It's my life. (Irin)

une journée au parc. la journée off où tu profites au maximum de ton fils. ton emploi du temps étant beaucoup plus compliqué depuis que tu as repris du service, depuis que tu dois cacher à tes proches, à ton ex, le père de milan, que t’as signé pour l’autre agence. loin de lui. ça te pèse alors que t’as pourtant l’habitude de mentir, de mener ta double vie, prête à avoir une double mort.
et il suffit que d’une seule seconde pour que tu le perdes de vue, la prunelle de tes yeux, la chair de ta chair, le petit milan, ton fils. un coup d’oeil au couple enlacé dans l’herbe plus loin, un rappel telle une claque dans la gueule de ce que tu as perdu.
c’est cruel la vie,
hein irin ?
mais moi j’aime te voir souffrir,
douce irin.
reflet de l’image à laquelle vous avez ressemblé avec levi, t’en oublies le temps de quelques secondes de maintenir ton attention sur milan, la fusée, l’intrépide, alors qu’il est censé jouer devant toi, le ptit, à descendre inlassablement le toboggan en t’appelant. rire et sourire aux lèvres, regard heureux et malicieux dans les yeux.
ah, l’égoïste irin, qu’est-ce que je t’aime,
prête à oublier ton fils pour l’amour.
digne de médée.
corps relevé du banc implanté face à l’air de jeu, le coeur palpitant, tu crains déjà le pire alors que tu le cherches du regard. ton sac que tu reprends au sol. quelques pas, air de jeu que tu contournes et tu la vois, sa tête blonde de derrière, son corps emmitouflé dans son manteau, son écharpe qu’il traîne à moitié à terre, comme d’habitude. marche rapide, tu rejoins l’enfant, les mots de la femme devant laquelle il est que tu n’entends presque pas. - Bonjour, je suis désolée. Il est venu… - t’entends pas. milan, qu’est-ce que je t’ai dit mille fois... t’interrompes sans t’en rendre compte la discussion presque stérile de ton fils avec l’inconnue. l’enfant dans l’âge où il apprend à parler, à associer les mots aux choses. timbre de voix presque soulagée, tu poses ta main sur sa petite tête blonde, ta main qui passe dans la douceur de ses mèches blondes avant de t’accroupir devant lui. regard rapide vers la blonde sur le banc, tu reportes ton attention sur milan. tu ne pars pas loin de maman comme ça, d’accord ? encore et encore tu répètes, l'écharpe que tu renoues autour de son cou pour le protéger. c’est bien trop souvent que tu le fais, lui rappeler. c’est bien trop que tu le couves. l’étouffes. c’est plus fort que toi. ton boulot t’a appris à faire attention à n’importe qui, n’importe quoi. ton boulot t’as aussi inscrite sur une liste potentiellement existantes dangereuses. tu pourrais être dans le viseur de n’importe qui, dans le viseur d’un pays concurrent. et ton fils avec pour te toucher en plein coeur, bien plus que si l’on te touchait toi. tes lèvres contre son front, dernière consigne pour qu’il reste proche de toi, tu te relèves, le regard sur la femme. excusez-moi s’il vous a dérangé… ça commence à courir vite à cet âge. le sourire sur tes lèvres, le petit rire qui les passe, tu plantes tes yeux bleus dans les siens. sympathique mais analyste. t’es ainsi avec tout le monde, que ces personnes soient des proches ou des inconnus. t’analyses, faire attention aux moindres détails. et à première vue, la femme ne te semble pas être une menace, une agente envoyée par tu ne sais quel pays, la russie par exemple, pour t’éliminer ou te kidnapper ta petite tête blonde.

soulagée de le retrouver sain et sauf,  tu rappelles au petit garçon qu’il n’a pas le droit de s’éloigner ainsi, t’excuses auprès de la femme pour sa tranquillité dérangée. vous voyez de quoi je parle alors. t’esquisses un petite rire alors que tu ne perds pas une miette de la réaction de la femme. regard lointain, tout comme sa voix, c’est comme si l’inconnue se souvenait d’une vie passée. ou regrettée. tu ne sais pas encore réellement. vous avez des enfants ? question classique de deux mères se rencontrant alors que ce n’est absolument pas dans ton habitude, ce genre de cliché, de discussion facile à lancer. il n’y a pas que l’expression de sa voix et sa réponse qui te met la puce à l’oreille. elle a depuis qu’elle est arrivée ici, tu l’avais repéré, ce regard nostalgique sur ces enfants qui jouent plus loin devant elle. rien ne craindre de cette femme, tu sais que tu devrais y croire. mais l’inquiétude fait toujours partie de toi, la peur de voir ton fils disparaître est continuellement en toi. souvenirs de tellement d’affaires de ce genre que tu as entendu parler dans les bureaux du fbi, ils restent en toi, tout comme l’appréhension que les affaires où tu as été mêlée te retombent dessus un jour. beaucoup de personnes possèdent deux visages. les plus fous maîtrisent leur satanique d’un grand art. et t’es toujours là à t'interroger sur celui de l’inconnue qui regard ton enfant quand elle répond à la négative sur l’envahissement de ton fils. tu souris simplement à sa réponse. entre nous, je crois qu’il a déjà un faible pour les blondes. petite plaisanterie, ça se confirme quand tu le vois plus loin, ton milan déjà repartie vers l’air de jeu, jouant avec une petite blonde. c’est gentil, il l’est. tu réponds, toutes les mères pensent ainsi de ces enfants, n’est-ce pas ? à vrai dire, tu n’as jamais réellement eu de problème avec ce petit garçon doux comme un agneau. capricieux quand il veut, colérique quand ça lui arrive. on dit qu’il tient de toi, de vous deux, levi et toi. tu ne peux réfuter. la colère gronde entre vous, levi et toi. vous avez créé un mélange extraordinaire à tes yeux. au moins ça. ça ne vous dérange pas si je m’assied à côté de vous ? tu lances finalement, ton regard qui suit ton petit homme qui joue près du toboggan, ses petites jambes trop mignonnes qui se déplace rapidement. j’en ai un peu marre d’entendre jacasser les trois mères de famille là-bas. mouvement de doigt discret vers les trois commères assises sur un banc près de l’air de jeu comme s’il s’agissait du leur, l’attitré, t’en as assez de les écouter parler de toutes les mères de famille qui passent devant leurs yeux, avant de regarder l’inconnue, sourire sur les lèvres et presque un regard complice.