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 infatuation (sly)

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Message Sujet: infatuation (sly)   infatuation (sly) Empty Dim 30 Sep - 15:19

il y avait eu l'avant. et il y avait l'après. avant... tout semblait loin. si loin. des bribes de conversation. des mains abîmées. une sensation de chaleur. et puis des yeux, des yeux bleus, si bleus. maintenant, il n'y avait plus rien. le vide. avant, il y avait eu lui, et elle. maintenant, il n'y avait plus qu'un plaisant et lointain souvenir, et un corps, amas de chair échoué quelque part entre eux deux. là où l'espoir tentait en vain de survivre. seul lien entre ses yeux ternes et la lumière, à l'extérieur. elle avait essayé. de l'oublier. elle s'était battue. mais elle en avait pris, des coups. et elle avait compris. tout cela était futile. elle n'avait pas le droit à l'amour. seulement à la mort. alors elle se laissait couler, dans cette mélancolie, qui n'avait de sens que parce qu'il lui en donnait. un mauvais rêve. rien de plus. elle se réveillerai. un jour. et elle se demandera ce qu'elle avait bien pu attendre, pour vivre à nouveau. mais, tandis que le laudanum limpide remplaçait le vin rouge, la frontière - ténue - entre conscience et sommeil devenait de plus en plus abstraite.
elle dormait le jour, endurait la nuit. s'il y avait une quelconque absurdité dans son comportement, elle l'avait déjà oubliée depuis longtemps. tout comme le temps, qui se distordait de façon de plus en plus grotesque au fil de sa folie. négligeant morphée, lui préférant son artificiel mais exquis élixir. elle ne sortait plus. les jours défilaient, lui paraissaient longs, trop longs. le désir était sa seule prison, dont elle ne pouvait se défaire. il intoxiquait chacune de ses pensées ; la laissait pantelante, et esseulée, dans un lit bien trop grand ; et l'entraînait avec lui plus profondément. l'oubli, comme seul antidote, était introuvable. alors, elle s'y abandonnait, le laissait administrer son âme et corps.
lentement, elle se dépouillait de ce qui avait un jour été "elle". elle avait brûlé les pinceaux, dans un caprice extravagant. bien sûr, elle l'avait regretté. mais elle n'avait pas eu l'énergie d'aller en acheter de nouveaux. cloîtrée, loin des hommes, au milieu des cadres et des verres qui prenaient la poussière. sa chevelure d'ébène, qu'elle chérissait tant, charcutée. une nuit que l'ennui était trop viscéral, elle avait saisi la paire de ciseaux brillante et avait arraché, une par une, les mèches brunes, pour les regarder se poser avec grâce au sol, indifférente. n'épargnant qu'une longueur suffisante pour épouser doucement ses épaules. elle pensait, hagarde que, peut-être, cela pourrait "lui" plaire. mais, déçue de constater dans le miroir fendu que la dureté de ses traits n'en sortait que renforcée, elle était retournée somnoler quelques heures. pour ressasser la scène, encore une fois. se complaire égoïstement dans cette magnifique affliction.
elle le connaissait sur le bout des doigts, ce moment fatal, où le "eux" avait cessé d'être. elle l'avait reconstruit, dans ses détails les plus douloureux, pour s'obliger à le revoir. pour ne pas oublier. lui, et ses mots mortels. sa colère. sa douleur. la situation, hors de contrôle. sa silhouette qui s'éloigne, lentement, sans qu'une parole ne puisse sortir de sa bouche. seulement, quand il était parti, et qu'il ne restait plus qu'elle et cette église, elle l'avait appelé. elle avait crié son nom. mais il n'était pas revenu. il l'avait laissée seule, à genoux, sur le pavé qui lui entaillait la peau. ne comprenant que trop tard l'ampleur de sa faute. tragédie qu'elle avait, de bout en bout, provoquée seule. maîtresse de sa propre décadence. il avait fallu que le curé passe par là et la ramène chez elle, pour renouer superficiellement avec la part de son être qu'elle avait abandonné là-bas, sous le regard apathique de celui qui savait.
elle l'avait maudit. et elle l'avait glorifié. elle avait sanctifié son nom, chuchoté honteusement, le superposant à celui de "dieu" dans les prières qu'elle récitait avec implication, pour tuer le désarroi. parvenant à un degré innommable de blasphème. ne pouvant qu'imaginer sa présence, comme l'entité insignifiante qui l'observait, quelque part au-dessus.
une fois, une fois seulement, elle l'avait vu. il lui semblait que, quelque part, il l'appelait, et se languissait de son absence, comme elle abhorrait la sienne. hallucination engendrée par son esprit exténué, malade d'orgueil.
tout après cela lui paraissait flou. elle se voyait, absente, comme hors de son propre corps, promenant ses lèvres pourpres sur celles, blafardes, d'une fille de la moitié de son âge, rencontrée par hasard dans un de ces bars huppés du queens. renouant dans deux de ses vieux amours, les femmes et l'alcool. et puis, soudain, elle réalisa. l'amertume accumulée durant ces longues semaines resurgit, donnant un goût infâme au baiser. peut-être était-ce ses perfides cheveux blonds. ce même air insolent, qu'il y avait aussi dans son regard, propre à la jeunesse. qui disait, "essaie, essaie un peu, de m'aimer, juste pour voir". elle ne se souvenait plus vraiment de ce qu'elle avait pu faire, mise à part la main ferme du vigile sur son épaule, la priant de quitter l'établissement au plus vite. et puis il y avait aussi la colère noire. le désespoir. elle espérait juste ne pas avoir fait trop peur à la jeune fille. elle l'aurait volontiers revue dans un jour meilleur.
elle haïssait. tout. ces couples, qui passaient à sa hauteur. riant, s'embrassant. s'aimant. tandis qu'elle déambulait, distraite, elle prit conscience de l'imprudence de sa conduite. il n'y avait presque personne, qui passait ici, à cette heure. elle pourrait très bien se faire tuer. ou même violer. mais elle l'attendait, ce sombre inconnu qui saurait la tirer de son insupportable torpeur. qu'il lui fasse ressentir quelque chose. la peur. la douleur, physique. et personne ne vint. alors, elle continua sa macabre promenade, irrésistiblement attirée par la nuit.
