kindness (finn)

emmitouflée dans ton manteau, tu sortais de ton immeuble et tu te pinçais les lèvres en soupirant un peu. ces derniers temps, tu avais besoin de te rendre utile, de faire quelque chose qui avait du sens. tu n’avais plus de nouvelles de lip, et ça t’attristait profondément. tu pensais que l’épreuve que vous aviez traversé vous rapprocherait, mais il avait finalement disparu de la circulation. et bien que tu essayais de rester forte, c’était quand même dur pour toi. c’était lui qui t’avait forcé à avorter, et il disparaissait sans aucune raison. il aurait disparu dans tous les cas, mais dans le fond, t’aurais peut être aimé garder ce bébé. t’en savais rien. tu étais perdue, et tu n’arrivais pas franchement à passer ce cap difficile. tu marchais dans les rues du queens, accélérant un peu le pas alors que la neige tombait. il faisait froid, ce soir. il faisait humide. alors comme tous les soirs depuis quelques semaines maintenant, tu rejoignais le centre d’aide sociale dans lequel tu étais devenue bénévole, afin d’aider les personnes dans le besoin. tu soupirais un peu en entrant dans le bâtiment et tu retrouvais finn, un autre bénévole, ainsi que d’autres personnes. « salut. » tu soufflais en retirant ton bonnet et tes gants pour venir le saluer. tu lui souriais et tu venais déposer un baiser sur sa joue, avant de t’éloigner un peu. tu regardais autour de toi et tu saluais les autres gens autour de toi. finn, c’était ton binôme, et vous vous entendiez bien. il était gentil, toujours à l’écoute des autres. tu avais l’impression qu’il te rendait moins égoïste, dans le fond. plus altruiste. parce qu’il était comme ça, finn. « ça va ? » tu demandais en souriant un peu, préparant un sac avec de quoi aider les sans-abri. des couvertures, du café, de la soupe. de quoi leur donner un peu de chaleur, à défaut de leur donner un toit. « on a des lits libres pour cette nuit où c’est déjà complet ? » tu demandais alors en fronçant un peu les sourcils, remettant ton bonnet et tes gants, afin de vous mettre en route rapidement, alors que la neige semblait s’intensifier au dehors. le centre avait une sorte de dortoir à disposition aussi, mais les places étaient rapidement prises. les sans abris pouvaient venir y passer une nuit, y prendre une douche. juste de quoi retrouver un peu de dignité et d’humanité. « on y va ? » tu demandais alors à finn en lui souriant doucement, sortant finalement du centre pour vous mettre en route.

c'était parti presque d'un défi. le trésorier de l'association, un homme dans la cinquantaine bien avancée, était venue le voir au travail pour lui demander la permission de déposer quelques tracts dans la salle d'attente. finn, d'un air absent, lui avait désigné la petite table dans le coin, qu'il tâchait de garder rangée, où s'entassaient numéros d'écoute et adresse de cabinets d'avocats. l'air de défi, le bénévole avait dit à finn qu'il pourrait se joindre à eux, venir voir un peu le terrain et sortir de derrière son écran d'ordinateur. le brun avait d'abord refusé poliment avec un sourire un peu gêné. deux raisons. il avait toujours été un garçon discret, le bon copain, le mec en deuxième ligne, l'élève appliqué mais pas le capitaine d'équipe. il aimait le confort de son bureau, jouer le justicier masqué derrière les dossiers qu'il s'appliquait à remplir avec soin. il ne se sentait toujours pas assez dégourdi pour aller franchement au devant des gens. secondement, cette timidité première s'était muée par une suffisance, il avait fini par se convaincre que le travail qu'il effectuait chaque jour suffisait. il avait pris la décision sur un coup de tête. une nouvelle habitude depuis quelques temps. un soir, il avait fini par se rendre à l'adresse indiquée. et ainsi depuis le début de l'hiver, il se joignait à des maraudes. il était arrivé parmi les premiers ce soir et la responsable lui faisait le point de la zone qu'il allait couvrir. son binôme arriva sur ces entre faits et finn accueillit georgia de son sourire. jamais très expressif, finn appréciait cependant bien la brune. elle déposa un baiser sur sa joue, ce genre de geste pourtant basiques que finn ne savait jamais trop recevoir. oui ça va et toi? il fait froid, on va avoir froid. dit-il en riant doucement, il ne craignait pas trop le froid mais il était contente de l'avoir avec lui pour garder la motivation jusqu'au bout de leur maraude. helen me disait justement qu'on devrait prendre des couvertures de survie avec nous pour distribuer car il n'y a pas beaucoup de places avec la vague de froid ... il faut prioriser ceux qui en ont le plus besoin. cette nouvelle mission remplissait finn d'une toute nouvelle énergie qui le sortait de son cocon. il tapota le sac à dos qu'il avait déjà mis sur ses épaules. j'ai tout ce qu'il faut là-dedans et on a ces deux sacs de trucs de première nécessité. il en prit un et tendit l'autre à georgia. on peut y aller, tu vas avoir assez chaud? un peu maladroitement, toujours perdu entre en faire trop et ne pas en faire assez. toujours cette crainte de pas dire la bonne chose ou de paraître ridicule, ça avait fini par le confiner dans un certain mutisme.