(bryki) silent whispers, silent tears.

Et si tu redevenais Brynn, gamine ? Et si tu cessais simplement de prêter attention à tout ce qui t'empêchait d'atteindre ce qu'on appelle communément le bonheur. Un truc en forme de M qui accélère la pompe au milieu de ta poitrine, qui apaise tes tourments - mais invoque les torrents. Et si t'arrêtais d'être celle qui écoute pour perdre à nouveau le contrôle de toi-même sous les impulsions folles qui avaient toujours rythmé ta vie ? Et si t'ignorais les signes et que tu le retenais ?
m i k i.
échappé trop tôt des mains maladroites qui n'avaient su s'accrocher à tes propres convictions ; celles qui te criaient en silence que c'était lui - quand l'univers hurlait le contraire.
Et il avait hurlé plus fort ;
si fort que t'as cessé un instant d'entendre les battements de ton coeur.
Un instant de trop qui t'avait conduite à la faute.
Mais Brynn, le vent à tourné en même temps que le monde. et il semblerait qu'on t'offre une nouvelle chance. Elle est là, au bout de tes doigts frêles, cette opportunité de tout changer, d'effacer les erreurs qui avaient fait tomber sur ta vie des nuits éternelles - quand le soleil avait cessé de briller. Alors tu prends la pluie pour témoin, accepte d'elle une aide qu'elle ne t'avait pourtant pas offerte - parce que la pluie ne parle pas, Brynn. Mais toi, tu décides de lui faire dire ce que tu veux. Qu'elle n'est plus la conséquence d'un mécontentement divin, mais au contraire, une main tendue pour éradiquer le passé et oublier les faux-pas qui l'avaient pavé. « s’nettoyer ? » Un sourire éloquent aux lèvres, tu le laisses se questionner. Les pourquoi, les comment, le pragmatisme, les réponses toutes faites, ça n'a jamais été pour toi. Toi, tu crois aux étoiles, aux cris du coeur, à tout ce que le monde ne pouvait expliquer. Même pas toi, gamine. Comment le pourrais-tu quand tes propres pensées te submergent plus que tu ne pourras jamais les contrôler - plus que tu ne pourras jamais les comprendre. La vérité c'est que t'ignores tout des murmures qui t'ont soufflé que ce serait une bonne idée de t'ouvrir à Miki. De mettre en mots le plus inexplicable de tes gestes. De le laisser croire à un autre début qui pourrait connaître une nouvelle fin. « C’vraiment c’que tu veux ? » Mais son geste te rend sourde. Les doigts contre l'épiderme si fine de ton poignet te donne la sensation de brûler vive. Comme un contact interdit. à moins qu'il ne s'agisse d'une passion éteinte, ravivée soudain en un contact. Le sien. Alors tes pieds s'enracinent, ton corps se fige lorsque les iris azurées rencontrent ses opales. T'aurais souhaité repeindre le ciel de ces nuances. Les siennes. Pourtant, il pose sur toi un regard aussi triste que le ciel, si bien que tu ne décèles pas immédiatement la lueur, tout au fond, qui pourrait être celle d'un infime espoir. « J’veux dire… recommencer à zéro ? » Tu manques un souffle, hoquettes par la force des choses. Et tu te sens trembler même sous la pression de sa main. « Miki, je... c'est pas ce que... » Les mots se perdent, se meurent sur tes lèvres avant-même d'avoir vécu. Et tu ne sais plus vraiment. « Enfin si, c'est exactement ce que je voulais dire, mais... » Ou peut-être bien que non. Pas si exactement. Parce que c'est jamais limpide dans ta tête, gamine. Jamais précis. Pas plus que les propos confus d'une oracle, comme si rien de ce qui se passait là-dedans ne t'appartenait vraiment. Pourtant, tu sais qu'il y a une vérité quelque part, cachée derrière les mots. « Oui. C'est ce que je veux. Recommencer. Revenir au temps où j'voyais pas tant de rancoeur derrière le noir de tes pupilles. Parce que je sais, Miki, qu'elle est pour moi. Uniquement pour moi. Et je déteste ce que je vois dans tes yeux quand tu me regardes. Ce genre de truc, c'est pas pour nous, Miki. » Parce que nous, on s'aime. « Nous, ça brillait plus que ça, tu te souviens pas ? » Pourquoi ils ne brillent plus tes yeux, Miki ? La question s'étrangle au fond de ta gorge. Parce que pour une fois, t'as une réponse. La réponse. Celle qui porte encore ton nom. à cet instant gamine, tu n'oses plus affronter son regard. Aussi, tu portes toute ton attention sur les manches de ta veste que tu tires jusqu'à ce qu'elle recouvre tes doigts et te détaches de l'emprise de celui que tu ne voulais pourtant plus lâcher. Et lorsque son contact s'envole, c'est comme si tout avait changé. D'un seul coup. Alors, tu laisses tomber le sourire, emporté par l'eau qui ruisselle en contrebas du trottoir. « Moi aussi j'suis trempée. Je veux rentrer. » Il n'y a plus une once de chaleur dans les syllabes qui s'échappent. Mais c'est à toi que t'en veux. à toi seule. à toi qui n'avais eu aucun scrupule à l'abandonner - à toi qui n'en avais toujours pas aujourd'hui pour lui imposer à nouveau ta présence. « J'peux entrer ? » Juste un peu. Juste le temps d'avoir assez de toi - avant de repartir (encore).