almost --/ agnes.

Elle s’était réveillée ce matin-là et il manquait quelque chose. Un morceau oublié, égaré quelque part, effacé par la nuit qui venait de passer. Une partie d’elle laissée derrière, entre les draps, sans même qu’elle ne le réalise au réveil. Inconsciente, que des semaines entières se sont perdues, que sa mémoire lui fait défaut. Rien pour lui indiquer le contraire, alors qu’elle se rend au travail, et que la librairie l’accueille. La journée passée à classer les bouquins, à servir les clients. À sourire doucement, les pensées calmes. Une belle journée. Une fois son quart terminé, elle rentre chez elle. Se prépare à manger, juste pour elle, quelque chose qu’elle aime. Le bouquin entre les doigts, ensuite, jusqu’à enfiler son pyjama et retourner dans son lit. Yeux fermés, et le sommeil qu’elle tente d’attraper. Et puis, soudainement, brutalement, le ciel qui lui tombe sur la tête. Le plafond se dérobe, le sol aussi. Elle chute, reste en gravité. Étouffe, alors que ses yeux se rouvrent. Que l’air lui manque, tellement c’est soudain. Frappée de plein fouet par la vague, emportée par la tornade.

Joel.

Agnes se redresse d’un coup, le souffle court. Joel. Rendez-vous. Elle avait rendez-vous avec Joel. Dix-neuf heures. Elle s’empare de son téléphone. Presque minuit. Longtemps déjà qu’il a du partir. Longtemps déjà, qu’elle n’était pas venue. Et c’est les traits horrifiés qu’elle se lève d’un bond, les yeux suspendus dans le vague. Le choc d’avoir oublié, d’avoir passé la journée dans un tourbillon. Elle a oubliée Joel. Elle ne réfléchit pas, Agnes. Ne peut supporter l’idée qu’il croit qu’elle n’ait pas voulu venir. Enfile des vêtements, rapidement. Les chassures et le manteau, puis les clés dans le verrou. Ne réfléchit pas à l’heure qu’il est, à ce qu’elle devrait faire. Elle sait juste qu’elle doit aller le voir. Qu’il doit savouer. J’ai oubliée, Joel. Je suis désolée. Tellement désolée.

Les yeux brûlants de larmes, elle sort à l’extérieur. La pluie s’effondre sur New York, brutale, glaciale. Heureusement un taxi passe, et elle lui fait signe. S’y engouffre, et dérobe l’adresse au chauffeur. Les sanglots au bord des lèvres, la honte qui l’empêche de voir clair. Stupide, stupide, stupide. Comment t’as pu oublier, Agnes ? Elle avait pensé au rendez-vous toute la semaine. Avait prévu sa tenue, avait songé à son sourire. Au bon temps qu’ils passaient ensemble, et qu’elle ne voulait tellement pas voir gâché. Comment Joel lui plaisait, et comment elle avait peur de faire une erreur et de le perdre. Et voilà que tu oublies.

Désemparée, elle paye le taxi alors qu’ils sont encore à un bloc entier. Ne peut pas supporter l’attente du feu de circulation. Sort sous la pluie qui la détrempe, et franchit au pas de course la distance qui le sépare du bloc d’appartements. Et elle arrive devant la porte. Passé minuit. Cinq heures trop tard. Prend une grande inspiration, et cogne à la porte. S’il te plaît, ouvre moi. Ouvre moi, et pardonne moi.

Pardonne-moi, Joel.

Il apparait finalement. Les traits un peu tirés, mais pas particulièrement surpris. Et elle se sent mal, Agnes, terriblement mal. « Joel. » Elle souffle, à bout de souffle, détrempée. « I… » Secoue la tête, cherche ses mots. Aurait du penser à ce qu’elle dirait, car tout lui échappe à présent. « I’m so sorry. I don’t know what… I just… I woke up, and… I’m sorry. So sorry. I forgot. I just… I forgot. » Brisée en milles excuses, les yeux brillants. Ne referme pas la porte, Joel. Je veux te voir. Je veux rester. Pardonne-moi. Toi, tu peux comprendre. Tu peux comprendre, n’est-ce pas ?

