« J’entends bien Monsieur Frye, mais comprenez que … . ». Non, il ne comprend vraisemblablement pas mon point de vue. Pour cela, encore faudrait-il qu’il daigne bien vouloir l’écouter, en me laissant le loisir d’en placer au moins une. Cela serait déjà un bon début pour établir une communication, qui tende à se rapprocher du dialogue. Malheureusement, et à en juger par la grossière et indélicate manière dont il vient pour la ixième fois de me couper la parole en moins d’un quart d’heure de conversation téléphonique ; ce ne sera pas pour tout de suite. L’intarissable diarrhée, pour ne pas dire incontinence verbale, de Dan Frye reprend de plus belle. Je doute que je puisse souffrir de l’entendre déblatérer son tissu d’inepties, pendant encore bien longtemps. Le pianotage de mes ongles sur la résine de la table. Le martèlement agacé des lattes en bois traité de la terrasse par la semelle de ma bottine en daim bleue marine. La hargne avec laquelle mes molaires meurtrissent l’intérieur de mes joues. Autant d’éléments qui portent à croire que mon capital patience et gentillesse, risque incessamment sous peu d’expirer.
Tout producteur de spectacles adulé, prisé et de génie qu’il soit, Monsieur Frye n’a néanmoins pas volé sa réputation de, je cite, « plus gros trou du cul de New-York ». Bon nombre de rumeurs, échos et autres secrets d’alcôves le concernant, sont parvenus jusqu’à mes oreilles en amont de cette télécommunication somme toute … tumultueuse. Ne raffolant pas particulièrement des bruits de couloirs, scoops, ragots et on-dit, je n’y ai guère accordé de crédit. Une rencontre de visu étant, à mon humble avis, bien plus appropriée pour se forger une opinion au sujet de quelqu’un. Il y a un peu moins d’un mois de cela, cet homme est venu me trouver pour me proposer d’incarner le rôle de la Reine de la Nuit, dans une adaptation moderno-moderne de « La flûte Enchantée » de Mozart. Une transposition vraiment originale, courageuse et osée. Je pousserai même le curseur jusqu’à positivement culottée. Surtout pour ce qui est de la mise en scène. Cette dernière est effet truffée d’effets spéciaux et pyrotechniques. De plus, elle fait la part belle à des procédés scéniques vraiment novateurs dans le monde de l’opéra, tel que le recours à des hologrammes pour n’en citer qu’un.
Emballée et toujours encline lorsqu’il s’agit de m’aventurer en dehors des sentiers battus, j’ai donc rapidement honoré l’offre de ce Monsieur par l’affirmative. Sans trop avoir eu à gamberger ou cogiter. Force est de constater que bien mal m’en a pris, à présent que je dois souffrir de cette volubile et virulente faconde. Note à moi-même : veiller à l’avenir à toujours modérer ses enthousiasmes. Si j’avais su « avant de signer », que je me heurterai à un pareil mur d’opiniâtreté, j’y aurais réfléchi à deux fois avant de me lancer dans cette aventure culturelle des plus séduisantes sur le papier. Peut-être aussi que j’aurais alors pris plus au sérieux, les petites mises en garde de collègues chanteurs et danseurs, ayant déjà travaillé sous sa houlette. « Ah, c’est Frye qui est à la manœuvre … attend-toi à voir ton temps libre et tes heures de sommeil se réduire comme peau de chagrin. » ; « Oh … eh bien, je te souhaite bon courage ! Rares sont celles et ceux qui sortent indemnes d’une collaboration avec ce despote. ».
Bien que ces propos, un tantinet excessifs et exagérés, aient été de toute évidence à relativiser et prendre avec des pincettes ; je n’en menais quoiqu’il en soit pas large, et étais pour le moins inquiète et tracassée, quand vint le temps des premières répétitions. Premières répétitions qui contre toute attente, se déroulèrent admirablement bien. Bien sûr, j’ai très vite compris que Dan Frye était quelqu’un d’exigeant, ayant le souci du détail, d’une rigueur par moments militaire et sachant parfaitement où il va et ce qu’il veut. Un homme de caractère certes, mais bien loin du portrait de l’abject tyran que l’on m’avait dépeint. Etre pointilleux et diligent n’ont après tout jamais été des défauts. Au contraire, ce sont selon moi plutôt des qualités. A plus forte raison encore, lorsque l’on œuvre dans le domaine culturel et que l’on est amené à diriger des artistes. Nous avons toujours eu un bon feeling et des rapports ma foi tout à fait cordiaux. Il y a bien eu quelques petites frictions et tensions avec certains membres de la troupe, sans pour autant que cela n’aboutisse au clash ou au conflit irrémédiable.
Seulement, et forte de ma récente expérience des quinze dernières minutes, j’en arrive à croire que le qu’en-dira-t-on s’avère en fin de compte on ne peut plus exact, et que ce Monsieur Frye n’a en rien usurpé le doux surnom que lui ont décerné les gens de la profession. « Le Pitbull ». Quand il a une idée dans la tête, il ne l’a pas ailleurs. J’ai quand même rarement vu quelqu’un d’aussi obstiné, têtu et buté. Il plante ses crocs et défend farouchement son morceau de viande. De manière très véhémente et agressive. Toute vague notion de savoir vivre et politesse qu’il peut avoir, semble s’être volatilisée. En témoigne ses mots parfois grossiers et orduriers, que je rougirais de vous répéter. Pour une obscure raison, ce Monsieur a décidé du jour au lendemain d’avancer la date de la première représentation. Soit. Le seul problème c’est que ce jour là, je suis censée me produire à Washington à l’occasion d’une sorte de festival visant à promouvoir le classique et l’art lyric. Voilà ce que je désespère de faire comprendre à l’irascible producteur que tout le monde s’arrache.
Le soleil entreprend une petite percée à travers les épais et cotonneux nuages de Novembre. Aussitôt, je rabaisse les lunettes de soleil trônant sur le sommet de mon front sur mon nez, afin de ne pas réveiller ma photophobie. Profitant d’un temps pause que s’accorde l’enragé producteur dans son interminable et trivial laïus, pour déglutir ou tout simplement respirer, je parviens enfin à répliquer quelque chose, sur un ton poli mais trahissant une certaine exaspération : « Très bien Monsieur Frye. Je vais essayer de voir avec le Directeur du Kennedy Center de Washington, s’il est possible de trouver un arrangement et je vous recontacte. D’accord ? Parfait, dans ce cas bonne jou… . ». ...rnée. Bouche bée et sidérée devant de tels sommets d’impolitesse, j’éloigne le portable de mon oreille et regarde interdite l’écran durant quelques secondes, avant de finalement appuyer dessus pour raccrocher. « Trou du cul » me paraît désormais être un qualificatif, plutôt inadapté pour décrire cet homme. « Sombre connard » semble plus adéquat. Joliment courroucée par l’inconvenante attitude de l’homme ayant bien caché son jeu, un soupir de l’autre bout du monde m’échappe.
Les deux pans de mon duffle coat noir rabattus contre ma poitrine, je laisse alors toute la crispation s’envoler en m’affaissant dans ce fauteuil de jardin design, d’une marque suédoise bien connue. Jouissant de la chaleur aux embruns de butane prodiguée par ce chauffage d’extérieur en forme de parasol, je contemple et tente d’apprécier malgré mon humeur bileuse, la magnifique vue qui s’offre à moi. L’Hudson scintillant de mille feux sous les timides rayons solaires automnaux. Les frêles esquifs voguant paisiblement et traçant leurs sinueux sillons sur l’eau. Manhattan l’orgueilleuse qui prend la pose au loin sur l’autre rive. Une petite fraction de paradis. Le calme précédent la tempête. Ou en l’occurrence, la sérénité après la fureur. Une serveuse, que l’on jurerait sortie tout droit d’un manga avec ses cheveux teints en rose barbe à papa, m’apporte ma commande dans un sourire aussi naturel que sa chevelure et fleurant bon le commerce. Une tasse fumante arrive devant moi, accompagnée d’une prononciation très approximative de « Lapsang Souchong ». Bel effort néanmoins.
J’adresse un sourire ostensiblement plus sincère et remercie la jeune femme haute en couleur. Simplement vêtue d’un t-shirt au style passablement lugubre, cette dernière ne me tient guère compagnie plus longtemps et file illico presto regagner la douce chaleur régnant à l’intérieur de l’établissement, sitôt sa mission accomplie. Mon pouce et mon index pincent la petite tranche de citron, qui rétrograde du pourtour de la tasse au rebord la petite soucoupe en verre. Une rapide exploration palmaire du contenu de la poche intérieure de mon manteau, à la façon d’une pickpocket craignant de se faire prendre la main dans le sac, me permet d’en ressortir une petite mignonnette renfermant un liquide noirâtre. « Belladone », peut-on lire sur l’étiquette corsetant la petite fiole. J’arrive. Navrée de t’avoir fait attendre. Cette journée fut vraiment loin d’être des plus reluisantes. Plus que jamais, j’ai besoin que nous ayons un de nos « petits rendez-vous ». Remercions pour cela la cerise du diable et ses vertus hallucinogènes. Quelques gouttes de son extrait dans un breuvage suffisent pour nous réunir. Du moins, certaines fois. Les visions, c’est comme la loterie : on ne gagne pas à tout les coups.
Lorsque les agents psychotropes consentent à nous accorder quelques instants ensemble … non seulement je te vois, mais en plus je peux t’entendre et discuter avec toi. Etre blottie dans tes bras est hélas l’unique chose qui relève toujours du domaine de l’impossible. Même une fois sous l’influence de cette substance bio et très moyenâgeuse. En outre, ce séculaire nectar offre des avantages non négligeables sur les stupéfiants contemporains. Le premier, et le plus important : l’absence d’accoutumance et de dépendance. Un second ? La non-altération de la tessiture et du timbre de voix. Chose primordiale et capitale, en ce qui me concerne. Dans la colonne des moins, citons l’ultra rapide dissipation des effets ainsi que le prix mirobolant auquel se chiffrent d’infimes centilitres de cet obscur ambroisie. Un coup d’œil à gauche, un autre à droite. Parfaitement stupide mais instinctif. Le dévissage du petit bouchon achevé, j’incline le flacon au-dessus de la tasse. L’épais liquide coule plus que de raison et une grimace orne mon visage suite à ce surdosage accidentel. « L’objet du crime » rebouché et gouttant de nouveau le confinement de la poche de mon duffle coat, je noue mes fusiformes doigts de part et d’autre de la tasse brûlante.
