comme des rois / georgia

énième dispute et des mots dégueulasses balancés à la figure de l'autre. puis la porte qui a claqué - et cette fois, elle s'est refermée derrière sami. il descend les escaliers en trombe, ignore les appels de liv. il a l'impression d'étouffer, sami. ses jambes le retiennent à peine et son cœur, lui, semble battre tellement vite qu'il ne serait pas étonné de faire un arrêt cardiaque. il a besoin de prendre l'air, sami - d'être loin d'elle, de lui, d'eux. alors il monte dans la voiture et se met à rouler dans les rues du queens. il y a du monde sur la route, des connards qui n'avancent pas, puis des impatients qui klaxonnent dès qu'ils en ont l'occasion. et ce soir, sami, il fait parti de la deuxième catégorie. il ne veut pas rester là, pas si près. il respire mal, le gamin, sent les larmes lui monter aux yeux sans réellement comprendre pourquoi. ce n'est pas la première fois que les cris résonnent dans l'appartement, que les pires injures se font entendre, que le verre se brise et que les bouts s'éparpillent sur le sol. et pourtant, cette fois est différente. il est touché, sami, plus qu'il ne devrait l'être. parce que tito, il a toujours les mots qui font mal, aussi qu'un couteau en pleine poitrine, et qu'à ce moment précis, sami est touché au cœur et que la plaie refuse de se refermer.
après plusieurs minutes interminables, sami arrive devant le bar où travaille georgia. et il aurait peut-être dû prévenir qu'il venait - mais il n'y a pas pensé. il est incapable de penser rationnellement, voudrait simplement trouver du réconfort dans les bras de sa meilleure amie. sami entre et la cherche du regard. lorsque ses yeux se posent finalement sur sa silhouette, il s'approche, tente de lui sourire du mieux qu'il peut. – salut toi, qu'il dit. le gamin s'installe au bar, juste devant georgia. t'aurais moyen d'me filer un whisky ? sa voix se casse à la fin de sa question et il prend une longue inspiration. non, en fait, j'ai pas besoin d'whisky. ton service se termine quand ? non, sami, il ne veut pas noyer son malheur dans l'alcool. il a juste besoin de georgia. georgia qui peut être la plus grand des casse-couilles, comme le meilleur des piliers.

le bar était calme. très calme. et ça faisait un bien fou, tu en avais profité pour le nettoyer à fond, pour l’aérer et faire disparaitre les odeurs d’alcool et de tabac froid. dans le fond, tu aimais ce métier. c’était une des choses que ta mère ne contrôlait pas, même si elle t’avait un peu forcé à travailler pour elle. mais au moins, tu gérais les choses à ta manière, et ça, ça n’avait pas de prix. tu te pinçais les lèvres en donnant un dernier coup de serpillère et tu revenais t’installer derrière le bar, dans le but de tout ranger et de tout nettoyer. tu relevais la tête simplement au moment où la porte s’ouvrait sur ton meilleur ami, sami. tu rangeais le verre derrière toi, et tu le regardais arriver jusqu’à toi. il n’avait clairement pas l’être dans un bon jour. il tentait de te sourire et tu souriais doucement à ton tour. « salut. » tu soufflais alors qu’il s’installait sur un des tabourets. il te demandait un whisky et tu penchais la tête sur le côté. il se rétractait et tu haussais les épaules. « c’est chez moi ici je peux bien fermer quand je veux. » tu soufflais avec un petit sourire. tu terminais simplement de nettoyer le verre que tu tenais, rangeant les torchons et tu reportais ton attention sur le brun. « qu’est-ce qui se passe ? » tu demandais doucement. même si en réalité, tu avais déjà l’impression de connaitre la réponse. tito et liv. qui d’autre ? sami vivait en couple avec deux personnes, une femme et un homme. et si au début tu n’avais pas compris comment ils pouvaient faire, tu t’y étais faite au fil du temps. mais c’était déjà compliqué de vivre et d’être avec une seule personne, mais avec deux c’était souvent encore plus compliqué. et parfois ça pétait. et ça avait l’air d’être ce qui s’était passé aujourd’hui. « viens. » tu soufflais alors en prenant une bouteille de rhum, tout de même. tu passais derrière le comptoir pour lui prendre la main et tu l’emmenais dans l’arrière cour, votre endroit secret, un peu aménagé à votre goût. tu lui tendais la bouteille et tu t’installais sur des petits coussins. ça faisait un petit moment que vous ne vous vous étiez pas vu. du moins, la dernière fois, vous vous étiez disputés, puis vous aviez fini par regarder un film. tu ne lui avais encore rien raconté de ce qui s’était passé dans ta vie. lip, le bébé, lion, jonas. c’était le chaos. t’étais surement bien pire que lui sentimentalement parlant. au moins il était casé, et plutôt deux fois qu’une. « explique. »