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La respiration sifflante, Agnes essaie de calmer son battement de coeur erratique. Elle a peur, si peur. Si peur d’avoir tout gâché, d’avoir brisé la seule chose qui lui donnait un peu d’espoir ces derniers temps. De voir Joel hausser les épaules, et de comprendre qu’elle doit tirer une croix sur cette connexion qu’elle chérissait tellement. De l’avoir déçu, de l’avoir fâché. Elle ne pourrait pas le blâmer. Le coeur serré, la gorge sèche, elle ressent à peine la pluie qui l’a détrempée, de la racine des cheveux aux semelles de ses chaussures en toile. Joel reste là, dans le cadre de sa porte, et il ne dit rien. Tranquille, comme à son habitude - mais elle n’arrive pas à lire son regard, trop perdue dans sa propre culpabilité, et dans la crainte étouffante d’avoir tout gâché. Il souffle son nom, comme pour l’interrompre, et elle est incapable de lire dans sa voix ce qu’il veut dire, alors elle continue, elle s’embourbe, elle s’emmêle, et elle a envie de s’effondrer. Dans un état qu’elle ne s’explique pas, pour un simple rendez-vous manqué. Peut-être parce que dire au revoir à Joel, c’était dire au revoir à l’espoir de vraiment se remettre sur pieds un jour.

« It’s ok. » La sentence tombe finalement, alors qu’elle relève les yeux vers lui. Tremblante, du froid et de la panique, elle ne saurait pas trop dire qu’est-ce qui l’emporte à cet instant. « Really. It is. It happens. I’m not mad or anything. » Et il sourit. Le sourire qui réchauffe soudainement Agnes, et qui commence à évaporer le brouillard dans sa tête. It’s ok, qu’il a dit. It happens. Et Agnes réalise qu’elle n’a même pas pensé au fait que Joel comprendrait - le mieux placé, sans doute, pour savoir que la mémoire pouvait jouer des vilains tours. Surtout pour eux. « It just happens. Don’t you worry about it. Actually, I was just worried about you. » Ses épaules se relâchent. Son estomac serré aussi. Un vent de soulagement qui passe sur son visage comme une brise. « Oh, I’m… I’m fine. » Elle se détend, Agnes. Doucement, mais sûrement. Le petit sourire sur ses lèvres, qui monte tranquillement. Un peu troublée, de la gentillesse avec laquelle il l’accueille, malgré le lapin qu’elle lui a posé.

« Come in. Let’s find you something to dry you up a bit. You must be freezing. » Elle sourit, un peu timidement. Un rire nerveux qui passe ses lèvres, alors qu’elle avance de quelques pas pour entrer dans l’appartement. Ses bras serrés autour d’elle, à finalement réaliser qu’elle tremble un peu. « Thank you. It’s not too bad. » Mais elle sait bien que ça ne sert à rien de prétendre, alors que son corps parle pour elle. « Ok. Maybe I’m a little cold. » Encore le rire nerveux qui s’échappe de ses lèvres, alors qu’elle relève les yeux vers Joel. Petit coup d’oeil autour, pour observer l’appartement. Simple, modeste. Comme son locataire. « I’m sorry to barge in like that. I just… I woke up, and I remembered, and I didn’t want to text or call. I just… » Elle hausse les épaules, doucement. Regard vers Joel, brillant, quoiqu’un peu timide. « I wanted to see you. »