L’important et soudain contraste de température les fait presque instantanément virer au cramoisi. Les paupières se closent, tandis que les volutes aux légères notes sucrées et acidulées de fruits rouges caressent les narines. Puis, les lèvres épousent une portion de la bordure ronde en verre. Une première gorgée calcinant la langue, décapant la gorge et enflammant l’œsophage. S’il te plaît, viens. Une seconde, moins abrasive. Rejoins-moi. Une troisième, succulente et savoureuse. Quelques secondes pendue à un risible espoir. Et les paupières qui se déverrouillent enfin, derrière l’opacité de verres les protégeant. Un mirage me fait l’honneur de sa présence en sursis. Hélas, ce n’est pas le tien. Un soupir las et teinté de déception enlumine ma désillusion. Un femme blonde. Non, plutôt châtain clair. Vingt ans. Vingt deux à tout casser. De beaux yeux émeraude. Un petit nez fripon surplombant une bouche espiègle d’enfant boudeuse. Elancée, mince mais avec quelques formes plantureuses. Le genre typique de fille sur lequel tu te serais retourné dans la rue ou que tu aurais reluqué sans vergogne.
Ce qui m’aurait à tout les coups rendu encore plus jalouse qu’une tigresse du Bengale. Une minute … il y a quelque chose qui n’est pas « comme d’habitude ». Plus les secondes s’égrainent et moins je suis persuadée d’avoir affaire à ce que les médecins qualifieraient de « psychose légère ». Hallucination ou être de chair et de sang ? Afin d’en avoir le cœur net, je lorgne rapidement sur les tables voisines. Les regards furtifs de deux hommes en direction de la chaise en face de moi, m’apportent la certitude que cette flamboyante inconnue n’est nullement le fruit d’un délire. Mes amandes de goudron dévisagent d’un air circonspect cette invitée inattendue. Sourcils froncés, je repose alors lentement la tasse de thé sur sa soucoupe, et déclare sur un ton traînant, illustrant toute l’incrédulité s’abattant sur moi en ce moment même : « Bon...jour … . Euh … je suis vraiment désolé mais … est-ce que l’on se connaît ? ». Honnêtement, cela m’étonnerait. Je ne suis peut-être pas la physionomie personnifiée, mais un visage comme celui-ci : ça vous marque et ne s’oublie pas facilement. Il y a quelque chose de foncièrement angélique dans ce minois. Quelque chose qui tranche considérablement avec cette expression maussade et massacrante. Deux si beaux orbes de jades au fond desquels luit l’acrimonie. Exquise violence.
Daniel Sharman. {ava : Dublin.} 508 1007 36 plonge à corps et coeur perdu dans cette relation. une jolie petite tête au visage de petite fille est venue illuminer sa vie. Ivy, trois lettres d'or gravés dans ton coeur. nouvellement embauché dans l'un des plus beau musée de New-York, il restaure certaines oeuvres qui en ont besoin. une page qui se tourne. un nouvel appartement rien qu'à toi dans une rue calme du Queens. thomivy #7
Sujet: Re: Misconfusion (Camilla) Ven 23 Nov - 13:46
Réveil en fanfare. Encore un petit con qui s'amuse à te réveiller en venant sonnant chez toi. Tu jures que le jour où tu lui mets la main dessus, il se prendra un sacré savon. Tu ne le frapperas pas. Pas un enfant. Mais, en tout cas, il va se faire sermoner sévèrement. Si les parents ne sont pas capable d'éduquer correctement un enfant, qu'ils n'en fassent pas. C'est aussi simple que cela. C'est aussi pour cela que t'as décidé d'avorter, il y a presque un an. Tu ne te voyais pas élever un enfant maintenant. Tu te trouves trop jeunes encore. Certaines femmes y parviennent. Mais toi, tu manques cruellement de confiance en toi. Et ça, peu de personnes le savent. Lizz le savait. Drill aussi. Aujourd'hui, personne ne s'en doute. Vraiment personne. Depuis que tu vis dans le Queens, tu fais ta vie tranquillement. Sans jamais prendre le temps de faire connaissance. Ou alors, de rares fois seulement. Bref. Ça fait maintenant une semaine que Drill t'as retrouvée complètement stone à cause de cette drogue que tu prends. Et ça fait exactement une semaine que tu n'y touches plus. T'as eu honte de lui avouer que t'as pris de la drogue. Tu ne veux pas le décevoir. Tu sais bien que ce n'est pas le cas. T'as fait une erreur. Ça arrive à tout le monde. Et puis, lui aussi il en a fait. Tu l'as bien retrouvé ivre mort sur un banc en plein milieu d'un parc. L'erreur est humaine, comme dirait ta grand-mère. Aujourd'hui fut une grande journée pour toi. Tu envisages sérieusement de reprendre la peinture. C'est vraiment quelque chose qui te passionne au plus haut point. Et ça te manque de ne plus peindre. T'as donc ressortie tes tubes de peintures, tes pinceaux et tes toiles du cagibi où tu les as mis en arrivant dans cet appartement. Ça fait déjà deux jours que tu as repris la peinture. Aujourd'hui, t'avais un rendez vous avec Isabella. Une fille rencontrée alors que t'étais une simple escort. Mariée à un homme plus ou moins influent, elle a le pouvoir de te lancer. Alors voilà, tu te lances et oses lui demander de l'aide. Toi qui déteste ça ... C'est assez difficile pour toi. Mais bon, il faut bien le faire de temps en temps. Il est bon de laisser des personnes nous donner un coup de main de temps en temps. Tu verra bien ce que ça donne. Ça ne coûte rien d'essayer de toute manière. T'as donc passé la journée à peindre. Quel bonheur, réellement ! Vêtue d'une simple nuisette noire et d'une paire de chaussons qui remontent légèrement sur la cheville. Musique à fond chez toi. Tu peinds. Mais pas n'importe quoi ou n'importe qui plutôt. Il s'agit de Drill. Tu le peinds endormis dans un lit. Il est si beau. Il n'y a que cette simple pensée pour te donner le pouvoir de peindre de nouveau. Terminé la drogue. Terminé les conneries. Place à la Camilla sage, droite, honnête. Soudainement, ton smartphone se met à sonner. Le numéro inscrit sur l'écran te faire faire la grimace. C'est ton propriétaire et tu sais ce qu'il va te dire. Tu n'as pas encore payer ton loyer de la semaine. Et tu ne sais même pas si tu le pourras .. "Allo ?! Oui monsieur .. Je sais monsieur .. D'accord .. Vous aurez votre argent la semaine prochaine .." Même pas d'au revoir ou bonne journée. L'homme raccroche aussi sèchement que l'était le ton de sa voix. Tu poses ton pinceau. T'as envie de pleurer. Tu ne sais pas comment tu vas trouver cet argent. Tu refuses de demander de l'aide à tes parents. Pas sûrs qu'ils acceptent de toute manière. Petite robe noire, collants et bottines. T'attrapes ta veste et ton sac. Tu sors enfin prendre l'air. Tu te retrouves dans un café de la ville. Tu commandes un simple thé. Le visage perdue dans le vide, tu ne sais pas comment tu vas te sortir de cette galère. Toi qui semblait si joyeuse avant cet appel, maintenant, la joie de vivre s'en est allée. Bref. À côté de toi se trouve une jeune femme. Son visage te dit quelque chose. Elle semble complètement perdue. C'est comme si elle avait pris de la drogue. Tu la regardes insistement. C'est aussi pour ne pas voir les deux mecs qui ne cessent de te dévisager du regard. Bon sang mais c'est bien sûr. C'est elle ! Cette fille tu l'as vue quelques fois avec Drill au Bronx. Son mec connaissait le tien. Mais là, elle semble complètement folle. "Jsuis Camilla. L'ex petite amie de Drill." Dis-tu en essayant de fondre en sanglots. T'espères bien redevenir sa copine prochainement. "ça va pas ? T'as pas l'air ton assiette !"
Là, il y a forcément quelque chose qui m’échappe. La Profumeria della Laguna de Milan se serait-elle trompée lors du traitement de ma commande ? M’a-t-on malencontreusement fait parvenir une décoction d’un tout autre végétal que la Belladone ? Une plante ou un herbacé, dont les principes actifs auraient la faculté d’envoyer quiconque ingurgiterait ce philtre, dans une espèce de dimension parallèle. Un ailleurs où les individus seraient foncièrement affables et anormalement avenants. Au point de prendre place à votre table pour vous tenir compagnie, alors qu’ils ne vous connaissent ni d’Eve ni d’Adam. Si un tel Eldorado existe, j’en connais un à qui une petite immersion au sein de cette population viscéralement aimable ne pourrait pas faire de mal … ! Point d’affolement, ce space tea ne m’a pas faire perdre toute notion du sens commun. Pas encore. Inutile donc d’appeler les hommes en blanc. Vous pouvez donc rengainer vos téléphones. Les jeux de sangles et la camisole de force devront encore attendre. Voilà ce qui arrive quand on lit du George Orwell ou du Ray Bradbury jusqu’à pas d’heure. On se met à divaguer aussi facilement qu’un allergique éternue à la saison des pollens.
Bien que très palpitante et passionnante, je pense que le piste Science Fiction peut raisonnablement être abandonnée et l’hypothèse d’un parachutage en pleine utopie chimérique refermée. La venue de cet ange à la chevelure d’or doit à n’en pas douter s’expliquer de manière nettement plus logique et rationnelle. Banale et quelconque également. Si lien de connaissance il y a, alors j’ai bien peur qu’il soit unilatéral. Je n’ai en effet pas la moindre idée de qui est cette femme, et crois bien ne l’avoir jamais vu auparavant. Dans le cas contraire, alors je suis au regret de dire qu’elle ne m’a absolument pas laissé un souvenir impérissable. Ce qui m’étonnerait quand même grandement. Des visages aussi parfaitement symétriques, purs et éblouissants : on n’en rencontre pas à tout les coins de rues. Actrices, chanteuses et mannequins seraient prêtes à dilapider des fortunes auprès de leurs chirurgiens esthétique, pour caresser l’espoir d’avoir un minois aussi joli que celui-ci. Comme je l’ai dit, ou plutôt pensé, il n’y a pas cinq minutes : autant d’harmonie dans la forme, d’équilibre dans les traits et de splendeur dans le teint ... cela vous marque durablement et ne peut s’oublier comme ça. Juste en claquant des doigts.
