Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Sam 16 Fév - 9:55
je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit
Ça te faisait quelque chose. Cet univers te faisait quelque chose. L’odeur de paille mêlée à celle des chèvres – odeur qui te rappelait incontestablement celle du fromage. Forte. Forte, qui prenait – agréablement, à tes yeux – aux narines. L’odeur des chèvres te rappelait quelques souvenirs d’enfance, des moments passés à humer les fromages servis sur des plateaux de pailles. Des moments dans la vieille voiture poussiéreuse du grand-père, avec ta sœur, à parcourir la campagne pour aller t’occuper des animaux. Pour aller pêcher quelques poissons dans la rivière. Les petits coups de tête te font rigoler. Tu oublies presque Nimue, pendant une fraction de seconde. Tu glisses un regard vers elle, soudainement. Elle tient ses mains à hauteur du visage, visiblement effrayée. Visiblement affolée par toutes ces petites bêtes. Tu essaies de l’inciter, du coin de l’œil. Tu essaies de lui montrer que les bêtes ne sont pas monstres. Qu’elles ne vont pas la dévorer, et que, même si elles essayaient, tu ne laisserais pas une telle chose arriver.
Elle tente une approche. Elle tente quelque chose avec du foin. Elle tente de détourner l’attention de la chèvre qui voulait lui grignoter la manche. Couinement effrayé de la part de la métisse, qui lâche l’herbe, avant de finalement caresser doucement le flanc de la bête. « Ça... je sais même pas si j'ai déjà touché une chèvre avant... » Tu l’as fixée un instant, étonné – même si tu en devrais probablement pas l’être. « C’est vrai ? » dis-tu, en riant doucement. Tu essaies de t’imaginer. Tu essaies d’imaginer ce que c’est, de grandir sans voir tous les animaux de la ferme. De grandir sans être au milieu de tous ces trucs. Elle évite ton regard, et tu pouffes encore, amusé. « C’est … bizarre … » ajoute-t-elle, alors que tu viens déposer un baiser sur sa joue pour la rassurer. « C’est une révélation mignonne. » dis-tu, alors que tu la fixes un instant, sans cesser de cajoler les bêtes à cornes. « Genre … T’as jamais été à la ferme ? » demandes-tu, curieux. Tu souris, doucement, alors qu’une des petites bêtes essaie de te grimper dessus pour te chopper la main. « Eeeeeeh ! » lâches-tu, en invitant la petite bête à redescendre. « Mais je pourrais … te montrer, si tu veux, ça aussi. Genre y’a plein de trucs ici, on pourra aller voir si tu veux. » souris-tu doucement. Tu viens lui voler le coin de ses lèvres, l’espace d’un instant. « Ces petites choses-là, en français, on dit : chèvres. » expliques-tu, soudainement. Quelques mots dans la langue du paternel. Quelques mots dans cette langue qui devait encore lui sembler étrangère. « Regarde ! Y’en a même une toute petite ! » ajoutes-tu, en attrapant un chevreau entre tes bras. Tu souris, doucement. Tu souris, amusé, alors que tu l’approches d’elle, en la tenant contre toi. « Elle est toute douuuuce. »
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Dim 10 Mar - 20:27
Elle le regarde. Elle sent encore la brûlure de ses lèvres, au coin des siennes. Elle le regarde, elle le dévore des yeux, elle répète un "chèvwe" qui essaie d'imiter sa voix, qui n'y arrive pas. Elle oublie presque la danse empressée des bêtes, autour d'eux, et leurs sabots, qui viennent s'appuyer dans son dos.
Tom. Tom et un sourire. Tom et un chevreau. Tom et de la lumière, dans ses yeux sombres. Tom, Tom, Tom.
Tom, et son cœur à elle qui se serre et explose, son cœur à elle qui chavire. Ton, dont, parfois, elle se disait qu'elle choisissait de l'aimer, qu'elle choisissait de rester. Tom qui s'imposait, comme une évidence. Plus de choix, une évidence...