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Serviette autour des épaules, Agnes se sent déjà mieux. Enveloppée, réconfortée. Encore l’empreinte du contact de Joel contre elle, alors qu’il a déposé la serviette là. Étrangement rassurant, d’être à ses côtés. Malgré son souffle encore court dans sa poitrine, elle est fébrile d’être là, enfin là. Ne voulait pas manquer le rendez-vous, elle y avait pensé toute la semaine - mais voilà qu’elle avait peut-être une chance de se rattraper. À défaut d’avoir un bon repas au restaurant, juste une petite conversation avant que le sommeil ne les emporte. Juste un peu. Juste un petit peu. Elle se sèche les bras, et la pointe des cheveux. Tout ça pour empêcher de détremper le plancher de son appartement. Ses vêtements qui lui collent à la peau, mais rien de bien grave. Ça sèchera, tout simplement, et d’ici là elle se réchauffera comme elle peut. Retire ses souliers, pour libérer ses pieds. Elle ne sait pas trop combien de temps elle sera là, mais Joel n’a pas l’air près de la laisser partir - pas maintenant.

Le regard curieux, le regard brillant. Le coeur un peu trop essouflé, mais content d’être là. La présence de Joel, son regard sur elle. Confession avouée, juste en un souffle. Elle ne sait pas ce qui lui donne du courage, si c’est la nuit qui avance ou l’adrénaline de la course. Mais elle le dit, sans trop penser, qu’elle est là pour lui, pour le voir. Et elle reste là, pas trop loin, juste à lui sourire. Espérer qu’il ne va pas se détourner, ou secouer son sentimentalisme. Au contraire, son souffle qui se coupe légèrement quand elle voit sa main se lever, et doucement repousser une mèche de cheveux. Les doigts qui effleurent sa joue, et qui envoient un frisson dans le reste de son corps. Regard happé, sur les traits de Joel. Son regard calme, l’océan noir dans lequel elle se laisse baigner. La courbe de ses lèvres, de sa mâchoire. « I’m glad you came. » Son coeur se serre, et elle sent ses lèvres se courber en un sourire. Timide, animé par les papillons dans son estomac. Ils volent, volent avec tant de fébrilité, ça lui donne presque envie de se jeter dans ses bras, et de lui voler un baiser. Se laisser emporter par le moment, mais ça doit juste être l’adrénaline, elle n’oserait jamais faire ça Agnes. Et pourtant elle devrait peut-être.

« Can I get you anything ? » La voix qui résonne dans sa poitrine, et Agnes qui lui lance à nouveau un petit sourire. Le regard un peu gêné, alors qu’elle serre la serviette contre elle. « Maybe some water. Hot. » Le nez qui se plisse, avec le petit rire timide. « Tea. If you have some. » L’anglaise jamais bien loin, après tout. Ce n’est pas les coupes de vin qu’elle aurait espéré, mais ça fera l’affaire. Et elle s’avance un peu dans l’appartement, prudente, discrète. « I like your place. » Doux. Simple. Comme Joel. « I hope I didn’t interrupt anything. » Qu’elle lui lance doucement, espérant ne pas faire trop intrusion dans sa soirée improvisée.

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« I only have Earl Grey, though. » Agnes ne peut s’empêcher de sourire. Earl Grey, ça lui rappelle son enfance, à boire un thé en se levant, avant de marcher jusqu’à l’école. Ça lui rappelle le tissu un peu rugeux de la jupe de son uniforme, le reflet de ses souliers cirés quand le soleil acceptait bien de briller. Earl Grey, ça lui rappelle la patrie, ça lui rappelle qu’elle a eu une vie avant New York. Et ça lui fait du bien, de se rappeler. Earl Grey, le nom, la mélodie, son odeur, son goût, sur le bout de la langue. Joel a l’air un peu gêné, mais rien ne ferait plus plaisir à Agnes qu’un Earl Grey. Alors elle lui sourit, l’étincelle dans le regard. « It’s perfect. »

L’appartement qu’elle découvre doucement, le pas un peu timide, le regard curieux. Les habitudes qui existent toujours malgré l’amnésie qui a failli tout détruire, toujours la petite détective qui veut assembler les pièces du puzzle. Mais les effets personnels se font rares, dans ce petit appartement, à par pour quelques bouquins ici et là, et les traces d’un quotidien rondement mené. Un pull qui traîne, et une porte entreouverte qui indique la chambre à coucher. « It’s not much, but it’s enough. » Elle se tourne à nouveau vers lui, sourire doux aux lèvres. Un peu plus tranquille, maintenant que l’anxiété est passée. Ne tremble presque plus - le thé finira de la réchauffer. Le thé, et la présence de Joel à ses côtés.

