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 Alone near you

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Message Sujet: Alone near you   Alone near you Empty Sam 22 Sep - 17:28

Cette ruche où tu te sentais autrefois à l’abri de tout, n’est plus aujourd’hui qu’un immense hall de gare : perdue au milieu de la foule, tu ne sais ni vers quel bureau te diriger, ni comment faire en sorte de ne pas te retrouver devant lui.
Ils vont savoir ton nom, vont inévitablement t’amener vers lui comme s’ils le croyaient capable de panser tes blessures morales. De répondre au préjudice subi. L’ironie, c’est que tu ne portes encore ce nom que parce qu’il refuse de signer, et qu’il sera le dernier ici à pouvoir t’aider. Réellement t’aider.
Ta main arrête un agent qui semble courir un peu partout et ton regard agrippe le sien :

- Je dois porter plainte.
- Nous sommes débordés madame mais je peux vous renvoyer vers un collègue et…


Tu baisses le regard, tes lèvres esquissent un sourire désabusé. Si seulement tu n’avais pas pris cette rue, si tu n’avais pas levé le bras pour ce taxi… Si ce salopard avait choisi la personne à côté de toi, et non ton sac à main comme cible.
Et si… Une prière qui te semble tellement familière depuis quelques années qu’elle en devient détestable.
Tu relâches l’homme et dans un dernier acquis de conscience, passes poliment ta main sur sa manche que tu as froissé. C’est à son tour de baisser les yeux, de ciller. De comprendre, peut-être, qu’il a affaire à une dame.

- Veuillez m’excuser.

Il tique devant tes excuses. Ton accent, évidemment. Quelle meilleure façon que de te trahir ainsi devant un homme qui devait l’entendre tous les jours.  Tu t’en rappelles trop tard alors que déjà, tu vois une lueur familière s’allumer dans son regard : celle d’une déférence que tu ne mérites pas, qui ne te revient pas.

- Votre nom madame ?

C’est là l’ironie. Ton rictus ironique s’agrandit, tes crocs mordillent ta lèvre inférieure alors que tu retiens désespérément le rire qui te monte dans la gorge. Le rire nauséeux et stressé d’une femme qui ne voudrait surtout pas être là.
C’est terrible de savoir que ce seul nom t’ouvrira toutes les portes et que pourtant, tu n’as aucune envie de l’utiliser. Absolument aucune. C’est pourtant celui qui est sur tes papiers, ces mêmes papiers qu’on t’a arraché à la volée. A vrai dire, en réalité, tu n’as aucune preuve à montrer à cet agent comme quoi, tu es bien Madame Bauer, l’épouse de son chef.

Tu insistes sur ta lèvre un court instant avant que l’idée folle ne traverse ton esprit. Au diable cet homme !
Tu relèves la tête et lances avec assurance :

- Cederman.

Ton nom de jeune fille, celui de tes parents. Celui que tu aurais dû reprendre depuis longtemps si seulement il avait signé ces fichus papiers. Le regard de ton agent se détend, il en soupire de soulagement comme s’il avait craint que tu ne sois la femme de cet homme-là : visiblement, il avait autant envie d’aller le voir que toi. Vous partagiez la même cause.

- Bien, suivez-moi. Je vais vous trouver un mouchoir pour votre cou.

Distraitement, tu portes tes doigts à ton cou : la pulpe de l’index effleure le liquide poisseux qui coule sans conséquence. Ce n’est qu’une entaille, la lanière de ton sac qui a écorché ta peau sensible quand il te l’a arraché. Un détail mais l’agent est gentleman et tu hoches la tête, davantage touchée que tu ne le devrais. Cela fait trop longtemps que plus personne ne se soucie vraiment de toi…

- Merci.

Il s’avance, tu le suis.
Et ton regard croise celui de l’homme plus loin dans le couloir. Ce mari dont tu ne veux plus. Il s’est arrêté, apparemment surpris de te voir là et toi, tu entends avec une satisfaction presque malsaine l’agent te désigner la porte d’un bureau :

- Madame Cederman, je vous en prie, entrez.

Devant lui. Pour un peu, tu lui sourirais, si tu n’avais pas autant de haine qui te barbouillait le cœur pour te réjouir d’une si petite victoire.
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Message Sujet: Re: Alone near you   Alone near you Empty Mer 26 Sep - 2:39


Alone near you
Le temps qu’il passe trop souvent ici, pour le fuir. Cette impression que l'horloge lui court après ou cette impression qu’il a perdu la notion du temps. Dans un monde en suspens. Dans un monde inexistant sans elle. Aude. La petite perle. Leur perle. Elle n’est plus là, filé entre ses doigts malhabiles qui peinent à survivre aujourd’hui. La porte de son bureau qui se pousse alors que Franz pousse un soupire, l’odeur de la calope qui lui colle encre à sa peau. Des paperasse à régler qui dorment sur le bureau et normalement, il la désigne à un autre, mais il a envie de s’enfermer. De se couper du monde. La réalité tendue, différente. Elle n’est plus la même depuis trois ans. L’étau autour de lui qu’il ne sait pas. Les manipulation d’une autre habile dont il a foutu la vie en l’air sans le savoir. C’est son boulot, chasser le crime. Ce n’est pourtant pas ce qu’il fait depuis quelques temps.
La lassitude dans le corps alors qu’il ferme la porte. Impossible de ne ma se faire déranger dans ce bordel, comme si le crime ne faisait que régner sans se taire. Les doigts qui s’activent sur la papiers, remettre de l’ordre dans les affaires. Un souffle, un soupire. Des lectures en parallèle et il tente de classer le tout par ordre d'importance. Ses pensées le tirent pourtant ailleurs, vers le centre de son monde qui n’est que chaos, que désordre. Il ouvre un tiroir verrouillé, des dossiers qui n’aurait pas dû traîner ici, mais dont il ne sait pas se défaire. Un fantôme qui reste dans son sillage. Ceux qui parlent de sa fille. Il laisse le reste en suspens, comme trop souvent, comme il a fait de son mariage depuis le temps. Franz, il aurait voulu retrouvé la trace d’elle et la sauver, ainsi que garder l’équilibre paisible de sa vie. Ce n’est pas le cas, pourtant. Le temps qui file, il ne s’en rend plus compte. Il tente de reconstituer, de retrouver. Ce n’est pas si facile, si simple.

