Hemiplegia holds me tight. (nimue)

hemiplegia holds me tight

nimue & kristina

« Slow slow slow, wade through water. Numbed the lightness, words don’t bother. I cannot fight the sleep is droning, into the motion into the night. Is it the glow that keeps you moving, hemiplegia holds me tight. »

Encore une soirée dans ce bar, encore une. Depuis plusieurs semaines, c’est devenu un vrai rituel. Elle sort, elle sort avec ses amis, elle fait la fête, Kristina. Elle tente par tous les moyens d’oublier à quel point sa vie part littéralement en vrille. Et, pour le moment, elle y parvient plutôt bien, grâce à ce déni dans lequel elle s’est murée. Mais parfois, ce qu’elle ressent réellement au fond de son cœur refait surface, parfois, elle fond en larmes sans aucune raison, parfois, elle devient agressive sans motifs. Parce qu’au fond d’elle, il y a cette blessure. Cette souffrance qui ne s’efface pas. Il y a ces images dans sa tête, celles de cette nuit où elle a été droguée, celles de cette nuit où elle a ouvert les yeux, et où elle a vu ces trois hommes, en train d’abuser d’elle. Il y a cette souffrance qu’elle ne peut faire taire. Et, depuis quelques semaines, elle ne sait plus réellement qui elle est. Elle a développé ces sentiments, ces sentiments extrêmement forts. Pour Katheryn, qui n’est autre que son enseignante, de vingt-ans de plus qu’elle, déjà mariée à une autre femme. Et, elle lui en a fait baver, Katheryn. Elle l’a longtemps repoussé, pour finalement lui faire de belles promesses, coucher avec elle, et la repousser de nouveau. Seulement la veille, Katheryn s’est excusée, une nouvelle fois, en affirmant qu’elle veut être avec elle, une nouvelle fois. Et, Kristina, elle, elle est totalement perdue. Elle ne sait plus ce qu’elle doit croire, ce qu’elle doit faire, alors elle attend. Elle attend le moindre signe. Elle n’a que vingt et un ans et elle a déjà bien trop souffert, depuis l’abandon de son père. Elle essaie de ne pas baisser la tête, mais c’est difficile. Alors elle boit un verre, puis deux, elle chante, elle danse. Et puis soudainement, son regard se pose sur une jeune femme, une jeune femme qu’elle connait très bien. Nimue. Elle l’a rencontré il y a un bon moment maintenant, elle l’a aidé un jour alors que la jeune femme venait de vivre une situation douloureuse. Comme le reste de sa vie, d’ailleurs. Elles sont restées en contact suite à cela, mais depuis quelques temps, elles se sont éloignées. Kristina a changé, depuis tout ce qui lui est arrivé, et Nimue elle, elle est plutôt du genre méfiante. Elles sont différentes, et leurs vies respectives les ont éloignées. Cependant, la belle rousse ne l’a pas oublié pour autant. Alors c’est sans grandes hésitations qu’elle s’approche finalement d’elle, un léger sourire aux lèvres. Nimue ? Elle espère qu’elle sera contente de la revoir, elle aussi.

(c) DΛNDELION

We've got a war to fight

Kristina & Nimue

« Oh, can't anybody see? We've got a war to fight, never found our way, regardless of what they say. How can it feel, this wrong? From this moment, how can it feel, this wrong? Storm, in the morning light, I feel no more can I say, frozen to myself. I got nobody on my side, and surely that ain't right... »

Elle trompe son mal de vivre, Nimue, elle le noie dans la musique et la danse. Ce soir, juste ce soir. La musique, un verre, la danse et l'oubli. Demain, elle ne reviendra pas. Et elle ne boira pas même assez pour être saoule. Ce n'est que l'affaire d'une soirée.

Elle voudrait être légère, heureuse. Plus qu'ailleurs, être, ici, effervescente et éphémère. Elle voudrait se laisser prendre aux arc-en-ciels projetés par le prisme de la soirée, du bar. Mais le charme ne fonctionne pas et elle est seule, solitaire, à repousser quelques avances.

Elle est seule, jusqu'à la voix, celle qui l'interpelle, la fait se retourner et hausser les sourcils. Elle la reconnait, la jeune femme qui avance vers elle. Kristina. Kristina aux doigts doux, aux regards-caresses. Kristina et sa patience, et ses gestes légers, qui n'avaient pas ajouté aux blessures.

"Salut..."