I was reading, qu’il dit. Et elle acquiesce, voit le livre laissé là, sur la table basse. Jette un coup d’oeil bref à la couverture, curieuse. Sent le regard de Joel sur elle, qui l’enveloppe autant qui lui donne envie de rougir. On dirait qu’elle n’a pas le droit d’être là, comme si elle transgressait un interdit, et pourtant y’a pas de raison de se sentir comme ça. Peut-être que c’est juste la petite fébrilité de son coeur dans sa poitrine, face à ses yeux. « Probably would’ve finished my book… And then started another one, if I couldn’t sleep. » Elle acquiesce à nouveau, tranquille. Elle connaît ça, ces insomnies qui trouvent refuge à l’intérieur des pages d’un livre. Un bon moyen d’exercer la mémoire - et aussi juste une possibilité d’évasion du reste du monde. Depuis toujours, Agnes avait le nez dans les livres. Ça n’avait pas changé aujourd’hui et ça ne changerait probablement jamais - et ça lui plaisait, que Joel soit un lecteur lui aussi. « I remembered some parts while I was reading, y’know. » Elle lui jette un regard surpris, mais pas choqué. Juste une petite étincelle d’espoir, dans ses yeux. « I mean, I don’t really remember, but… Some chapters sounded familiar. » Et elle a le sourire sincère, Agnes. Ce genre de petit progrès, ça pouvait sembler ne pas être grand-chose, mais elle savait que c’était beaucoup, pour les gens comme eux. Les gens comme nous, qui doivent se raccrocher à tous les petits fragments trouvés. « That’s great, Joel. » Sincère, elle reste là. Pas trop loin, pas trop près. Le coeur battant étrangement.

« Can’t say how it ends, though. Guess I’ll have to finish it, if I want to know. » Elle sourit à nouveau, hausse les épaules. « It’s a great book. Let me know when you finish it. We can discuss it. » Lui parle doucement alors qu’il fait couler l’eau bouillante dans la tasse, la posant sur le comptoir. Elle s’approche, frottant légèrement ses bras. « There you go. D’you need any milk ? Sugar ? » Elle secoue doucement la tête, le regard brillant relevé vers lui. La tranquilité qui lui fait du bien, l’enveloppe comme une couverture. Après le choc, après la course, respirer. « No, thank you. » Et sans attendre, elle glisse ses mains autour de la tasse. C’est brûlant, mais c’est rassurant, et elle laisse échapper un petit soupir de satisfaction. Le rire nerveux, par la suite, alors qu’elle jette un regard à Joel. « Sorry. It’s something I do a lot. » Un peu frileuse, toujours tendance à aller réchauffer ses mains glacées autour des tasses de thé ou de café. Des habitudes rapidement reprises, sans avoir à y penser, après l’accident. « When I did therapy, after my accident, the doctor told me that reading really helps jolt memory. Like, reading anything. Just reading a single word can help you remember whole chunks of your past. » Elle parle doucement, sans insister, sans vouloir rien imposer. Juste de la conversation, pour poursuivre le sujet. Et elle sourit, doucement. Incertaine d’où se placer, vraiment. Mais ne voulant pas trop s’éloigner. « Do you want to sit down ? » La tête qui désigne le salon. Les joues un peu roses de proposer, alors qu’ils sont chez lui - mais l’envie de s’installer, pour pouvoir parler. Le regarder. Se reposer, et profiter.

