lost without a hint (Ziggy)

Des mois que Boyd vit dans le Queens, des mois qu’il y travaille et qu’il arpente parfois les rues, encore et encore pour faire des enquêtes. A chaque fois qu’on l’appelle quelque part à la radio de sa voiture, il n’a pas de problème à s’y rendre. Faut dire merci au 21ème siècle et non pas à son sens de l’orientation bien aiguisé puisque c’est grâce au GPS qu’il va on l’attend. Pourtant, aujourd’hui, il ne bosse pas depuis une heure, ce n’est donc pas vers un lieu où on l’attend au dernier moment, et pourtant Boyd est tout simplement paumé. Il devait faire un détour entre le poste de police et son appartement pour aller dans une boutique que l’un de ses collègues lui a parlé l’autre jour. Pour trouver la boutique, pas de soucis il a réussi à s’y rendre mais c’est pour repartir que c’est plus compliqué. Il ne sait même pas où il a garé sa voiture. Eviter un parking plus grand pour ne pas avoir à payer sa place lui paraissait une bonne idée de base. Maintenant qu’il ne se souvient plus d’où, il est bien embêté. Fouillant dans ses poches pour trouver son téléphone et voir s’il peut se connecter au gps de sa voiture, c’est beau de rêver, il se rappela qu’il avait laissé son téléphone dans la boite à gant. C’est ça de ne pas être un fervent utilisateur de téléphone, on ne pense pas forcément à le prendre quand on pense que ça sera inutile. Il se trouve donc là, en pleine rue avec comme seules choses sur lui son portefeuille et l’achat qu’il vient de faire. Ce n’est pas comme cela qu’il va s’en sortir. Il a la plupart du temps son arme de service avec lui mais il n’aime pas vraiment la porter. C’est une manière de se protéger mais Boyd n’aime pas ce rapport de force qu’il a avec son arme et son badge. Il n’a pas à être au-dessus de tout lorsqu’il ne bosse pas. Il connait tellement de flic comme lui qui en profite que lui ça le dégoute. C’est à cause de flic comme eux que les gens font de sales catégorisations de la police. Alors, ne pas l’avoir sur lui ne le dérange pas. Il n’est pas dans un quartier des plus chaleureux mais ce n’est pas pour autant qu’il faut tomber dans la paranoïa, surtout durant l’après-midi. Tournant donc à droite puis à gauche et ainsi de suite, il se rend compte qu’il est revenu sur ses pas. Essayant de se remémorer, il accoste quelqu’un dans la rue « Excusez-moi, euh est-ce que vous savez où il y a une pharmacie à côté d’une petite fontaine et euh… un coin de verdure ? » Il fait une grimace, ce n’est pas comme ça qu’il va réussir à donner des indices pour qu’on l’aide. « Vous connaissez le coin ? » Autant commencer par là car s’il tombe sur un touriste, ça ne va pas l’aider plus. Quel plan galère.

@boyd sanders

Quelques semaines sont passées depuis le malheureux incident dont tu avais été victime à ton travail. Oui, tu appelais ça comme ça maintenant : ‘un incident’ comme si c’était aussi en partie de ta faute. Alors que pas du tout. T’as pas demandé à subir un braquage dans une bijouterie, ni à être kidnappée pendant des minutes qui semblaient une éternité, tel un bouclier ou une sortie de secours pour ces brutes. Tu avais moins peur qu’au début, t’étais sûrement un peu moins parano, tu sursautais plus au moindre geste de ton entourage, mais c’était toujours là, en toi, ce sentiment d’être épiée du matin au soir. C’était horrible, presque invivable. T’en étais presque devenue une ermite, si tes amis et ta famille ne t’obligeaient pas à sortir. La seule chose de bien que tu avais réussi à faire ces derniers jours c’était d’avoir démissionné, pour ne plus jamais remettre les pieds dans cette bijouterie. Celle qui te rappelait tant de mauvais souvenirs du mois dernier et qui te donnait des cauchemars.
Les rues étaient bondées d’inconnus, comme toujours ici à New York, s’en était presque oppressant après un tel traumatisme. D’ailleurs, tu venais d’en parler avec le psychologue qu’on t’avait conseillé d’aller voir, à la police, là fois où on t’avait interrogé pour savoir ce que tu avais vu, entendu. Ils t’avaient presque pris pour une des leurs - des braqueurs - à la façon dont il te posait les questions. Mais tu n’étais qu’une pauvre victime là-dedans, un dommage collatéral. Tu leur avais rien apporté de nouveau, aucun indice, pas de détail que tu avais pu remarqué. L’événement était passé si vite que tu n’avais pas pu faire attention à grand chose, puis, les quatres hommes s’étaient bien préparé, cagoulés et armés jusqu’aux dents.
Sur le chemin du retour vers ton appartement, un homme t’accosta. ...il y a une pharmacie à côté d’une petite fontaine et euh… un coin de verdure ? T’as raté le début de sa phrase, t’imagines qu’il te demande de l’aide pour trouver un endroit en particulier. Mais quoi ? Prise dans tes pensées, une habitude depuis quelques semaines, tu n’avais pas fait attention et tu ne t’attendais clairement pas à ce que quelqu’un t’adresse la parole. Pardon ? que t’arrives à répondre. Tu lèves tes yeux vers l’homme en question et un déclic parvint dans ton esprit. Tu le connaissais. Sa voix. Son visage. Ce n’était pas un des braqueurs, bien heureusement, mais un des policiers qui t’avait interrogé. Ça ne te soulageait pas pour autant. T’aurais préféré ne pas le croiser. Rien que de repenser à l’incident, t’en perdais tous tes moyeux et ta partielle bonne humeur. Vous connaissez le coin ? qu’il ajoute, il ne semblait pas t’avoir reconnu, lui, tant mieux, d’un côté. Assez bien, oui, vous cherchez quoi exactement ? Et au fond de toi, tu priais qu’il ne te reconnaisse pas, ça t’éviterait de reparler de ça pour la énième fois.
Mais malheureusement, on ne pouvait pas oublier un visage comme le tien, Ziggy.