Elle ne s'attendait à aucune silhouette connue, et, le visage incliné, elle sourit un peu, incertaine. Il y a tout ce mélange d'émotions que Kristina éveille en elle. Le souvenirs de cette nuit-là. L'humiliation, la gratitude, son envie de se hérisser, son envie de s'abandonner. Cette amitié tentative, méfiante, hésitante. Et son passé, cette fille qu’elle était, à laquelle elle essaie de tourner le dos, que la rousse lui rappelle.

Mais ce n'est pas sa faute...

"Viens... prends un verre."

Elle se pousse, elle lui fait un place. Elle pourra peut-être se noyer en l'écoutant?

"Qu'est-ce que tu fais là?

(c) DΛNDELION

hemiplegia holds me tight

nimue & kristina

« Slow slow slow, wade through water. Numbed the lightness, words don’t bother. I cannot fight the sleep is droning, into the motion into the night. Is it the glow that keeps you moving, hemiplegia holds me tight. »

Nimue est seule, et immédiatement, Kristina s’interroge à son sujet. Elle est seule au bar, un verre en mains. Alors oui, elle se pose des questions, elle se demande si elle va bien, si elle va mieux. Elle se demande ce qu’elle devient. Elle regrette un peu aussi, elle regrette d’avoir laissé le temps et des événements non-désireux les éloigner. Elle aurait dû insister, Kristina. Et ce malgré le fait que sa propre vie tombe de plus en plus en ruine. Elle a une souffrance en elle, une souffrance énorme qu’elle ne parvient pas à effacer, malgré tous ses efforts pour y parvenir. Face à elle, elle esquisse alors un tout petit sourire, un léger sourire, et puis elle s’installe à ses côtés, comme elle le lui dit. Je suis contente de te voir. Elle est sincère, et elle ne sait pas si c’est réciproque, du côté de Nimue. Mais quoi qu’il en soit, elle est là maintenant avec elle, et elles vont pouvoir en profiter pour discuter. Je suis venue faire la fête, soirée étudiante oblige. Et oublier, surtout. Oublier. Tenter à tout prix de continuer à vivre comme si rien n’avait changé. Comme si elle était toujours la même Kristina. Et toi… ? Kristina veut d’abord briser la glace, elles ne se sont pas vues depuis bien trop longtemps pour entrer directement dans le vif du sujet. La jolie brune est méfiante, elle l’a toujours été, et avec la vie qu’elle mène c’est certainement normal. Alors, Kristina ne veut pas la brusquer, surtout qu’elle-même a changé désormais.

(c) DΛNDELION

We've got a war to fight

Kristina & Nimue

« Oh, can't anybody see? We've got a war to fight, never found our way, regardless of what they say. How can it feel, this wrong? From this moment, how can it feel, this wrong? Storm, in the morning light, I feel no more can I say, frozen to myself. I got nobody on my side, and surely that ain't right... »

Une soirée étudiante... évidemment. Il y a là une logique qui la rendrait mélancolique, si elle n'avait tant détesté l'école, Nimue, et son impression d'être bête, et que tous ses efforts ne servaient à rien...

Elle ne l'envie pas. Ou elle n'envie que l'avenir que pourront, peut-être, lui offrir les années passées sur les bancs de l'école... Et la recherche d'un boulot lui remonte à la gorge et l'oppresse, elle se sent étouffer, à nouveau, face aux silences qui répondent à ses candidatures.Les yeux détournés, elle s'accorde une fraction de seconde - juste une fraction, un instant, un rien, pour tenter d'oublier enfuir l'amertume et le sel, au fond de son être, là où elle pourra l'ignorer encore un peu.

"Ca fait longtemps..."

L'alcool lui brûle les lèvres, l’œsophage. L'alcool lui arrache l'estomac, qui se dissout, alors que le feu se glisse dans son sang.

Elle délire peut-être.

"J'essaie de... de tromper mon ennui."

Peut-être l'étudiante imagine-t-elle qu'elle est venue jusque dans se bar faire le tapin, à défaut de faire le trottoir. Peut-être pense-t-elle qu'elle attend un client? Qu'elle cherche, dans ces corps qui vont et viennent, une proie future? Ou le prédateur dont elle sera la victime?

Mais c’est fini, c'est compliqué, c'est... Elle ne s'imagine pas tout expliquer. Alors elle hausse un peu les épaules, en se léchant les lèvres, ou brûle encore un peu de la cannelle de l'alcool.