"un autre verre, s'il vous plaît." boire n'était sans doute pas la façon la plus mature de soigner un coeur endeuillé. peut-être cela l'aidera-t-elle au moins à dormir un peu. il lui semblait que tous les regards étaient braqués sur elle, la détaillant avec leurs yeux brillants, inquisiteurs. avait-elle fini par échouer dans ce genre de cafés sordides - à moins que ce fut une boîte de nuit, n'ayant qu'une connaissance très limitée de ce genre d'endroits qu'elle méprisait - dans lesquels ces pauvres orphelins bagarreurs, les "sons of the harpy", appréciaient pour conclure leurs petites affaires louches et bavarder entre hommes, à coup de plaisanteries graveleuses et de complicité virile ? son corps lui était décidément traître. elle les aurait provoqué, si seulement elle ne se sentait pas aussi excédée. ou, qui sait, voir un peu de sang couler pourrait lui faire du bien. le sien, ou le leur. elle y réfléchirait, un peu plus tard. elle s'accommoderait de la liqueur vermeille pour le moment. c'est en surprenant son reflet dans le petit miroir de poche qu'elle comprit la raison de cet engouement soudain. elle n'avait plus rien de la madone voluptueuse de ce jour fatidique. fragile, trop fragile. ses yeux livides étaient cerclés de noir, son teint, exsangue, et le satin noir de sa longue robe n'épousait qu'infidèlement les formes amaigries. elle ressemblait à ces femmes entre deux âges, abandonnées par leurs amants. hantant les bars pour s'offrir à n'importe quel joli garçon qui lui conterait des mots doux, pour raffermir son amour-propre blessé. fleur fanée. elle n'aurait jamais pu imaginer tomber aussi bas. elle se révulsait. ne restait que la présence froide mais paternelle du chapelet, qui pendait vulgairement entre ses seins à peine dissimulés. adoucissait subrepticement sa peine. elle secoue la tête, troublée. pourquoi ? pourquoi ne s'en allait-il pas ? elle inhale les vapeurs épicées de sa cigarette. elle l'aurait bien arrachée à mains nues, cette tumeur qui la dévorait du plus profond d'elle-même. mais elle avait peur, peur de souffrir encore plus. tout cela n'avait aucun sens, aucune raison d'exister. elle ferme les yeux, chasse le spleen entêtant, la terrible migraine. et puis, quand elle les ouvre, elle le voit. les traits tant fantasmés. elle estima qu'ils devaient être réels, puisqu'ils ne s'évanouissaient pas, même en les balayant du revers de la main. "oh, c'est toi." elle n'était pas étonnée. après tout, ne l'avait-elle pas voulu ? à moins que ce fut lui, qui l'avait poursuivie, durant tout ce temps... "tu m'as manqué." le ton léger, sémillant. comme si rien ne s'était jamais passé. comme si elle s'était contentée de l'attendre patiemment, sans rancoeur. elle aurait pu, venir lui parler. décrocher le téléphone. tout lui avouer. la culpabilité, l'humiliation. l'envie. "si tu es venu me tourmenter, ou te venger, je ne sais pas - sache que c'est ton jour de chance. je n'aurai certainement pas la force de te flanquer une bonne correction demain matin." mais elle savait, elle savait trop bien, que rien de tout cela n'était amusant. le vin brouillait ses sens, mais aiguisait douloureusement son affection. elle remarquait soudainement ces petits détails qu'elle n'avait jamais vus, aveuglée par le narcissisme. une nouvelle teinte de bleu dans les iris éclatants. un minuscule grain de beauté. peut-être avait-elle tout gâché. peut-être était-ce la fin. ou le début de quelque chose d'un peu plus beau. elle ne désirait que le savoir. dépérissant, en attendant une réponse, un fragment de certitude. l'amor dans l'âme.
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Message Sujet: Re: infatuation (sly)   infatuation (sly) Empty Sam 13 Oct - 23:19

artemisia.
il n'y avait qu'elle qui comptait.
depuis le jour fatidique où il l'avait laissée sur le parvis de l'église, la bruine comme seule alliée, il n'avait pas passé un jour sans fantasmer sur ses traits. il la voyait partout, tant et tant qu'elle avait fini par remplacer les cheveux blonds et le minois flouté mais semblable qui hantait tous ses rêves par le passé.
elle était partout, mais elle n'était nulle part. et revenaient sans cesse ces pensées houleuses et tourmentées qu'elle l'avait rejeté. qu'elle s'était amusée à s'emparer de son palpitant sanguinolent à mains nus pour le montrer – comme un trophée – dans les soirées mondaines qu'elle affectionnait tant.
- regardez toutes.
elle s'était écriée, rompant un brouhaha incessant, choquant les palpitants. la musique elle-même, comme mue d'une impulsion propre, s'était tue.
- c'est bien le cœur de sly amor qui trône dans mes mains.
et elles s'étaient toutes attroupées, groupies infâmes, sirènes nébuleuses, pour admirer l'organe encore chaud qu'artemisia avait dérobé. une horde d'exclamations avaient alors retenties, comme une explosion ou un orgasme. d'une violence à couper le souffle, d'un tsunami ravageur. et artemisia avait alors légitimé sa place parmi les plus grands de ce monde, d'être parvenue à foutre sly amor sur les rotules, esclave et pantin du moindre de ses faits et gestes.
il avait tourné et retourné le problème dans tous les sens : les sentiments qui le mettaient au supplice n'étaient qu'un leurre dont il devait se débarrasser. il ne les éprouvait pas tant pour artemisia mais bien pour l'idée idyllique de connaître un amour pur mais chaotique. dévastateur mais d'une beauté à couper le souffle.
et pourtant.
et pourtant.
et pourtant.
c'était toujours le minois d'artemisia qui s'imposait comme autant de visions d'horreurs (et de fantasmes inavoués).
et pourtant.
et pourtant.
et pourtant.