N’étant pas non plus catégoriquement convaincue de n’avoir jamais croisé la route de cette sylphide à l’œil maussade, je sasse donc les tréfonds de ma mémoire. Un passage au crible et au peigne fin, qui s’avère bien plus ardu que je ne l’aurais imaginé. La faute très certainement au prélude hallucinatoire résultant de l’entêtant symphonie de la Cerise du Diable. Le plus simple dans un tel état est de tenter, je dis bien tenter, de procéder par élimination. Une potentielle rencontre dans le cadre professionnel est à exclure. Voilà un peu plus de dix ans, que le « Rossignol de Shijiazhuang » quiritte sur les planches et sous les ors des opéras new-yorkais. Sans être intime et proche avec tout les artistes composant le cénacle culturel de la ville, je les connais pour la plupart au moins de vue. Des ballerines du New York City Ballet au directeur du Metropolitan Opera, en passant par les régisseurs et les machinistes. Exit également l’éventualité que cette gracile demoiselle, puisse être une âme constituant mon voisinage dans la portion du Queens dite Contemporaine. Hormis ce jeune couple de trentenaires ayant récemment emménagé en haut de la grande artère principale, la majeure partie des résidents me sont familiers. Je pense être en mesure pouvoir affirmer sans trop me tromper, que ces beaux yeux d’amblygonite ne logent pas de ce côté-ci de la Grosse Pomme.
Les chances qu’elle puisse être une admiratrice de mes prouesses vocales sont également plus que minces. Même s’il s’agit indéniablement d’une artiste, elle ne m’a pas l’air d’être une fervente adepte de l’opéra et de l’art lyric. Non, son pêché mignon à elle, c’est la peinture. Comment je le sais ? Ce sont ses mains qui me l’ont dit. Ou plutôt les infimes traces résiduelles sous ses ongles et l’extrémité de ses doigts. Pour le commun des mortels, ce ne sont là que de vulgaires petits copeaux d’un dépôt jaunâtre. Pour un œil doté de quelques rudiments picturales comme le mien, ceci n’est pas du jaune mais du gambodge. Pigment obtenu à partir de la pulpe du gomme-gutte, un fruit du Cambodge. Une teinte à mi-chemin entre le jaune et l’ocre, très prisée par les artistes peintres. Très coûteuse également, du fait de sa fastidieuse et complexe fabrication. A défaut de pourvoir me donner l’identité de cette mystérieuse, et encore muette pour l’instant, interlocutrice à la mine renfrognée ; ce détail infime me permet au moins d’un peu mieux cerner la personnalité de cette piquante esthète. Un goût pour les coloris vives et nobles caractéristiques des impressionnistes du dix-neuvième siècle.
Femme opiniâtre, tenace et déterminée. Amoureuse de la vie élevant le Carpe Diem au-dessus de tout. Soucieuse de son image. Un tantinet séductrice et malicieuse. Petit bonbon plein de dynamisme, de peps et regorgeant d’une énergie intarissable. Raffolant à l’occasion du calme, de la tranquillité et des grands espaces. Un petit florilège de quelques déductions, qu’il m’est possible de tirer, au sujet du tempérament de la pétillante et farouche beauté aux billes de diopside. Sur la seule base d’une inclination évidente pour le gambodge. Vous seriez sans doute surpris de tout ce qu’il est possible de savoir à propos d’un être, simplement à partir de ses penchants en matière d’art et d’esthétique. Me voilà certes légèrement plus avancée, mais cela ne me dit hélas toujours pas qui peut bien être cette fille. Et surtout, si je l’ai déjà côtoyée de près ou de loin dans un passé l’étant tout autant. Peut-être que la réponse se trouve du côté des individus, que je suis amenée à rencontrer épisodiquement et en un coup de vent ? J’imagine que cela ne coûte rien de faire un effort de mémoire supplémentaire. Voyons … la vendeuse du drugstore ? Non. Dans mon souvenir, elle est plus petite et pourvue de larges yeux noisettes.
La nouvelle ouvreuse travaillant au Minskoff Theatre ? Hmm. A moins qu’elle n’ait récemment subi une rhinoplastie et se soit faite repulper les lèvres, cela semble peu vraisemblable. Elle a des faux airs de cette serveuse, travaillant dans ce petit café-théâtre sur la trente-sixième. Sauf que d’après son patron, et si j’ai bonne mémoire, elle aurait déménagé pour Boston le mois dernier. Serait-ce … cette chanteuse que s’arrachent les adolescents, et avec laquelle Drill pense qu’il serait intéressant que j’enregistre un duo ? Pour « ratisser plus large et être plus attractive auprès des jeunes », comme il dit. Le rendez-vous était prévu pour aujourd’hui ? J’aurais juré qu’il n’aurait lieu que dans deux semaine. Non, c’est impossible. Alors, qui peut bien ... oh non. Dissimulés derrière les Rayban aviateur, mes yeux honnissant la clarté frôlent et rasent la tempe de mon vis-à-vis, pour se focaliser sur le trottoir d’en face. Tu es là. Au niveau du passage piéton. La surprise suscitée par cette vision vaut à mes lèvres, jusque là cousues l’une à l’autre, de se scinder subrepticement. Ca y est, on dirait bien que la Belladone commence à faire son effet. Ravie de constater, que tu sais toujours aussi bien trouver le moment idéal et propice, pour faire et soigner tes entrées … .
Le regard fixe et l’œil glacier luxurieux, tu traverses les clous et viens à moi. Dans cette démarche fière, assurée et terriblement ensorcelante de sale petit prétentiard insolent. C’est toi. C’est tout toi. A l’exception de ce look improbable à la Indiana Jones. Remarque, le fédora te sied plutôt bien. Mieux vaut peut-être cela que le poncho rainbow flag de la dernière fois. Entre la peste et le choléra … . Apparemment les fantasmagories, ou tout du moins les miennes, sont dotées d’un style flottant au-dessus des mondes et truffé de mille-et-une excentricités toutes plus improbables les unes que les autres. Avec ce sourire éclatant illuminant la planète sans contribuer à son réchauffement, tu t’installes sur l’un des deux sièges encore vacants. A ma droite. Tel un cow-boy aguicheur, tu pinces la visière du chapeau sur ta tête en guise de salutation. Quelques très fines et rases mèches blondes s’échappent du couvre-chef et clairsèment ton front haut. Ta voix se pare d’un accent éthérée. Onirique. Une voix d’ailleurs. La voix des anges du paradis. « Enkeli … ‘scuse si je t’ai fait attendre, ils m’ont bien fait chier là-haut et … oh, bonjour vous. Moi qui croyais connaître toutes tes copines. Hmm, les danseuses étoiles sont vraiment envoûtantes … ! ».
Envoûtante … . Non, mais quelle audace ! Tu la dragues sans vergogne, et sous mon nez en plus ?! Tu veux peut-être que je vous laisse seul à seul aussi, tant que t’y es ?! Fais bien attention Lars Perkins. Tu as beau être un mirage fabriqué de toute pièce par mon esprit sous influence, cela ne t’autorise cependant pas à te comporter comme un coureur et un fieffé cavaleur. Mon faciès s’assombrit, les coins internes de mes sourcils se rapprochent l’un de l’autre et mes dents se serrent de colère. Une colère se déclinant de toutes les nuance du vert de la jalousie. Furibarde, et souhaitant refroidir ses ardeurs d’ectoplasme, mon pied s’agite prestement. Seulement, et au lieu de venir buter contre le tibia de l’hallucination de mon défunt mari, le talon de ma bottine percute l’un des pieds de la chaise, qui couine légèrement en glissant de quelques centimètres sur les lattes en bois de la terrasse. Le léger raffut occasionné, me fait soudain prendre conscience qu’absolument rien aux yeux d’opale de l’inconnue aux airs revêches, ne justifie ce brusque geste d’humeur. Ni à ceux des quelques courageux ayant décidé de braver le froid, en s’attablant au coin de la chaleur de ces parasols chauffants, et dont je viens bien malgré moi d’attirer l’attention.
Au mieux, ils vont me croire atteinte de spasmes intermittents et incontrôlés des membres inférieurs. Au pire, ils verront en moi une femme semblant souffrir de quelques troubles de démence. Légers ou sérieux, cela dépendra de l’appréciation de chacun. Navré de te décevoir mon chéri, mais aussi envoûtante et gracieuse soit-elle ; cet archétype de beauté scandinave est tout sauf une danseuse étoile. Pour commencer, elle doit avoisiner le mètre quatre-vingt et est donc trop grande pour virevolter sur du Tchaïkovski. Ensuite, elle n’a pas la largeur d’épaules ni la musculature sèche propre aux ballerines. Enfin, son port de tête n’est pas suffisamment fier et altier pour cela. Sans oublier son maintien trop décontracté et manquant de droiture. Non, c’est absolument impossible. Si cette fille est danseuse, alors moi je suis haltérophile. Joliment gênée de m’être faite remarquée de la sorte, j’offre à la ravissante blonde un sourire timide, crispé mais néanmoins sincère et courtois. Toutefois, sitôt s’est elle présentée que mon sourire se gomme peu à peu. L’expression rogue et hargneuse peinte sur son visage agit en miroir sur le mien. Nom : Camilla. Qualité : l’ex de Drill. Tout cela déballé dans une totale désinvolture, laissant à penser que cela ne lui fait ni chaud ni froid.
Elle aurait dit : « Je reviens, je vais chercher le pain », que cela aurait sonné tout pareil. J’ai tellement rêvé d’avoir cette … cette fille sous la main pour lui dire ses quatre vérités, si vous saviez. Le problème, c’est que l’intensité du brasier de la colère qui me consume est d’une violence tellement aveuglante, que je ne sais vraiment pas par où commencer. En retombant sur la table, ma main vient percuter le manche de la petite cuillère en métal reposant sur le rebord de la soucoupe. Le tintement généré et se rapprochant du si bémol, pourfend le silence qui s’enracine. Comment peut-elle seulement encore avoir l’audace de prononcer son nom après ce qu’elle lui a fait ? A lui. Son ex, qui pour la petite histoire est aussi mon actuel, unique, plus cher et vieil ami. L’hallucination d’humeur résolument joueuse de mon cher et tendre, réapparaît cette fois-ci sur le siège à ma gauche, et déclare sur un ton léger et benoîtement scandalisé : « Quoi, LA Camilla ? La Camilla qui a largué Drill comme une merde. Celle que ma douce épouse a rebaptisé « l’abominable garce ». Whaaa, chenmé ! Eh bah p’tain, j’regrette pas d’être venu moi ! ». Cela te fait rire ? L’abomi… la mégère ayant précipité la déchéance, de celui que je considère comme étant le frère que je n’ai jamais eu, est à notre table et cela te rends hilare ?!
