May - I am overcome in this war of hearts

traits de caractère / May est une jeune femme stable et d'une humeur quasi toujours inchangée. Elle est souriante et agréable. Polie et serviable elle sera toujours heureuse de vous tendre la main. On pourrait croire au vu de ses qualités qu'elle est naïve mais détrompez vous, elle est de ceux qui n'ont pas peur de regarder l’abominable vérité dans les yeux. Elle est de ceux qui gardent les pieds sur terre et qui regarde le mur arriver sans fermer les yeux. Elle est honnête et droite. Cependant, comme tout un chacun elle a ses défauts, son incapacité à se mémoriser ses rendez-vous ou à être complètement à l'heure lorsque c'est important par exemple. Elle est désordonnée et manque parfois de ce côté adulte que les « vieux » ,comme elle aime à les appeler, apprécient. C'est une enfant rêveuse et audacieuse mais parfois trop timide pour avoir l'audace de demander un numéro de téléphone à un charmant jeune homme. Elle vit au gré de la vie elle même, se laisse porter comme une feuille au vent.

13 Octobre 1992

« Erland … ERLAND !!! Nom d'un chien ça fait mal ! »

Il se précipite dans le couloir qui mène à la chambre. Il est élancé et blond comme les blés. Il balaie de son regard d'azur la scène qui se joue devant lui. Le tableau peine à se frayer un chemin dans ses méninges et c'est lorsqu’il croise le regard paniquée de cette beauté qui partage son quotidien qu'il comprend enfin.  Elle est tout aussi blonde que lui, silhouette menue et fluette quoique très enceinte et très féminine. Isobel a perdu les eaux à cause des contractions qui secouent son corps et il la voit se recroqueviller sur elle-même alors qu'une nouvelle vague de douleur la submerge. Erland est prêt depuis des semaines tant il est heureux de ce petit miracle qu'ils ont conçus ensemble. Revenant à la raison, il dépasse sa belle pour aller récupérer la valise de maternité préparée depuis des jours. Il ne lui faut pas plus de temps pour revenir auprès d'Isobel.

« Aller ne perdons pas plus de temps, accroche toi à mon bras jusqu'à la voiture. Ca va bien se passer ! Je suis là mon amour. »

Erland a conduit comme un forcené sur la route tant les gémissements de sa femme l'ont crispé et stressé. On l'avait mainte fois prévenu du déroulé de cette soirée et il avait toujours dit que tout se passeraient parfaitement. Pourtant, il est là, dans cette salle, assistant à un revirement de situation. Ils sont là depuis des heures et le petit miracle n'arrive pas à se frayer un chemin vers la terre ferme. Isobel est en souffrance et le cœur du bébé ralentit de plus en plus. C'est hors de question de les perdre toutes les deux. L'obstétricien et le personnel de soin se concertent encore mais il perd patience.

« Faite sortir mon bébé non d'un chien, je ne veux pas les perdre !!! »

Une infirmière lui demande de se calmer mais Erland est fou de panique. Isobel est son grand amour. Il est venu la rejoindre ici, sur sa terre natale, par amour seulement et cet enfant est un miracle car ils pensaient vraiment ne jamais y arriver. Ça avait été si dur de la concevoir, si éprouvant mentalement et physiquement.   Il se rappelait de chacune des injections qu'Isobel avait dû subir, de chacun des tests qu'ils avaient du passer , de chacune des déceptions jusqu'à ce jour d'il y a neuf mois où tout est revenu positif. L'infirmière le conduit mécaniquement à la salle d'attente alors que sa femme est envoyée au bloc. Il se sent impuissant et la peur de les perdre le transit de froid.

« Monsieur Tolsen, je vous présente votre fille. »

Erland relève son regard cerné sur l'infirmière qui tient son bébé dans les bras. Tel un ressort , il saute sur ses pieds et avec toutes les précautions du monde s'approche de sa fille. Elle est si petite, si fluette. Elle est un parfait mélange de lui et de sa mère enfants. Des larmes de soulagement se mettent à rouler le long de ses joues et l'infirmière lui dépose sa fille dans les bras. Il reste un instant subjugué par sa fille quand soudain une pensée frappe son esprit.

