Save me. (Warston)

♛ I've been waiting for you.

I feel my wings have broken in your hands I feel the words unspoken inside And they pull you under And I will give you anything you want, oh You are all I wanted All my dreams are fallin' down Crawling around… Somebody save me Let your warm hands break right through Somebody save me I don't care how you do it Just stay, stay C'mon, I've been waiting for you...

C’est un instant qu’elle n’imaginait pas vivre un jour, Isabella. Elle ne l’a jamais envisagé, elle n’a jamais pensé qu’elle pourrait tout avouer sur son père, à qui que ce soit. Elle a toujours été une vraie tombe à ce sujet. Même avec sa famille, même avec Miles qui lui a reproché tellement de fois l’absence de leur père, elle s’est toujours tue. Simplement parce qu’elle ne voulait pas le faire souffrir, elle ne voulait pas leur faire plus de mal qu’ils n’en supportaient déjà. Elle les aime trop, pour ça. Surtout, elle voulait les protéger de ce monstre. C’était son rôle, à elle, en tant que grande sœur de le faire. Elle n’a pas l’impression que cela a quoi que ce soit de courageux. C’était juste son rôle. Nikolaï sait tout ça. Mais il voit aussi les conséquences que cela a engendré pour elle, les conséquences sur lesquelles elle a toujours tenté de fermer les yeux. – C’était moins pire que détruire notre famille. affirme-t-elle en le contemplant, retrouvant pour la première fois depuis le début de cette conversation, un peu de cette assurance qui est la sienne. Cette force qu’elle a dû développer très jeune, plus jeune que la plupart des gens. Elle ne regrette pas d’avoir gardé le silence durant son adolescence, elle sait pourquoi elle l’a fait. Mais elle imagine sans mal que l’homme qui l’aime doit souffrir d’apprendre une chose pareille. Elle ne veut pas qu’il change son regard sur elle, elle ne veut surtout pas qu’il la prenne en pitié. Elle secoue tout de suite la tête négativement quand elle entend sa question. – Non, jamais. C’est un lâche, il n’a jamais assumé ses responsabilités, il se fichait de sa famille. Et c’est mieux ainsi. Elle ne supporterait pas de le revoir, ou même, qu’il revienne dans la vie de Peyton ou Miles. Se rapprochant d’elle, Nikolaï essuie tendrement les larmes sur son visage. C’est la première fois qu’elle pleure à cause de son père… La première. Peut-être qu’elle se libère, un peu, de cette emprise qu’il a sur elle. Mais elle sait bien qu’elle est loin de s’en être sortie indemne, Isa. Elle n’est qu’une âme torturée, une écorchée vif qui tente absolument de garder le contrôle pour éviter de sombrer définitivement. Depuis trop longtemps. Les mots de son petit-ami lui font du mal, et pourtant, elle sait que c’est vrai. – J’ai l’impression que, parfois… Il y a quelque chose qui ne va pas chez moi. Comme… Tout à l’heure, et… Et je déteste l’idée qu’il ait encore cette emprise sur moi. Il l’a brisée… Il l’a brisée avant même qu’elle ne se construise véritablement. Elle a seulement tenté de recoller les morceaux, toute seule, mais les fissures sont toujours présentes. Elles font partie intégrante d’elle. Cette souffrance, elle fait partie d’elle.

♛ I've been waiting for you.

I feel my wings have broken in your hands I feel the words unspoken inside And they pull you under And I will give you anything you want, oh You are all I wanted All my dreams are fallin' down Crawling around… Somebody save me Let your warm hands break right through Somebody save me I don't care how you do it Just stay, stay C'mon, I've been waiting for you...

Personne ne mérite ce qu’elle a subi, non, assurément personne. Son père lui a fait tant de mal, il l’a marquée pour le restant de sa vie. Elle n’oubliera jamais ce qu’elle a vécu, elle arrive seulement tout juste à l’accepter. C’est encore tellement ancré en elle. Elle n’a jamais pu tourner cette page, elle l’a juste déchirée. Mais c’est toujours là, en elle, chaque jour. C’est un fardeau si lourd à porter qu’elle ne le remarquait presque plus, Isa. Comme si c’était normal, d’avoir si mal. Mais il fallait qu’elle craque à un moment ou un autre… Bien sûr que oui. L’espace d’une seconde, elle repense à cette jeune fille qu’elle a rencontrée quelques semaines plus tôt… Nevaeh. Elle se souvient de ce qu’elle lui a dit, qu’elle avait le droit de dire qu’elle souffrait, elle avait le droit de craquer. Et elle se rend compte qu’elle vient de craquer elle aussi, précisément comme cette jeune fille. A la différence que, par chance, ce n’est pas auprès d’un inconnu qu’elle l’a fait… Mais de l’homme qu’elle aime. Nikolaï. Il n’imagine pas le bien qu’il lui fait à cet instant. Elle non plus, elle n’en a pas encore pleinement conscience. C’est encore trop douloureux. C’est, presque, comme si cela venait de se produire. Elle se sent si vulnérable, si blessée. Elle a l’impression que, jamais, elle ne pourra réellement s’en remettre. Et ça lui fait peur, Isa. Elle ne veut pas, elle ne veut pas subir l’emprise de celui qui l’a détruite, il ne mérite pas d’attention. Et c’est encore plus difficile, en ce moment, où son propre mari use de la même influence sur elle. Mais Nikolaï lui assure qu’elle réagit de manière normale, il tente de l’apaiser avec ses paroles. Elles lui font du bien même si, indéniablement, elle a toujours mal. Elle aura toujours mal. – Je ne sais pas si j’y arriverais un jour. avoue-t-elle dans un murmure. Elle a traversé bon nombre d’épreuves, Isabella. Elle sait que l’on ne s’en remet jamais totalement. Mais c’est pire, avec son père, car au fond, elle aura toujours peur de lui. Comme s’il lisait dans ses pensées, le jeune homme se rapproche d’elle pour passer son bras autour de ses épaules et la rassurer. Il lui assure, surtout, qu’il sera là désormais pour veiller sur elle. Sans un mot, Isa se glisse à nouveau dans ses bras. Elle ferme les yeux pour mieux sentir sa présence tout autour d’elle. – Merci… souffle-t-elle, la tête nichée contre son cou. – Je… Je suis contente de te l’avoir dit. Je ne pensais pas l’avouer à quiconque un jour. Mais je savais que, si je le faisais, ce serait à toi. confie-t-elle d’une voix tendre. Elle glisse l’une de ses mains dans la sienne pour entrelacer leurs doigts. Avant d’ajouter enfin. – Tu me fais tellement de bien, tu sais. Je t’aime plus que tu ne peux l’imaginer.