Mes yeux foudroient le vide sur ma gauche et un « Tais-toi ! », marmonné entre mes dents vissées m’échappe. Le sang affluant dans ma carotide la fait pulser à un rythme plus soutenu, et les ongles de ma main s’incrustent dans la résine de la table. Souhaiter qu’il advienne du mal aux gens, soient-ils détestables et imbuvables, n’est absolument pas dans mon ADN. Néanmoins, j’avoue avoir fait une exception pour cette sans-cœur. La nuit ne suffirait pas pour que je puisse énumérer de manière exhaustive la farandole de malheurs et souffrances, que j’ai ardemment priée voir s’abattre sur elle. Rares sont celles et ceux envers qui je porte un pareil ressentiment. Mes parents, possiblement. Des collèges et professionnels du spectacle, avec lesquels j’ai mené à bien une collaboration s’étant révélée exécrable, assurément. Et les braqueurs t’ayant abattu, évidemment. Si je voue une rancœur sans nom envers cette dénommée Camilla, c’est parce que … parce que depuis qu’elle l’a abandonné, Drill ne rit plus comme avant. Il ne joue plus de la batterie comme avant. N’a plus de grands rêves ou de grands projets qui le fassent vibrer comme avant. Quelque chose en lui s’est brisé. Il n’est plus le Drill Gherman heureux et épanoui que j’ai connu. Celui avec lequel j’ai partagé plus de cinq ans d’une précieuse et indéfectible complicité.
Dans une grande et profonde bouffée, l’air frais de Novembre s’insinue dans mes sinus faisant ainsi légèrement frémir mes narines. Un petit exercice de respiration qui a au moins le mérite de m’aider à contenir la rage qui bouillonne en moi, à défaut de pouvoir complètement et totalement me calmer. Non. Non, je suis loin d’être dans mon assiette. Et à plus d’un titre. Mais ce n’est franchement pas le sujet de conversation prioritaire à aborder. Les doigts entremêles et posés sur mes jambes croisées, un petit rictus en coin goguenard s’étire sur ma joue gauche. Sur un ton, sans doute plus sec et cassant que je ne l’aurais voulu, je rétorque alors : « Je tiens une forme épatante, merci. Camilla … . Oh, enfin je rencontre celle qui a quitté Drill du jour au lendemain, sans même avoir la politesse et le courage de laisser un mot ou lui donner un début d’explication. C’est donc vous la fameuse Camilla qui l’a abandonné avec un poignard dans le cœur. Vous n’avez pas idée de combien je suis ravie d’enfin pouvoir mettre un visage sur le nom de la sirène, pour laquelle il a bien failli se noyer des dizaines de fois dans un océan de Whisky, si je n’avais pas été là pour le repêcher et le sauver in-extremis à chaque fois ... . ».
Un sifflement mi-admiratif mi-impressionné émanant de la gauche, et dont je suis l’unique auditrice, vient ponctuer mes paroles pince-sans-rire et subtilement acerbes. Son auteur a fait tomber le chapeau, laissant ainsi à l’air libre sa flamboyante chevelure de viking finnois dans laquelle mes doigts se sont à maintes reprises perdus. Sous-estime et minimise-t-elle à ce point l’ampleur de la traversée du désert et du calvaire qu’a enduré Drill, suite à son départ aussi brutal qu’inexplicable ? N’a-t-elle pas vu à quel point il l’avait dans la peau ? Qu’il l’aimait à s’en taillader des veines. Etait-t-elle à ce point aveugle ? Ou est-elle juste une abominable garce décérébrée. Durant des mois, je suis passée le voir presque quotidiennement. Parfois ça allait à peu prêt. Parfois je le retrouvais comatant sur le canapé ou à même le sol, une bouteille à la main, et d’autres renversées tout autour de lui. J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, pour l’empêcher de sombrer et de partir à la dérive. Je l’ai emmené au cinéma, voir des expositions, à des concerts. On a partagé des quantités mirobolantes de repas commandés en écoutant de la musique, ou en regardant des films et des séries, pour ne pas qu’il ressasse et cogite trop. Je l’ai traîné sur le toit des buildings pour lui offrir le luxe de tout oublié, devant un panorama à coupé le souffle, avec les lumières ardentes du soleil couchant.
J’ai été son amie. Sa sœur. Et parfois même sa mère, quand venait le soir et qu’il pleurait à chaudes larmes dans mes bras, l’absence de celle qu’il aimait au-delà de la raison. Puis, n’ayant plus de larme et à verser et mort d’épuisement, il finissait par s’endormir. La tête reposant sur mon giron. Je suppose que vous comprenez à présent mieux, pourquoi je ne suis pas spécialement jouasse à l’idée de faire la connaissance, de celle avec qui mon meilleur ami partagea fut un temps un amour bref mais fulgurant, à l’issue duquel il est loin d’être sorti indemne. Bras croisés et plaqués contre mon abdomen, ma cheville se met alors à décrire des cercles dans le sens antihoraire. Un claquement de langue narquois, puis j’enchéris en demandant sur un ton persifleur et faussement amène : « Que nous vaut le plaisir de votre retour ? Vous avez quelques espoirs d’admirer le fruit de votre saccage ? Comme les tueurs en série qui reviennent sur les lieux de leurs crimes. ». A moins qu’elle ne soit en pèlerinage, sur les les sanctuaires où reposent toutes les âmes qu’elle a un jour soi-disant aimée. Une inextricable envie de s’agiter sur les ruines et les décombres de son monde. De danser sur les braises mourantes et les cendres des passions de jadis. Qu’en dis-tu mon chéri ? « Putain, que ma femme est belle quand elle est en colère ! ». Hmm, tu es un incorrigible flatteur Lars Perkins. Que tes compliments faciles me manquent. Que je t’ai aimé aussi. Et que Drill a dû l’aimer celle-là. Dieu qu’elle n’en méritait pas tant, au vu de ce qu’elle lui a fait. Dieu que le malheureux en crève toujours autant aujourd’hui. Il joue les durs et s’évertue à faire comme s’il avait depuis longtemps tourné la page. Mais je sais qu’au plus profond de lui, la douleur de la béance est exactement la même qu’au premier jour. Le jour où une moitié de lui s’est mystérieusement volatilisée sans crier gare ni laisser de trace.
Daniel Sharman. {ava : Dublin.} 508 1007 36 plonge à corps et coeur perdu dans cette relation. une jolie petite tête au visage de petite fille est venue illuminer sa vie. Ivy, trois lettres d'or gravés dans ton coeur. nouvellement embauché dans l'un des plus beau musée de New-York, il restaure certaines oeuvres qui en ont besoin. une page qui se tourne. un nouvel appartement rien qu'à toi dans une rue calme du Queens. thomivy #7
Sujet: Re: Misconfusion (Camilla) Jeu 6 Déc - 11:15
Tu ne sais vraiment pas comment tu vas te sortir de cette galère. Il t'ai impossible pour toi de payer les loyers en retard que tu dois à ton propriétaire. Tu n'as plus d'emploi. Tu ne sais pas comment tu vas t'en sortir. T'as envie de pleurer, d'hurler. À ce moment-là, il n'y a qu'une personne avec qui t'as envie d'être. Une seule personne capable de te rendre ton joli sourire en une seconde. C'est Drill. Il est le seul à savoir comment tu fonctionnes et à avoir ce pouvoir sur toi. Toutes les nuits, le peu que tu puisses dormir, tu rêves d'être dans ses bras. Il te manque. Tu as envie de le voir et de lui dire ce que tu ressens pour lui. Tu l'aimes. Tu es toujours amoureuse de lui. Et, t'es certaine que jamais cet amour ne finira un jour. Tu ne peux pas t'imaginer avec un autre. C'est impossible. Et, le simple fait de l'imaginer avec une autre femme que toi, ça te tue littéralement. Mais apparemment, ce n'est pas le cas. C'est en te balladant dans les rues de la ville que tu t'arrêtes dans un café. Une jeune femme semble complètement stone. Tu les connais bien ces symptômes maintenant. Tu sembles la connaitre. Son visage ne t'aie pas si étranger que cela. Tu essais de chercher au plus loin dans ta mémoire. Mais depuis cette fameuse overdose, les images de ton passé sont floues. Enfin quasiment toutes les images. Seul tes souvenirs en compagnie de Drill sont bel et bien intact. C'est en farfouillant au plus loin de ta mémoire que tu te souviens d'elle. Il te semble l'avoir vu en compagnie d'un des amis de Drill autrefois. Mais t'en es pas certaine. Ta mémoire te joue parfois des tours. Tu te présentes à elle comme étant l'ex petite amie de Drill. Ça te fait mal de dire cela mais c'est vrai. Elle commence à parler toute seule. Tu arques un sourcil et regardes autour de vous. Non. Il n'y a personne. Elle a réellement pris quelque chose. Tu ne sais pas ce que c'est mais ça doit être sacrément fort. "excuse moi mais euh.. tu parles à qui ? Ça va ?" Tu t'inquiètes un peu pour elle même si elle ne doit pas te porter dans son coeur. Tu sais ce que la drogue fait. Et elle doit avoir besoin d'aide. Elle ne te réponds pas. Tu te commandes tout de même un thé de noel. C'est la période et t'aimes vraiment ça. Alors que tu joues avec tes doigts, la jeune femme daigne enfin te parler c'est pas trop tôt. Tu ne t'attendais pas à des mots gentils de sa part de toute façon. Ces paroles te font mal. Tu te rends compte, même si tu le savais déjà, que tu as été égoiste envers lui. Tu ne voulais pas le blesser et, au final, c'est ce que t'as fait. Tu ne pleureras pas. Même si t'en crèves d'envie. Tu respires un bon coup et remercie le serveur qui t'apporte ta boisson chaude. La fumée sort de la tasse, preuve que c'est très chaud encore. "Jsuis pas revenue pour lui faire encore plus de mal. Jsavais même pas qu'il vivait ici. Et oui, c'est moi la meuf qui lui a brisé le coeur. Tu ne sais rien de ce qu'il s'est passé alors t'as pas le droit de te juger." Non pas de te juger mais de t'en vouloir, ça oui.
Voilà qui est pour le moins surprenant. On dirait bien que Son Altesse Sérénissime la Colère, n’est plus l’unique éminence à avoir établi ses quartiers dans le palais de mon être. A mesure que les minutes s’égrainent, voilà que d’autres « protagonistes » posent leur valises, cohabitent et tentent d’exister en exprimant leur singularité, face à l’écrasante et irascible Reine des sept pêchés capitaux. Les suivantes et dames de compagnie se manifestent, peu de temps après l’arrivée retentissante et tonitruante de la toute puissante. La Duchesse Consternation, la Marquise Incrédulité, la Comtesse Sarcasme et la Princesse Acrimonie, pour ne citer qu’elles. Loin d’être monocorde et linéaire, mon ressenti s’avère, contre toute attente, polychrome. Pluriel. Il y a des variations. Des nuances. Et même d’autres teintes, que celle de l’éventail de rouge de la colère, allant du carmin au rubis en passant par le cinabre. L’attitude ainsi que le comportement de cette âme d’artiste sont tellement déroutants et déconcertants, qu’ils en deviennent presque insaisissables et ineptes. Peut-être sont-ce là les raisons expliquant cette bien curieuse fluctuation et versatilité émotionnelle ?
