if you dare (sera)

c’est l’une de ces soirées qui n’appartiendra qu’à vous. ce soir, tu te retrouveras pas dans les bras d’une fille dont t’auras oublier le nom demain, tu boiras pas au milieu d’une foule d’inconnus qui pensent te connaître et tu te contenteras pas de prétendre. ce soir, le masque se perdra dans ses yeux à elle.
t’es, à la fois, excité et nerveux. c’est un sentiment familier quand tu sais que tu vas la voir, sera. les papillons dans le ventre, c’est le nom. on associe ça à l’amour. toi, tu sais pas trop, t’as jamais été très bon à déchiffrer ce genre de choses. c’est peut-être parce que t’as jamais été assez aimé et que la reconnaissance de ce sentiment t’échappe légèrement. avec sera, c’est toujours comme ça. tu te sens bien, tu veux lui plaire et tu veux qu’elle soit aussi heureuse que toi. sans elle, t’existes pas. t’es rien. plus personne ne vous dissocie véritablement l’un de l’autre de toute manière. avec elle, tous les faux-semblants, la prétention, ça compte plus. quand vous êtes ensemble, vous êtes seuls au monde. ça te suffit. à elle aussi, tu penses.
tu te regardes une dernière fois dans le miroir. les cheveux décoiffés, le sourire charmeur, le regard pétillant ; tout est là, t’es parfait. tu les fais toutes tomber. c’est pas de l’arrogance, c’est un fait.
vous avez prévu de vous retrouver dans un bar, mais toi, t’as pas envie que ce soit une soirée banale. tu veux qu’elle soit différente. tu veux que tous les moments que sera passe avec toi soient uniques. tu veux la marquer. comme ça, elle pourra jamais t’oublier, jamais cesser de t’aimer.
tu marches, dans la nuit tombée, les écouteurs dans les oreilles, une musique douce qui joue. tu te sens léger au milieu de tous ces gens qui cherchent leur direction. tu marches avec un but.
et quand tu la vois, assise à une table, au milieu de la foule qui se bat pour se trouver une place, tu souris. bêtement, un peu, mais les filles ont toujours eu tendance à te rendre un peu stupide. tu t’approches, doucement, par derrière, et mets tes deux mains sur ses yeux. « c’est qui ? »
tu t’écartes en riant et t’assois face à elle, toujours le sourire aux lèvres. tu sais que personne ne peut résister à ce sourire, c’est ton meilleur atout. « j’ai une meilleure idée pour ce soir. l’ambiance ici a l’air un peu pourrie. t’as envie de jouer un peu ? » ton sourire devient mesquin, presque dangereux et tes yeux prédisent que l’idée se veut quelque peu audacieuse. tu la défies du regard. tu sais qu’elle ne résistera pas. elle peut pas te résister, de toute manière.