c'était son corps qu'il voulait contre le sien, même s'ils n'étaient qu'un bonnie & clyde imparfaits et absolument pas faits pour s'aimer. même si leur amour n'était qu'une illusion blasphématrice tout juste bonne à choquer un jésus christ tout juste ressuscité. toutes ses pensées n'étaient plus dirigées que vers la longue chevelure brune et les traits durs si aisément adoucis par les faux-semblants qui s'accrochaient à sa peau – et écorchaient le palpitant d'un sly amouraché.
pendant quelques jours, il avait été même pris d'une impulsion soudaine : trouver une femme au hasard parmi la peuplade transpirante d'un bar ou d'une boîte de nuit pour la séduire et la ramener chez lui. pour déchiqueter du bout des dents cette image persistante sur sa rétine – persistance rétinienne de mes deux. la première femme à dénicher pour la baiser et pour oublier artemisia.
mais n'aurait-ce pas été une autre forme de prostitution ? une autre preuve de son âme, irrémédiablement accrochée à la déité – némésis de son cœur ? oublier ses valeurs, oublier ce qu'il était, juste pour ne plus être hanté.
alors il avait laissé là la femme avec qui il flirtait, en plan, pour s'enfuir dans la nuit. et il avait déclenché quelques bagarres dans les bars – toujours avec l'idée qu'elle viendrait guérir son âme et ses blessures superficielles et corporelles – pour avoir la joie malsaine de voir le cruor s'étendre sur l'asphalte souillée. que ce soit le sien ou le leur, ça n'a jamais compté. ce qui comptait, c'était le bonheur édulcoré de n'être plus qu'un corps, de n'être plus qu'un amas de chair douloureuse, et plus une personne à part entière.
un monstre fait de chair et de sang.
et il semblait enfin respirer à nouveau. alors il avait décidé de rejoindre certains de ses gars dans une boîte de nuit du centre pour profiter. le faciès adorable d'artemisia continuait à s'imposer par intermittences, mais il avait découvert que l'alcool était particulièrement efficace pour chasser la moindre pensée de son esprit. alors il luttait comme il le pouvait, avec la seule force de son foie déjà éreinté, pour demeurer le maître de son corps et de ses pensées.
quitte à ne plus en avoir du tout.
quitte à être une loque incapable d'exister.
il gagne alors le bar d'une démarche déjà pantelante ; les gars qu'il était venu retrouver s'étaient commandés un bon stock dans une table, dans un coin de la boîte. il faut faire le ravitaillement, et sly est bien décidé à ne pas laisser ses sous-fifres s'occuper de lui sans les remercier à son tour. il titube, il manque de tomber, et il ne ressemble à rien d'autre qu'un déchet…
mais ce soir, sly se sent grand. sly se sent puissant. parce qu'artemisia n'est plus là, à le condamner pour son attitude, à se moquer de lui comme une sorte de ritournelle tortueuse. il se laisse tomber sur un des tabourets, ignore même les personnes alentours quand une voix lui crispe tout le corps.
"oh, c'est toi."
il se tourne lentement.
ce n'est qu'un mirage de plus.
un symptôme criant du manque que tu endures, héroïnomane ayant décidé de se ranger.

les cheveux plus courts. le minois toujours aussi dur.
les cheveux plus clairs. le minois toujours aussi pur.
il ne réfléchit pas, tend les mains et lui touche les pommettes.
je dois rêver.
"tu m'as manqué."
les mains se mettent à trembler. il n'y prête pas attention.
- t'es pas là.
il baragouine difficilement. y'a un flot de larmes qui prennent possession de ses opales claires, mais il refuse de les laisser couler. alors il cligne des yeux comme un malade – et il est persuadé que ça l'aidera à mieux voir.
mais il la touche, non ? alors c'est qu'elle est là.
de sa main libre, il claque des doigts – suffisamment fort à ses oreilles, et apparemment à celles des membres des sons of the harpy ; on ne sait pas trop comment ça se fait, mais ça fonctionne – et ses gars arrivent.
- est-ce que c'est artemisia ?
il demande, pressant, la panique brûlant dans ses iris.
- artemi quoi ? qui ?
il lâche sa musésis – muse et némésis – et attrape avec violence les bras du gars qui a osé lui répondre.
- artemisia ! tu l'as déjà vue ! tu l'as forcément déjà vue !
le gars ne répond pas ; ou p'têtre bien qu'il répond, mais sly ne l'écoute déjà plus. il s'est retourné vers artemisia et la dévore des yeux. ses doigts enserrent – d'une brutalité toute relative, entre douceur et douleur – les bras de l'intéressée quand il marmonne :
- j'étais presque sevré, tu sais…
je commençais à aller mieux. à me relever de toi.
il dit tellement avec juste son regard qu'il ne croit pas nécessaire d'en dire plus. il ne sait plus qui il est, ce qu'il est, et l'alcool n'aide absolument pas.
"si tu es venu me tourmenter, ou te venger, je ne sais pas - sache que c'est ton jour de chance. je n'aurai certainement pas la force de te flanquer une bonne correction demain matin."
reprends-moi.
il aimerait la supplier, mais c'est trop dur : il aimerait lui dire qu'il accusera tout, qu'il pourrait se damner pour être l'homme de sa vie. qu'il acceptera de n'être que son jouet, uniquement pour exister à ses côtés.
mais il a fait du chemin depuis les années qui se sont écoulés depuis qu'il l'a laissée – ça n'est pas vraiment des années, mais il le perçoit ainsi. il ne doit pas crouler. sombrer. échouer.
- n'inverse pas les rôles, artemisia. c'est toi qui me hante. c'est toi qui te nourris de mon âme.
il répond, entre ton agressif et ton d'une douceur surprenante. et finalement, il éclate de rire. mon âme… elle n'existe plus depuis des années, l'âme de sly amor.
- t'existe pas. t'existe plus. alors j'peux te dire un secret : je m'appelle salvador.
il finit par murmurer, sans être certain d'être ancré dans la réalité, dans un mirage ou dans un rêve. il se fiche que tout le monde puisse possiblement entendre, il se fiche de ce qu'il vient de révéler et du fait qu'elle pourrait encore plus être sa perte.
il est comme un drogué devant une dose. il ferait n'importe quoi pour en reprendre.
et il ne comprend qu'à présent ce qu'il fait endurer à tous les clients qu'il fournit. il comprend qu'il est le diable sur leur épaule, à leur rappeler qu'il faut sombrer et ne surtout pas se relever.
mais il ne se haïra que demain. ce soir, il faut profiter.
