet sur la tête." il n'y a pas à dire, il est canon. mais les compliments ne sont pas les bienvenus dans ce genre de jeu. de toutes façons, eden, elle a toujours préféré faire des éloges sans dire un mot. à la seule façon dont elle peut regarder quelqu'un, faire glisser ses doigts sur les corps, tirailler les cœurs. elle n'a jamais eu trop de mal à revendiquer la beauté des autres à l'ardeur de ses sens. la belle finit par se concentrer lorsqu'elle tente de faire une frayeur au bandit. elle esquisse un sourire en coin à sa question, le laisse sonder l'état de sa table basse. il comprend vite que c'est un mensonge et la came finit par atterrir sur le meuble, sous le regard arriviste de l'insomniaque. "on va tester ça alors." lance-t-elle, alors qu'il s'atèle à la construction d'un pur de dégustation. "t'as choisi laquelle ?" spontanée, avant qu'elle ne s'empare du joint qu'il lui tend pour l'allumer dans la foulée. eden inspire, recrache lentement la fumée, apprécie le goût sucré que laisse la came sur ses lèvres abîmées. "cinquante." elle finit par conclure, tirant une nouvelle taffe, les iris plantées dans celles du dealer. son regard de bitch ne va sûrement pas suffire à baisser ses prix, mais, par principe, elle négocie, eden. elle laisse pas filer une opportunité de gagner de l'argent. elle doit encore trouver une somme folle pour combler le loyer manquant de ses deux anciens colocataires qui se sont barrés à l'arrache. les joies de vivre en sous-location, avec des portes qui claquent à tout bout d'champ et des inconnus rarement présentés. "m'prend pas pour une débutante, escobar, il vaut pas soixante-dix ton petit sachet." elle finit par ajouter en pointant du menton le bout d'plastique ayant déjà trouvé sa place entre le cendrier rempli d'bédos tués et un briquet dysfonctionnel. son dealer habituel lui aurait fait payer moitié moins cher. mais ça, c'est peut-être parce qu'elle lui promet à chaque fois qu'ils finiront par coucher ensemble s'il se tient sage.  

les mauvais garçons ne t'arrivent pas à la cheville, c'est ce qu'elle devrait comprendre. l'éducation de ta mère a été mise à mal par la rue dès tes quatorze ans, ce sont des mecs de ta trempe qui t'ont montré le chemin beaucoup trop tôt. tu n'as rien à voir avec ces autres dealers, ceux qui sont en bas de l'échelle et y restent. t'es à quelques barreaux du sommet, récompensé de n'avoir jamais failli à tes obligations. t'as choisi laquelle ? jamaican dream. que tu lâches tout en lui tendant le joint qu'elle saisit rapidement, tout de suite allumé, aussitôt inhalé. la fumée s'échappe d'entre ses lèvres de façon hypnotique, tu n'en perds pas une miette. cinquante. tu ricanes sans la quitter des yeux, elle à ce regard. celui rempli de promesses aux goût de luxure. tu n'es pas infaillible, mais t'es sans doute plus coriace que certains. t'en as connu des dizaines, ces femmes qui tentaient le tout pour le tout, prêtent à se mettre à genoux pour quelques grammes de cocaïne coupée au chlore. m'prend pas pour une débutante, escobar, il vaut pas soixante-dix ton petit sachet. nouveau ricanement, plus bruyant cette fois-ci. définitivement, t'aimes son style. j'sais pas qui était ton ancien fournisseur, t'es déjà en train de coller d'un coup de langue la feuille d'un nouveau pur, la critical cette fois. mais il t'a mal habitué. c'est toi qui l'allume, appréciant les premiers effets de votre nouvelle marchandise. soit, il te fourguait d'la merde. tu souffles lentement vers elle, son visage disparaît doucement derrière l'épaisse fumée, puis tu lui tends le deuxième échantillon. soit, il était assez con pour croire qu'il te sauterait un jour, sur ce canapé. que t'ajoutes, un fin sourire étirant tes lèvres. qui lui en aurait voulu, l'idée t'a traversé furtivement l'esprit quand tu t'es laissé aller à observer de prêt ses jambes nues. vous êtes tous les mêmes dans le fond, guider par les convictions de vos queues. t'attends pas qu'elle ait terminé pour rouler le troisième et le dernier. une façon de fidéliser la clientèle, ou la faute à la couleur ensorcelante de ses iris. allez, cent soixante-dix pour les trois pochons, plus deux joints offerts, un pour maintenant, l'autre pour quand tu te décideras à aller pioncer. l'offre et la demande, tu ne fermes pas la porte aux négociations, bien au contraire. tu t'installes d'ailleurs plus confortablement, la tête légèrement en arrière, le pétard toujours éteint coincé entre tes lèvres.

