Le temps d'une soirée # Peyton

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crédit/ tumblr ☼ w/@sullyvan hops

La soirée est douce. Légère. Et Peyton en est reconnaissante au beau jeune homme. Parce qu’il lui change les idées. Il la sort de son quotidien. Il l’empêche de penser au pire, à tout ce qu’elle aimerait fuir. Il l’aide, beaucoup, sans même en prendre conscience. Parce que c’est la première fois qu’elle ne se sent pas complètement grabataire en face d’un médecin. En face d’un de ses médecins. Elle se tait, mais elle espère pouvoir être de nouveau suivie par Sullyvan à l’avenir. Parce que c’est beaucoup plus agréable pour toi, Peyton, cette façon dont il te traite. Plus rassurant, aussi, parce qu’avec lui tu as la sensation de pouvoir tout surmonter. Alors elle est ravie de pouvoir apprendre à le connaître. Ravie d’en découvrir plus sur lui. D’autant plus qu’il se livre assez facilement, sans chercher à lui cacher quoi que ce soit. Et à ses paroles, la brune comprend rapidement qu’il n’a pas l’habitude d’inviter ses conquêtes au restaurant. Et elle ne le jugera pas, Peyton, parce qu’elle n’a pas non plus pour habitude d’aller dîner avec des hommes. Tout du moins, rarement plusieurs fois. T’es plutôt du genre directe, Peyton. Plutôt du genre à te satisfaire d’une nuit. - Je vois. Et bien, disons qu’il faut une première fois à tout. Qu’elle lâche en souriant. Une première fois pour lui, une première fois pour elle. Ils sont tous deux en train de découvrir quelque chose de nouveau. L’un avec l’autre. Et elle laisse échapper un rire, en entendant les paroles suivantes du blond. - Quoi ? Moi ? Elle est amusée. Amusée parce qu’elle sait qu’il plaisante, lui aussi. Elle non plus, elle est bien loin d’être une dragueuse. Au contraire, Peyton, elle reste toujours elle-même à cent pour cent. Peyton, elle est naturelle en toute circonstance. Et au fond, c’est peut-être ce qui séduit. - Tu es juste tombé sous mon charme naturel, c’est tout. Un air faussement innocent sur le visage, elle plaisante à son tour. Elle n’a pas vraiment conscience d’avoir un quelconque charme. Et ce n’est pas ce qu’elle cherche à faire. Les hommes sont toujours passés au second plan dans la vie de la brune. Dans son existence toute entière. Déjà au lycée, elle avait bien trop de problèmes pour s’en préoccuper. Et en devenant une jeune femme, sa situation ne s’est pas améliorée. Elle a dû se battre avec sa famille, pour sa famille, durant des années. Jusqu’à ne plus en pouvoir. Jusqu’à craquer. Jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus supporter l’air New-Yorkais. Un billet d’avion acheté, et une nouvelle vie lancée. Une vie d’aventures. Une vie pleine de folies. Et la maladie est venue s’abattre sur elle. - Pourquoi tu as voulu devenir médecin ? Une question lancée un peu au hasard, mais la réponse sera pourtant beaucoup plus importante.

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— @sullyvan hops

Les compliments du beau blond lui vont droit au cœur. Parce qu’elle sent cette sincérité en lui. Ce petit quelque chose que bien d’autres dragueurs n’ont pas. Et peut-être que, dans un premier temps, l’attirance découlait simplement d’un physique, mais cela est différent, à présent. C’est ce qu’il affirme, en tout cas. Et c’est sans mal, qu’elle le croit. Parce qu’au fond, elle sait qu’elle est loin d’être une beauté rare, loin d’être une beauté frappante, comme sa grande sœur. Loin d’être de ces filles qui ravagent en un regard. Ton charme à toi, Peyton, c’est plutôt ton humour, ton naturel. Ton charme à toi, c’est plutôt ta personnalité décalée. Et cela ne reste jamais vraiment, parce qu’elle finit toujours pas prendre la fuite. Elle finit toujours par s’en aller. Elle a la bougeotte, Peyton, incapable de se poser. Incapable de s’accrocher. Elle s’en est allée, même après son propre mariage, à Las Vegas. Même après un parfait coup de foudre, retrouvailles avec une âme du passé. Elle s’en est allée, parce qu’il n’y a rien d’autre que sa famille, qui compte à ses yeux. Il n’y a jamais eu rien d’autre qu’eux. T’es totalement déséquilibrée, Peyton. Ta vie est déséquilibrée. Tu n’en as juste pas assez conscience. Alors elle sourit, un beau sourire, sincère et lumineux, juste après avoir bu une nouvelle gorgée de son verre. - Merci. Tu sais parler aux femmes. Qu’elle lâche, en riant. Elle le prend avec humour, comme toujours, mais elle prend de plus en plus conscience qu’elle se trouve à rendez-vous. Un vrai rendez-vous. Du genre de ceux qu’elle évite, d’ordinaire. Du genre de ceux dans lesquels elle ne s’engouffre pas, de peur que cela devienne trop sérieux. Peu importe, parce que c’est ce dont tu as besoin, ce soir, Peyton. Besoin de quelqu’un d’assez fort pour pouvoir te changer les idées. Besoin de quelqu’un d’assez fort pour lui faire oublier cette putain de maladie. Et elle se concentre sur lui. Sur ses passions. Sur son métier. Sur sa carrière de médecin. Parce que c’est un choix particulier, que de consacrer sa vie à tenter de sauver celle des autres. Elle est réellement intéressée par les raisons qui l’ont poussé à choisir cette voie plutôt qu’une autre. - Je vois… Tu as l’âme d’un sauveur, alors. D’un vrai sauveur. Elle esquisse un sourire, de nouveau. Parce que c’est peut-être elle, qu’il tente de sauver, désormais. Elle, qu’il tente d’aider à aller mieux. A oublier. - C’est bien. C’est comme… Une vocation ? Ce qu’elle n’a jamais eu, elle. Une vocation, c’est quelque chose qu’elle ne connait pas, Peyton. Quelque chose qu’elle ne connaitra peut-être jamais. Parce qu’elle s’est toujours jetée corps et âme dans la découverte du monde. La découverte de toutes les plus belles cultures de la planète. Pour finalement se retrouver ici, aujourd’hui. Ici, à New-York, l’endroit même où elle est venue au monde.