Je ne saurais en effet dire concrètement et formellement, ce que m’inspire la présence de la gracile blonde aux yeux pers me faisant face. Sa conduite et ses agissements sont tellement sujet à interprétations diverses. Impossible que deux personnes en aient rigoureusement et scrupuleusement la même grille de lecture. Provocation ? Désinvolture ? Contrition ? Allez savoir. Tout est tellement impersonnel, que chacun est libre d’y voir et y trouver ce que bon lui semble. Croyez-le ou non, mais il semblerait bien qu’en ce moment même, « je dîne à la table » de la personnification vivante de la locution « Advienne que pourra ». L’impression que me donne … Camilla ; seigneur, si vous saviez ce que ça me répugne de prononcer ce nom. Même mentalement. Bref. Je disais donc, que l’image qu’elle renvoie, est incontestablement celle d’une femme fonçant tête baissée et agissant avec une spontanéité, qui ne connaît vraisemblablement pas de limite, ni d’interdit. Evaluer les éventuelles conséquences et répercutions qu’engendreraient ses paroles et ses actes, est quelque chose qui a l’air de lui passer totalement au-dessus.
Pis encore, du moins de mon point de vue, Mademoiselle a tout bonnement l’air d’être de celles, à qui cet instant d’appréciation ne traverserait même pas l’espace d’une seconde l’esprit. Hmm, mettons cela sur le compte de la fougue due à sa prime, dynamique et trépidante jeunesse. On est bien loin de la stratège, de la calculatrice et de la tacticienne ayant d’avance envisager plusieurs coups, comme aux échecs. L’analyse psycho-chromique au Gambodge, ne mentait pas en plus de s’avérer exacte. Voici un parfait spécimen d’instinctuelle. Quelqu’un marchant uniquement à l’intuition, à l’émotion et au feeling. Pour qui l’avenir, à court, moyen ou long terme, est une notion totalement inconnue et étrangère. Un de ces êtres dont la force, et la faiblesse, consiste à uniquement s’inscrire dans la réalité à un instant T. Sans se projeter sur ce qui sera. Ni s’appesantir sur ce qui a été. Une façon de procéder et une manière d’être qui, selon moi, traduisent un petit côté … égoïste et nombriliste, je dirais. Après, de là à dire que c’est l’apanage de toutes les personnalités narcissiques et autocentrées ; il n’y a qu’un pas, que je ne m’aventurerai pas à franchir.
Attention, n’allez pas me faire dire ce que je n’ai pas dis. Loin de moi l’idée de fouailler, fustiger et traîner au banc des accusés, ces individus à la sensorialité accentuée. Cela doit être vraiment fabuleux de pouvoir pleinement et si puissamment ressentir les choses. Ces hédonistes qui croquent la vie à pleine dent, ont vraiment une chance insolente d’être pourvus d’une pareille nature. Oui, peut-être que la femme perfectionniste, austère et sourcilleuse à outrance que je suis, est dans le fond un peu jalouse et envieuse de leur faculté à pleinement se focaliser, apprécier et être dans l’instant présent. Seulement, il arrive qu’aveuglés par leur quête épicurienne, ces insouciants occultent complètement, voire lèsent autrui. De manière tantôt intentionnelle, tantôt accidentelle. C’est précisément cela qui me gêne et me déplaît, chez les hommes et les femmes faits de ce bois. Ca, ainsi que la fâcheuse et horripilante manie qu’ils ont de toujours tout minorer et prendre à la légère. A les voir et les entendre on croirait que rien n’est grave, que rien n’a d’importance, que tout est facile … . Avouez que l’on est tout de même en droit de se demander, s’ils vivent bien dans le même monde que nous.
Les dires de mon inattendue et pas spécialement désirée convive, suscitent en moi une nouvelle montée d’aigreur. Cette manière de raisonner est beaucoup trop simpliste, niaise et réductrice à mon goût. Qui s’est évertuée à tirer Drill des décombres ? Qui a veillé et fait en sorte, au plus fort de ses heures sombres, à ce qu’il ne s’enlise et ne se laisse pas entraîner vers le fond ? Qui était là pour l’aider à se relever et repartir petit à petit de l’avant ? Elle ? A ma connaissance, et sauf erreur de ma part : non. Les seuls acteurs de ce sauvetage sont ses proches. Des membres de sa famille. Une poignée de vrais amis qui ont répondu présent dans la tempête. Ceux et celles qui ne se sont pas défilés. Ceux qui n’ont pas rejoint lâchement la liste des abonnés absents. Et moi également, à mon petit niveau. A qui doit-on ce désastre et ce joyeux chaos ? Qui doit-on remercier pour ce travail de sape ? Qui a mis les voiles en solitaire vers un ailleurs, sans se soucier du sinistre cataclysmique qui a bien failli anéantir celui qui est resté à quai ? Eux ? Moi ? Nous ? Pas que je sache. Cette félonie est signée d’un C majuscule. En plus d’avoir un nom, l’abandon a de beaux yeux menthe, un faciès de chérubin et une chevelure d’or.
Et que l’abandon ne s’avise pas d’essayer de me retirer de l’équation. J’y ai ma place. Au même titre que tout ceux ayant remis le batteur à flot. Oui, nous y avons définitivement notre place. Autant, si ce n’est plus, qu’elle. L’index skie encore et encore sur l’anse de la tasse et le silence s’étire. Sourcils arqués de façon dédaigneuse, je pose les avant-bras sur la table. Nos iris entrent en collision et ma voix, d’un calme contrastant grandement avec la pagaille émotionnelle qui m’assaille, rajoute un cran de tension à l’atmosphère en étant déjà gorgée : « Sauf votre respect, quand quelque chose mine à ce point et affecte autant une personne m’étant chère ; je m’arroge tout les droits. Y compris celui de juger sans être dans le secret des dieux, ni connaître tout les tenants et aboutissants. Voyez-vous Mademoiselle, en plus de foncièrement vouloir ce qu’il y a de meilleur pour mes amis, je suis du genre à me battre bec et ongles pour eux et contre tout ce qui peut les nuire d’une façon ou d’une autre. Qu’importe s’ils portent les torts, sont dans l’erreur ou coupable ; je serai toujours là pour eux et ne les lâcherai jamais. Partant de là, j’ose espérer que vous comprendrez les raisons de ce jugement lapidaire et cet accueil disons … sur la défensive. ».
Une inclinaison de la tête vers l’épaule droite, nouée à une petite risette se voulant aussi aimable que possible. Histoire de mieux faire passer cette abrasive saillie verbale. Guère assez cependant, pour dissimuler l’entièreté du sarcasme qui la meut et l’anime. En temps normal, je passe pour être une femme douce, gentille, un peu réservée, respectueuse, serviable et un brin trop émotive. Ce sont là les adjectifs qui reviennent le plus souvent dans la bouche des quelques rares privilégiés, ou non, qui me connaissent mieux que quiconque. Mes amies de la Fac. Kyle, le ténor avec qui je suis allée au conservatoire, et que j’ai recroisé par la suite plus de fois que je ne saurai le dire sur les planches. Et toi, bien évidement. Nul doute que tu serais également de leur avis, si tu étais encore des nôtres. Tous vous diront également, que si un inconscient a le malheur de s’en prendre Dieu sais-je comment à l’un de mes proches, c’est dès lors un tout autre visage que j’arbore. La rose troque sa corolle de pétales contre une couronne d’épines. Telle une lionne protégeant les membres de sa meute, je pars alors en croisade contre l’impertinent s’en étant pris à l’un des miens.
Dans des situations de cet acabit, les côtés de ma personnalité qui ressortent sont loin d’être les plus jolis. L’unique chose qui puisse à mes yeux un tant soit peu laver l’affront porté à mon clan, consiste à faire de la vie de l’offenseur un véritable enfer. Dans la durée et de façon tenace. Oui, je confesse avoir un petit côté persécutrice. Quand bien même le compte du faquin semble réglé, qu’il a reçu la leçon qu’il méritait et était en droit de recevoir ; je continue de m’en prendre et de m’acharner sur lui de manière despotique. Ne vous y méprenez pas ; sous mes airs affables et révérencieuse à outrance, je sais être féroce et horriblement cruelle, envers ceux ayant commis un préjudice irrémissible pour l’un des éléments de ma meute. Une étrange, désagréable et inexpliquée sensation d’être épiée avec instance m’envahit soudain. Instinctivement, mon corps se redresse et se rigidifie, quand dans le même temps mon cou se tend davantage. Comme pour mieux guetter un potentiel danger tapit dans les parages. La tête de mon défunt mari, ou plutôt de son hallucination, surgit au-dessus de mon épaule droite. Cette apparition inopinée me vaut un léger sursaut.
Ce n‘est pas vrai … tu es encore là toi ? Lasse de le voir apparaître et disparaître à la façon d’un diable sortant de sa boîte, mes paupières se closent et une expiration un peu plus marquée vient illustrer l’exaspération qui couve en moi. Sa joue à quelques centimètres de la mienne, mon aimé murmure à mon oreille de cette voix onirique propre à mon état sous influence, et que je ne lui ai jamais entendue de son vivant : « Si j’puis me permettre ... p’t’être que quitter Drill n’est pas ce qui a motivé la gamine à mettre les voiles. Elle peut très bien avoir voulu fuir quelque chose ou quelqu’un, sans lui en parler de peur d’le mettre en danger. M’enfin, j’suis sûr que je parle pour rien dire, puisque t’as déjà envisagé cette éventualité. N’est-ce pas … ? ». Déployant des trésors de self-control pour ne pas rembarrer à demi-mots le mauvais tour que me joue mon esprit, mes molaires broient l’intérieur de mes joues tandis que mes ongles meurtrissent les lignes sinuant sur mes paumes. Incapable de contenir l’agacement qui me bisque, je tourne les yeux en entrouvrant la bouche vers ce visage des neiges mi-innocent mi-libidineux. Ce visage pour pour lequel je donnerais tout ce que je possède, afin de capturer une dernière fois la passion des lèvres gourmandes et voraces.
Le sens des paroles de Monsieur Perkins finit, avec un petit temps de latence, à arriver jusqu’à mon cotonneux et passablement embué cerveaux. Celles-ci me stoppent instantanément dans mon élan, à la manière d’un cheval qui pilerait et refuserait le franchissement d’un obstacle. Sans être un véritable électrochoc, cette remarque aux allures de songe éthéré agit sur moi comme … comme une sorte de révélation, je dirais. Les sourcils vaguement froncés, les œillères de la fureur tombent. La vision obtus et étriquée que j’avais jusque là des choses semble, à la lumière des propos du fantôme de mon blond auprès duquel il faisait bon dormir, soudain s’élargir. Fuir quelqu’un ou quelque chose … . Ca, j’avoue que je n’y avais pas pensé. Pas une seule seconde même. Pourtant, je suis extraordinairement bien placée pour savoir ce qu’il en est. Non, je ne l’ai pas oublié. La panique et l’affolement qui vous collent à la peau, lorsque le danger rôde et ne demande qu’à vous enserrer dans ses griffes. Ce sentiment d’urgence qui vous pousse à œuvrer dans l’empressement et le plus secret. A partir comme une voleuse. Sans dire un mot. Sans laisser de trace. S’échapper. Loin. Très loin.
