et puis, y'a frida.

traits de caractère / elle est froide, frida. elle sait pas bien comment communiquer avec autrui. les gens lui sourient, essaient d'accéder à un monde qui lui appartient. mais elle en veut pas de cet excès de bonté. la bonté, c'est un masque que l'humain se crée pour se protéger des autres. frida, elle en veut pas de cette carapace sociale. c'est à vomir. quelle merde. aucun remerciement. lorsqu'elle reçoit la rente de ses parents, afin de payer des études qu'elle a arrêté depuis bien longtemps. les mensonges lorsqu'ils demandent comment se sont passés ses cours, ses examens, sa vie universitaire. éluder les questions trop précise et se contenter d'un : il va bien. alors qu'elle sait même pas où il est, son frère. évanoui. certainement au bout de la ville, dans un tas de déchets. elle s'en moque un peu, assez de s'en faire pour lui et ses magouilles.
souriante par sarcasme ou vanité. les dents acérées à force d'attaques. ses ennemis se font nombreux, ses amis se font petits. peu supportent l'insécurité que provoque sa présence, elle n'en est pourtant pas méchante. son aura est oppressante, hypnotisante, opaque. mais ses yeux, d'une innocence profonde, hurlent quelque chose de plus doux.
elle est le pion d'un clan peu connu, célébrant les victoires dans l'ombre. envoyée pour vaincre l'ennemi, elle se retrouve dans l'arène, sans armes, et avec son sarcasme comme seul bouclier. elle cache sa peur derrière son visage impassible. froide. inflexible. elle est celle que l'on appelle avec la boule au ventre. c'est pourtant quelqu'un de loyal, notamment envers les personnes l'ayant aidée. son clan, non sa famille.

elle sort de l'imposant bâtiment, la clope greffée à sa main gauche. une fumée opaque l'entoure d'un halo mystérieux, alors que ses pas la rapproche de son objectif. elle ne sait pas s'il l'attend, mais elle espère ne pas avoir de mauvaise surprise. un dernier signe de main derrière elle afin de saluer ses collègues, restés à travailler pour des poignées de dollar, et la voilà élancée. la nuit est fraîche, mais frida ne ressent pas ce détail. tel un robot préprogrammé pour ne jamais faillir, seul quelques frissons inconscients peuvent venir trahir sa nature humaine. elle coince le bâton de nicotine entre ses lèvres pulpeuses, afin de libérer ses mains. elle attrape son portable dans la poche inférieur de son sac à main, afin de vérifier qu'aucun message ne lui ait été envoyé. un seul message. celui de lila.
une invitation à se voir, de quoi échanger entre amies.
des mensonges.
des rictus secrets.
parfois, elle s'en veut de lui faire subir cet affront. mais qu'importe, elle ne peut revenir en arrière.
frida recrache la fumée en plissant légèrement les yeux, et réponds de quelques tapes sur son écran : demain, 12h30 ? j'apporte le casse-dalle.

elle arrive enfin devant la ville, majestueuse propriété qu'elle foule bien trop souvent depuis cette promesse de mariage.
la porte s'ouvre. une femme en sort.
grande, mince, élancée, des cheveux en cascade sur des épaules menues. une femme très jolie.
frida esquisse un rictus de mécontentement en soufflant un bref. — il s'fait pas chier, l'enfoiré.
la clope termine de se consumer. alors que les ardeurs de la belle s'embrasent. elle écrase le mégot contre le mur, rien à foutre, et le balance dans la plante verte.
puis elle entre. sans coup de sommation. ses chaussures s'échouent dans l'entrée, elle retire son manteau et l'accroche à côté de la porte. silencieuse. aussi furtive qu'à son travail. elle ne le fait pas exprès, d'être ainsi ombreuse. tel un fantôme. ses pas s'apparentent au vent, un vent doux que personne ne voit venir, mais qui enveloppe toutefois. un pas après l'autre, la voilà dans le spacieux salon de taz. son fiancé. son amour. il est là, avec sa frimousse de toujours et ses yeux d'un bleu solaire. — tu les choisis de plus en plus jeunes, dis-moi. et de plus en plus belles. elle s'approche de lui, féline, sensuelle. inconsciente du pouvoir de son regard et de ses gestes. puis elle l'embrasse, transformant sa jalousie en folie amoureuse.