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Message Sujet: Re: infatuation (sly)   infatuation (sly) Empty Dim 21 Oct - 12:07

la folie. la mort. magnifique. un monde intermédiaire, où se rencontraient fiction et réalité, dans un amalgame de rêves tantôt sages, tantôt aberrants. peut-être était-ce cela, l'amour. ou peut-être était-ce cette bête féroce, ce monstre sanglant aux yeux rubis qui la guettait chaque fois que ses paroles abjectes s'adoucissaient, et prenaient la teinte tremblotante de cette tendresse qu'elle n'offrait qu'à lui. ce serpent qui enserrait sa gorge et l'assassinait jour après jour. la laideur de son âme. une évidence, qu'elle avait appris à accepter. mais avait-elle jamais eu le choix ? ce qu'elle avait fait lui était insupportable. elle l'avait parjuré. insulté. et pire, elle avait osé le toucher, d'une façon qui n'était pas celle que l'amour aurait dû lui dicter. le prince au visage de chérubin. son coeur se serrait, au souvenir coupable de ce soufflet. la douleur qu'il avait dû ressentir, elle se l'était infligée au centuple. mais cela ne suffisait pas. cela ne suffirait jamais. elle l’aurait arrachée, cette main. son blasphème. elle aurait fait bien pire, si cela avait pu le ramener, si elle avait une once de courage. mais, au lieu de cela, elle s’était contentée de geindre. se lamenter, comme l’héroïne éponyme de son livre de chevet, marie-madeleine aux larmes impies. suppliant dieu de lui rendre son jouet, qu’elle s’amuse encore. pour tuer l’ennui. pour faire naître le désir. et se perdre à son propre jeu. encore et encore. jusqu’à l’égarement. ses prières avaient été attendues. elle avait gagné, l’insolente. il était là, juste là. elle n’avait qu’à le cueillir. le faire s’échouer contre ses crocs acérés. avec quelque battement de cils, ou cuisse dénudée. mais même le diable pouvait avoir des remords. et avoir pitié. de lui. de son pauvre coeur qu'elle avait, divine chasseresse, injustement transpercé de ses flèches acérées. bien sûr, elle aurait pu se montrer clémente. lui promettre félicité et lascivité. mais la déesse de l'amour répondait au doux nom d'aphrodite (ou celui, mortel, de "silene"). d'autant plus que, ce soir, elle n'avait aucun charme à lui offrir, si ce n'était une mélancolie infinie. plus de robe de soie immaculée. plus de chevelure luxurieuse. le carmin du rouge à lèvres s'était évanoui, apposé sur le verre étincelant comme une sanglante signature. ne restait qu'elle. pâle fantôme d'une amante oubliée. "t'es pas là." il commençait à deviner. c'était douloureux. trop. elle n'avait jamais été vraiment là. (sauf quand elle le vit pour la première fois. sauf quand il l'a embrassée pour la première fois. sauf quand il était présent, à ses côtés, lui et personne d'autre. mais comment ? comment lui dire ?). du bout de ses doigts, ses joues creuses semblaient reprendre leurs couleurs. ses mains tremblaient, hagardes, incertaines. au lieu d'empoigner ses boucles pour l'attirer vers lui et capturer ses lèvres, comme elle l'aurait tant voulu. elle ferma les yeux, attendit. et puis, une voix gutturale, et la précieuse volupté de ce moment s'était évanouie à jamais, la frustration évaporée au gré des volutes grisâtres de fumée. "est-ce que c'est artemisia ?" était-elle devenue hideuse à tel point qu'il ne la reconnaissait plus ? tout de même, elle n'avait pas l'air si âgée. à moins qu'elle ne fut devenue sa propre contrefaçon. auquel cas, c'était ironique, et plutôt cocasse. "artemi quoi ? qui ?" si elle détestait entendre son suave patronyme écorché par un de ces idiots d'américains, la scène était trop belle pour ne pas en rire. elle ignorait si c'était l'alcool, ou bien la névrose, mais elle trouvait soudainement tout cela particulièrement amusant. "artemisia ! tu l'as déjà vue ! tu l'as forcément déjà vue !" elle ne put s'empêcher de rire, dans ce qui lui parvint plutôt comme un ricanement éraillé par le tabac. elle se demandait à quoi il pouvait bien jouer. il avait l'air fou. exactement comme elle. enfin, il l'avait rejointe, dans ce délicieux jardin dont les portes n'étaient ouvertes qu'aux esprits les plus pervertis. alors, quand il la regardait ainsi, elle en était convaincue - il avait perdu la raison. s'être entiché d'un démon ne pouvait être que le fait d'un imbécile. ou bien, dans son cas, d'un aliéné. et, savoir qu'elle était la cause d'une telle extravagance la remplissait de bonheur, lui faisant perdre pied avec la réalité un peu plus. elle souriait, les yeux rêveurs. béate. et le supplice mielleux, de sa main enserrant son bras, la poussait un peu plus vers l'enfer qui l'attendait, une fois séparée de lui. "j'étais presque sevré, tu sais…" l'ablactation était, elle le savait, difficile. tous deux dépendants de la même drogue. mais, le plaisir n'avait aucun sens sans la crainte ; c'était là toute la beauté de cette passion destructrice qu'ils laissaient couler dans leurs veines. "je n'ai jamais eu l'intention d'en finir avec toi." un rictus mi-ennuyé, mi-désenchanté. oh, non. certainement pas. "n'inverse pas les rôles, artemisia. c'est toi qui me hante. c'est toi qui te nourris de mon âme." et elle avait faim, terriblement faim. ses ongles vermeil tapotaient frénétiquement contre le comptoir, et ses iris carnassiers parcouraient les lignes de sa mâchoire. malgré l'ivresse, malgré la demi-obscurité, elle le voyait clairement, très clairement, à présent. il avait plié un genou à terre, dans un certain sens. c'était l'ouverture qu'elle attendait, pour lancer une de ses piques mortelles. comme un vieux réflexe. pour le voir faiblir. pour pallier à cette haine, secrète, enfouie, de devoir tomber si bas rien que son affection. pourtant, au moment de lui sauter à la