Why am I not made of stone

traits de caractère / endeuillé x dépressif x accro x attentif x solitaire x empathique x altruiste  x humble x intelligent x pessimiste x tolérant x anxieux x fataliste x sensible  .

I. Tu es né dans une famille plutôt aisée. Un père commandant de police et ancien militaire. Une mère avocate, directrice de son propre cabinet à Los Angeles. Tu as aussi une sœur cadette de quatre ans, dont tu as toujours été proche et qui t'a protégé malgré qu'elle soit plus jeune que toi. T'aidant et t'apportant le soutient nécessaire dans les moments difficiles. II. Petit, tu étais la victime, celui qui se faisait embêter par les loups de l'école. Quand ton père l'a su, il t'a ordonné de te mettre à la boxe pour que tu puisses toi-même te défendre, ne cautionnant pas le fait que son fils soit une "lavette". ça n'a pas vraiment influencé sur ton comportement et malgré le fait que désormais tu savais briser des pifs, tu es resté quelqu'un de profondément doux et tendre. III. Ton géniteur voulait que tu intègres l'armée, comme lui. Mais toi, faire la guéguerre ne t'intéressait pas. Tu as toujours apprécié analyser les comportements humains et ton empathie naturelle ont fait que tu t'es dirigé vers des études de psycho. Après avoir obtenu ton diplôme, au bout de longues années d'études acharnées, tu as exercé cette profession dans une clinique privée. IV. Ton ex femme, tu l'as rencontré sur les bancs de l'université, alors qu'elle suivait un cursus de droit. ça a été un véritable coup de foudre et une première relation, toi qui avant papillonnais à droite à gauche et couchais avec hommes et femmes, sans apporter la moindre considération au sexe. V. De cette union, naquit votre fils. Tout deux  aviez respectivement trente deux et trente ans. VI.  L'accident est survenu trois ans plus tôt,  vous rendiez visite à ton père. Ta femme n'a pas supporté la mort de votre gamin et  s'est suicidée quatre mois plus tard. VII. à la suite de ces événements, tu as désespérément tenté de vaincre cette lourde peine en compensant avec le travail. Tu as tenu huit mois avant de faire toi-même une tentative de suicide. Tu as compris que tu avais réellement besoin d'aide, a quitté  San Francisco où vous vous étiez installés avec ta femme et est venu habiter chez ta sœur, à l'autre bout du pays. Ne pouvant plus rester seul. New York t'a accueilli. VIII. Tu as arrêté de bosser pendant presque un an et demi. Jusqu'à que tu comprennes qu'il te fallait absolument travailler de nouveau pour vaincre la dépression dans lequel tu t'étais enferré. Mine de rien, aider les gens, trouver des solutions à leurs problèmes t'aide à vaincre tes propres démons. Tu souffres du paradoxe du psychologue. Aider les gens alors que tu es toi-même au plus mal. IX. Tu n'as pas voulu retrouver un emploi dans le collectif. Tu as donc décidé de monter ton propre cabinet grandement aidé par tes parents qui ont couvert tous tes frais d'installation, l'acquisition d'un local compris. X. à chaque fois que tes yeux se ferment, tu revis l'accident, ton impuissance. Ton sommeil n'est plus qu'artificiel, tu te bourre de somnifère et d’anxiolytique afin que ses cauchemars ne reviennent pas te hanter. L'alcool t'aide aussi à surmonter tout ça. Un cercle vicieux, où tu laisses des plumes, où peu à peu tu t'engouffre dans les travers de l'addiction. Ta famille n'est pas au courant que tu souffres d'alcoolisme.


