tu finissais de mettre les chips dans un bol, préparant les petites tapas pour l’apéro et tu soupirais un peu en coiffant tes cheveux en un chignon un peu négligé. tu envoyais un énième texto à babi pour lui demander où elle était et tu soupirais un peu en rangeant le vin et les bières au frais. ce soir, c’était le soir rituel. dimanche soir, fin du week-end et début d’une nouvelle semaine. c’était le soir que vous partagiez entre meilleures amies et colocataires. le soir où vos petits-amis, où ce qui s’en rapprochait le plus, n’étaient pas là non plus. le soir des rires et des confidences. mais babi n’était pas encore là et tu espérais qu’elle arrive bientôt. elle devait surement être avec vince, qui n’arrivait pas à la lâcher. tu soupirais longuement en finissant par t’installer dans le canapé et tu prenais ton téléphone, t’arrêtant un instant sur la photo d’andrea et toi, en fond d’écran. une des rares que tu avais réussie à prendre. tu souriais un peu en soupirant et tu t’allongeais finalement, attendant patiemment ta meilleure amie. vous vous étiez rencontrés il y a quelques années de cela, tu avais posté une annonce comme quoi tu cherchais un ou une colocataire, à l’époque, et elle avait été la première à répondre. ça avait alors été un véritable coup de foudre amical. babi, même si elle bien plus jeune que toi, c’était ton rayon de soleil. vous vous compreniez en un seul regard, elle était ton yin et tu étais son yang. vous vous complétiez, alors que vous étiez pourtant si différentes l’une de l’autre. babi le sang, babi la belle, babi la plantureuse. et toi, un peu effacée à côté de ce soleil brûlant. la blonde finissait par entrer, telle une tornade dans l’appartement et tu lui sautais dessus directement. « j’ai cru que tu avais oublié notre soirée ! t’as pas reçu mes textos ? » tu demandais avec une petite moue en la regardant et en brossant doucement ses cheveux blonds avec tes doigts. « tu vas bien ? t’étais avec vince ? ça s’est bien passé ? » tu demandais en te pinçant les lèvres et en la regardant, consciente que ça faisait beaucoup de questions auxquelles elle devait répondre. mais c’était bien connu que la relation entre babi et vince était compliquée, et tu ne voulais simplement pas qu’il lui fasse du mal ou qu’elle souffre. « j’ai tout préparé. » tu soufflais alors avec un doux sourire.
@babi mancini voilà chaton je ferai mieux après, et désolée pour le petit retard que j'ai pris
babi, elle a la tête dans les nuages. elle écoute pas vraiment. elle regarde le tableau juste en face. il l’intrigue. les couleurs pastels le rendent fade. pas assez ensoleillé pour cet endroit. et elle se dit que si elle avait été en charge de la décoration, elle n’aurait jamais mis ça ici. parce-que c’est froid, c’est triste et c’est moche. oui, clairement ce tableau est moche. et babi, elle comprend pas que personne ne s’en soit rendue compte avant. les yeux fixés sur la peinture, elle n’écoute pas vraiment. pourtant elle devrait. l’infirmière lui parle à elle. et c’est forcément sérieux. elle n’a pas demandé à babi si elle pouvait lui parler pour lui raconter sa journée ou ses dernières vacances. c’est important. et babi, elle est toute seule. personne pour lui répéter après ce qu’elle a loupé ou ce qu’elle n’a pas compris. alors elle devrait pas s’attarder sur le tableau mais plutôt sur ce que l’infirmière lui dit. état critique, fatigue, chimiothérapie, essai clinique. des mots qui lui font peur à babi. elle n’y comprend rien. elle sait pas ce que ça veut dire. et elle veut pas savoir. alors elle tourne la tête. elle regarde l’infirmière avec des yeux brillants. la peur qu’elle refuse de montrer. l’angoisse qu’on lui annonce une mauvaise nouvelle. et elle lui demande dans un souffle. « il va pas bien ? » babi, elle retient sa respiration. le temps que l’infirmière rouvre la bouche. le temps de savoir si elle doit repartir dans la chambre pour dire au revoir à son père. le temps de savoir si elle deviendra orpheline dans trois minutes ou s’il reste encore un peu de temps à son père. l’infirmière qui souffle, un léger sourire sur les lèvres, une main dans le bas du dos de babi. « on doit attendre 48h pour voir comment il réagit aux nouvelles doses. » alors babi elle acquiesce. elle enregistre seulement le fait qu’il est toujours là, qu’il respire encore. alors elle est soulagée. elle attrape son sac, remercie l’infirmière et file à une vitesse folle. le coeur moins léger qu’en arrivant mais soulagée. soulagée que rien ne soit fini. soulagée qu’il y ait encore un espoir. soulagée d’avoir toujours son père. même s’il est bien amoché. elle monte sur son vélo. et elle roule. babi, elle fait même pas attention à son portable qui vibre dans son sac à dos. non, elle veut juste rentrer. le plus rapidement possible. parce-que c’est dimanche soir. parce-que jean l’attend. et qu’elle en a besoin de cette soirée avec sa meilleure amie. et elle a besoin de bonbons aussi. du sucre. beaucoup de sucre même. elle lâche son vélo dans l’entrée. sans doute que le gardien va encore lui laisser un mot