gorge, l'envie lui manqua. ses doux yeux semblaient la supplier de l'épargner. ou, au contraire, de l'abattre, une fois pour toutes. d'abréger son exquise souffrance. une ultime balle en pleine poitrine. qu'elle ne panserait pas, cette fois-ci. mais elle n'y arrivait pas, à imaginer ce que pourrait être sa morne vie sans lui. et, elle le savait parfaitement, la prochaine rechute serait sa dernière. elle en mourrait. alors, avant le coup de grâce - parce qu'il arriverait, certainement -, elle se repaissait une dernière fois de sa douce vision. buvant le bleu des yeux. la physionomie aussi doucereuse et affable que la sienne était sèche et ampoulée. tout lui paraissait tellement évident. leurs corps qui se répondaient et s'attiraient douloureusement. à tel point que de ne pas se trouver dans ses bras, ici et maintenant, lui semblait la plus écoeurante des hérésies. "t'existe pas. t'existe plus. alors j'peux te dire un secret : je m'appelle salvador." le sourcil qui se hausse. la lèvre qui tressaille. la cigarette qui vient s'écraser à même le zinc. "menteur." la sentence était prononcée. sans autre forme de procès. l'instinct de femme blessée propre à la reine-mère lui interdisait la moindre clémence. "salvador". si c'était ainsi qu'elle devrait crier le nom de son bourreau aux portes du purgatoire (ou celles du paradis), soit. mais n'était-il pas qu'une énième ruse, destinée à s'approprier le coeur serti d'épines de l'amante désaimée, en lui faisant miroiter un semblant de vérité, comme un diamant factice offert après une dispute ? "l'autre jour, tu m'as dit que tu m'aimais. pourtant, tu m'as laissée seule... toute seule..." elle se sentait défaillir, la réminiscence de ce jour maudit s'instillant à nouveau dans son esprit. elle aurait pu faire voler le tabouret, briser le verre, faire couler le sang. déchaîner la colère. mais ses mains avaient cessé de trembler. ses sourcils épais s'étaient figés en une courbe interrogatrice. comprendre. elle voulait simplement comprendre. "alors, pourquoi te croirais-je ?" elle était cruelle. elle le savait. mais c'était ainsi. "pour moi, tu ne seras jamais que sly, le petit garçon qui joue au gangster." ou, du moins, jusqu'à ce qu'il lui trouve une bonne raison de murmurer le nouveau patronyme. aux accents latins qui sonnaient comme une chanson, quand elle le prononçait sans bruit, profitant de l'obscurité ambiante. mais il n'avait pas besoin de le savoir maintenant. un peu plus tard, lorsqu'ils seraient seuls. loin de cette foule hétéroclite qui l'étouffait. pour ce qui était de sa mesquinerie, elle mettait cela sur le compte de l'alcool. plus simple, tellement plus simple que de faire face à ses propres défauts. "tu ne comprends pas. c’est toi, que je veux. seulement toi. pas je ne sais quel nouveau stratagème que tu aurais imaginé pour me flouer, une fois de plus." et voilà qu’elle retombait de nouveau dans ses pires travers. la confiance. elle aurait pu lui donner. ce n’était pas grand-chose. rien de plus que tout ce qu’elle lui avait déjà donné. sa foi, son coeur, ses lèvres. et puis cette déclaration d'amour, à peine déguisée. jamais complètement sincère. parce qu'elle n'y arrivait pas encore. incapable de dévoiler, à son tour, ses plus sombres secrets (qui était-elle ?). égoïstement absorbée par sa propre douleur. ignorant celle de sa chair, son sang. son tout. la flamme frémissante du briquet illuminait l'extrémité d'une nouvelle cigarette, et la fumée s'engouffra dans ses poumons ; elle lui tendit, pour s'excuser. pour tenter de cautériser, maladroitement, certes, les tourments causés par son incrédulité chronique. mais, lorsqu'en se penchant vers lui, elle entrevoyait les blessures corporelles, les plaies rougeoyantes, encore fraîches sur ses mains, son visage - vestiges d'une de ses récentes rixes, elle supposait -, et que leur vue lui apparut comme le plus injuste des sacrilèges ; alors se disait-elle que ce qu'elle devait éprouver fleuretait résolument avec l'amour. sans orgueil, ni caprice. et elle souriait, dans le noir, en pensant à tout ce qui les attendait, plus tard. tout cela était possible ; ou aurait pu être possible ? ah, si seulement, si seulement... si seulement elle n'avait pas été artemisia.
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Message Sujet: Re: infatuation (sly)   infatuation (sly) Empty Sam 3 Nov - 12:40

artemisia della rovere n’était rien de plus, et surtout rien de moins, qu’un poison violent. un alchimiste n’aurait pu imaginer meilleur breuvage pour le foutre à genoux, agonisant dans son propre sang. c’était une mort lente et douloureuse, comme autant d’épées plantées dans son épiderme doucereux – comme du sucre mélangé à de l’eau, qu’on s’amuserait à piquer encore et encore, parce que le visuel est fort amusant.
et c’était bien ça le plus étrange, dans leur relation : ils s’amusaient et se nourrissaient de la douleur de l’autre. la souffrance comme seul aphrodisiaque, qui animait les cœurs autant que les corps. tout se soulevait en eux quand l’objet de leur désir – la bonnie et son clyde – se retrouvaient aux portes de l’agonie, le palpitant décharné, picoré par des centaines de vautours affamés.
artemisia et sly ne pourront jamais s’aimer. parce qu’ils sont trop imparfaits. parce qu’un couple, c’est s’élever vers les cieux et qu’eux demeurent irrémédiablement attirés par les enfers… par les ténèbres. il lui proposerait avec la plus belle déclaration d’être sa perséphone, déesse de ses enfers, quand elle lui rirait à la gorge que les rôles sont inversés. c’est bien à artemisia que tout appartient, et elle deviendrait donc hadès pour que lui ne soit plus qu’un cerbère oublié, à grignoter quelques os qu’on lui aurait laissé – le corps affamé.