Et le chevreau, qui bêle, se débat un peu, la fixe de ses yeux d'or. Et qui est doux, si doux... Elle tend la main, elle caresse l'animal, mais elle en voit que lui.
Ici... Ici, il revit...
Une langue rapeuse et des dents, soudain, sur sa main, qui lui arrachent un couinement, un recul, un sursaut terrifié. Une chèvre plus audacieuse, gourmande que les autres, peut-être, qui la contemple de ses yeux pleins de curiosité.
Et elle répond, enfin, à sa question, qui traine derrière elle tant de souvenirs d'enfance.
"Non... Non, je ne me souviens pas avoir déjà visité une ferme..."
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Mar 12 Mar - 20:49
je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit
Elle était attendrissante. Elle était touchante, quand elle répétait le mot chèvre avec son accent américain. Tu t’esclaffes, doucement, alors que tu répètes le mot. « C’est trop chou quand tu le dis. » souris-tu, alors que tu essaies de cacher tes lèvres à l’aide de la paume de ta main. Tu ne voulais pas te moquer. Tu ne te moquais pas, en réalité. Tu essayais juste de retenir un peu les papillons qui s’agitaient fortement dans ton estomac. Tu étais amoureux. Terriblement. Amoureux de ses yeux sombres. Amoureux de ses boucles brunes. Fasciné par ce rire, par cette voix, par les émotions océans qui en découlaient. Mer d’huile, mer tempête. Univers tantôt sombre, tantôt édulcoré que tu adulais depuis de longues années.
Et le chevreau vient troubler tes réflexions. Bêlement attendrissant. Yeux d’or qui fixent la métisse, tout comme tes prunelles brunes. Et elle sursaute, soudain. Un couinement, alors que tu tends les bras, inquiet. Une chèvre a grignoté un peu trop fort, visiblement. « Ça va … ? » demandes-tu, même si elle ne semblait pas avoir été trop abîmée par les dents de la téméraire.
« Non... Non, je ne me souviens pas avoir déjà visité une ferme... » dit-elle alors. Tu lui as jeté un regard faussement terrifié. « C’est vraaaaai ? » t’exclames-tu, alors que tu la fixes un instant. « Oh mon dieu ! » Tu te disais que c’était quelque chose de triste. Tu te disais que c’était quelque chose de dommage. Il fallait. Il fallait que tu lui montres. Il fallait que tu lui fasses visiter. Alors, tu captures ses doigts fins. Tu les attrapes, entre tes mains, pour l’entrainer encore. Et c’est le défilé. Il y a la laiterie, avec cette odeur de fromage prononcé. Il y a les poules, qui gloussent à vos pieds. Il y a le coq, curieux, qui vous observe alors que tu lui montres les pigeons dans la volière. Il y a le cochon, que vous pouvez gratouiller derrière les oreilles. Il y a quelques dizaines de lapins blancs aux yeux cerclés de noir, qui s’agitent soudainement en voyant vos deux visages inconnus se pointer dans leur champ de vision. Tu voyages, tu voles. Trop vite, peut-être. Tu oublies l’épuisement de vos deux corps, galvanisé par une énergie nouvelle. Enchanté à l’idée de tout lui montrer. De lui faire découvrir ton univers français. Et finalement, il y a la paille. Le tas provenant d’une botte à moitié déroulée, dans laquelle tu te laisses sombrer, après une légère bataille. Quelques brins viennent se perdre dans tes cheveux ébouriffés, alors que tu te perds à l’admirer.
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Ven 12 Avr - 22:28
La paille... la paille dont elle ne connaissait que l'apparence, dont elle découvre l'odeur. La paille, dont, jamais, elle n'avait pensé qu'elle pourrait être ... si peu confortable. Elle la sent, à travers son pantalon, sur ses mains, dans son cou. Bien loin, si loin des images d'Epinal que renvoie ce couple, dans la paille, ce couple bancal, abimé.