t'as du mal à cacher ton sourire sera, il est aussi éclatant que les rayons du soleil lors d'une belle journée d'été, c'était impossible qu'on vienne te sortir de ta petite bulle ce soir, non impossible. parce que ce soir, tu étais avec lui. avec loren. ta moitié, ton meilleur ami, ton partenaire depuis tant d'années, tu pouvais pas t'imaginer un seul instant pouvoir vivre un jour sans lui. tu connaissais pas ce que le futur vous réservait, mais toi tu savais, tu pourrais pas continuer ta route sans avoir loren à tes côtés. tu l'aimais ce garçon, bien plus que tu ne voulais bien te l'avouer, tu jouais probablement les aveugles et les indifférentes pour pas qu'il se doute de quoi que ce soit, mais tu sais au fond ce qu'il représentait pour toi. il était bien plus qu'un simple ami, non loren il était si spécial à ton cœur, tu te sentais encore comme une adolescente qui découvre des émotions inconnues à ses côtés, loren c'était ton paradis. celui que tu voulais atteindre sans vraiment savoir si un jour tu le pourras, ça impliquait trop de choses, trop de questions et de doutes. était-ce pour ces raisons que tu ne voulais pas voir la vérité en face ? les taquineries et les sous-entendus, c'était vôtre quotidien sans pour autant franchir cette ligne invisible, cette marche qui vous mènerait à une autre facette de votre relation. mais tu ne dis rien sera, tu restes silencieuse, la jalousie te dévorant quand une fille avait le malheur t'attirer l'attention du jeune homme, levant les yeux au ciel ou balançant des remarques acerbes à tout va. sauf que ce soir, c'était juste entre lui et toi, pas de raisons de jouer les femmes malade de jalousie, non ce soir tu n'aurais de yeux que pour lui et inversement, sinon tu allais lui tirer les oreilles et lui rappeler avec qui il était censé passer sa soirée. tu prends grand soin de te préparer comme il faut, marquer les esprits c'est ce que tu aimes et encore plus quand il s'agissait de celui de loren. sourire souligné par des lèvres rouges, les yeux habillés de doré et de vert pour faire briller tes yeux clairs, ta chevelure libre et sauvage, hors de question de laisser le moindre détail te glisser entre les doigts. tu choisis un de tes jeans préférés, celui qui met tes jambes et tes formes en valeur, un haut avec un pouvoir tout aussi ravageur, ce soir tu seras la tigresse qui viendra charmer sa proie. loren était loren, tu aimais lui plaire, lui plus qu'à n'importe qui d'autre. jeu enivrant et ô combien risqué, mais tu vivais pour ça. t'attends le jeune homme assise au bar, là où vous deviez vous retrouver, tes yeux analysant les yeux jusqu'à ce qu'une obscurité passagère vienne voiler ton regard, sourire amusé qui naît sur tes traits. « le plus bel homme de l'univers. » tu réponds, malice au bout des lèvres, t'étais sincère néanmoins. haussant un sourcil à la proposition du garçon, un sourire félin étire le coin de tes lèvres alors qu'il s'est installé à tes côtés. « tu sais que je suis toujours partante pour jouer. » tu commentes en jouant avec une mèche de cheveux, tes yeux clairs accrochant son regard. « c'est quoi ton plan alors ? » l'excitation qui monte, tu sais que ce n'était que le début de quelque chose de grand.

t’en rougiras presque comme un écolier quand elle te répond. le plus bel l’homme de l’univers. t’aimerais que ce soit sincère. peut-être que ça l’est. t’es pas absolument certain. avec sera, c’est compliqué et simple tout à la fois. il se passe quelque chose, c’est sûr. il y a un lien fort, presque indestructible entre vous et toi parfois, tu te laisses penser que c’est de l’amour. du moins, de ton côté, ça l’est. t’as peur quelques fois. t’as peur d’être simplement en train d’essayer de refléter tes propres désirs dans une relation qui n’est plus ni moins qu’une grande amitié. pourtant, toi et sera, c’est l’évidence même. tout le monde le sait, au fond, que vous êtes faits l’un pour l’autre et vous aussi, vous le savez. ça n’empêche que des fois, tu flippes. tu te laisses penser que ce n’est que toi, que ça ne va que dans un sens.
t’aimerais avoir le courage de lui dire que tu l’aimes, sincèrement, sans jouer, mais t’es pas encore prêt. pas assez mûr sans doute. mais ce soir, tu laisseras pas le doute te posséder. ce soir, vous êtes tous les deux, alors tu ris simplement à sa réponse et tu t’assois.