« Et Isobel ? Où est elle ? Elle va bien ? »
« Tout va bien, elle a fait une petite hémorragie mais rien de grave. Elle va s'en remettre. Ils finissaient de la recoudre quand je suis montée pour vous présenter votre fille. Il faudrait d'ailleurs que vous me donniez son prénom s'il vous plait. »
« Elle s'appelle May , May Lily Tolsen »

4 Juillet 1998

Les hamptons : la plage, le sable et le vent qui fait danser nos cheveux. Papa et maman ont acheté cette maison bien avant mon arrivée et c'est ici que nous venons dès que les beaux jours reviennent. Ce matin j'ai choisi de porter une jolie robe jaune très voyante qui vole autour de moi dès que j'esquisse un mouvement ou que le vent se renforce un peu plus. Mes cheveux blonds presque blancs dansent autour de mon visage, ils s'accrochent à mes épaules et balaient mon visage alors que je jette le bâton que j'ai dans les mains à notre chien Zéphyr. C'est un énorme malamute d’Alaska sur lequel je peux presque faire du poney.

« May fais un sourire à la caméra. »

Je me retourne lorsque j'entends maman me dire ça. J'ai à peine le temps de lui faire mon plus beau sourire qu'elle enclenche le bouton de l’appareil photo argentique qu'elle a dans la main. C'est dans la boite. Maman est tellement belle dans sa robe bleu. Elle est photographe et je veux être comme elle quand je serais grande. Alors je m'approche d'elle d'un pas sautillant et m'empare de l'appareil avec délicatesse. Je vise le beau visage de maman et je prend la première photo d'une longue lignée.

11 Avril 2005

« Bienvenu chez les Tolsen. »

Maman sourit à pleine aux invités qui viennent emplir toutes la maison. Je suis à ses côtés pour les accueillir. Papa, lui, les accueille dans notre grande salle à manger. Il y a des gens de tout age, des gens âgés, des plus jeunes , des gens qui sont accompagnés, d'autres qui sont seuls et des familles. Ce sont tous des collègues de papa. Papa est psychiatre à l'hôpital de New York. Il est très reconnu dans son domaine et ce soir, il organise un grand dîner avec des collègues. Je souris aux gens qui ne me sont pas familier. C'est alors qu'il entre, timide yeux verts derrière ses parents.

« James, je suis tellement heureux de te revoir. »
« Moi aussi Isobel, j'ai l'impression que ça fait une éternité. Erland en est déjà ses boniments je suppose. »
« Ce n'est pas pour rien que tu es son plus proche ami James, il est dans la salle à manger. »

James Wels est un neurochirurgien de renom et nous le côtoyons depuis ainsi dire toujours. Et j'ai depuis ainsi dire toujours un faible pour leur fils Ash. Ash me sourit brièvement en passant devant moi et je glousse comme une petite dinde ce qui n'échappe pas à maman. Elle  me sourit avec douceur, son regard mutin me dit tout ce que j'ai à savoir : elle sait. La femme de James, Grace, nous embrasse toutes les deux et part rejoindre le reste des invités.

« Tout le monde est arrivé, allons rejoindre ton père. »

J'engage le pas aux côtés de maman et lorsque nous entrons dans la pièce, papa nous acceuille à bras ouvert.

« Enfin les voilà ! Bien, il semblerait que nous soyons tous au complet. J'espère que vous avez faim car vous connaissez Isobel, elle a mit les petits plats dans les grands. »

Tout le monde éclate de rire ce qui fait rosir les joues de maman. Et ça lui va bien. Nous rejoignons la table qui a été dressée avec soin. Je m'installe à la place qui m'a été attribuée et vois s'asseoir à ma droite Ash qui a trois ans de plus que moi. Je m'empourpre de timidité et reste muette.

« Tu sais Lily si tu ne parle pas, je crois que le repas va être très long. »

Il est le seul à connaître mon deuxième prénom et à l'utiliser sciemment. Je lui jette un regard en biais et le voit sourire, visiblement il est fier de lui. J'ai toujours su que sa timidité extérieure n'était qu'une sorte de barrière pour empêcher les gens de s'approcher de lui.

« Tu fais toujours du baseball ? »

Il arque un sourcil. Parfois, j'ai l'impression qu'il n'a pas vraiment treize ans.