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C’est tranquille, dans l’appartement. Paisible, silencieux. Ça la berce, ça l’apaise. Après avoir été en haleine, après avoir traversé la ville le coeur serré. Elle était là. Joel aussi. Et ils pouvaient finalement discuter, après le rendez-vous manqué. Tout de même déçue d’avoir raté la réservation au bon restaurant, de ne pas pouvoir partager la coupe de vin, et se regarder de chaque bout de la table. Mais ce n’est pas grave. On se reprendra. Tasse chaude entre les doigts, elle parle. Essaie de faire couler la conversation, en ne sachant pas vraiment quoi dire. C’était naturel, de retomber dans ce qui les liait - la mémoire, l’amnésie. Elle avait envie d’autre chose, Agnes. Voulait le connaître, vraiment, lui parler, vraiment. Mais c’était encore un peu maladroit, et elle ne pouvait blamer personne pour ça. Au moins, il accepte de s’asseoir, et elle prend place à la table à ses côtés. Sa présence rassurante à ses côtés, toujours plus grande qu’elle malgré tout. Les yeux levés vers lui, alors qu’elle souffle doucement sur la vapeur émanant de la tasse toujours bouillante. Le coeur un peu déraillé, devant le silence. Est-ce que ce sera tout ? Est-ce que j’ai tout gâché ? Mais la voix de Joel émerge de la quiétude. Aussi douce et vibrante qu’à l’habitude. « I’m sorry, I know I started it, but I… » Quelque chose le tracasse. Et Agnes l’observe, un peu appréhensive. S’attendant presque à ce qu’il lui dise, I can’t do this. Maybe you should go. « I don’t want to remember. » Ça la frappe de plein fouet.

I don’t want to remember.

Ça lui prend une seconde, avant d’associer les pièces du puzzle. Joel ne voulait pas se souvenir. Son amnésie, il l’acceptait. La désirait. C’était pour ça qu’il était toujours aussi calme, toujours aussi stable. La noirceur, il l’avait laissé l’envelopper. Entièrement. Il ne voulait pas se rappeler. Elle ne sait pas quoi dire, Agnes. Après tout, c’était toute sa vie à elle - depuis l’accident, toujours tournée vers comment se souvenir. Comment rattraper les morceaux éparpillés, pour les assembler. Retrouver qui elle était. Comprendre qui elle était, pour pouvoir avancer. Mais Joel n’en avait pas besoin. Joel n’en voulait pas. « I’m good with the… Pitch black memory. I know it’s weird. But I really am. » Ça ne faisait pas beaucoup de sens, pour Agnes. Elle ne pouvait pas s’imaginer accepter le vide ainsi, et s’habituer à l’absence de mémoire ainsi. Elle qui se raccrochait de toutes ses forces, et qui dédiait une partie entière de sa vie à aider les autres à faire de même. Joel, aussi. Elle croyait.

Elle en oublie la tasse entre ses doigts. Observe Joel, un peu choquée. Secouée, elle ne peut pas le cacher. « Oh. » Elle baisse les yeux, le regard qui se perds dans le liquide ambrée. Rassemble ses pensées, un peu secouées. « I see. I’m sorry, I… I didn’t expect that. » Le petit sourire nerveux, qui se dresse sur ses lèvres. « I mean, it’s ok, it’s your choice. I think… I think a part of me understands. » Elle parle doucement, pèse ses mots. Sourcil froncé, à creuser son esprit pour essayer de comprendre. Respecter. Elle lui jette un regard, avec un sourire plus sincère. « I just assume that people that come to the meetings want to remember, you see… » Et elle inspire doucement, Agnes. Déjà calmée. Ça lui échappe un peu. Mais elle ne peut pas juger. C’était son choix, après tout - et peut-être que c’était mieux comme ça. Elle ne savait pas - ne le connaissait pas. La curiosité dans son regard, l’interrogation qu’elle ne peut retenir. Sans songer à ce que ça pourrait vouloir dire. « Why do you come, then ? If you don’t want to remember ? If you don't mind me asking. » La curiosité sincère. Douce, posée. Why, Joel ?

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