dans la boite aux lettres pour lui dire de le ranger ailleurs mais tant pis. le vieux robert continuera de râler jusqu’à la fin des temps parce-qu’hors de question qu’elle s’amuse à le porter à l’étage. alors babi, elle monte les escaliers. deux par deux. elle manque de tomber. mais elle s’en fiche. elle sourit. elle est excitée comme une gosse. mais pas autant qu’à Noël. Noël c’est sacré. mais les dimanches soirs avec jean sont tout proches, juste après Noël. elle ouvre la porte et elle court vers sa meilleure amie. tornade blonde qui débarque. un bisou sur la joue de jean. « désolé désolé désolé désolé » elle chante babi, essoufflée. elle sait qu’elle est à la bourre et elle devrait être brûlée sur le bucher pour oser faire cet affront à sa meilleure amie. « j’ai cru que tu vais oublié notre soirée ! t’as pas reçu mes textos ? tu vas bien ? t’étais avec vince ? ça s’est bien passé ? » jean qui passe ses doigts dans les longs cheveux blonds de babi. et il suffit de ce geste pour qu’elle se sente comme à la maison. bien loin du froid de l’hôpital qu’elle vient de quitter. elle ouvre son petit sac à dos et elle en sort son téléphone. sur l’écran d’accueil, l’ensemble des messages de jean qui apparaissent. et tu te mords la lèvre, désolée. « si, ils sont là. j’étais à l’hôpital, j’étais prête à partir et l’infirmière est venue me voir pour me parler, j’ai pas tout compris et je voulais pas être en retard mais j’ai pas eu le choix que d’attendre qu’elle ait fini. » elle parle vite. trop vite. elle s’essouffle de nouveau. mais elle ne veut pas s’étendre sur le sujet et elle sait très bien que jean n’insistera pas. babi, elle ne parle jamais de son père ni de l’hôpital. mais elle veut être sûre que sa meilleure amie comprenne qu’elle est en retard pour une bonne raison. « mais je suis là, prête. » elle lui dit fièrement. un grand sourire sur le visage. babi, elle attrape une chips au passage avant de s’installer dans le canapé. « j’ai tout préparé. » qu’elle souffle. et babi, elle la regarde avec admiration jean. « t’es parfaite. qu’est-ce que je ferai sans toi ? » babi, elle se sent bien ici. sa maison. leur maison. alors elle picore dans les chips avant de se lever pour aller dans le frigo. elle demande à jean si elle veut commencer avec du vin ou de la bière avant de revenir pour servir les verres. « j’ai pas vu vince depuis une semaine... » elle grimace babi parce-que c’est pas vraiment une bonne nouvelle. mais pas si surprenant quand on connait leur couple. « on s’est encore engueulés… » banal. une nouvelle crise de jalousie. une nouvelle raison pour vince d’hausser le ton. et une opportunité pour babi de ne pas se laisser faire.
tu souriais en voyant babi, ton petit rayon de soleil et tu perdais un peu ton sourire quand elle t’expliquait qu’elle était à l’hôpital. son père, tout ça. tu te pinçais les lèvres en caressant tendrement ses cheveux, essayant de la réconforter comme tu le pouvais. t’allais pas lui poser mille questions, parce que tu savais qu’elle ne voulait pas en parler. tu la connaissais parfaitement, babi. elle était ta petite soeur, ta meilleure amie, ton rayon de soleil. ton étoile. tu déposais un baiser sur son front doucement et tu souriais tendrement. « pas de soucis. si j’avais su je t’aurais pas harcelé. » tu soufflais simplement, tournant la page de ce sujet douloureux. pour passer une bonne soirée entre copines, à parler de vos mecs, et de ce qui n’allait pas dans vos vies. tu t’installais dans le canapé, alors qu’elle amenait les verres et le vin et tu ramenais tes pieds sous tes fesses en soupirant un peu. tu prenais ton verre et tu la regardais, alors qu’elle t’expliquait qu’elle n’avait pas vu vince depuis quelques jours, car ils s’étaient encore engueulés. tu penchais un peu la tête sur le côté en soupirant et tu caressais doucement ses mèches blondes. « ça va s’arranger. même si je sais pas comment tu fais pour le supporter, honnêtement. » elle savait bien, babi, que tu voulais la protéger. et tu aurais aimé la protéger de tous les hommes. de la pluie, du vent, de ce qui la rendait mal. et vince, t’avais l’impression qu’il lui faisait plus de mal que de bien parfois, et t’aimais pas ça. tu ne le connaissais pas, tu ne savais pas si il était fréquentable. il t’était arrivé de le voir un peu, par moment quand il passait par là, quand babi était là. il n’avait pas l’air méchant, mais tu ne savais pas si tu lui donnais ta confiance. pas vraiment, en réalité. mais ça aurait été surement la même chose avec un autre homme. et puis, tu savais pas vraiment si tu avais des leçons à lui faire ou à lui donner, toi qui te tapais ton prof d’histoire. divorcé, certes, mais il restait ton prof d’histoire, et vous aviez quand même une différence d’âge assez importante. tu soupirais en buvant une gorgée de vin et en récupérant une chips. « andrea m’invite chez lui ce week-end. » tu soufflais alors en te pinçant les lèvres. c’était la première fois. d’habitude il venait toujours ici. tu savais pas si c’était un nouveau pas dans votre relation, mais tu avais déjà hâte.