"J'avais pas envie de passer la soirée chez moi... Mais je m'ennuyais ici aussi, au final."

Le passé, qui se glisse entre ses lèvres, qui s'y niche. Elle s'ennuyait. C'est terminé, Kristina vient de rompre le lourd manteau de lassitude qui pesait sur sa soirée, son moral, elle l'en distrait et Nimue sourit un peu plus.

"Quoi de neuf?"

(c) DΛNDELION

hemiplegia holds me tight

nimue & kristina

« Slow slow slow, wade through water. Numbed the lightness, words don’t bother. I cannot fight the sleep is droning, into the motion into the night. Is it the glow that keeps you moving, hemiplegia holds me tight. »

Elle sait bien qu’au fond, tout le monde a ses problèmes, Kristina. Elle sait bien qu’il est impossible d’aider quelqu’un qui n’a pas envie de l’être. Elle sait bien que Nimue a une vie très compliquée depuis toujours et que ce n’est pas elle, petite rousse de vingt et un ans, qui pourra totalement l’en sortir. Pourtant, elle s’en veut de ne pas avoir fait plus pour elle. Elle s’en veut de ne pas avoir pu l’aider davantage. Et lorsqu’elle la voit ce soir, elle n’a pas le sentiment d’être face à une jeune femme heureuse, épanouie. Elle a même plutôt l’impression du contraire. Alors elle s’installe à ses côtés, sans vraiment hésiter. C’est vrai que ça fait longtemps. Elle esquisse un petit sourire, Kristina. Cela fait peut-être un petit peu trop longtemps, même, qu’elles ne se sont pas vues. Et peut-être qu’elles devraient toutes deux essayer d’y remédier. L’étudiante écoute attentivement ses paroles, elle s’ennuyait, mais maintenant elle est là. Ses impressions se confirment, Nimue n’a pas l’air vraiment bien. Enfin, mieux que quiconque, elle sait qu’il ne faut pas se fier aux apparences. Lorsqu’on regarde Kristina, elle a l’air heureuse, sure d’elle, épanouie, pourtant au fond c’est tout le contraire. Elle est écorchée, abîmée, salie. Et elle ne sait pas si ce sentiment pourra un jour s’effacer. Pourtant, lorsqu’elle entend sa question, « quoi de neuf ? », elle ment. Parce que tout ce qui est neuf dans sa vie est loin d’être réjouissant. Oh tu sais, rien de spécial. Et toi ? Comment tu vas ? Cette question la préoccupe vraiment, et elle espère qu’elle aura une réponse sincère. A l’inverse de celle qu’elle vient elle-même de lui donner. Mais c’est différent, elle ne peut pas lui balancer qu’elle a été violée, et qu’elle a développé des sentiments pour son enseignante et toutes les complications qui vont avec.

(c) DΛNDELION

"Oh tu sais, rien de spécial. Et toi ? Comment tu vas ? "

Elle plisse les yeux, Nimue, en contemplant la jeune femme, à ses côtés. Elle est si vague, cette réponse... Vraie, peut-être, mais trop floue, et les brumes qui flottent entre les mots la mettent mal à l'aise: c'est là que se cachent les monstres et leurs griffes, dans les silences et les ombres.

Puis elle baisse les yeux sur son verre, et ses pensées dérivent. Que dire? Que révéler? En dire trop? pas assez? Comment résumer sans trahir... sans trop parler? Elle a l'habitude des trahisons, la belle, et de voir ses mots, ses émotions tordues, fondues, forgées en armes levées contre elles.

"Ah moi... Je cherche un boulot..."

C'est beaucoup. C'est peu de choses. Elle a un pauvre sourire en en parlant, Nimue. Elle pense à ses difficultés, pour en dégotter un, de boulot... Pour convaincre... Peut-être doit-elle accepter ce qu'on lui offre? Peut-être faudrait-il renoncer à son envie de travailler avec des enfants. Elle n'a pas les qualifications... Que l'envie.

Et mieux vaut ne pas penser à ce qui se produirait, si quelqu'un, jamais, apprenait son ancienne occupation...

C'était si simple, gagner de l'argent, avant. Bien plus d'argent. Quand elle le voulait. Pas toujours comme elle l'aurait voulu... En risquant, parfois, sa peau. En risquant, toujours, son cœur endurci.

"... Je finirai par trouver... Si je ne me décourage pas."

Si Tom ne s'en va pas, si elle ne fuit pas, si...