Ne trouvant pas son chemin tout de suite, Boyd fini par accoster quelqu’un pour demander son aide et la jeune femme ne l’envoya pas balader. C’est déjà ça. D’ailleurs, la jeune femme lui dit quelque chose mais avec son métier, il voit des personnes toute la journée donc c’est pas aisé de savoir d’où. Pourtant, son visage, il est plus familier qu’une simple jeune femme à qui il aurait pu déjà demander le chemin par le passé. Mais pour le moment Boyd n’essaye pas de savoir qui elle peut être, il est là pour lui demander si elle peut l’aider à se situer. Malheureusement, ses tendances d’enquêteur font qu’il n’arrête pas de se mémoriser dans ses pensées pour deviner d’où il a pu voir ce visage avant aujourd’hui. Il essaye toutefois de faire abstraction : « Je ne sais plus où je me suis garé et j’ai oublié mon téléphone et… » Il s’arrête, à la fois parce que ce n’est pas avec ce genre d’information que ça va l’aider à retrouver son chemin mais aussi parce que ça le trouble d’avoir la certitude de savoir qu’il la connait sans savoir d’où. Ce n’est pourtant pas dans ses habitudes d’avoir des problèmes de mémoire, il a une très bonne mémoire à long terme en règle général, il est même un expert pour mémoriser les dates d’anniversaires ou même les numéros de téléphone inutiles. Par contre les visages, c’est une toute autre chose. Calmes toi Boyd, ce n’est pas le sujet, essaye-t-il de se dire pour se reconcentrer dans ses dires. « En gros je suis un boulet perdu ! » Il est un peu trop personnel là, avec une inconnue mais pour le coup il se dit qu’elle ne sait pas ce qu’il fait dans la vie donc il ne se décrédibilise pas. A moins que elle, elle l’ait reconnu et qu’il ne se trompe pas sur le fait de la connaitre ? Maintenant qu’il lui a dit très clairement la raison pour laquelle il la dérange, il faut que la question soit posée : « Pardon mais on se connait non ? J’ai l’impression de vous avoir déjà vu ! » Et au moment où la question sort de sa bouche, il se revoit en train de l’interroger il y a quelques temps de cela. Il lui a déjà posé des questions par le passé, il le sait, il se rappelle maintenant. Elle n’était pas une suspecte, elle n’était pas non plus un témoin mais une victime dans l’histoire. Comment a-t-il pu oublier ? « Oh… » dit-il simplement, sans réfléchir, inconsciemment en se rendant compte de qui elle est. Au vu de la situation il se sent mal d’avoir posé la question, mais aussi de l’embêter alors qu’elle ne doit pas avoir envie d’avoir à faire à quelqu’un lui rappelant ce qu’elle a vécu « Je suis désolé ! » Quand il se sent coupable de quelque chose, il s’excuse, il a été élevé comme ça après tout, même si parfois ses émotions font qu’il n’agit pas tout le temps comme ça.