elle accepte de jouer, donc. tu t’en doutais qu’elle pourrait pas te résister. tu jettes un coup d’oeil dans la salle avant de la regarder à nouveau, de plonger ton regard dans le sien, ton habituel sourire malicieux aux lèvres. « premièrement, j’pense qu’on devrait partir d’ici. » tu remarques une mèche rebelle qui se balade sur sa joue. te sentant un peu audacieux ce soir, tu la replaces doucement derrière l’oreille de sera tout en continuant de la regarder intensément. « mais d’abord… » tu marques une brève pause avant de reprendre ta phrase, juste pour laisser un peu de suspens et faire la tension monter. « j’propose qu’on vole une bouteille d’alcool aux gens, là-derrière. » tu regardes la table en question en même temps que tu annonces ton idée. t’as remarqué qu’ils venaient tout juste de ramener une bouteille à leur table. si vous passez rapidement et que vous vous enfuyez en courant, y a moyen, c’est ce que tu te dis. « faut juste qu’on se tire rapidement. » tu lui annonces ton plan foireux. qui ne tente rien n’a rien, y a peut-être une chance. « alors, cap ou pas cap ? »  

avec loren, t'avais pas besoin de faire semblant, de jouer la comédie et de toute manière tu ne pouvais pas lui mentir, agir comme quelqu'un que tu n'étais pas. c'était facile de le faire avec d'autres, le milieu dans lequel tu évoluais se basait sur les mascarades et les artifices, tu n'étais pas dupe, tout le monde n'était pas blanc comme neige dans un tel métier. quand tu lui parles, tu es sincère, tu penses tout ce que tu lui dis même si parfois tu as l'impression qu'il ne sait jamais si tu dis cela pour t'amuser ou non. on pouvait dire que c'était le risque avec le caractère que tu avais, et la façon avec laquelle il t'arrivait de te comporter. ça ne te fait pas mal, enfin tu aimerais pouvoir rester indifférente à ses doutes que tu lis parfois dans ses yeux clairs. entre vous, c'était simple et compliqué à la fois, vous n'aviez jamais voulu mettre d'étiquette sur ce que vous aviez, vous viviez très bien ainsi mais vous étiez encore des gosses à l'époque, entrant dans l'adolescence et découvrant de nouvelles passions. et maintenant ? tu te surprenais à vouloir plus certains jours, à vouloir détruire cette barrière qui faisait de vous des « amis » parce que loren et toi, vous étiez bien plus que cela. vous aviez découvert ensembles les plaisirs charnels, la folie de l'attirance et tu t'étais presque brûlée les ailes à l'époque. il était tout ce que tu aimais, ce que tu désirais. mais cela, tu ne pouvais pas lui dire, pas sans prendre le risque de tout gâcher, et de le perdre. et tu n'es pas prête à ça. pas prête à le perdre lui. les frissons sur ta peau qui naissent face à la proximité du jeune homme, il a capturé toute ton attention avec les paroles glissant entre ses lèvres, tes yeux clairs qui s'arrêtent quelques secondes sur elles avant de retomber pour croiser son regard, tu le distrais d'un sourire félin. « bien, et où veux-tu aller alors ? » ton regard vibrant de malice, ton rire qui s'étrangle dans ta gorge quand ses doigts viennent dégager une mèche de cheveux, le clair de tes yeux qui prend un tout nouveau aspect plus brillant. ton palpitant que trahi ce flot dangereux d'émotions qui se lit sur ton visage, tu caches ta réaction derrière un raclement de gorge, passant une main dans tes boucles comme excuse pour détourner les yeux. tu retrouves vite ta curiosité sera, une ébauche de sourire narquois dans le coin des lèvres. « rien que ça, voyons loren je t'ai connu plus joueur. » bien sûr tu savais que ce n'était que le début, il n'allait pas s'en arrêter là. « c'est comme si c'était fait. » tu ajoutes, levant le menton vers lui, signe que tu acceptais le défi. « regarde la pro. » tu lui jettes avant de te lever et de tourner les talons, tel une vipère tu glisses vers les pauvres âmes qui ne savent pas ce qui les attendent, profitant d'un moment d'inattention tu t'empares de la bouteille et tu décampes comme si ta vie en dépendait. tu aimais le risque, mais t'étais pas masochiste non plus, finir chez les flics ne faisait pas parti de tes plans. quand tu es dehors, tu cherches du regard loren, la respiration saccadée tu n'avais osé te retourner pour voir les réactions. il t'avait suivie au moins ?