Toujours plus loin de ce péril qui vous pourchasse et menace à tout instant de s’abattre sur vous avec fracas. Pire qu’une nécessité, cela devient une véritable obligation vitale, sitôt que l’instinct de survie se met en alerte et annihile la moindre petite parcelle de bon sens dont on est pourvu. Fuir quelque chose ou quelqu’un … oui, c’est une hypothèse tout à fait plausible. Hmm, je déteste toujours autant lorsque tu fais preuve d’autant de clairvoyance et de discernement dans tes jugements mon chéri. Tu crois que je devrais lui accorder le bénéfice du doute ? Bon soit, mais laisse moi cependant mettre les points sur les « i » et les barres sur les « t ». Les omoplates calés contre le dossier de la chaise de jardin en osier tressé, j’éradique les plis dansant sur l’étoffe de mon manteau de quelques va-et-vient de ma longiligne main. Sur un ton moins urticant et un poil trop indifférent pour être qualifier de neutre, j’ajoute : « Si ce n’est pas déjà fait, je suppose que l’idée de renouer le contact ou de revoir Drill, vous a très certainement effleuré l’esprit. Sachez que je ne vais nullement vous l’interdire, ou vous fliquer et vous tomber dessus, à chaque fois que vous vous approcherez de lui. Tout comme je ne l’empêcherai et ne le dissuaderai en rien, s’il désire et aspire également à vous fréquenter.
« Ne vous montez toutefois pas la tête ; que je consente à ce que vous puissiez lui papillonner autour, ne veut cependant pas dire que j’approuve. Si d’aventure Drill venait à souffrir une nouvelle fois, d’une façon ou d’une autre, par votre faute … croyez-moi, votre sang de jeune femme en fleur : il y en aura plein les murs. Que ce soit bien clair. ». Un ton qui devient un peu plus tranchant à mesure que cette petite prise de parole arrive à sa fin. Non, ce n’est pas une menace. Ni un avertissement. Juste une petite mise au point et un étiquetage des règles du jeu. Cette odalisque règne toujours sur le cœur de mon meilleur ami et producteur. Cela me coûte de l’admettre, mais le fait de la côtoyer à nouveau, pourrait bien raviver cette petite flamme de passion qui le sublimait et transcendait jadis. Et puis … il a également le droit à des explications quant à ce qui s’est passé. Des explications qu’elle est la seule à détenir et apte à apporter. Des explications dont je n’ai que faire et que je n’ai nullement l’intention de connaître. Des explications qui pourraient le soulager. Lui apporter la paix et mettre fin à ses tourments. Pour qu’enfin je le retrouve. Lui. Mon ami.
Daniel Sharman. {ava : Dublin.} 508 1007 36 plonge à corps et coeur perdu dans cette relation. une jolie petite tête au visage de petite fille est venue illuminer sa vie. Ivy, trois lettres d'or gravés dans ton coeur. nouvellement embauché dans l'un des plus beau musée de New-York, il restaure certaines oeuvres qui en ont besoin. une page qui se tourne. un nouvel appartement rien qu'à toi dans une rue calme du Queens. thomivy #7
Sujet: Re: Misconfusion (Camilla) Mar 8 Jan - 12:38
Depuis que tu t'es séparée de Drill, t'as l'impression que toute ta vie part de travers. Rien ne va. La peinture, t'as totalement laissée tomber. Pour gagner ta vie, tu fais de l'escort. Un boulot certes bien payé mais ce n'est clairement pas pour toi. Tout ce monde de luxe ne t'intéresse pas. Tu préfères mille fois les gens simples. Les gens qui n'en font pas trois tonnes dans la vie de tous les jours. Tu te souviens de ta relation avec Drill. C'était simple mais tellement beau. Pas de grand restaurant. Juste des soirées pizza à jouer aux jeux vidéos. Voilà, c'est ça que tu aimes. Mais depuis que tu t'es enfuis, tout ça te manque terriblement. Lui encore plus. Surtout depuis que tu sais que ce dernier vit également dans le Queens. L'envie de le récupérer est si forte qu'elle te brûle la poitrine. Malheureusement, ce n'est pas si simple de demander pardon. T'es pas une fille qui montre ses sentiments. Tu as bien du mal à dire à tes proches que tu les aimes. Drill est le seul qui a eu le privilège de l'entendre de ta bouche depuis bien longtemps. Les tout premiers à les entendre ce sont bien évidemment tes parents. Mais là, ça remonte à des années en arrière. Tu ne t'attendais pas à croiser la route de cette femme. La femme d'un des amis de Drill. Tu ne lui as jamais parlé. Juste aperçu une ou deux fois lors des concerts de ton homme. Ça aussi ça te manque. L'entendre jouer. C'est le genre de choses qui t'appaise grandement. Assise à la table voisine de la femme, tu l'entends parler à quelqu'un. Mais, le souci c'est que tu ne vois personne. Tu ne comprends pas. Juste quelques types qui vous bouffent du regard. Tu soupires. Ça t'exaspères grandement ce genre de mec. Ceux qui prennent les femmes pour un mrceau de viande. Il faut évoluer. On est plus au moyen-âge. Apprenez à vivre avec votre temps. Voilà, ce que t'as envie de leur dir. Mais le mieux encore c'est de les ignorer. Bref. La femme à côté de toi se lance dans un grand monologue. Tu ne comprends pas tous les mots qu'elle emploie mais tu fais de ton mieux afin de te concentrer sur les paroles de la jeune femme. "Je comprends ce que vous dites. Jsuis comme vous. Jme donnerais corps et âme pour mes proches. Mais parfois, on agit bêtement sans réfléchir. On est humains après tout. Et l'être humain fait des erreurs, c'est normal. Vous ne pensez pas ?" Le serveur t'apporte ta commande. Enfin, il était pas trop tôt. Alors que tu dégustes tranquillement ton petit repas, la jeune femme reprend la parole. Cette fois, c'est bien à toi qu'elle parle. Tu l'écoutes attentivement en sirotant ta boisson chaude. Bien sur que cette idée t'as effleurée l'esprit. Drill c'est ton âme soeur. C'est à lui que t'es destiné. Aujourd'hui, t'es sûr de toi. Il n'y a plus aucun doute possible. Oui tu as pensé à lui demander pardon. Mais va-t-il avoir assez confiance en toi, en vous pour te pardonner ? Seul lui le sait. Elle te menace. Et alors ? Tu n'as pas peur d'elle. Tu n'as pas non plus besoin de son approbation pour fréquenter Drill à nouveau. T'es attiré vers lui. Comme deux aimants. Ou deux âmes soeurs. "J'entends et je comprends. Mais ce n'est pas à vous de décider. Si Drill souhaite m'accorder une seconde chance alors il en a le droit. Vous pouvez toutefois nous surveiller. Je sais ce que je fais et je jure sur la tête de mes parents que le faire souffrir et la dernière chose que je souhaite au monde !" dis-tu en haussant le ton. Les gens autour de vous se retournent et vous jettent un regard durant deux secondes avant de reprendre votre conversation. Fille réservée, tu ne l'es plus. T'es bien décidé à récupérer ton homme et personne ne t'empêchera de le faire.
Exception faîte de l’amour, s’il y a bien un précepte universel qui fut et demeure commun à n’importe quelle civilisation ; une valeur qui a su survivre aux ravages du temps, traverser les âges et qui aujourd’hui encore ne connaît pas de frontière : c’est incontestablement le pardon. Avec l’apprentissage du distinguo entre le bien et le mal ainsi que le respect d’autrui, l’enseignement de cette valeur, dont seul l’être humain est riche, constitue très certainement l’une des premières choses que tout parent sensé qui se respecte, s’efforce d’inculquer à sa descendance. Sans cette faculté, l’Homme n’aurait guère beaucoup évolué depuis l’époque des cavernes et de la chasse au mammouth. Le monde dans lequel nous vivons, et qui ne tourne déjà pas rond, serait véritablement à feu et à sang, si à la première vexation, provocation ou critique nous ne trouvions rien de mieux que de nous entre-tuer. Outre le fait d’entraîner un brutal boom du taux d’homicide, et par voie de cause à effet une explosion, encore plus considérable qu’elle ne l’est actuellement, du problème de surpopulation en milieu carcéral ; de tels agissements ne seraient pas exempts d’une certaine corrélation, avec le comportement observable chez les autres mammifères, et à une plus large échelle avec celui dont est pourvu la foultitude d’autres spécimens formant le règne animal.
Ce qui, pour nous autres bipèdes qui nous targuons d’être une espèce évoluée et civilisée, serait vous en conviendrez un véritable comble. On ne vaudrait dès lors pas mieux que nos lointains cousins primates, restés bloqués à un stade d’évolution inférieur. Nous aurions continué à vivre perchés dans les cimes de nos arbres et n’aurions donc jamais conquis le monde. Je n’ose à peine imaginer quelle vie ce serait, si nous réglions nos problèmes en lançant nos excréments au visage de nos semblables, si ces messieurs arboraient leur pénis pour intimider un rival et que nous exhibions nos fesses bien roses en guise de préliminaires et parade nuptiale ante-coïtale. Oh ceci dit, la progression entre l’attitude de l’Homo Sapiens du vingt-et-unième siècle et celle de ses aïeux arboricoles, avec lesquels il partage un certain pourcentage du même patrimoine génétique, n’est quand on y réfléchit pas si sensationnelle et remarquable que cela. Quand je vois comment se conduisent le duo de décérébrés, assis à deux tables sur la gauche de nous … cela me conforte encore un peu plus dans cette idée. Fort heureusement, ces deux brebis galeuses ne sont pas représentatives de ce colossale troupeau de sept milliards et demi de têtes ; j’ai nommé l’espèce humaine.
