propaganda.

ce qu'il faut savoir / o1. t'as perdu du poids. trop de poids durant ces six dernières années. visage creusé. o2. tu continues de danser, donnes des cours à des enfants et des adolescents parce que c'est ta passion. o3. tu forces sur ton genou, t'as mal, mais tu danses. tu peux pas te résoudre à arrêter. articulation de vieux.
o4. enfant unique, rêve brisé, famille un peu bancale. ils savent pas comment t'aider tes parents. o5. y'a ce gosse qui vient danser, qui te fait bien trop penser à toi-même à son âge. affection toute particulière. o6. evie que t'as recroisée y'a plusieurs mois. elle date votre rencontre au studio de danse.
o7. tu refuses de voir un ou une psy. t'es capable de les gérer seuls tes problèmes. ou peut-être pas. o8. t'as été en couple trois ans avant ton accident. tu pensais pas qu'elle restait avec toi juste parce que t'avais du potentiel et qu'elle s'en servait. t'es tombé de haut, putain. o9. t'as du mal à faire confiance maintenant. aux femmes, aux hommes, à ton entourage. tu deviens p'être parano sur les bords. ou alors c'est parce que t'es de moins en moins dans ton état normal. l'alcool. les médicaments, la vie. tout ça, quoi.


TRAITS DE CARACTÈRE / t'étais un enfant souriant. t'étais un gamin qui croquait la vie à pleine dents, du genre à sauter de joie pour pas grand chose, du genre à avoir les yeux grands ouverts et brillants le soir de noël, même après avoir appris que le père noël n'existait pas. ouai, t'étais pas du genre gamin compliqué, pas du genre à poser de problèmes tant qu'on te laissait danser. t'es tombé dedans tout petit, t'as jamais arrêté. ça a toujours été ta raison de vivre, ta joie que de pouvoir participer à des concours et de voir les yeux de tes parents briller.

ouai, ce gamin-là, c'était toi.

t'as changé depuis ton accident. t'es plus souriant, t'es plus optimiste, t'as plus envie de quoi que ce soit depuis qu'on t'a enlevé le droit de danser, de faire des compétitions, de briller. c'était ton oxygène, on t'a privée en partie de tout ça. tu jettes la pierre à personne. mais tu broies du noir, t'as mal et t'as souvent envie de hurler au monde que c'est injuste. t'es pas totalement sain dans ton esprit maintenant, pas totalement bien dans ta tête. cauchemars, nuits agitées et médocs que tu affectionnes un peu trop. pour avoir moins mal. pour oublier. pourtant, de façade, t'as pas tellement changé.

t'es toujours souriant. sourires forcés sur tes lippes, surtout avec les enfants. t'es souvent le premier à avoir des idées de plans foireux, de soirée alcoolisées. mais ça cache ton malaise tout ça, ça cache les nuits éveillées, les pleurs silencieux, les coups-de-poing contre le mur et les douleurs dans ta jambe. ça cache les heures à danser malgré tout, jusqu'à tomber par terre sans plus tenir debout, ça cache les heures suivantes, passées au sol comme tu l'étais y'a plusieurs années, incapable de te relever.

si seulement ils savaient, tout ce qui se passe au fond de ta caboche, ce qu'il advient réellement de tes soirées en solitaire, de l'alcool qui glisse un peu trop vite entre tes lèvres, de ce cocktail explosif mêlé à tes anti-douleurs. précieuses pilules que tu ingères parfois par trop grand nombre, parce que ça fait du bien, et pas seulement au corps. à l'âme aussi, ça éloigne toutes tes pensées, ça te fait planer un peu. ça te fait du bien. avant, c'était la danse qui te vidait le crâne. maintenant, c'est des putains de médocs. t'as plus grand chose qui te donne envie de continuer à te battre pour un rêve que tu n'atteindras plus jamais, pour une vie qui te semble dénuée de sens.