Il a le cœur en vrac, Sami. Et il a envie de vomir. De dégueuler ses foutus sentiments sur le trottoir dégueulasse, devant tous ces passants pressés, au jugement facile et au dégoût marqué sur le visage. Il a envie de vider ses tripes avec l'espoir que ça lui fera oublier. Oublier les mots de trop, les paroles qui se répètent en boucle dans sa boîte crânienne. Il a l'impression de couler, le gamin. Et quoiqu'il fasse, il est incapable de remonter à la surface par lui-même. Alors, il demande de l'aide auprès de Georgia - parce que Georgia, elle est la seule qui peut le sauver. La seule qui sera toujours là pour lui attraper la main et le sortir de l'eau. Et même dans les jours de tempête, elle sera à jamais la première à qui il viendra confier son cœur malade. Lorsqu'il entre dans le bar et voit son amie, il sent un poids se de ses épaules. Il a le cœur en vrac, Sami, et le crâne un peu aussi, mais Georgia, elle va les réparer. A cet instant, il voudrait se vider l'esprit. Il demande un whisky, sait, ne sait, se rétracte. Non, il ne veut pas d'un foutu whisky. Il veut son amie, ses bras et son amour inconditionnel. – Qu’est-ce qui se passe ? Elle demande, Georgia. Il ne répond pas, pose sa tête contre le bois froid du comptoir et inspire longuement. Il ne saurait même pas quoi dire, Sami, et même s'il le savait, il n'est pas sûr de trouver des mots assez forts pour exprimer ce qu'il ressent.
Il relève le visage lorsqu'il entend ses pas s'approcher de lui. Elle l'invite, Georgia, lui tendant la main pour qu'il l'attrape. Et Sami, il se tient à elle comme à une bouée de sauvetage. Quand il a mal, elle est toujours là sa princesse. Et bordel ce que ça fait du bien. Il se laisse porter jusqu'à leur havre de paix, là où il pourrait passer son existence entière, loin de tout. Sami s'assoit à côté de sa meilleure amie, accepte volontiers la bouteille de rhum qu'elle lui tend et prend une longue gorgée. Ça lui brûle la gorge mais il en a besoin, Sami. – Explique. Il ramasse ses jambes, les entourent de ses bras et pose sa tête sur ses genoux. Et il soupire. – J’sais pas pourquoi j’réagis comme ça, G, qu’il termine par dire doucement. On en est pas à notre première dispute mais... Mais j'ai mal. Ça sort difficilement. Il n'aime pas ça, Sami, avouer qu'il souffre. J'ai sacrément mal et j'sais pas quoi faire. J'peux pas retourner là-bas dans cet état. Il ne sait pas ce qu'il attend, Sami. Peut-être un câlin. Peut-être une conversation philosophique sur le sens de la vie. Peut-être juste la présence de sa meilleure amie pour le rassurer.

tu soupirais un peu en observant ton meilleur ami qui ramenait ses jambes contre son corps et tu t’installais en tailleur en t’affalant un peu dans les coussins. tu le laissais parler, t’expliquer la situation. tu comprenais, il n’avait pas vraiment besoin d’en dire plus. il t’avouait qu’il avait mal et tu penchais un peu la tête sur le coté en soupirant longuement. t’aimais pas le voir comme ça, sami. toi aussi ça te faisait mal, quand il était pas bien. tu le regardais de longues secondes et tu finissais par te rapprocher de lui pour le serrer fort dans tes bras. « ça va aller. » tu soufflais en venant caresser ses cheveux tout doucement. tu posais ta tête contre la sienne avec tendresse et tu le serrais tout contre toi, ta main se baladant dans ses cheveux et dans son dos. « t’es pas obligé d’y retourner maintenant. on peut passer le reste de la journée ensemble. » tu soufflais en le berçant lentement dans tes bras. tu soupirais et tu finissais par te relever pour aller chercher deux shooters, que tu remplissais de rhum. tu lui tendais un verre et tu le regardais, avant d’avaler le tien rapidement en grimaçant un peu. « il y a rien de mieux contre le mal d’amour. » tu soufflais dans un petit rire en te pinçant les lèvres et en l’observant longuement. il n’était pas le seul à aller mal. tu savais plus où t’en étais. tu avais avorté peu de temps auparavant, ta vie était un véritable chaos sentimentale, sans oublier ta mère qui te menait la vie dure. tu reprenais un verre et tu secouais la tête longuement, essayant de trouver les mots pour parler de ça à ton meilleur ami. tu le regardais et tu venais caresser doucement sa joue en l’observant, lui adressant un sourire tendre. « on va pouvoir se réconforter mutuellement. » tu soufflais alors doucement en soupirant un peu et en buvant un nouveau verre, avant de laisser la bouteille contre les coussins. t’avais pas franchement prévu de te mettre minable aujourd’hui, et tu préférais éloigner la bouteille avant d’en boire une quantité que tu ne pourrais pas supporter.