Si peu confortable, la paille, mais si accueillante, et elle se sent bien, chez lui, dans ce pan de cet univers qu'il lui dévoile. Elle se sent bien, au milieu de tous ces animaux inconnus, au milieu de ces odeurs, de ces sons inconnus. Parce qu'il est là. Parce qu'il la guide. C’est peut-être parce qu'elle est trop fatiguée.
C'est peut-être la fatigue, c'est peut-être d'être si déboussolée, c'est peut-être l'émotion. C'est peut-être juste tout cet amour, dans ses yeux, qui s'infiltre en elle, dans la moindre faille. Qui fait exploser ses défenses. Le barrage cède. L'eau perle, enter ses cils, sur ses joues. Elle sourit, pourtant. Elle sourit. Elle se rapproche de lui, à la recherche de sa chaleur, de son contact, contre elle.
Et elle chuchote... Elle s'excuse, en souriant à moitié. Elle murmure qu'elle est fatiguée, qu'elle ne devrait pas pleurer. Elle s'excuse à nouveau, elle essaie d'expliquer. Elle n'est pas triste. Pas du tout. C'est tout le contraire. Elle coudraie que ce moment dure toujours... Elle a les yeux clos, et elle se love contre lui. dans la paille. dans ce bout de son univers à lui, plein d’animaux, plein de nature, elle qui est enfant des villes et de l'asphalte.
« Tu sens bon... »
Un autre murmure. Malgré le voyage, malgré les heures sans sommeil. Au milieu des animaux, de la paille. puis un petit, un tout petit:
« Je suis crevée... désolée... »
Des excuses, encore, à nouveau. Peut-être qu'elle a l'impression d'avoir tant de raisons de lui demander pardon, bien plus qu'elle ne pourra expier en une vie. Peut-être qu'elle est juste trop épuisée, qu'elle a été trop nerveuse, que ses nerfs lâchent. Peut-être qu'elle se sent bien, pourtant...
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Ven 12 Avr - 23:14
je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit
Elle semble bien. Et toi, t’es bête. Tu joues l’idiot, tu joues l’enfant fou, un peu. Tu te sens plus léger. Tu te sens plus léger, quand tu la fixes avec tes prunelles amoureuses. Tu as presque l’impression que ça pourrait être moins compliqué. Tu as l’impression que tu peux à nouveau avancer, qu’elle sera là. Tu veux croire que vous alliez vous sortir de tout ça. Pourquoi pas ?
Elle souffle. Elle chuchote, après être venue tout contre toi. Elle s’excuse, alors que tu viens doucement l’attraper dans tes bras. « Tu sens bon... » dit-elle, tout bas. Léger sourire qui vient étirer tes lèvres. Le rouge vient furtivement tinter tes joues. « Je suis crevée... désolée... » Et encore, des excuses. Et encore, elle te demande pardon. Tu souffles, doucement. Tu souffles, alors que tes doigts viennent s’enrouler autour d’une de ses mèches. « Arrête de t’excuser. » lances-tu, amusé. « Surtout si c’est pour dire que je sens bon, même après plus de sept heures d’avion. » Tu ris. Tu ris, alors que tu viens lui voler sa joue. « T’es belle, en tout cas. Même avec ton petit regard fatigué et tout désolé. » Tu es bête, un peu, non ? Tu es bête, quand tu pouffes doucement, comme ça. Quand tu en profites pour emmêler quelques brins de paille avec ses boucles brunes. Peut-être que c’est la fatigue qui te fait agir, toi aussi. Peut-être que c’est la fatigue qui te fait faire quelques sottises. Tu l’embrasses, doucement. Tu l’embrasses, tendrement, profitant de ses lèvres. Douce saveur. Douce, et si particulière. Parce que malgré tout, il y aura toujours les images de la fameuse fois. Parce qu’il y aura toujours les images de là-bas, imprimées sur ta rétine. Des goûts qui te restent sur le bout de la langue, des sons qui résonnent sans cesse, lointains échos. Scène atroce, qui te vrille toujours autant le cerveau. Tu fermes les yeux, un instant, avant de partir dans tous les sens. Avant de partir à la dérive. Tu essaies de chasser les monstres, tu essaies de te concentrer sur ce qui t’entoure. Les bruits de la ferme. Le bêlement des chèvres, le tracteur qui revient dans la cour, le son de quelques voitures. Les pigeons qui roucoulent. Le froid qui t’attaque doucement le bout des doigts. Une odeur de paille, un peu de poussière. Nimue, contre toi. Nimue, contre laquelle tu te blottis, pour éviter de te noyer. Elle est là, juste là. Pourquoi est-ce qu’elle te laisserait tomber ? « Si tu veux … si tu veux, on pourra dormir un peu avant .. d’aller manger. » Juste pour vous reposer. Juste pour que vos nerfs soient un peu moins à fleur de peau. Et à nouveau, tu lui voles un baiser. A nouveau, tu lui voles ses lèvres, pour t’aider à t’en tirer.