sly peine à garder pied avec la réalité ; la violence de sa dernière joute envoie encore des salves d’adrénaline dans ses veines, et cette dernière palpite avec la même euphorie qu’un rail de cocaïne. il voit flou, il voit un kaléidoscope de couleurs, il voit l’invisible. et dans toute cette omniscience délicieuse ne subsiste qu’artemisia, déesse de ses nuits, némésis de son myocarde, lilith encourageant le corps – traîte ! – à lui obéir.
il a la bouche sèche de se trouver face à toute sa beauté. parce qu’avec ses cheveux plus courts et plus clairs, elle est plus angélique encore ; masque hideux qu’elle revêt et qui pousse les faibles – comme lui – à lui succomber. divin stratagème. parce qu’avec ses cheveux plus courts et plus clairs, ses traits magnifiques ressortent avec encore davantage de dureté. pour sly amor, rien n’est plus attrayant que la souffrance ; que les épines ; que les traits émaciés sur lesquels se blesser… masochiste qui s’ignore.
alors elle rit de son supplice, et sly s’en offusque. mais sly ne dit rien, parce que sly n’est même pas certain qu’elle soit vraiment là ; ce n’est pas la première fois que son esprit lui joue des tours. il lui invente une sœur jumelle qui crée un trou béant dans le palpitant certaines nuits, fait apparaître un paternel dont il ne se souvient plus… crée des tensions imaginaires avec caïn, fait apparaître une artemisia tantôt douce et sulfureuse – qui pardonne tout et qui l’aime à se damner – pour ensuite la déchiqueter de l’intérieur et la changer en un monstre infâme qui se délecte de tous ses péchés et le pousse à sauter dans le puit des âmes.
il avoue sa faiblesse, et elle l’enchaîne toujours plus à son rochet près des cieux, victime des vautours dévorant son foi chaque jour.
"je n'ai jamais eu l'intention d'en finir avec toi."
un jouet. c’est tout ce qu’il est.
et quand bien même ce serait vrai ? sly deviendrait le chris marchant sereinement jusqu’à la croix pour y être crucifié, si seulement ça signifiait d’être sien et d’être aimé par son palpitant hermétique jusqu’à la fin de ses jours.
et il se met toujours plus en danger en révélant le secret qui régit sa vie… pour ne récolter que dédain ; il voit bien à ses réactions qu’elle n’en croit pas un mot, et elle l’achève.
"menteur."
il ne réfléchit plus, attrape son cou frêle entre ses doigts ; de la périphérie de son champ de vision, il voit ses sous-fifres se tendre et hésiter à le faire cesser. le roi fou mérite son titre et il n’est pas bon de le contrarier… il voit dans leur gestuelle qu’ils pèsent le pour et le contre : c’est elle ou nous.
alors ce sera elle.
il ne serre pas fort, mais suffisamment pour que ce soit désagréable. il n’est plus qu’un monstre dénué d’âme, seulement ancré dans la violence de sa passion.
- tu ne me feras jamais confiance, pas vrai ?
il demande avec lassitude ; il veut se battre, parce que c’est ce qu’il a toujours fait… mais avec artemisia, il ne sait plus comment se relever et lui faire comprendre l’odieuse vérité : il fera toujours tout pour qu’elle le garde à ses côtés, quitte à s’oublier, quitte à être esclave de ses pensées.
"l'autre jour, tu m'as dit que tu m'aimais. pourtant, tu m'as laissée seule... toute seule..."
il tourne la tête de droite à gauche, la lâche d’un seul coup… pour prendre la tête entre ses mains, cacher à ses oreilles les phrases frauduleuses qu’elle lui sert sur un plateau d’argent.
"alors, pourquoi te croirais-je ?"
pause.
"pour moi, tu ne seras jamais que sly, le petit garçon qui joue au gangster."
il a envie de hurler. un petit garçon qui joue au ganster.
et toi, tu n’es qu’une vieille mégère ! il aimerait répondre, mais ce ne serait qu’une preuve qu’il ne sait pas se défendre et qu’il n’est rien de plus qu’un enfant qui essaie de jouer au grand. elle n’a pas tort, après tout : il est le parfait soldat qui fait ce qu’on lui demande, même s’il n’en a pas envie. même s’il a une peur titanesque de voir tous ses membres et amis mourir à cause de ses décisions… parce qu’être dans un gang, c’est un danger constant.
"tu ne comprends pas. c’est toi, que je veux. seulement toi. pas je ne sais quel nouveau stratagème que tu aurais imaginé pour me flouer, une fois de plus."
il tourne la tête de droite à gauche, encore une fois. trop dur. ses mains ne parviennent pas à tout dissimuler… voire même rien du tout ; il entend chacun de ses mots, qui l’attaquent comme autant de vers dévorant sa chair putréfiée.
- menteuse !
il gueule, mais ça n’est perçu que comme un murmure dans le brouhaha ambiant.
- qu’est-ce que je t’ai fait, pour que tu t’amuses à me piétiner encore et encore ?
il pointe un doigt dans sa direction.
- regarde les choses en face, tresoro. je ne serai jamais assez bien pour toi. ouvre les yeux, je t’en conjure.
il fait les cent pas, s’approche du bar pour attraper un verre déposé là – sans doute pour un client, mais il se fiche d’absolument tout ce qui peut se passer maintenant. il écrase même son poing – déjà abîmé – sur la surface du bar. la douleur le réveille un peu de ce brouillard, mais pas suffisamment. il faut qu’il pense. il faut qu’il renverse l’échiquier. il faut qu’il arrête d’être le seul à être la victime de ce petit jeu malsain.
il finit son verre d’une traite et le balance aux pieds d’artemisia. il se baisse pour ramasser un éclat – s’écorchant encore plus la peau au passage – et le pointe dans sa direction.