« Toujours. Et toi tu ... tu fais toujours ce que tu fais ? Tu fais quoi au juste ?»
«De la photographie avec maman. »

Il se tourne vers moi, interloqué. C'est à ce moment là que les plats commencent à arriver. Nous commençons donc à déguster les mets que maman a choisi pour ce soir. Le repas est entrecouper de discours sur des sujets que je ne comprends pas et qui ne m'intéresse guère et Ash ne manque pas de faire mine ostensiblement de bailler pour montrer son ennui. Maman l'a vu faire plusieurs fois.

« May, Ash, vous pouvez sortir de table si vous le souhaitez. »

Il ne nous en faut pas plus. Je sors de table en m'excusant poliment et disparaît en direction de l'escalier qui mène au première étage. Je n'ai pas demandé à Ash de me suivre pourtant il est là, sur mes talons. Il m'attrape par la main et m'empêche de fuir.

« Dis, tu me montrerais tes photographies ? »
« Elles sont dans ma chambre. »

Il me sourit et me laisse lui montrer le chemin. Nous gravissons les marches une à une et je le mène jusqu'à m'a chambre de petite fille, après tout je n'ai pas encore 13ans. Nous entrons dans cette pièce qui est la mienne et je le vois se diriger directement vers le mur couvert de photos. Il y a de tout, des portraits , des paysages et lui...

« Oh , tu m'as pris en photo … et plusieurs fois ! »
« Oui... désolée. »
« Pourquoi es tu désolée ? Ils sont bons ! Et ça me touche ... »

Je ne dis rien et ça lui met la puce à l'oreille car il se tourne vers moi. Il y a quelque chose dans son regard qui m'inquiète tout à coup. Je le vois s'approcher doucement, à pas maitriser.

« May... »

Je suis tétanisée et il continue de s'approcher jusqu'à n'être plus qu'à quelques centimètres de moi. Je ne comprend pas ce qu'il se passe jusqu'à ce que sa main sur pose sur ma joue et qu'il se penche sur moi. Ses lèvres s'écrasent sur les miennes, maladroitement je réponds à son baiser. Voilà, ça y est, mon premier baiser. 

4 Juillet 2014

Ash et moi nous sommes séparés il y a quatre ans. Ce fut probablement la rupture la plus difficile que j'ai vécu et aujourd'hui je suis ici, habillée d'une sublime robe de soirée couleur or et j'ai le cœur brisé de voir l'amour de ma vie faire son repas de répétition de mariage avec Maryssa Johns. C'est elle qui a pris ma place dans son cœur mais je ne peux rien dire. C'est comme ça , c'est la vie. Je me tiens au fond de la salle alors qu'ils se font des discours sur l'amour qu'ils se portent et sur la joie qu'ils se font de devenir bientôt Monsieur et Madame Wels Junior. Je ne voulais pas venir, je voulais rester dans ma chambre noire à développer les clichés argentiques que j'avais fait plus tôt dans la journée mais papa et maman m'avaient sermonnés sur l'importance de ma présence. Ils avaient de sérieux arguments car après tout, nous avions grandis ensemble Ash et moi. Nos parents étaient les meilleurs amis du monde et ça n'aurait pas été juste vis à vis d'eux si je n'avais pas fait acte de présence, même si ça me brisait le cœur un peu plus.

« … Je suis si heureuse de t'avoir trouver Ashton. Je t'aime et vivement dans quelques heures ! »

Tout le monde applaudit. J'avais déjà finit mon verre de champagne lorsqu'ils en étaient encore qu'au milieu de leurs speech alors j'ai levé un verre vide lorsque son père nous a dit de lever nos verre. Un garçon passe non loin de moi avec un plateau plein de verre plein, je pose le mien et en descend un second d'une traite puis en prend un second que je garde en main. Je ne vois pas James Wels s'approcher de moi.

« J'imagine que c'est dur pour toi ce soir à en juger par ta descente , n'est ce pas May ...»

Je pose mon regard translucide sur cet homme qui est comme mon deuxième père. J'ai toujours pu me confier à lui lorsque mes parents étaient trop occupés ou que je ne me sentais pas de leurs dire ce que je ressentais.

« Disons que je pensais bien faire à venir mais c'est plus difficile qu'il n'y paraît. De plus, l'important c'est qu'il soit heureux et si c'est avec elle , qui suis-je pour dire quoique ce soit... nous étions trop jeunes j'imagine ! »

James pose une de ses mains sur mon épaule nue, compatissant à ma peine.