les paupières tombent, ses regards se font moins vifs et plus abstraits, plus sensuels aussi. ses lèvres dessinent des sourires éphémères et projettent des rires instinctifs. l'effet des drogues qui se sont accumulées cette nuit rend ses gestes plus imprécis, la fatigue lui court le corps tandis que sa tête est retenue droite grâce à son bras accoudé sur l'angle du canapé. allongée, ses jambes pliées l'une contre l'autre laissent découvrir la chair de ses cuisses, qu'on ne devine pas si pures à la couleur bleutée qui tâche trop de leur surface. eden se laisse bercer par les mots du dealer, qui n'a cesse de captiver son attention malgré ses pensées qui commencent à s'agiter. "mon ancien fournisseur ? t'as confiance en toi au point d'penser qu'j'vais lâcher mon meilleur dealer pour ton trafic d'écolier ?" elle rebondit, toujours aussi spontanée malgré l'herbe qui se fait de plus en plus nébuleuse dans son crâne. elle provoque, encore, encore, encore. comme si c'était la seule façon dont elle pouvait communiquer avec les autres, mais dans la conquête d'en apprendre un peu plus sur lui, aussi. les bouts d'carton glissent entre leurs doigts, s'échangent du bout de leurs mains trop curieuses. à l'essai du premier joint, elle savait déjà qu'il s'agirait de son choix final, mais elle ne peut que profiter de toute cette came qui lui est offerte et partagée de bon cœur, et se délecter de chacune de leurs saveurs. ses yeux clignent à la réception d'un nuage de fumée qui vient disparaître sur son visage, et rien qu'à l'odeur, eden se hâte de goûter au nouveau pur qu'on lui tend. elle ne se fait pas attendre pour tirer, recrachant progressivement la brume en direction du plafond. "ou alors il a juste compris que j'pouvais lui rapporter beaucoup d'argent et qu'il ne valait mieux pas qu'il me la mette à l'envers." c'est une idée, un constat, un avertissement ou une menace. peut-être même les quatre à la fois. mais son sérieux se métamorphose vite dans un sourire qui valorise ses fossettes apparentes. "sans mauvais jeu d'mot." qu'elle ajoute, presque fière d'son esprit si mal tourné. les négociations fusent, et eden renchérit. il lui a laissé la porte ouverte, elle ne le laissera pas partir tant qu'elle n'aura pas obtenu le meilleur compromis plausible. "cent cinquante pour le pochon de jamaican, deux grammes de coke et trois pilules de skenan. et tu m'offres une lapdance en cadeau de bienvenue !" elle le défie, plantant ses dents dans ses lèvres qui absorbent une moue amusée. elle a pensé à kaz, pour la morphine. souvent, elle pense à kaz. surtout quand elle est défoncée. pour le reste, elle n'a pensé qu'à elle. elle, et ses lubies de junkie. elle, et ses caprices érotiques.

s'il était, ton meilleur dealer, c'est lui qui serait là, hum ? c'est ce que t'as répondu du tac au tac, sûr de toi comme à ton habitude. bien évidemment, qu'elle laissera tomber son ancien fournisseur après ton passage. tu t'en assureras, on ne laisse pas passer une si belle occasion. le regard gourmand qui ne la lâche qu'à peine quand tu t'occupes de tes affaires. nouveau joint, nouvelle dégustation, nouvelles mises en garde de sa part. ta cliente ne se laisse pas faire, ça te fait sourire de plus belle, à ton aise sur son canapé, tu l'observes du coin de l’œil quand elle relance les négociations. cent cinquante pour le pochon de jamaican, deux grammes de coke et trois pilules de skenan. et tu m'offres une lapdance en cadeau de bienvenue ! tu tchippes, plus longuement qu'habituellement tant sa proposition te semble indécente, tu te redresses légèrement, tu fais cramer le joint qui se trouve encore entre tes lèvres. tu t'es crue chez l'armée du salut, ou quoi ? un rire te prend, tu fais mines de réfléchir quelques secondes. tu réfléchis réellement d'ailleurs. t'as des couilles. tu te penches vers la table basse, t'observes ton matos, tu pousses la jamaican dream de son côté, un cachet de skenan, le sachet de coke tu le prends entre tes doigts fermant une paupière, tu jauges la quantité qu'il te reste -trois ou quatre grammes. t'as des couilles, et ça me plait. que tu continues tournant ton visage vers elle. la poupée joue de ses charmes, ça te laisse tout sauf indifférent, elle devrait le sentir sous tes regards brûlants. pour cent cinquante, j'enlève juste le haut, alliant les gestes à la parole, t'as déjà fait passer ton sweat par dessus ta tête, il se retrouve sur le sol et ta peau n'apprécie que très peu le contact de l'air. tes muscles se contractent, t'as toujours été trop frileux pour ce monde. si tu veux que je te laisse la coke, va falloir re-évaluez ton prix, sourcil levé, tu récupères le joint que tu venais d'abandonner dans le cendrier. et tu le sais. il est trop tard pour se péter les neurones à coup de lignes, sauf si elle compte mettre à profit le reste de sa soirée. bon, soixante le g, pour toi. je t'assure qu'elle les vaut. elle en vaudrait même quatre-vingt dix, mais on appate pas les nouvelles recrues avec un tel prix. j'veux bien faire une entorse au règlement, et te la faire tester sur le champ. tu glisses le sachet jusqu'à elle. c'est toi qui voit... et j'attends de voir la couleur des billets. la maison ne fait pas crédit.