- je pourrais bien mourir que t’en aurais rien à faire, pas vrai ? parce que tu me crois jamais… donc j’peux faire ça, tu me croiras pas…
il pointe le morceau de verre vers sa gorge ; si artemisia ne veut pas de lui et refuse même de lui offrir ne serait-ce que sa confiance, alors à quoi sert la vie ? artemisia et sly ne pourront jamais s’aimer, et pourtant ça ne les empêche pas d’essayer… amants maudits, roméo et juliette du vingt-et-unième siècle.
mourir pour renaître.
mais le roi des enfers ne peut pas trépasser… ce ne serait pas un dieu, sinon.
alors que risque sly amor à essayer ?
à mort !
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Message Sujet: Re: infatuation (sly)   infatuation (sly) Empty Dim 11 Nov - 0:16

croire. il lui fallait croire. elle le devait. elle croyait. à beaucoup de choses. irrationnelles certitudes, déraisonnables superstitions, que ce qui avait été écrit quelque part, en des temps reculés, dans son livre froid aux pages cornées. il pouvait parler, lui. lui, qui essayait de lui administrer ses leçons de morale. comme s'il n'avait jamais douté. comme s'il ne s'était jamais demandé, une fois ses méfaits commis, une fois le stupre répandu sur le misérable queens ; une fois l'épiderme souillé par la fine poudre d'albâtre et le papier sale des billets injustement gagnés, s'il existait véritablement un dieu, ou quelqu'un capable de l'arrêter. ou, du moins, si son image de bon chrétien ne se trouvait pas un tant soit peu écorchée auprès du tout-puissant. oh, oui, il avait raison. elle n'était qu'une infâme païenne, sans cesse mouvante, incapable de se vouer à corps perdu à sa sainte personne. à ses traits séraphiques. ses paroles faussement vertueuses. et cela la tuait. la dévorait de l'intérieur, les feux de son propre enfer caressant, enjôleuses, la peau déjà meurtrie pour lui rappeler qu'elle n'aurait jamais le paradis (leur paradis) auquel elle aspirait, si elle continuait dans cette voie blasphématoire. elle le laisserait bien la tuer, s'il le fallait. du moment qu'il lui promettait de venir avec elle, pour enfin devenir les monarques légitimes de l'outre-tombe. alors, lorsqu'elle sentit ses mains fortes se serrer autour de la peau pâle de son cou fin, elle ne put ignorer ce délicieux frisson qui parcourut toute sa chair. c'était mal. elle le savait. les amoureux n'essaient pas de s'assassiner. mais avec lui, c'était différent. elle avait peur - même artemisia pouvait craindre la mort, de temps à autre -, mais elle voulait qu'il continue. tout en sachant que ce petit jeu dépravé ne la mènerait nulle part. qu'elle se sentait impure, à désirer chose aussi abjecte ; qu'elle voulait qu'il continue, lorsqu'elle poursuivit sa profanatrice mélopée, pour le pousser à bout. toujours plus loin. "tu ne me feras jamais confiance, pas vrai ?" même les pires pêcheurs pouvaient se repentir. parfois. elle ne pouvait chasser cette profonde mélancolie, qui la prenait à chacun de ses sermons. bien désolée de ne pas pouvoir être à la hauteur. d'être indigne de lui. femme adultère, sans n'avoir jamais été ni épouse ni infidèle, elle essuyait les reproches, avec autant de résignation que de désespoir. connaissant la vérité, sans vouloir l'admettre. n'avait-elle pas droit à un peu d'indulgence, elle aussi ? malgré tous les airs virginaux qu'il pouvait se donner, était-il si innocent que cela ? le doute. encore. elle en était malade. c'était un calvaire, que de devoir hésiter, soupçonner, encore, encore, et encore. et, alors qu'elle sent les regards les encercler de plus en plus, comme autant de témoins inquisiteurs de leurs déboires, elle se surprend à espérer qu'il en finisse avec elle, ici et maintenant. qu'il termine ce qu'il avait commencé le premier jour. son odyssée sanglante. qu'il prenne son coeur, qu'il le lacère. qu'il l'oublie. que tout se termine, enfin. que ce soit dans la mort, physique, ou le désespoir, lui bien vivant. faudrait-il que ce soit elle qui l'achève en premier ? au fond, artemisia avait raison, une fois de plus. "un petit garçon". il n'était qu'un gosse, qui attendrait, quoi qu'il arrive, sagement qu'on lui dise de s'exécuter, et qui n'aurait jamais le cran de faire ce qu'il avait à faire. n'importe lequel de ses ennemis n'aurait pas hésité une seconde à la regarder suffoquer lentement, pour s'extasier devant son corps froid épousant le sol ; les lèvres figées, enfin. c'était un supplice, que d'attendre son dernier souffle. ses oreilles bourdonnaient de sa respiration trop bruyante à son goût ; mais lui, il ne faisait rien. le couard. s'il ne la tuait pas, c'est qu'il ne voulait pas sa mort. s'il ne voulait pas sa mort, c'est qu'il ne la haïssait pas. s'il ne la haïssait pas, c'est qu'il l'aimait. sans aucun doute. elle se fichait bien, que tout cela n'existe uniquement dans ses chimères les plus folles. sly l'aimait. c'était suffisant. rêve et réalité. question de vie ou de mort. la pupille rêveuse, les joues de plus en plus pâles. les mains qui quittent (déjà) la gorge bleutée. la mélancolie, encore. elle toussote, tâte sa peau douloureuse. pour donner l'apparence d'avoir haï de bout en bout cette délicieuse expérience. non pas qu'elle l'ait totalement appréciée. mais c'était cela qui la rendait si particulière. "menteuse !" elle s'ingéniait à retrouver un souffle stable, mais le voilà qui redevenait de plus en plus erratique. cet index, pointé vers elle, l'accusant à son tour de ses propres calomnies, lui rappelait celui du paternel aigri, la réprimandant quand elle avait somnolé à la messe du dimanche. ou le sien, lorsqu'elle s'amusait à faire ressortir la culpabilité dans ses iris célestes. pourtant, il le faisait mieux qu'elle. il était vraiment doué. sa souffrance à lui semblait plus vraie. plus convaincante. plus brutale. elle se demandait bien comment parvenait-il à un tel tour de