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— @sullyvan hops

Ce qu’elle découvre lui plait. Ce qu’elle découvre lui plait, toujours un peu plus. Il semble beaucoup plus profond que ce qu’il en a l’air, Sullyvan. Il semble être beaucoup plus que ce tombeur, ce médecin un peu trop arrogant, qu’il prétend être au quotidien. Peut-être qu’il n’ose pas se montrer tel qu’il est réellement, au fond. Peut-être qu’il tente de coller à l’image du fils parfait que son père espérait. T’as jamais connu ça, Peyton. T’as jamais connu cette pression, celle de devoir absolument entrer dans des cases. Celle de devoir ressembler à quelqu’un d’autre qu’à toi-même. Tes problèmes à toi, ils étaient bien différents, lorsque tu étais jeune. Une mère morte très tôt, un père absent, un frère malade, des drames qu’elle n’aurait jamais dû vivre. Mais elle a toujours eu cette liberté d’être elle-même. La liberté de vivre sa vie comme elle l’entend. Peut-être qu’elle peut l’aider un peu à en faire de même, à se libérer de ses chaînes, s’envoler comme elle a su le faire. Les secondes paroles du beau blond viennent lui arracher un nouveau sourire, juste avant de lui répondre, d’une grande sincérité. - Je suis sûre que tu y arrives, si. Regarde… Tout à l’heure, à l’hôpital, tu m’as fait rire. Tout à l’heure, il a rendu ton monde plus beau, Peyton. Tout à l’heure, il a réussi à te faire oublier, l’espace de quelques instants que tu n’es plus qu’une malade. Malade incurable. Pour le reste de tes jours. Et ce soir encore, sa présence lui change les idées. Sa présence la libère de quelque chose de beaucoup trop lourd. Alors elle se prête volontiers au jeu des questions, faisant connaissance avec lui, appréciant de plus en plus sa compagnie. - Moi, je voyage depuis que j’ai dix-neuf ans. Alors j’ai eu l’occasion de faire énormément de métiers différents. Qu’elle lâche, en riant, parce qu’elle a tout expérimenté, Peyton. - Mais depuis que je suis revenue à New-York, je design des bijoux. Elle a commencé dans l’entreprise de l’ex-mari de sa grande sœur, et aujourd’hui elle lance sa propre marque avec cette dernière.

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Elle n’imaginait pas que cela puisse être si facile, si naturel, si plaisant. Elle n’imaginait pas pouvoir engendrer une telle complicité avec l’un de ses médecins, parce qu’elle garde des distances, d’ordinaire, Peyton. Parce que l’hôpital est un lieu qu’elle hait par-dessus tout, parce que sa simple présence là-bas l’angoisse au plus haut point. Alors elle se contente de faire ce qu’elle sait faire de mieux, prendre la fuite. Prendre la fuite, affichant une nonchalance déconcertante. Faisant mine de se préoccuper de rien, pour cacher combien elle a peur, au fond. Il ne le sait pas, Sullyvan, mais tu as déjà vécu bien trop de drames. Bien trop de moments, t’ayant conduite jusqu’à ce même hôpital. La mort de ta mère. La mort de ton frère. Expériences bien plus traumatisantes que tu ne souhaiterais le montrer. Et c’est en partie ce qui a fait d’elle la femme qu’elle est aujourd’hui. Forte, indépendante, mais aussi bien trop inconsciente, fuyarde. Elle ne se lie pas, jamais, et pourtant, Sullyvan a réussi. Réussi à accrocher son attention, à attiser sa curiosité. Et après s’être posée plusieurs questions, elle sait désormais qu’elles sont ses intentions. Il cherche à ola séduire, ses paroles son sans équivoque et sa franchise lui tire un rire. Doux rire. - Je vois, tous s’explique maintenant. Qu’elle répond finalement, un air faussement sérieux sur le visage, mais ses yeux parlent pour elle. Malicieux. Elle apprécie ce moment, et bien plus encore lorsqu’ils en viennent à se confier l’un l’autre. Apprenant à se connaître, de la façon la plus légère et sincère qui soit. Et tu sens qu’il s’intéresse vraiment à toi, Peyton. Tu sens qu’il écoute chacun de tes mots, avec la plus grande attention. Presque admiratif face à son parcours complètement hors du commun. - T’es adorable. Tu n’auras qu’à passer voir nos bijoux. Une invitation, une proposition de se revoir. Puisqu’ils seront amenés à se recroiser à l’hôpital, autant que ce soit dans de bien meilleures conditions. - Oui. J’ai vraiment l’impression que c’est grâce à ces voyages que je suis devenue… Moi. Elle rit, à nouveau, reprenant. - Peut-être qu’un jour je pourrais t’entraîner dans road trip avec moi alors. Clin d’œil qu’elle lui lance, pour le taquiner à son tour. Elle ne veut pas voir que ce genre de voyage, ce genre de moment, ce n’est plus pour elle. Plus capable de les assumer, avec un cœur en si mauvaise santé.