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Dim 5 Mai - 22:27
Elle sourit un peu. Pas beaucoup. Un peu. Pas à la folie. Elle sourit, contre ses lèvres, en s'imaginant le regard fatigué, et parce qu'il le lui dit: malgré ça.... malgré tout ça, tout ce qui flotte, entre eux, tout ce qui s'infiltre... malgré tout, il la trouve belle. Malgré la fatigue et le viol. Malgré les souvenirs et les cauchemars.
Elle en a tant connu, qui l'auraient rejetées, qui se seraient vengés, qui... Elle en a tant connus. Trop connus.
Et puis il y a Tom. Tom qui, par elle ne sait quelle magie, quelle grâce, s'accroche. Tom qui choisit... la choisit. Tom aux lèvres qui, quand elles ne al fuient pas, sont toujours douces. « Si tu veux … si tu veux, on pourra dormir un peu avant .. d’aller manger. »
Et ses lèvres, à nouveau, qui étouffent son murmure d'assentiment, ses lèvres qu'elle voudrait connaitre par cœur, qu'elle s'efforce d'apprendre, de réapprendre, encore et encore.
Les larmes qui menacent, à nouveau, sans raison... Elle déglutit, elle bat des cils et, lentement, si lentement, se redresse, glisse une main dans ses cheveux, pour en écarter un peu de paille, avant de souffler, d'une voix qui s'excuse à nouveau, alors que ses doigts viennent jouer avec une mèche de ses cheveux à lui, sur son front.
« Si on veut éviter que je fonde en larmes à table... Pas certaine que ta famille aime ça...»
Elle sourit un peu, sans parvenir à vraiment s'inquiéter. trop fatiguée, peut-être. Trop épuisée pour se soucier de l'impression qu'elle pourrait faire... De tout ce qu'elle en comprendra pas... de toutes ces façons dont elle va les vexer, en mangeant trop, ou trop peu, en étant trop polie, ou pas assez... En les fixant, avec leurs manières étranges...
Elle, là, tout de suite, ne s'inquiète de rien. Elle le dévore des yeux. Son cœur va exploser, sa peau est douloureuse, sa cage thoracique une prison, trop étroite. Elle ne résiste pas, vole un autre baiser, avant de se redresser. Sa chaleur lui manque, pourtant... déjà. Sa chaleur lui manque, et la noyade dans son regard où elle pouvait sombrer sans peur.
« Faut... faut que je dorme un peu... »
Et elle se redresse, une main glissée dans la sienne, pour l'aider, pour chanceler avec lui, contre lui, et l’épousseter, partir à la recherche des fétus de la paille insolente qui s'accroche à lui...