force. peut-être était-ce parce qu'il ne mentait pas. à lui-même. "qu’est-ce que je t’ai fait, pour que tu t’amuses à me piétiner encore et encore ?" il perdait le contrôle. elle le sentait. elle était allée trop loin, cette fois-ci. "regarde les choses en face, tresoro. je ne serai jamais assez bien pour toi. ouvre les yeux, je t’en conjure." mais elle ne pouvait pas parler. les ongles déchiquetant la fine bretelle de satin, elle ne pouvait que se tenir, là, comme une idiote, le regardant s'éloigner. "ne me quitte pas encore une fois, s'il te plaît" - avait-elle envie de crier, au loin, tout en sachant que sa voix enrouée serait de toute façon noyée dans le brouhaha ambiant. ou bien était-ce plutôt "pars, pars tout de suite, tant que tu le peux encore" ? "tais-toi. tais-toi. je t'en prie." râle pathétique, paroles silencieuses. le déni de sa misérable situation. que dieu lui vienne en aide. elle ne savait plus rien. plus quoi dire. elle se leva avec difficulté ; sourit doucement lorsqu'elle le vit s'approcher, sursauta en même temps que son poing s'abattit sur le zinc. les yeux écarquillés, elle ne pouvait qu'être la figurante de l'horreur qui se déroulait à quelques centimètres d'elle. le verre qui se brise, laissant un éventail de pétales chatoyants à ses pieds. ne réalisant que trop tard le sombre dessein du garçon - l'amor, la mort, celle qu'il avait pourtant su si bien dompter. près, si près de son adorable pomme d'adam, le néant. l'apocalypse. sa fin, qui serait aussi la leur. cruelle tragédie, dont elle refusait de connaître la fin. je pourrais bien mourir que t’en aurais rien à faire, pas vrai ? parce que tu me crois jamais… donc j’peux faire ça, tu me croiras pas… elle ne pouvait plus. elle n'y arrivait plus. elle n'avait plus envie de jouer. "je t'ai dit d'arrêter. tu ne m'écoutes donc jamais ?" qu'avait-elle fait de sly amor ? question qui la hantait, sans repos. elle ne pouvait pas croire avoir finalement réduit le roi fier au rang d'esclave, enchaîné au gré de ses caprices. elle n'avait jamais désiré cela. pourtant, c'était bien ce qu'elle avait fait. le visage dans les mains, les jambes qui lui cèdent. ce n'était pas réel. encore un mauvais rêve. ses vieux démons qui lui jouaient des tours, et prenaient la forme de l'homme aimé pour la torturer. oh, comme elle aurait mille fois préféré être morte de ses mains, plutôt que d'assister à une telle abomination. elle ne voulait plus de colère. plus de mots assassins. plus de haine. juste le néant. teinté de rouge. et eux deux à l'intérieur. les doigts, sans pitié, se referment sur le morceau de verre, et ceux de sly, aux reflets carmin. l'âme se délecte de la douleur ; le cristal s'enfonce toujours plus dans la chair tendre, la déchiquetant sans pitié, aucune. de rage, elle arrache des mains de l'époux l'arme qui avait eu l'audace de réclamer sa vie, et la jette au sol, de toutes ses maigres forces. le subtil éclat grenat de sa paume attire son regard, et elle contemple, absente, le cruor envelopper le creux de son bras. dommage, elle avait toujours préféré le bleu. "parce que t'en aurais quelque chose à foutre, toi, si je crevais ?" elle avait beau s'égosiller, rien ne redeviendrait jamais comme avant. la colère avait pris un goût fade. lui donnait la nausée. c'était bien elle, la responsable de toute cette folie. mais ils n'avaient pas à continuer dans cette voie. ils n'avaient pas à se haïr. quelle mascarade. quel gâchis. "sauf que toi, t'aurais raison. parce que je suis vraiment la pire des salopes." sans bruit, elle tombe - enfin - dans ses bras. cherchant la rédemption quelque part entre ses boucles safran et sa nuque ingénue. "je suis désolée. je suis tellement désolée, si tu savais." ses bras nus serrant sans pudeur son corps contre le sien, épaules contre épaules, poitrine contre poitrine. ses cheveux parfumés se mêlant aux siens, ses mains hardies qui venaient signer de pourpre son corps puissant. "tu n'as rien fait de mal, salvador. tout est de ma faute." le ton étrangement paisible. presque maternel. une douceur nouvelle, comme une renaissance interdite. le prénom qui sonne faux, dans sa bouche impénitente ; un présent offert, dans l'espoir de la réconciliation (de l'absolution). un sanglot étouffé - elle ne subira pas en plus le déshonneur de pleurer devant lui. tandis que le rouge fleurissait sur le béton sale, elle se sentait défaillir un peu plus. et elle le sentait aussi un peu plus sien. il ne l'avait jamais abandonnée. elle l'avait compris, à présent. "d'ailleurs, moi aussi, j'ai un secret. je crois bien que je t'aime beaucoup, tesoro. pardon d'avoir tant tardé à te le dire. ah, et aussi, je te déteste. mais juste un peu." haine caressante, presque bienvenue. celle de devoir s'incliner devant un homme ; ce plaisir coupable, celui de l'abandon. corps et âme. comment envisager l'amour orphelin de cette rancoeur qui lui était si enivrante ? elle ne lui demandait pas de comprendre. ce n'était certainement ni le lieu, ni le moment pour les grandes déclarations lyriques, après tout. mais la vue du sang la rendait romantique. et, bien qu'elle espérait sincèrement que ses sentiments ne furent pas, ou plus partagés - dans le cas contraire, ils étaient bel et bien condamnés -, elle parvenait déjà à ressentir cette douleur à l'état brut, lorsqu'il la rejetterait une dernière fois. elle n'avait pas le droit d'exiger de lui qu'il la croie. ce serait malhonnête. mais, qu'enfin, ils puissent trouver tous les deux la paix. dommage qu'ils n'y avaient pas droit. pourquoi était-ce roméo qui devait mourir en premier, et pas juliette ? elle était une femme forte, après tout. et le dieu auquel elle se raccrochait, désespérément, était tout ce pour quoi elle avait jamais voulu expirer. et revivre. pour, finalement, n'être qu'à lui.
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