« Ca finira par passer May, je t'assure ! Et tu seras toujours la bienvenue à la maison et lors de nos traditionnels repas de fête. Tu es de la famille , tu le sais. J'ai toujours considéré ton père comme mon propre frère ! »
« C'est gentil mais je ne crois pas que ce sera vraiment possible, je m'envole demain pour Stockholm. Papa a du te dire que j'avais été reçue dans une super école d'art... »
« En effet, je suis au courant... »
« Tu t'en va !? Tu ne seras pas là demain pour le mariage... »[/i]

Sa voix me fait tressaillir. Il s'est presque étouffé lorsqu'il a dit ces mots. Je me tourne vers lui et fait disparaître toute la tristesse qu'il y a en moi. Ni James, ni moi ne l'avons vu arrivé. Je souris avec douceur à Ash .

« Bon, je crois que vous avez des choses à vous dire. Je m'occupe de Maryssa, elle ne viendra pas vous importuner pendant vos explications. »

James s'éclipse et je le suis du regard. Je le vois dire quelques mots à Maryssa qui acquiesce en nous regardant. Elle ne m'a jamais vraiment porter dans son cœur et m'a toujours vu comme une menace pour son couple mais Ash m'a quitté pour elle alors... Mais je ne lui en veux pas. Elle est superbe et douce et rigolote et disponible … là où moi je n'en avais que pour la photo et les longues heures d'édition. Ash pose sur moi un regard perçant , plein de tristesse.

« Allons dehors Ash. »
« Je te suis. »

Nous sortons et avançons dans le jardin derrière la maison. Je me dirige vers le grand arbre qui trône au bord du jardin et m'assois sur la balançoire qui attend que quelqu'un lui donne de l'attention.

« Pour répondre à ta question, oui. Oui, je serais dans un vol international à destination de Stockholm quand tu seras entrain de prononcer tes vœux. Comprend moi Ash, contrairement à toi, je n'ai jamais cessé de t'aimer. C'est déjà dur d'être là ce soir pour ta répétition alors imagine demain... Je ne veux pas être la pauvre fille au fond de la salle, celle dont les gens disent des messes basses parce que c'est pas elle que le marié a choisi... »
« Tais toi lily. Je n'ai jamais arrêté de t'aimer. Je t'aime depuis toujours mais nous n'avons pas la même conception du monde. Toi tu es libre, tu es créative, passionnée , douce et incroyablement aimante mais ton cœur appartient à ta passion, au destin , à ta créativité. J'aime tout ça mais je veux une famille, je veux avoir des plans, des enfants et Maryssa est comme moi. Toi tu te laisse porter au gré de tes envies, du vent … »
« Ça ne change rien aux faits, tu es avec elle et moi je suis sur la touche alors que je ne veux pas y être alors c'est mieux comme ça . C'est mieux que je parte. Tu pourras te concentrer sur ta vie de famille... »

Il a les larmes aux yeux et moi je n'arrive pas à soutenir son regards.

« Tu fuis... Me voir heureux te fait fuir. Je ne veux pas te perdre … on se connaît par cœur... »
« Ash, c'est trop tard. Tu m'as déjà perdue il y a quatre ans ! »

Je me lève de la balançoire alors qu'il est désemparé devant moi. C'est comme si nous vivions une deuxième rupture et c'est encore plus douloureux car je lui dis adieu. Je dépose un baiser chaste sur sa joue et mon verre intouché entre ses doigts.

« Tous mes vœux de Bonheur Ashton. »

Je disparais.

24 Decembre 2017

Ca fait à peine quelques heures que j'ai attéri à New York et maman m'annonce déjà l'organisation d'un grand repas pour fêter mon retour. J'ai laissé à Stockholm Nicolai, le remplaçant intermittent d'Ashton. Nicolai savait parfaitement que ce moment viendrait un jour et que je ne reviendrais pas. Il n'en avait pas fait grand cas , avait tout de même décider de rester, d'être mon pilier, de m'apprendre à aimer à nouveau alors quand nous nous sommes dit au-revoir à l'aéroport tout s'est fait très en douceur. Pas de heurt, pas de larme, un énorme câlin, des sourires doux et des vœux de bonheurs pour l'avenir.  Je l'en remerciais encore intérieurement. Il avait réussi à me faire passer trois merveilleuses années en suède.

