consolation prizes (liv)

T’avais, en général, peu de temps pour toi. Entre tes cours –même si tu n’y mettais plus les pieds depuis déjà quelque temps, au grand dam de tes professeurs,- la radio –ta seule et unique motivation pour venir encore sur le campus-, et ton boulot au restau mexicain –qui luit te prenait véritablement tout ton temps restant, mais qui te permettais de survivre-, il te restait peu de temps sur une journée pour vaquer à d’autre occupations. Comme aller faire les boutiques, traîner dans les rayons de ton disquaire préféré, ou bien aller au cinéma ou voir un match du Derby. Mais c'était pas bien grave, tu t’étais habitué à cette vie à cent a l’heure où il y avait peu de temps pour dormir, ou pour les temps morts. Et puis de toute façon t’aimais pas tant que ça le cinéma, ni les grands magasins d’ailleurs. Non, il te fallait une bonne raison, un bon événement pour que tu te permettes de dépenser quelques dollars pour changer ta garde-robe. La plupart de tes fringues, tu les avais piqué à ta mère, qui elle-même les tenait de sa propre jeunesse. Du vrai vintage, et pas cette merde qu’on trouve aujourd’hui dans toutes ces nouvelles boutiques du centre-ville. Mais ce jour la tu l’avais la bonne raison, le besoin d’aller faire les boutiques. Déjà parce que tu’avais réussi à libérer une après-midi rien que pour toi, et c’était assez rare pour ne pas en profiter, et puis parce qu’on t’avait invité le soir même. Une petite fête dans un appart du Queens Uppé, l’anniversaire d’une fille que tu connaissais vaguement. En vérité tu n’y allais certainement pas pour elle, mais bel et bien pour toi. Profiter des beaux quartiers, te faire rincer le gosier sans frais, et puis admirer le gratin du Queens.

T’avais repéré cette boutique il y a déjà quelques années, alors que tu venais d’emménager dans le coin avec ta mère et ton beau-père. Tu l’avais tout de suite aimé, pour son enseigne clignotante, son parquet qui grince, et son odeur de poussière et de naphtaline. Elle était tenue par une petite vieille aux cheveux gris, des lunettes rondes sur le bout du nez et un certain gout pour le rouge à lèvres rouge. Elle répondait aux doux noms de Dotty et passer son temps à raconter des histoires de sa jeunesse. Tu la saluais, un sourire aux lèvres, tu’étais déjà en train de parcourir les aller, laissant tes mains traînées sur les tissus, les cuirs, les velours. Y'avait un air de Janis Joplin dans toute la boutique, tu te mis à fredonner tout en en fouillant dans les robes accrochées sur les cintres, laissant ton doigt accroché une belle robe longue à motif. Vaporeuse, tu laisses la mousseline caresser ta peau, la tire un peu pour la ramener vers toi. Elle résiste. Et tu relève la tête pour t’apercevoir qu’une autre personne le tien de l’autre côté du rayonnage. Elle est belle. Une beauté naturelle et sauvage, une beauté qui te fait comme une caresse à l’âme et au cœur. Ton sourire s'agrandit un peu. « j'te la laisse, elle t’ira surement mieux… », et puis c’est qu’une robe, toi t'a jamais comprise ces filles prêtent à se battre pour un bout de tissu. Tu l’observes un peu, le sourire toujours sur tes lippes. [b]« Enfin… en contrepartie je veux bien que tu m’aides à trouver ma tenue de ce soir »[/b], ce qui te manquait le plus Billie ce fût la compagnie, une bonne amie pour t’aider à faire les boutiques, des défilés à la Pretty Woman.