Grâce à cette prodigieuse capacité qu’est le langage, une grande part des problèmes que sont susceptibles de rencontrer les individus entre eux, peuvent dès lors être résolus par le biais de la diplomatie, de la négociation ou bien l’art du compromis. Entre ça, se sauter à la gorge à la moindre petite contrariété et se jeter ses … oui, bon bref. Tout cela pour dire, qu’il y a indéniablement eu du mieux de ce côté là. Idem dans bien d’autres domaines. Des siècles de codification de la société, d’us et coutumes aidant, la parole a également permis aux hommes, et aux femmes les plus entreprenantes dont je ne fais pas partie, de draguer et séduire l’objet de toutes leurs convoitises dans l’espoir de pouvoir passer au fameux et désuet plus si affinités. Plutôt admirable. Surtout quand on sait que l’on partait d’énormément loin avec l’ostentation de postérieurs et d’appareils génitaux. Même si je peux comprendre que lorsque tout se passe admirablement bien et que par chance l’on tombe sur une perle ; l’envie de voir les choses s’accélérer, pour arriver directement à la phase où il est possible de tâter les dites fesses bien roses, puisse alors prendre le dessus et être plus forte que tout le reste. Du moins cela, c’est en théorie et dans le meilleur des monde.
Dans l’absolu et en pratique, on est par moment encore bien loin du compte. Preuve en est, s’il le faut, avec ces deux raclures machistes de la gent masculine qui doivent très probablement se délecter en chosifiant à longueur de journée les femmes ou en les réduisant à l’état d’objet de désir. Malgré quelques petits vices de fabrication cachés sur certains modèles, l’Homme demeure dans l’ensemble, et quoi qu’on en dise, une bien belle mécanique. Livré avec des dispositions et propensions à l’absolution. A condition de très tôt les stimuler comme il se doit, chez ceux et celles qui seront les futurs hommes et femmes de demain. Aussi différents, en désaccord et antagonistes soient-ils, les peuples ont au moins le mérite de s’accorder sur le recours à une chose commune, pour illustrer les bienfaits du pardon : la religion. Pour les chrétiens, Jésus pardonne à Judas sa trahison. Les juifs ont Yom Kippour. Les musulmans, le Mid-Sha'ban. Quant à mes amis bouddhistes et moi-même, nous avons eu le droit au fameux bol d’abondance de Bouddha. Pour la faire courte, la légende veut que ce bol miraculeux pouvait, à partir la seule volonté de son détenteur, se remplir de richesse sur commande.
Un soir, lors d’une halte dans un village de Chine, on dit qu’un paysan tenta de lui dérober l’objet. Pris sur le fait et interrompu dans son larcin, le grand sage ne lui en tint pas rigueur. Conscient qu’il aspirait seulement à un peu plus, pour ne serait-ce qu’un instant s’extraire de la misère et la rudesse du quotidien, le Bienheureux dans son infini bonté passa l’éponge et lui offrit le contenu du bol, tout en lui rappelant que l’unique et véritable richesse … bla bla bla, j’ai oublié la suite. Sûrement une fin comportant les mots « écoute » ; « cœur » ; « bonheur » et « foi ». Malheureusement, et n’étant qu’une simple mortelle, je n’ai pas autant de grandeur d’âme que ce saint homme lorsqu’il s’agit de tourner la page, de faire preuve d’indulgence ou d’amnistier autrui pour telle ou telle faute. N’étant cependant pas non plus une personne bornée et obtus, mon esprit échauffé finit par se refroidir avec le temps et les pics de colère s’affaissent. On ne gagne jamais rien à ruminer inlassablement de vieilles querelles intestines, si ce n’est un triple ulcère. Avec le recul, la magnanimité triomphe très régulièrement, et je consens alors à faire table rase des différends, qui pouvaient naguère m’opposer à une personne.
Tout cela dans l’espoir de pouvoir éventuellement repartir sur le bon pied dans le meilleur des cas. Toutefois, il est des choses irrémissibles et sur lesquelles je me montre intransigeante. Comme jouer avec les sentiments des autres, les piétiner impunément ou leur accorder si peu de considération, de respect et d’estime, pour ne citer que cela. Entant qu’ancienne marionnette dont on a tenté de brader le cœur contre quelques Yuans, je connais toute la violence et la cruauté de tels actes. Le vivre fut insupportable ; voir un être cher enduré les affres d’un calvaire similaire, s’avère proprement intolérable. Car c’est bien de cela dont il est question ici aussi. Drill a vu son monde s’effondrer du jour au lendemain. Cette douce enfant n’est pas partie seule. C’est toute une partie de l’homme qui l’aimait à en perdre la tête, qu’elle a brutalement arrachée et emportée avec elle en s’en allant. Sans même fournir une ébauche d’explication. Ce qui rend, de mon point de vue, la chose encore plus douloureuse, abominable et inexcusable. Impossible d’imputer cela sur le compte de l’insouciance de sa prime jeunesse. Les enjeux, si j’ose dire, étaient bien trop graves et sérieux pour que candeur et ingénuité puissent constituer de potentielles circonstances atténuantes.
D’ailleurs, à travers son plaidoyer empli d’une certaine forme de maturité et de bon sens, la briseuse de myocarde reconnaît indirectement ne pas avoir agi de la meilleure des manières. Loin de m’amadouer, m’attendrir ou m’émouvoir, sa défense a néanmoins le mérite de retenir mon attention. Qui plus est, ce bref argumentaire soulève et met en avant un autre point qui va souvent de parie avec le pardon : la repentir, la rédemption et la réparation des torts. Mon buste se recule, jusqu’à ce que ce mon épine dorsale épouse de nouveau le dossier du siège. Doigts entremêlés et paumes posées sur la rotule de ma jambe croisée, un soupir profond et marqué m’échappe avant que je ne réplique d’une voix blanche : « Oui. Vous avez très certainement raison. ». Un homme au jugement éclairé, qui fuma la vie par les deux bouts, et parvint à réaliser l’exploit de me passer la corde au cou, a dit un jour : « Même si elle ne semble pas méritée ; tout le monde a le droit à une seconde chance. ». Difficile de comparer le retour tout piteux d’un bassiste dans un groupe de Hard Rock des années après qu’il ait fait le choix de claquer la porte dans le bruit et la fureur, avec le fait qu’une romance explose en plein vol à cause d’une décision unilatérale insensée mais … j’imagine que cette maxime peut s’appliquer également dans cette situation.
Rien n’efface le passé. L’occulter, le nier ou le mettre sous le tapis est pire que tout. Refuser de reconnaître ses erreurs et faire comme si elles n’avaient jamais existé, est sans conteste le meilleur moyen qui soit de les reproduire. Néanmoins, il faut bien avouer que sa démarche semble motivée par de bonnes intentions. C’est certes dit de façon gauche, maladroite et hésitante, mais il émane de ce discours la volonté de faire amande honorable et de se racheter. Ce qui est tout à son honneur. Maintenant, la question en suspens est : faut-il se fier à ses paroles et la croire ? Pas facile de se prononcer. Au vu de ce que je sais au sujet de cette artiste aux ongles tachés de Gambodge, et surtout de ce dont elle est capable : je serais grandement tentée de dire non. Cependant, mon expérience des cinq dernières minutes me force à reconsidérer ma position. Personne ne peut se targuer d’être infaillible et irréprochable. Surtout pas moi. Cette petite poupée, en apparence innocente, a traité Drill d’une manière absolument ignoble. C’est un fait indéniable. Seulement, aussi inadmissible cela puisse-t-il être, je ne peux pas lui jeter éternellement l’opprobre et rester sourde face aux regrets qu’elle semble témoigner.
Blâmer et condamner à perpétuité cette blonde aux yeux absinthes, sans prendre en considération ce qu’elle peut dire ou faire pour s’expliquer, ferait indéniablement de moi un despote sans cœur. Qui plus est mon regretté mari, ou plutôt sa version hallucinatoire, est parvenu à insinuer le doute dans mon esprit, en avançant cette supposition saugrenue mais plausible. Et comme nous le savons tous, si doute il y a, alors il est censé profiter à l’accusé. Soit. Faisons ainsi alors. La fin des déclarations de la demoiselle me coûte une grimace et un frisson vient lécher mon échine. Main levée, je réalise un rapide et succinct mouvement sur la droite. D’une voix plate et ne comportant plus que des fragments résiduels d’animosité, je réplique alors : « De grâce : ne jurez pas. Surtout en y incorporant feu vos parents. Laissons-les à la quiétude de leur repos éternel et en dehors de toute cette histoire, voulez-vous ? Drill est un grand garçon majeur et vacciné. Il fait ce que bon lui semble sans avoir de compte à rendre à qui que ce soit. S’il désire ardemment vous revoir … alors qui suis-je pour l’en empêcher ou le lui interdire ? J’imagine que sa meilleure amie peut bien faire semblant de se réjouir pour lui et trouver cela génial, si vous fréquenter contribue à faire son bonheur et le rendre heureux. ».
Ne pas vexer ni froisser autrui, sans pour autant tomber dans l’hypocrisie à outrance. Tel est parfois le périlleux numéro d’équilibriste auquel s’apparente l’amitié. Ne pas être emballé par quelque chose et emmètre des réserves, mais ne rien dire du véritable fond de sa pensée. Tout cela afin de ne pas blesser l’autre, car on sait pertinemment que ce dit quelque chose le ravi et lui tient à cœur. Avouez, vous aussi vous l’avez déjà fait. Exemple. Vous revoyez une amie après qu’elle soit allée chez le coiffeur. Le résultat vous paraît tout bonnement moche et immonde, mais elle vous demande toute sourire en tournant comme une ballerine : « Qu’est-ce que tu en penses ? ». Que répondre à cela ? « Il t’a raté » ; « Cette frange, ça te tasse » ; « Il y a moyen que tu te fasses rembourser ? ». Mauvaises réponses. Dans ce genre de situation, on fait un timide sourire, puis réplique d’une voix neutre, et dans un enthousiasme très mesuré, quelque chose du genre : « Cela te va bien. » ; « C’est très joli. » ou « Oh, ça te change. ». Ainsi, vos paroles ne l’offensent pas et votre retenue lui prouve qu’au fond, vous n’êtes pas aussi fan qu’elle devant ce changement. Bien sûr, si elle nous sort le fameux « Dis moi franchement ... » ; là, on peut se permettre de lui faire part explicitement de notre opinion. Toujours en y mettant les formes et en cherchant autant que possible à arrondir les angles, bien entendu.