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Mar 7 Mai - 22:38
je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit
Dormir un peu. Fermer les yeux, cinq minutes, et la garder contre toi. Tu te demandes encore pourquoi tu lui avais proposé de dormir dans le fauteuil. Tu te maudis, encore, alors qu’elle est là, dans la paille, avec toi. « Si on veut éviter que je fonde en larmes à table... Pas certaine que ta famille aime ça... » Tu souris, doucement. Tu souris, alors que ton pouce ose effleurer sa joue. « Ça va aller, Nimue. » murmures-tu, doucement. Tes doigts viennent doucement se perdre dans ses boucles, alors que tu t’offres le loisir de plonger ton regard dans le sien. « Tu peux être toi-même, tu sais. T’as pas besoin d’avoir peur de les décevoir, ou quoi que ce soit. T’es parfaite comme tu es là. » ajoutes-tu, dans un sourire. Tu étais sincère. Tu voulais juste qu’elle comprenne qu’elle n’avait pas besoin de se torturer l’esprit pour essayer d’être quelqu’un de différent ici. « Et puis c’est les vacances. C’est pas fait pour s’user à être quelqu’un d’autre. » confies-tu, dans l’espoir de l’avoir rassurée.
« Faut... faut que je dorme un peu... » dit-elle, juste après avoir goûté tes lèvres. Tu hoches la tête, doucement, alors que ses doigts se saisissent des tiens. Tu ne les lâches pas. Si tu en avais la possibilité, tu voulais presque bien croire que tu ne le ferais jamais. Sa main libre vient t’enlever la paille qui s’était accrochée à toi. Tu fais de même, retirant les brins, du mieux que tu pouvais, dans ses boucles brunes. Tu l’as emportée, avec toi. Tu l’as emportée jusqu’à la chambre que vous aviez laissé quelques heures auparavant. « J’vais juste … prendre une douche avant. J’ai trop peur que tu réalises vraiment à quel point je pue. » plaisantes-tu. Tu avais juste l’impression d’être une mauvaise odeur ambulante. Tu avais l’impression que tes fringues tiendraient debout toutes seules si tu les retirais. « Mais .. Y’a des serviettes dans la salle de bain, si tu veux te laver aussi, tout à l’heure. » Et tu files. Tu files, pour prendre une douche rapide. Pour savourer le contact du savon sur ta peau, retirer le sébum – et la paille – de tes cheveux. Tu pourrais presque traîner longtemps, mais tu ne voudrais pas que ta belle patiente de trop. Alors, tu finis par revenir, perdu dans des vêtements propres – pudeur trop présente, toujours, alors que tu n’osais pas te montrer à moitié dénudé devant elle. « Nimue … ? » demandes-tu, tout doucement, alors que tu agites une serviette dans tes cheveux, dans l’espoir de les sécher. Doucement, tu t’approches. Doucement, tu t’aventures, jusque sur le lit, pour te blottir contre elle, sans trop savoir si elle s’était déjà endormie.
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Dim 12 Mai - 0:18
« T’es parfaite comme tu es là. »
Les mots résonnent encore, alors qu'elle s'est glissée dans le lit, entre les draps propres, elle, avec son corps sale, son corps sali par tant d'autres corps.. Elle ne le croit pas, pas vraiment. Ou... elle croit que lui pense dire la vérité. Mais elle sait... elle sait au plus profond d'elle que si sa famille connaissait... ne serait-ce que la moitié de la vérité, ils la maudiraient. Mais elle se tait, elle hoche le visage, silencieuse.
C'est bizarre. Elle n'avait pas honte, avant. Elle avait un corps, elle en faisait ce qu'elle voulait. Elle refusait la honte, avant... Elle en riait.
Mais elle avait changé, sans doute. Les derniers mois l'avaient changée... Elle, la pute, elle, parfaite? Dans quel monde? POur quelle famille?
Mais il le croit, Tom, le fou, le magicien, le matelot, et elle peut faire un effort, pour s'illusionner... Elle écoute la douche, l'eau qui se déverse. Elle, elle n'avait pas la force de se laver, elle le ferait plus tard, elle était trop épuisée, et, débarrassée des vêtements et de leur poussière, en lingerie, elle s'est glissée sous les draps, sans réfléchir, trop heureuse de sentir le coton propre sur son corps épuisé, sur son cœur las. Comme un pansement, comme un câlin. Les yeux clos, elle laisse le sommeil la gagner, elle se laisse bercer par la fatigue...