il marque un point, escobar. c'est pas son dealer qui a accouru pour elle, ce soir. c'est lui. lui, avec son allure de bandit et ses airs d'enfant de la rue. elle n'a aucun regret à lui laisser le dernier mot, concluant simplement par un regard long, qui la pousse à humecter ses lèvres et à calquer un sourire tempéré sur ces-dernières. il l'intrigue, le caïd au délicieux répondant et aux réflexions joueuses. il lui plaît. sûrement parce qu'elle ne connaît encore rien de lui et qu'elle l'imagine plus méchant qu'il ne doit s'estimer lui-même. elle se contente de se plaire à fantasmer sur lui, le déshabillant du regard au travers d'un nuage de fumée qui s'épaissit entre leurs deux visages. la dernière enchère qu'elle propose semble ne pas tout-à-fait convenir aux attentes de celui qui a l'air de tenir son business de poigne ferme. "tu t'es crue chez l'armée du salut, ou quoi ?" un rire franc l'échappe à elle aussi, et elle répond, la lèvre mordue par ses canines. "ça pose un problème, soldat ?" il n'y a pas de mal à négocier les prix. elle ne sait pas faire autrement, eden. elle trafique tout, d'une cigarette aux sentiments. et elle trouve ça toujours plus lucratif, quand elle a un bon adversaire en face. "t'as des couilles. t'as des couilles, et ça me plait." elle, aurait plutôt parlé de clito, mais elle le laisse cogiter, dans un mutisme aérien. il doit bien comprendre, qu'avec son caractère et son expérience, elle ne le laissera pas l'enfumer. même si, tout de suite, sous la tension de leurs regards qui brûlent à se répondre l'un et l'autre, c'est son corps qui s'enflamme en silence. "pour cent cinquante, j'enlève juste le haut" elle n'a pas le temps de lui rappeler que les négociations ne sont pas terminées qu'il s'agite déjà, balançant son sweat sur le sol. sans surprise, les yeux de la tentatrice se heurtent au corps qu'elle avait imaginé plus tôt. elle détermine rapidement qu'il s'agit d'un sportif, un vrai, pas seulement un de ceux qui tentent de se façonner un physique d'athlète qui ne leur appartiendra jamais en poussant à la salle. mais la malice vient déjà pimenter ses yeux attendris quand elle remarque la chair de poule qui lui dégringole le bras. "ça va? tu veux que j'te ramène un plaid, que j'te fasse un chocolat chaud? il doit bien traîner une combinaison de ski pas loin.." elle se moque, en faisant mine de chercher quelque chose dans le salon. elles sont habituées, les filles de la coloc, à l'eau chaude qui coule une fois sur trois, à la température de leur maison qui ne dépasse jamais les dix ou onze degrés en hiver. eden, elle n'est pas frileuse, la faute à trop aimer se trimbaler en culotte toute la journée. la belle rallume son joint qui avait fini par s'éteindre entre ses doigts, et elle tire dessus alors qu'elle écoute l'homme de sa nuit lui reparler business. "si tu veux que je te laisse la coke, va falloir re-évaluez ton prix, et tu le sais." il n'a pas fini sa phrase qu'elle hoche déjà la tête, lentement de gauche à droite, pinçant ses lèvres. "bon, soixante le g, pour toi. je t'assure qu'elle les vaut. j'veux bien faire une entorse au règlement, et te la faire tester sur le champ." ses yeux baladent jusqu'au pochon blanc. c'est évident, que pour une camée comme elle, la poudre lui donne envie. mais il est encore plus évident qu'elle ne se laissera pas avoir. "c'est toi qui voit... et j'attends de voir la couleur des billets." bien éveillée et la conscience assidue par rapport à l'envergure de la situation, elle se redresse, le regardant dans les yeux. "j'ai déjà pas les thunes pour m'payer un putain de chauffage et tu veux que j'te sorte vingt billets pour ta came?" elle souffle un rire, ne le quittant pas des yeux. "soixante le gramme, j'trouve ça où tu veux. le projet, c'est de gagner plus que c'que je perds, pas l'inverse. je te l'ai