let me use you.

L’apnée qui cesse. Tu prends une bouffée d’air dans cette bataille, pourtant les coups te coupent le souffle. T’as l’impression d’être enfin en vie, d’être enfin là. vivant. Le regard féroce, la rage qui fait bouillir ton être, tout ça qui va finir par mal finir. Amoché, le corps en lambeau. Le besoin de ressentir cette douleur, de sentir cette effluve métallique dont tu t’éprends dès que elle taquine ton odora. Coup que tu acceptes, que tu quémandes, tu n’en donnes que quelques-uns, tu attends le coup final, tu attends que la rage soit à son maximum pour libérer tout, pour aliéner à ton tour les coups. Puis c’est un coup de chance ou non, que tu gagnes ou non. Trop détérioré pour assouvir à souhait tes propres coups, t’as trop attendu pour les donner. Ça dépendra toujours. Tu le sens ce moment grandir, ce moment qui vient taquiner ton âme, qui vient te consoler dans un élan de bonté. T’es à terre, mais tu luttes, commençant à revivre, à vivre à nouveau. Les mains qui s’abattent sur l’adversaire, les mains qui déversent cette haine qui est tienne, qui ne fait que un avec toi, comme si c’était ta maudite ombre. Attaché à toi, amoureuse de toi la maudite, elle est là et sera tienne comme sera toujours tienne Yara. La complice du diable, la tienne. T’es le diable dans cette histoire, mais t’encore un piètre diable face à ton paternel. Tu en prends soin de ta beauté, de la beauté de ta femme, essayant de ne pas voir les pièges te retomber dessus. Puis t’as une pensée, peut-être même bien plus pour l’indienne qui t’as séduit et dont tu as décidé qu’elle sera la prochaine target. Une différente target comparé à celle à qui tu as croisé les opales en arrivant. Le regard et le visage fermé, t’as juste laissé un regard et rien de plus pour la serpentine. Joli nom qui résonne dans ta tête. Les coups n’ont plus d’effet, tu ne sens plus la maudite douleur, tu la quémandes cette conne, mais rien. Plus rien. Les tissus sont morts, les terminaisons nerveuses aussi, les coups ont endoloris ton corps, mais tu tabasses à ton tour. L’ours est de sortis, le sang qui gicle, l’odeur qui te donne une force inouïe. Un monstre, un putain de monstre conçu de violence et de rage. La rage qui implose alors que ton cœur explose. L’organe rend l’âme quand t’es déclaré vainqueur. Mauvais quartier pour un gars comme toi, mais bon dieu que c’est bon, bon d’être là. Pas de chichi, tu ne veux qu’une chose obtenir son aide, même de la plus horrible des façons, user d’elle. Le regard qui croise le sien, les opales qui chahutent dans les siennes. « Besoin d’une infirmière encore une fois ! » Seconde fois, mais cette fois le loup que tu es as bel et bien l’intention de s’inviter chez elle et obtenir ce dont l’homme répondant au prénom de Denzel t’as promis. Un nouveau pion dans ta bataille.

@serpentine girardi

Vie new-yorkaise. Celle qui s'enlace autour de son coeur et de sa vie. Elle s'y est installée. Un peu plus longtemps que d'habitude. Perds du temps, prends son temps. Navigue dans sa routine. Bien loin du succès qu'elle recherche. Elle vie sa vie banale. En tout cas à ses yeux. Plate. Terne. Elle en regrette même son bizutage au restaurant. Celui où maintenant, elle sert tel un automate. Répète machinalement son discours. Vends des frites et des pâtes et sent la friture en quittant le service. Une journée. La journée de Serpentine. Ses nuits sont les mêmes. Seul le décor change. Elle danse. Unique moment oú on s'intéresse enfin à elle. On la regarde. Toutes sortes de paroles et de pensées accompagnent son show. Peu importe. On la regarde, son coeur vibre. Une seconde. Sa seconde de gloire. Parfois le show se termine là. Parfois, on lui assigne un client. Elle reste avec. L'écoute parler. Fait mine d'être intéressée mais il n'en n'est rien. Juste l'ennui. A crever. Sauf quand ils prolongent une nuit. Là où elle peut reprendre le pouvoir sur la situation. À jouer les ensorceleuses. Pour qu'ils reviennent le lendemain, et paye encore un peu plus. La veille est mouvementée, avec un client incontrôlable. Ses poignets sont tatoués de bleu. La couleur des coups. La couleur de la violence. Son visage est creusé. Légèrement. Indiquant une nuit blanche. L'esprit bien trop préoccupé par cette blessure de travail. Elle ne dit rien. Ne rechigne pas. Elle est plus forte que ça. Elle a juste envie de dormir afin de passer à autre chose. Impossible. Le destin lui a choisi un tout autre chemin. Colm. Il apparaît le corps couvert de sang, de crasse, de sueur. Elle le regarde immobile. Se sent idiote d'avoir pu se préoccuper juste une seconde de ses coups superficiels quand elle voit l'état de Blackwell. Son coeur s'emballe jusqu'à lui nouer la gorge. Besoin d’une infirmière encore une fois ! Elle reste impassible. Silencieuse. S'il y en avait bien un dont elle pourrait s'occuper toute sa vie, c'est bien lui. Pourtant, elle ne l'a pas vu depuis des jours, des semaines, si ce n'est pas plus. Incapable de comprendre quelle type de relation ils entretiennent. Elle doit être... Une infirmière. Oui. Certainement. Rien de plus. Et si, pour une fois, elle l'envoie sur les roses ? L'envie de lui montrer, qu'il n'est pas central dans sa vie. Qu'elle a d'autres choses à faire. Non. Sa force, sa volonté, tout s'envole au moment même où son regard plonge dans le sien. A se mordre l'intérieur de la joue, comme un rappel à l'ordre. Rappel à la réalité. Rien n'est fait. Son influence à lui est plus forte. Elle se sent faible, dans un tourbillon d'émotions. Elle lui essuie maladroitement mais tendrement, le sang qui recouvre son visage. « Je ne peux pas t'amener à la maison. Nana est là et si elle te voit... » Serpentine hausse les épaules. Ne terminant pas sa phrase. Il n'a pas besoin de savoir. D'ailleurs, il ne s'en soucie même pas. « Il y a une trousse de secours au sous-sol du club. Il y en a un pas très loin. Je t'y emmène. »

@colm blackwell