Mille conditions, si peu de certitudes...

hemiplegia holds me tight

nimue & kristina

« Slow slow slow, wade through water. Numbed the lightness, words don’t bother. I cannot fight the sleep is droning, into the motion into the night. Is it the glow that keeps you moving, hemiplegia holds me tight. »

Elle est vague, oui, elle n’a aucune envie d’avoir à aller chercher au fond de son âme. Elle n’a aucune envie d’aller chercher ce qui la blesse, ce qu’elle a vécu, ce qui la bouleverse. Elle n’a aucune envie d’avoir à se remémorer à quel point elle a souffert, lorsque ces hommes ont posé leurs mains sur elle. Mais, c’est aussi et surtout qu’elle a besoin de savoir où en est Nimue, ce qu’elle devient à son tour et surtout, savoir si elle va bien. Elle n’en a pas l’impression, au premier abord. Et elle sait que Nimue est assez difficile à cerner, à apprivoiser, mais elle a réellement l’impression que quelque chose cloche, Kristina. Alors elle le lui demande, et la réponse est sans appel. Elle a beaucoup de difficultés à trouver un travail. Oh… Tu cherches depuis longtemps.. ? Elle boit une gorgée de son verre, en la regardant dans les yeux. Elle a envie de l’aider. Comme toujours. Elle ne veut pas la laisser avec sa peine, elle a peur pour elle et qu’elle retombe dans de mauvais travers. Après quelques secondes, elle reprend la parole. Dis-moi dans quel domaine tu cherches… ? Imaginer simplement qu’elle puisse souffrir de nouveau lui fait beaucoup de mal. Imaginer qu’avec tout ce qu’elle a déjà subi, elle puisse subir encore, c’est inacceptable pour Kristina. Et la distance entre elles, la distance de ces derniers mois n’y changera rien.

(c) DΛNDELION

"Quelques mois... Enfin. Par vagues. entre deux moments où je désespère, où je n'arrive plus à me bouger. "

Les doigts de la jeune femme pianotent sur le bar, ses ongles viennent heurter le métal brossé, silencieux dans le brouhaha étouffé du bar. Et son regard dérive. vers le vernis orangé, vers son verre... Son regard dérive, là où celui de Kristina ne pourra pas le happer.

Dis-moi dans quel domaine tu cherches… ?

"Au départ... Je voulais bosser avec des enfants. Mais même... même quand on connait pas mon passé, bah... j'ai pas les bons diplômes. Donc bon... Faudra que je trouve autre chose, je suppose."

Elle en parle un peu comme d'un rêve d'enfant, inaccessible, oublié, et ses épaules se voutent, doucement, alors qu'elle soupire. Avec, dans la voix, des traces de regrets argentées, qui capturent et engloutissent la lumière, et un sourire d'auto-dérision.

Qui confierait sérieusement des bambins à une ancienne prostituée?
C’est comme la scarlatine, ou la rage, ou...
C’est contagieux, c'est dangereux.
Les gosses pourraient l'attraper, sa souillure.

Elle comprend, vaguement. Elle n'accepte pas. Elle ne se sent pas sale, juste... seule. Juste éloignée, différente. Elle se sent autre, parfois. Alors, me^me si elle ne trouve pas de poste pour mille raisons, sans que personne ne sache son passé, elle commence à se dire qu'il se lit sur sa peau, dans ses gestes, ses regards, ses sourires, qu’elle pue le sexe tarifé, peut-être, la perversité, la fille facile...

"... On verra. Je suppose que je peux trouver du boulot dans un bar, ou un supermarché..."

Elle se demande si elle le supporterait, Nimue... Passer des heures à un boulot qu'elle détesterait, pour ne rien gagner, ou presque. Gagner en un jour ce qu'elle pourrait gagner en une heure... Elle oublie, parfois, les dangers, les larmes, pour ne se souvenir que des meilleurs aspects. Mais Kristina réveille des souvenirs sombres... Et Tom n'est jamais loin. Tom qui accepterait tout, qui en accepte déjà tant, qu'elle ne veut pas blesser. Tom, son marin, son fou, son espoir.

"T'as pas un bon plan, pour moi? a tout hasard..."