dis, j'suis pas une débutante. et j'suis pas aussi naïve et docile que tes clients de trois semaines. alors ta tchatche de bienvenue, tu la sortiras à une autre poupée." elle continue de le provoquer, le piquant avec une sorte de séduction qui perdure dans le regard. "si ça t'embête pas du coup, en attendant de devenir millionnaire, j'vais continuer d'voir mon dealer, parce que j'ai pas les moyens d'me payer ta coke de luxe." elle tire sur son joint, le pose dans le cendrier et se lève en direction de la cuisine où elle va récupérer de l'argent caché dans un plastique sous l'évier. quand elle revient, elle lui tend les billets, soixante-dix dollars. "c'est pour la jamaican." elle n'a rien gagné. mais  la peur de tomber en manque l'assène plus que le rappel de la voix de laïs, qui lui fait promettre de ne pas faire de conneries avec le loyer ce mois-ci.  

tu ne te déplaces jamais à une heure pareille si ce n’est pour l’argent. des billets verts que t’espère se voir s’étaler sur la table basse, avant de finir dans ta poche. tu es un homme d’affaire sans diplôme. un commercial trop entraîné, qui testes des plans à la volée. tout ce que tu attends, c’est qu’elle cède. qu’elle allonge les dollars et repartent avec ce qu’elle désirait tant. de la weed, des morphiniques et quelques grammes de cocaines qui t’importent peu. alors tu gonfles les prix, vends à tout sauf à perte. parce qu’elle est la demande et tu es l’offre exceptionnelle. contre toute attente, t’es torse nu sur son fauteuil, la crosse de ton flingue qui dépasse légèrement de ton jean, elle voulait une lap dance. tu as retiré le haut sans sourciller, sans même te déhancher. la fraîcheur caresse ton épiderme, à ses remarques tu ne fais que sourire, trop occupé à calculé combien tu pourrais tirer d’une telle vente. les propositions caressent de nouveau la table, s’en est trop pour la belle blonde. elle fait claquer sa repartie comme un coup de fouet. c’est qu’elle perce le vendeur à jour, que l’expérience est belle et bien réelle et que son dealer doit être plus con que tout les autres. tu imagines sans mal, ce qu’elle lui a promis silencieusement: une partie de jambe l’air, une branlette, peut être une pipe. elle ne veut pas payer si cher, elle ne veut même pas goûter à cette coke de Jamaïque. tu pourrais te vexer, mais tu préfères suivre son cul quand elle se lève. se déhanche jusqu’à ce qu’il semble être là cuisine. elle revient, les papiers verts se tendent vers toi, soixante dix dollars. c’est pour la jamaïcain. tu t’en saisis, recomptes d’un coup d’œil expert mais tu grimaces. ce n’est pas une bonne vente, on ne se déplace pas à trois heures du matin pour quelques grammes d’herbe. allez, fait au moins ce plaisir, goutte là, gratuit. que t’avances, fourrant les maigres billets dans tes poches. c’est que t’as pas envie de te barrer tout de suite, c’est que t’es bien, là. le regard a l’ouest, le corps qui s’imprègne petit à petit de la chaleur environnante. je n’ai jamais aimé, les clientes mécontentes. que tu lâches légèrement tourné vers elle. c’est une vérité, qui change au fil des minutes, des heures, des années. tes yeux ébènes se posent dans les siens, détailles ses traits, son corps trop lentement. tu devrais te lever, récupérer ton matos et t’enfuir pour retrouver ta ps4 et Leeroy. mais t’as le cul vissé. incapable de bouger pour autre chose que rallumer le joint qui traîne encore entre tes lèvres. t’as deja ouvert le pochon de blanche. la ligne n’attend que son feu vert, ne demande qu’à se faire consommer. j’suis pas contre, un chocolat chaud, avec un trait de rhum. que tu rajoutes finalement, complètement à tes aises sur ce canapé qui n’est pas le tiens. il n’y a que le joint pour calmer tes ardeurs et te forcer à rester posé conte le dossier. les yeux rieurs, le regard beaucoup trop joueurs