Les maux de tête commencent à se faire sentir alors qu’il ferme les dossiers. Franz, il ne trouve jamais rien de plus. C’est trop tard. Il ne fait que se polluer la tête et l’esprit. Franz, il a besoin d’un café, parce qu’il a repoussé le temps pour régler le reste des dossiers. Ceux dont il doit vraiment s’occuper, ceux qui n’occupe pas la totalité de son esprit fou, formaté par la folie, par la perte. Cette vie d’avant lui manque, il n’arrive pourtant pas à trouver le contrôle, à reprendre la cadence de sa vie actuelle. Elle lui file entre les doigts. Ces foutus papiers qui traînent encore et qu’il n’arrive pas à signer. Une partie de lui n’arrive pas à se résigner de la laisser partir. Parce qu’au fond, il sait qu’il agit comme le pire des connards, mais sa peine passe avant celle des autres.
Il s'extirpe du bureau et c’est vers le chemin qui mène à la cafetière que son regard se pose sur les vitres des salles d'interrogatoire. Elle est là, sa femme. Sa moitié perdue qui lui manque terriblement, en même temps, mais il ne sait plus être là pour elle. Pour la prendre dans ses bras, lui dire que tout ira ben alors qu’il sait que ce n’est pas le cas. C’est tout de même sans penser qu’il entre dans la salle pour se retrouver près d’elle. Son regard se pose sur l’argent à sa charge. - Pourquoi personne n’est venu me dire que ma femme était ici? Sa voix se faire surement trop ferme parce que l’agent se met à lancer des excuses avant que le chef du département ne le somme de partir. Il se pose devant sa femme et ses iris pâles ne manquent pas de dessiner la marque sur son cou. - Qu’est-ce que tu fais ici Joan? Et qu’est-ce qui t’es arrivé? Il se doute qu’elle ne voulait pas venir le voir personnellement, mais elle reste sa femme. La sienne. Celle qu’il aime depuis toujours, mais qu’il ne sait plus garder. Pauvre fou.

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Message Sujet: Re: Alone near you   Alone near you Empty Dim 30 Sep - 15:43

Assise dans cette salle, tu espères que l’agent fera vite. Que tu pourras repartir d’ici sans avoir à lui parler, à croiser son regard et devoir t’expliquer. Même si dans le fond, tu n’as aucune explication à lui fournir, mais il n’est pas non plus homme à baisser les bras quand cela le touche de près : tu restes sa femme, les papiers le stipulent encore et tu sais qu’il a son honneur. Ce foutu et maudit honneur qui le retient de signer. Qui le pousse à te considérer encore comme sa femme, comme lorsqu’il entre dans cette pièce et s’insurge de cette manière froide et autoritaire contre le pauvre homme qui s’occupait de ta plainte. Typique. Viril et macho.
Personne n’est venu parce que tu n’as pas donné ton nom de famille et que tu n’avais aucune envie de le voir, mais visiblement, il tient encore à jouer au couple modèle. Comme si cela lui importait vraiment. Comme si tu lui importait vraiment.  
Tu t’agaces à l’écouter, à voir qu’il chasse l’agent pour vous enfermer tous deux dans cette pièce trop petite pour vos rages respectives. Ton regard se détourne, tu joues la reine de glace : tu aimerais que ton mépris soit tellement cinglant qu’il finisse enfin par en comprendre le message, mais comme toujours, Franz est au-dessus de ça. Au-dessus de ta colère et de ton désespoir. Il s’impose en ces lieux, alors même qu’il sait si bien disparaître chez vous et c’est là toute l’ironie de la situation. Mais c’est trop tard pour jouer au mari attentionné, pour demander d’avoir une quelconque place dans ta vie alors qu’il te fuit depuis si longtemps…
Sans même le regarder, tes doigts cherchent ton sac, à la recherche de la nicotine salvatrice. Celle qui t’empêchera de lui sauter à la gorge…
Ce sac absent, volé, qui te revient en mémoire. Un soupir t’échappe et tes yeux se posent sur la table. Refusant toujours de le regarder lui. Tu ne veux pas lire l’inquiétude dans son regard, ou même l’agacement : tu refuses de constater de tes propres yeux qu’il est encore capable de ressentir quelque chose pour toi, même si ce n’est que de la gêne. Il joue depuis trop longtemps aux indifférents.

- Je ne désirais en aucun cas perturber ta journée, crois-moi. Toutes mes… excuses pour perturber ton emploi du temps.

Ta voix est acide, capitonnée de ta rancœur et ton amertume. Elle transpire tout cet enchevêtrement de pensées mauvaises que tu emmagasines à son encontre depuis des mois. Des années.
Tu n’arrives toujours pas à relever les yeux vers lui. Tu n’y arriveras pas, tu le sais. Alors tu désignes du menton les papiers que l’agent était en train de remplir quand Franz est venu vous interrompre. Ceux qui retranscrivent le vol et ta plainte.

- Un détail mineur, rien d’important. Tu peux retourner à ton travail… en toute tranquillité.
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Message Sujet: Re: Alone near you   Alone near you Empty

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