La paye qui vient de tomber, envie de te faire plaisir. Besoin de changer d’air et de t’offrir une petite récompense pour toutes ces journées de boulot harassantes. Peut-être qu’il serait temps pour toi de te trouver autre chose, de réellement recommencer à chercher un taf dans le monde qui t’attire le plus, mais ça te fait peur. Peur de te retrouver à nouveau face à un mur, face aux critiques amères des autres. Et pour éviter tout ça, tu préfères garder ton emploi actuel, garder cette sécurité budgétaire. A la place, tu préfères cacher tes envies de créer des vêtements en allant en acheter, et tu as bien l’intention d’en profiter. Alors tu t’es laissée engloutir par la foule de personnes courant au travail, à une réunion ou autre activité peu agréable, marchant dans le sens inverse de toute la population juste pour atteindre une boutique où tu as déjà mis les pieds auparavant. Petite boutique un peu à l’écart des autres, qui ne ressemble pas aux grandes enseignes que l’on peut croiser dans les grands boulevards. Tu te faufiles dans cette petite rue qui ne paye pas de mine mais qui a pourtant un charme. Cette sensation d’entrer dans un nouveau monde.
La porte qui s’ouvre, le petit son de la cloche qui signale ton entrée et te voilà complètement dans ton univers. Tenues pas trop chères, un peu déclassées mais tellement à ton gout. Tu farfouilles dans les rayons, reprenant tes petites habitudes : tu déposes les fringues que tu préfères dans l’une des petites cabines, tu essaieras tout à la fin sous l’œil avisé de la vendeuse. Cette dernière a toujours été de bons conseils et tu espères que cette fois encore, elle saura t’aider à faire le choix final. La cloche qui retentit une nouvelle fois mais ça ne te fait pas lever la tête pour autant, trop absorbée dans ta recherche de la perle rare.
Les doigts qui glissent sur les vêtements, l’œil attiré vers cette jolie robe longue. Tu penses avoir trouvé ce qu’il te faut. Tu penses seulement puisque tu découvres une petite blonde qui tient le même bout de tissu que toi. Petit sourire amical, si elle la veut vraiment, tu lui laisseras. Mais la demoiselle prend les devants, t’offre un grand sourire et te propose de garder la robe. Tu jubiles un peu, bien heureuse de l’avoir pour toi et puis la condition pour l’avoir n’est pas difficile accepter. Conseiller les autres dans leur tenue ? Un truc que tu sais bien faire. "Merci, c’est vraiment gentil ! Et j’accepte volontiers de t’aider !" Tu récupères la robe puis fais le tour du rayon pour constater la morphologie de la jeune femme. "Moi c’est Liv et toi ?" lui lances-tu avant de rajouter "Il a juste falloir que tu m’aiguilles un peu sur tes goûts !" Malgré cette petite virée shopping, ta journée était un peu morose mais elle prend maintenant un tout autre tournant et tu remercies intérieurement cette jolie blonde de venir égailler cet après-midi.

Tu laisses tes doigts filer sur les tissus, caresser la laine, le coton, les de mauvaise qualité, le tweed ou encore même les cuirs, les faux cuirs, sans oublier les nylons. Tu touches, tout ce que tu peux toucher, remue les vêtements comment on remuerait le sable pour y dénicher un trésor. C’est exactement ce que tu cherches ici Billie, entre les vapeurs de poussière et les odeurs de naphtaline, c’est ce que tu cherches, un trésor. Au moins aussi beau que ceux qui peuplent ton armoire, les vêtements chipés ici et là, piqué à maman, comme cette veste en jeans, surement ta pièce préféré dans ta garde-robe. M’man l’a porté avant toi, quand elle avait ton âge. Tu l’imagines fière avec sa nouvelle veste, du jean brute, des bordures dans le dos, des pin’s qu’elle accroche sur sa poitrine. Elle la protégera du vent, de la pluie, du froid de l’hiver. Elle l’accompagnera dans les plus grands moments, les festivals ou elle l’accrochera au tour de sa taille pour ne pas la perdre, ou elle fourrera ses mains dans chaque poche pour y glisser quelques pièces, quelques clés, peu importe. Une jolie veste, bien plus jolie parce qu’elle traîne avec elle une histoire, un passé, et c’est surement tout ce que t’aime dans ce vêtement. T’aime bien venir là, dénicher les tissus, les pièces, leurs approprier une histoire bien différente à chacune. Cette robe de bal accroché dans la vitrine, tu l’imagines avoir appartenu à une jeune fille en fleur, prête à se donner au seul et unique amour de sa vie, qui l’oubliera très vite une fois que le soleil sera levé. Et ce pantalon à pattes d’eh, la tenue parfaite pour un entretien, qu’elle décrochera avec brio, débutant sa carrière dans le commerce. La pièce parfaite te tombe entre les mains, une robe longue, tenu par une autre paire de main. Un visage constellé de tache de rousseur, de grands yeux qui te regarde. Tu lâches prise, t’avoue vaincu, lui dit que de toute façon elle lui ira beaucoup mieux qu’à toi. Et c’est vrai, parce qu’elle a le physique pour, le teint légèrement hâlé qui sublimera la robe. Ou peut-être que c’est la robe qui la sublimera elle. Mais tout geste à un prix, le tien sera de t’aider à trouver une nouvelle tenue, quoi porter pour ce soir. La brune accepte, un sourire aux lèvres, divines, elle se présente. Liv. Olivia probablement ? Tu l’observes, un sourire aux lèvres. « Je m’appelle Billie. Et… Je sais pas », tu ricanes un peu, observe les vêtements sur le portant à coté de vous, attrape une jupe aux motifs leopard. « Je peux te dire que ça j’aime pas », tu te retournes vers elle à nouveau, replaçant la jupe. « Surprends-moi ! », voila que tu te livres entièrement entre ses mains, acceptant qu’elle fasse de toi son mannequin, sa poupée, ou bien d’autre chose si elle le veut bien.