des cris, l'indiscipline d'un gamin de sept ans s'amusant à faire vivre l'enfer à ses parents. activité puérile, dont tous les gosses finissent un jour par s'adonner.  une mère débordée qui a déjà gaspillé son quotas d'autorité. une inflexion de voix qui ne suffit plus à calmer le gosse turbulent. *faites des gosses* te dis-tu les deux mains solidement vissées sur le volant, la tête au bord de l'explosion. un vif coup d’œil lancé à ta compagne, le regard résigné empreint du fatalisme le plus pur qu'elle te renvoie. il est temps pour toi d'intervenir, de faire régner l'autorité dont chaque homme est censé être pourvu. "bordel" grommelles-tu. tu aimes tellement cette famille, mais parfois l'honteux besoin de liberté survient. un vif souhait d'échapper à tout ça au moins quelques instants. vivre tranquillement sans les cris d'un turbulent gamin que trop occupés par vos travail respectifs, vous n'arrivez plus à encadrer.  tu te retourne vivement vers lui, essayant de sévir, gardent un œil attentif sur la route verglacée et entrecoupée de lacet "maintenant tu te calme ! Et tu arrêtes de faire du bruit, on arrive bientôt chez Papy Joe et tu pourras enfin te dégourdir les jambes ! En attendant essaye de garder le silence s'il te plait". tu regardes de nouveau la route, n'échappant pas au faciès indigné de ta compagne. ses yeux d'un clair opalin te transpercent. un léger soupçon de déception. celui dont t'abreuve ton père Joe en contemplant l'inefficace autorité dont tu fais preuve. tu aurais aimé être le père idéal, celui qui joui d'une fermeté naturelle, dont la seule présence charismatique suffirait à calmer le gosse le plus turbulent. mais toi, tu as toujours été d'un naturel calme, empathique, confident. un fin psychologue, un doux parent, mais un parent médiocre quand il s'agit de l'encadrement le plus pur.  tu ne peux t'empêcher de laisser toute charge éducative à une mère déjà surbookée par son boulot d'avocate. votre petit enfant à tête blonde ne se calme toujours pas, il donne même des coups sur la banquette conducteur et te malaxe les vertèbres de ses petites jambes. "Bon cette fois ça suffit bordel de merde" tu t'énerves, tu éructes, finissant par te retourner totalement , oubliant, empreint de fureur la route qui ne finit plus d'être dangereuse. un nouveau lacet, les feux jaunâtres d'une voiture qui percent la nuit noire, un léger instant d’inattention et te voilà déporté sur l'autre voie, face à ce monstre de ferraille avançant dangereusement. une alarme rugissant dans ton esprit. tu donnes un violent coup de volant, tente de rétablir la trajectoire du véhicule, mais face à la route verglacée, les roues ne suivent plus. la ford part en tête à queue, détruit la barrière de sécurité et plonge dans le vide. une chute de six mètres qui semble se dérouler au ralentie, le véhicule qui rentre en conflit avec l'eau glacée. la fine couche de glace qui explose sous l'impulsion du monceau de plusieurs tonnes, le  pare brise qui éclate, vaincu par les litres d'eau, la pression qui s'abat lentement sur le véhicule, l'encerclant, enfonçant les portières, tordant la tôle. la morsure glaciale de l'eau, le corps ankylosé, sombrant peu à peu dans un doux réconfort, abandonner, fermer les yeux. une vive décharge électrique. l'adrénaline, concentré liquide qui circule dans tes veines, pression qui tape avec fureur contre ton cœur. un vif mouvement pour détacher la ceinture. l'eau qui te maintient violemment contre le siège, une lutte sans fin. tu jettes un coup d’œil vers ta compagne. elle a les yeux dans le vague. détacher sa ceinture, la prendre dans tes bras, remonter avec elle. tu t’exécutes, les membres engourdis. vous atteignez la surface, elle a repris connaissance. "Notre fils” souffle-t-elle. tu l’abandonnes, replongeant dans l’eau glaciale. la voiture a atteint son terminus, s’est écrasée dans les tréfonds sablonneux. tu repasses par le pare-brise déglingué. réexécuter les mêmes gestes.  tu finis par le remonter, le dépose sur la berge la plus proche, où s’est échouée ta femme, tremblotante de froid. tentative désespérée de le réanimer, pratiquer les premiers secours, le corps du gosse qui ne répond pas à vos suppliques. il ne se réveillera jamais.

tu contemples le corps sans vie de ta femme. une mare de sang se forme lentement à ses pieds. les giclées d’hémoglobine et de cervelles souillent définitivement le mur. mur blanc n’est plus immaculé, mur blanc porte désormais les dernières traces de ta compagne. dix minutes ont suffit, dix minutes d'inattention, dix putain de minutes pour qu'elle se saisisse du pistolet, l’enfonce profondément dans sa bouche et tire. tu tiens dans tes mains un papier imbibé de tes larmes. l’encre a coulé et les mots s’effacent peu à peu. “je suis désolé, je ne peux plus”.

tu hurles à la lune, complainte du loup en quête de son clan, mais dans le silence d’une nuit d’encre, personne ne te réponds.  la meute est partie, elle t’a laissé dans cette moiteur. le froid s’infiltre à travers les interstices des portes, un lent frisson qui glisse sur l’échine de ta nuque endolorie. les larmes ruissellent, serpentent sur ton visage noirci par les nuits : volées, perdues, par les complaintes infinies d’un cœur en lambeau. tu hume l’écharpe qu’elle portait chaque jours, mais l’étole n’est plus imprégnée de son odeur. la fragrance de bergamote et de mandarine s’est dissipée, ne reste plus que la froideur impersonnel d’un morceau de tissus. sa présence se dissipe dans le réel, les photos écornés d’une famille heureuse, dernier vestige du concret, trônent dans le clair obscur d’une étagère éclaircie par un doux rayon de lune. ta main accroche un objet glacial, métallique. tu le porte contre ton crâne, ton doigt rippe sur la détente, ta vie défile en un instant, sous forme de flashback, kaléidoscope de couleurs. tu te fais violence. enclencher. un fugace instant, deux secondes de courage pour atteindre le consécration, le calme, le silence. une salve de plomb qui se fiche dans ton crâne, un trou noir qui t'aspire, la fin des souvenirs, cette tumeur qui te ronge, t’aliène, te tord de douleur.  tu t’escrime, tu hurle, tu fulmine. Le pistolet tombe. lentement. s’écrase sur le sol. le cliquetis du metal contre la pierre, rejoint par ton corps ravagé par les pleurs. *Je suis désolé, je n’ai même pas la force de vous rejoindre* trop égoïste pour en finir, trop lâche pour vivre. tu n'es plus qu’une loque.