Et puis.. et puis elle est au bord du sommeil, lorsqu'elle sent le matelas s'enfoncer, dans son dos, lorsqu'elle entend Tom.
« Nimue ...? »
Il y a toujours des draps entre eux, lorsqu'il approche, se blottit contre elle.
Elle ne devrait pas être à demi nue, elle le sait, elle le réalise, elle devrait...
Elle est trop fatiguée, elle soupire un "mh... oui..." à peine audible, soupire un peu, sourit un peu, oublie, un instant, le passé.
Elle s'est prostituée, et son corps a appartenu à d'autres, et elle le leur a vendu, elle le leur a offert, contre un peu d'argent, contre l’illusion de les connaitre, de les aider, de compter, un peu, parfois, contre la certitude d'être admirée, désirée...
Elle s'est prostituée, et son cœur a été griffé, mordu, abusé, abimé, cajolé par d'autres, comme son cœur, et comme lui, depuis des mois, elle ne le destine qu'à lui...
« J'ai pas fait exprès... »
Elle murmure les mots, comme une excuse, et l'épuisement avale les dernières syllabes, alors qu'elle sombre.
Sujet: Re: je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit. (nimue) Mer 29 Mai - 20:57
je fais des pas dans l’escalier qui mène au toit
Son prénom, tu le murmures, doucement. Tu le souffles entre tes lèvres, alors que ton corps vient se blottir contre elle. « Mh... oui... » entends-tu, dans un soupir à peine audible. Est-ce que tu la réveillais ? Est-ce que tu n’étais pas en train de la retenir de tomber dans les bras de Morphée ? Tu t’en es voulu, un peu. Tu as souri, pourtant. Doucement. Ton corps s’est glissé sous les draps, presque timidement. « J'ai pas fait exprès... » Les paroles sont murmurées, encore. De quoi est-ce qu’elle parlait ? Pourquoi est-ce qu’elle s’excusait ? Et puis tu réalises. Tu réalises que son corps est presque nu contre le tien. Tu souffles, doucement. « C’est rien … » que tu murmures, alors que tes paupières se ferment, à toi aussi. Tu sombres. Tu sombres, toi aussi. Au fond, ce n’était pas si grave. Ce n’était pas grave qu’elle dorme dans la tenue qu’elle souhaite, non ? Tu n’irais pas la traiter de vile tentatrice. Tu n’irais pas la forcer à quoi que ce soit. Tu n’étais pas un monstre, n’est-ce pas ? Tu n’étais pas ce genre de monstre. Mais tu te connaissais. Tu étais capable de prendre peur, juste pour ce corps contre le tien. Tu étais capable de te lever, et de partir sur le fauteuil, jusque parce que les démons ressurgissaient. Tu pouvais essayer. Tu pouvais essayer de tenir le coup, de ne pas t’en aller. Peut-être que c’était comme le cheval. Peut-être qu’il fallait réessayer après être tombé. Peut-être qu’il faudrait tenter, un jour, juste pour vous convaincre que vous n’étiez pas complètement brisés. Les baisers que vous aviez échangés plus tôt étaient déjà une preuve de quelque chose, non ? Ils symbolisaient déjà une nette avancée, et pendant un instant, tu te serais presque surpris à espérer. Ça pouvait fonctionner. Peut-être que ce ne serait jamais comme tu l’avais imaginé. Peut-être que l’histoire à raconter ne serait jamais celle que tu aurais souhaité – c’est même une certitude, quand on pense à ce que le démon vous a fait. Mais c’était quelque chose, tout de même. Et, dans ton sommeil, ton bras est venu se glisser autour de ses épaules, preuve d’une tendresse qui t’avait, pendant trop longtemps, manquée.