Bien qu’il n’y ait aucune commune mesure entre une coupe de cheveux hideuse, et le fait de réprouver le retour d’une ex dans la vie de son meilleur ami, plongé au trente-sixième dessous par sa faute ; je suppose qu’il doit néanmoins être possible d’appliquer le même « stratagème ». Qu’en penses-tu mon chéri ? Un bruit sur la droite me vaut un léger soubresaut. Non … pas déjà. Mon alpha et mon oméga se retrouve à genoux, la respiration haletante et une main virant à l’hémoglobine apposée contre un impact de balle à la poitrine. Le souffle suspendu, ma lèvre inférieure tressaille annonciatrice d’un sanglot encore faiblement muselé et ne demandant qu’à s’extérioriser. Ses deux saphirs luisant et contrastant vivement avec son teint de plus en plus crayeux, viennent se souiller dans mes amandes goudronneuses. Agonisante, sa voix de fumeur trouve la force de souffler quelques dernières paroles avant de doucement se mourir : « O-on … on dirait que la récrée est finie. Va falloir que j’remonte là-haut. Enkeli … ne perd pas ton temps à fomenter la haine. Crois-moi, c’te putain de vie est bien trop courte pour ça. Ne t’interdis pas non plus d’aimer. Il n’y a rien de meilleur, et c’est justement là tout ce que tu mérites : le meilleur. En tout cas, c’était sympa d’te revoir. J’aurais aimé que … enfin tu sais. J’espère qu’on s’recroisera très vite. Rakastan sinua. ».
Attend ! S’il te plaît, ne pars pas maintenant. Pas encore. Pas comme ça. Lars … . Est-ce que tu dois vraiment y aller ? Je t’en prie, reste … . Wo ai ni. Envolé. Comme les fugaces et éphémères effets hallucinogènes de la Cerise du Diable, qui déjà tendent à totalement se dissiper. Majeur et index s’efforcent de rehausser la position des lunettes de soleil sur mon nez, quand dans le même temps une profonde inspiration et un bref raclement de gorge, viennent à ma rescousse afin de ne pas flancher et garder le contrôle. Ne pas fomenter la haine. D’accord, je veux bien essayer. C’est en tout cas dans mes cordes. Bien plus que si tu m’avais demandé de faire amie-amie avec cette fuyarde de l’amour. Je serais tout de même curieuse de savoir où en est Drill et ce qu’il éprouve pour cette Néréide aux yeux clairs. Le problème c’est que le connaissant, il risque de se murer dans son mutisme si je lui pose la question de manière trop frontale. Tout comme je sais qu’il rentrerait dans sa carapace et refuserait de dire quoi que ce soit, si je lui apprenais avoir enfin fait la connaissance de la vipè… de son ex. L’idéal serait que je trouve un moyen d’avoir une estimation approximative, de la place qu’occupe cette girouette à la chevelure dorée dans le cœur de l’ancien batteur.
Hmm ... ce n’est probablement pas très révélateur et significatif, mais cela devrait néanmoins me permettre de dégager une tendance. Penchée sur le côté, ma main tâte à l’aveuglette les lattes en bois de la terrasse sous ma chaise, jusqu’à ce que mes doigts s’emparent de la lanière de mon sac-à-main. Sur mes genoux, le contenu de l’accessoire en cuir bleu nuit est dès lors passé au crible. Ma main en ressort avec une petit enveloppe onze par quinze ivoire et légèrement satinée. Arrivée tout juste de ce matin dans ma boîte aux lettres. Délicatement, l’ongle de mon index gauche se faufile sous le triangle inversé du papier cartonné d’une qualité supérieure, puis décachette habilement, et dans un geste peut-être un peu trop théâtral, le pli fraîchement délivré. Sur le bristol d’invitation trône en en-tête un logo, que l’on retrouve sur l’un des nombreux tatouages de Drill, ainsi que la mention D.G Records écrite dans une police plutôt rock. Il s’agit du label indépendant qu’il a créé en faisant l’acquisition de son propre studio d’enregistrement, voilà plusieurs mois de cela désormais. Nul doute qu’il reste encore une grande marge de progression et qu’il est trop tôt pour dresser un premier bilan, mais d’après ce qu’il m’a confié : cela semble pour le moment plutôt bien tourner.
Soucieux de remercier comme il se doit les artistes l’ayant suivi dans cette aventure, et surtout les investisseurs ayant cru en lui sans pour autant avoir la moindre garantie de succès et retour sur investissements ; le trentenaire aux ascendances germaniques a tenu à marquer le coup pour les six premiers mois de sa seconde carrière, en conviant l’espace d’une soirée tout ceux sans qui rien de tout cela n’aurait été possible. Le carton d’invitation sorti puis posé sur la table, ma main le fait alors glisser doucement pour le mettre sous les yeux de l’élancée blonde au teint frais et rosé. Quelques secondes afin qu’elle en prendre connaissance plus tard, j’ajoute d’une voix encore moins assassine que précédemment. Le ton est quant à lui davantage étranglé par l’émotion. Celle d’avoir dû assister une fois encore impuissante à ton départ : « Je suppose que vous savez ce que c’est, et que vous avez probablement dû recevoir le vôtre il y a peu. ». A vrai dire, j’ai déjà une vague idée de la réponse. Sachant comment le rockeur mélomane était, et demeure, épris de la groupie ayant un pass VIP pour l’antre son cœur ; il serait donc naturel qu’il tienne à l’avoir auprès de lui, à l’occasion d’un évènement aussi important pour lui. Aurait-il jugé bon de m’en parler un jour ? Ou attendait-il d’être mis au pied du mur, pour m’apprendre qu’il avait repris contact avec celle qui l’a lâchement laissé en plan ? Cela peut paraître bête mais … je pensais que nous étions plus proches que cela. Qu’il serait venu me trouver suite à une chose aussi importante, que le retour d’un fantôme du passé dans sa vie. Moi qui n’ai jamais eu le moindre secret lui. Qui lui ai tout dit. Tout confié. Mes hauts et mes bas avec Lars. Le bébé. Ma jeunesse en Chine. Non, je ne lui en veux pas, je suis juste … un peu déçue. Je croyais qu’il me faisait plus confiance que cela. Qu’il se sentait davantage à l’aise en ma présence. Une fois de plus : il faut croire que je me trompais.
Daniel Sharman. {ava : Dublin.} 508 1007 36 plonge à corps et coeur perdu dans cette relation. une jolie petite tête au visage de petite fille est venue illuminer sa vie. Ivy, trois lettres d'or gravés dans ton coeur. nouvellement embauché dans l'un des plus beau musée de New-York, il restaure certaines oeuvres qui en ont besoin. une page qui se tourne. un nouvel appartement rien qu'à toi dans une rue calme du Queens. thomivy #7
Sujet: Re: Misconfusion (Camilla) Mer 6 Fév - 11:10
Revoir Mei te ramène plusieurs mois en arrière. Ça te ramène à la période où tu vivais au Bronx. Celle où tu étais avec Drill. Mei et toi, vous ne vous côtoyez pas tellement. Vous vous croisiez de temps en temps aux différentes répétitions ou concerts de vos hommes respectifs. Mais toutes les deux, vous ne vous êtes jamais réellement parlées. C'est bizarre de la croiser de nouveau ici. Le monde est drôlement petit quand même. Tu n'as rien à lui reprocher. Elle a tout à fait le droit de t'en vouloir. Après tout, tu as brise le coeur en t'enfuyant comme tu l'as fait. Elle a le droit de t'en vouloir. Mais elle n'a aucunement le droit de te juger. Elle ne te connait pas. Elle ne sait pas ce qu'il t'aie arrivé et ce qu'il s'est passé pour que tu décides de partir. De toute façon, ce qui est fait est fait. Et tu t'en veux suffisament comme ça. Ce n'est pas à elle que tu demandes pardon. Et tu n'as pas besoin de son approbation pour le faire. C'est à Drill de te pardonner. Et à en juger par vos différents rendez-vous amicaux, c'est en bonne voie. Maintenant, c'est à toi de tout faire pour que Drill te croit et qu'il ait de nouveau confiance en toi. Quelque chose te dit que Mei ne sera pas ton amie. Tant pis. T'es pas là pour te faire des amis. Et puis, on ne peut pas plaire à tout le monde non plus. À peine eu-tu terminé ta phrase que la jeune femme répond directement. Tu soupires. Dommage que t'es pas une bouteille d'alcool fort pour faire passer le monologue de Mei. En la revoyant, tu t'es souvenue de la raison de ton départ. L'abandon de l'homme pour qui ton coeur bat quotidiennement. Le bébé. L'avortement. T'as envie de tout lui dire. De lui balancer les raisons qui t'ont poussés à partir. Mais ça ne sert à rien. Tu t'en veux déjà assez comme ça. Ton coeur se serre. Une boule se forme dans ta poitrine. T'as envie de pleurer. De t'en aller loin, très loin et de fondre en larmes. L'alcool, la drogue. Même le temps n'y changera rien. Jamais tu n'oublieras quand tu as tué ce bébé. Parfois, tu te consoles en disant qu'il ne s'agissait pas d'un bébé. Il n'était même pas encore formé. C'était juste un petit embryon. Néanmoins, c'est tout de même un morceau de Drill et un autre de toi. Deux morceaux de vous qui se sont assemblés. Tu soupires lorsque la demoiselle finit son monologue. "ouais jcomprends.." Réponds-tu simplement. Mais ça t'agace au plus haut point de te faire juger sur cette connerie que tu as fait il y a un peu moins d'un an. Ou un an tout pile. Franchement, t'as pas compté les jours, semaines et mois depuis ton départ du Bronx. Au contraire, tu veux juste effacer cette partie de ta vie. Et le plus tôt sera le mieux. "jme permets juste de dire que c'est trop con de juger une personne sur un acte – aussi stupide soit-il – de sa vie." Dis-tu en buvant d'une traire ton café. Dommage que ça ne soit pas du whisky ou un autre alcool fort. T'en as sacrément besoin là. La jeune femme femme reprends la parole. Bien sûr que Drill est libre de voir qui il veut. Et même s'il est heureux avec une autre, tu ne l'empêcheras. Néanmoins, ça te fera bien chier de le voir avec une autre femme que toi. Mais au fond de toi, tu sais que Drill et toi êtes fait pour être ensemble. T'en es absolument certaine. "d'abord, je précise que mes parents mes parents ne sont pas morts. Ils sont bel et bien en vie dans un quartier de la banlieue de New-York. Et puis, c'est à lui de décider ce qu'il veut faire et avec qui. Ni vous, ni moi n'avons le droit de lui dire quoi que ce soit ou de l'influencer." pitié qu'on t'apporte un verre de rhum ou jsais pas quoi. Devant toi, Mei te montre un carton. C'est une invitation. Tu ne comprends. Ce n'est que lorsque tu vois le nom inscrit dessus que ça fait tilte dans ta tête. Drill ne t'en as jamais parlé. Peut-être n'en as-t-il pas encore eu l'occasion ? Ou alors il ne souhaite pas te voir là-bas ? C'est encore plus vexant et blessant surtout. "jsuis navrée de vous dire qu'il n'en a pas parlé encore. J'imagine qu'il le fera .. ou pas.. jvais pas le forcer de toute façon." Une partie de toi est un peu triste de découvrir cela par cette jeune femme. Il va vraiment falloir te battre pour regagner entièrement la confiance de Drill.