« Les wels seront là. »
« Hum … lesquels de wels ? »

Maman arque un sourcil mais papa la devance.

« Tous ! Ashon sera là avec sa famille. »
« D'accord ! »
« Tout vas bien May ? »
« Oui oui, ça fait trois ans que je ne les ais pas vu et partir m'a fait du bien. »
« C'est tenue de cocktail obligatoire May... »

Je fais un clin d’œil à maman et papa avant de m'éclipser. Je suis diplômée internationalement dans le domaine des arts et de la photographie. J'ai fait des shoots pour de grand magasine, je suis résistante au stress et me suis accomplie par moi même. Ce n'est pas monsieur et madame Ashton Wels qui vont me déstabiliser.

 Je suis dans le salon moulée dans une élégante robe noire avec les épaules en dentelle. J'ai relevé mes cheveux blonds si clair dans un chignon sophistiqué et je sirote tranquillement un verre de champagne. Comme d'habitude maman a mis les petits plats dans les grands et les invités ont l'air de bien commencer la soirée, moi aussi d'ailleurs. C'est alors que je le vois entrer. Il est encore plus beau que dans mon souvenir. Le mariage semble lui aller comme un gant mais c'est alors que je me rends compte qu'il manque quelque chose au tableau, ou plutôt quelqu'un. Sa femme. Un petit garçon sublime se jette dans les bras de James Wels, ça doit être son fils et je remarque le bambin d'un an, une petite fille, qu'il porte dans ses bras. C'est étrange. Maman est au petit soin avec lui et papa semble particulièrement compatissant aussi. C'est encore plus étrange. Maman remarque mon incompréhension.

« May, peux tu me rejoindre dans la cuisine une minute. »

Je fais un sourire à Ash et disparaît rapidement.

« J'ai vu ton incompréhension. Maryssa est décédé il y a deux mois. Un cancer foudroyant. Sois gentille avec Ashton, il a beaucoup de mal à s'en remettre. »
« Ah … c'est une triste nouvelle. »
« Excusez moi Isobel, pas besoin de vous cacher à part May tout le monde est au courant. »

Ma mère et moi sommes abasourdies par son détachement et il garde son regard posé sur moi.

« Je crois que tu as besoin de quelque chose de plus fort que du champagne, je me trompe ? »

Il hausse les épaules et je l'enjoins à me suivre. Je ne le refais pas passer par le salon et nous dirige directement vers la pièce où mon père aime à se cacher lorsqu'il a passé une mauvaise journée. Je ferme la porte aprés lui puis me dirige vers la desserte où différents bourbons et whisky attendent sagement dans leurs carafes en cristal. Je prend un bouron de 12 ans d'age et en verse une quantité que je juge suffisante et lui remets le verre. Ashton s'en saisit mais n'y touche pas, il le repose lentement sur la desserte et me prend dans ses bras avec une ardeur et un désespoir que je ne lui connait pas.

« C'est bon de te savoir de retour Lily... »
« Je suis contente d'être de retour aussi... »
« C'était l'enfer, tu m'as manqué ! »

Je sens ses larmes roulées dans mon cou. Il s'abandonne dans son étreinte, lâche prise. Je comprends qu'il porte un masque pour ses enfants, pour sa famille, pour son travail et maintenant, avec moi, il arrête de jouer la comédie. Je le laisse contre moi pendant un temps qui me paraît être une éternité et il se décide à se détacher de moi. Il ne pleure plus mais à l'air définitivement loin de l'homme que j'ai connu. Je le souris avec douceur et ce qui suit me paraît irréel. Il écrase ses lèvres sur les miennes dans un baiser passionné et tout aussi désespéré que son étreinte précédente. Je le repousse doucement, je ne veux pas le heurter.

« Ashton ce n'est pas correct et je refuse d'être une consolation. »
« Tu... Tu as fini par passé à autre chose … la vie est injuste ! »
« Tu n'es pas en état , tu as besoin de cicatrisé. »
« T'as toujours été la voix de la raison. »

Nous en restons là et retournons à la soirée. Je prends grand soin à me tenir aussi loin que possible de lui et lui ne cesse de me regarder la mort dans l'âme. Mon retour n'a jamais signifié le recommencement d'une histoire qui nous a fait souffrir, seulement mon besoin de revenir à mes racines.