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nimue & kristina

« Slow slow slow, wade through water. Numbed the lightness, words don’t bother. I cannot fight the sleep is droning, into the motion into the night. Is it the glow that keeps you moving, hemiplegia holds me tight. »

Travailler avec les enfants. C’est une facette de Nimue qu’elle ne connait pas. Qu’elle ne connaissait pas. Les enfants sont censés être purs, totalement purs, et Nimue a eu une vie si difficile, si sombre. Mais peut-être que c’est cela qui l’attire, en fin de compte. Peut-être qu’elle a besoin de sentir qu’elle peut faire quelque chose de bien. Peut-être qu’elle a besoin de sentir qu’elle peut être quelqu’un d’autre qu’une ancienne prostituée, qu’une jeune femme abîmée par la vie qui vend son corps à ceux qui le veulent. Et Kristina peut la comprendre, elle aussi, elle a été salie. Elle aussi désormais elle sait ce que cela fait de ne plus être bien dans son corps. Alors elle comprend son souhait, et elle est triste d’entendre qu’elle n’a pas ce qu’il faut pour y parvenir. Et… Tu as réfléchis à l’hypothèse de les passer, ces diplômes ? Nimue est encore toute jeune et elle a la vie devant elle. Elle peut encore s’en sortir, Kristina en est réellement persuadée. Elle peut encore reprendre sa vie en main et tenter d’oublier ce qu’elle a vécu par le passé. Et puis la belle rousse entend finalement sa question suivante. Est-ce qu’elle a un contact pour elle ? Elle réfléchit, elle réfléchit réellement. Sa mère a beaucoup de connaissances et peut-être que parmi celles-ci, quelqu’un aurait peut-être quelque chose pour Nimue. Elle veut vraiment l’aider à se remettre sur pieds et à lui donner de nouveau confiance en elle. Peut-être même que si elle parvient à trouver un travail, un jour elle aura le courage de passer des diplômes pour faire le travail qu’elle souhaite. Je vais me renseigner ! Je te promets, je te tiens au courant, ok ? Elle est très sérieuse. Elle va essayer de lui trouver quelque chose parce qu’elle l’apprécie, elle l’apprécie même si elles se sont perdues de vues durant ces derniers mois.

(c) DΛNDELION

«... Je suis pas vraiment du genre... scolaire...»

Elle ne l'est pas du tout. Le simple souvenir de l'école lui refile des sueurs froides. Elle ne peut pas s'imaginer assise, derrière un banc, à prendre des notes, à étudier, faire des présentations, passer des tests. Elle ne veut pas. Elle n'a pas besoin de ça pour savoir qu'elle n'est pas assez douée, assez travailleuse, assez intelligente, elle n'a pas besoin de ça pour comprendre sa place, sa réalité. Elle le sait depuis longtemps, que son principal atout n'est pas son cerveau, Nimue. Elle en a joué. Elle en a abusé. De ses autres atouts.

Elle baisse les yeux: c'est tout ce qu'elle a sur le coeur qui pèse sur son regard et le dérobe. Elle déglutit, elle se mord la lèvre, brièvement, pour mieux contenir la déferlante des émotions crues, violentes, qu’éveille l'école, que nourrissent ses échecs.

« Et puis, même... J'ai un casier... Même en imaginant que je les aie, ces diplômes,... »

Elle devrait être réaliste. Elle devrait se résigner. Au babysitting, à ces maigres revenus épisodiques. Ou à travailler dans un bar, derrière une caisse de magasin... Essayer de dégager quelques heures pour être volontaire, dans un centre social, peut-être. Garder le reste pour elle, pour Tom. Se contenter de ce futur-là...

Je vais me renseigner ! Je te promets, je te tiens au courant, ok ?

Elle déglutit, lève un peu les yeux, sourit, du bout des lèvres, sans y croire vraiment. mais si ça ne la choque pas, elle... Peut-être y aura-t-il des gens que son passé ne choquera pas? Peut-être? avant qu'elle n'y retombe. Parfois, elle se sent glisser, entamer cette lente dégringolade. Parfois, elle donnerait n'importe quoi pour tenir entre ces doigts quelques billets qui la rassureraient sur sa valeur, et sentir sur elle un corps, même laid, même rude, même vieux, un corps qui lui prouverait qu'elle est toujours là, toujours belle, toujours vivante, désirable, désirée, utile...

« Merci... C'est gentil. Vraiment... J'ai plus beaucoup d'économies. »

A-t-elle vraiment envie d'être un peu plus redevable à Kristina? A cette femme si différente? Favorisée, blanche, plongée dans ses études... Si éloignée de sa réalité.

« Je te rendrai l'ascenseur, dès que possible... T'as qu'à demander un service...»