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 another graceless night. (bb)

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Message Sujet: another graceless night. (bb)   another graceless night. (bb) Empty Lun 3 Sep - 14:28

tout l'monde croit l'connaitre. casey morgenstern. l'fils à papa. riche comme crésus. l'sourire snob et l'arrogance qui suinte par tous les pores. l'caboche brillante. p'is c'est qu'il est beau à faire tomber les p'tites culottes, l'gamin morgenstern. p'is qu'il aille croupir avec la pourriture du queens, ça file un côté tragique, dangereux, une once d'mystère - n'est-ce pas ? l'genre aux cigarettes qui pendouillent des lippes, à la veste en cuir, et aux traits vulnérables. l'genre à la james dean. l'genre du connard au coeur meurtri. quelles conneries, p'tain.
la vérité, c'est qu'il n's'c'connait pas lui même, qu'il y a des ténèbres dans ses orbes, une part d'lui qui l'terrifie, l'tient éveillé lorsqu'les brumes d'l'alcool s'évanouissant. c'te part qu'il étouffe à coup d'vodka, d'sexe et d'coke. la vérité, c'est qu'il crève d'vivre, mais qu'il n'obtient qu'chimères. qu'pour respirer, il a b'soin qu'son coeur arrête d's'agiter, qu'ses pensées cessent d'le torturer. ouais, parce qu'c'est plus facile, d'se foutre la gueule à l'envers, que d'ressentir quelque chose - hein ? quand il s'mate, cash, il n'voit qu'des abysses, qu'un p'tain d'vide à la place d'son âme - si tant est qu'il y croyait, à une p'tain d'âme. ouais, l'est convaincu qu'il est qu'un amas d'molécules, condamné à s'consumer, pour quelques souffles d'vie.
la vérité, c'est qu'il n'est plus ombre qu'cash. d'celle fringuée d'chemises à cinq cent balles, digne d'un foutu mannequin BCBG. d'celle imbibée du parfum d'l'eau d'cologne, d'tabac froid, et d'quelque chose d'plus mentholé. qu'une foutue p'tain d'ombre, qu'il s'dit, cash, en s'grillant un joint, matant une silhouette menaçantes qui s'dirige vers lui. son poing l'démange furieusement. c'un client, un joueur maladif, l'
fortune comme geôlière. l'connait pas personnellement, mais l'mec semble cumulé toutes les tares, l'genre de plouc qui s'lave toutes les quatre semaines, shlingue l'alcool, et généreux d'une bouche graveleuse d'laquelle vomit seulement des r'marques machistes et des insultes, avec l'mot tarlouze dedans. pas vraiment original. l'genre que cash peut vraiment pas blairer, ça c'clair. l'avait toujours soupçonné d'en avoir une toute p'tite, tellement n'importe quelle présence semblait être une insulte à sa virilité. 
c'soir-là, il l'avait dépouillé d'un paquet d'fric, aussi, à c'salaud. un joli tour d'passe-passe, quelques probabilités. les chiffres étaient bel et bien ses meilleurs amis. une arnaque joliment effectué, et quelques billets qui s'retrouve dans sa poche, au lieu des caisses du casino. aucune pitié, aucune chance. ça l'avait fait jubiler, cash, d'le voir devenir livide. pas étonnant qu'il s'pointe. ce genre d'spécimen, c'est assez prévisible. l'truc, c'est qu'bear, l'videur, n'est pas là pour empêcher la situation de dégénérer. v'nait d'avoir un gosse, papa pour la troisième fois. un joli bébé, même s'il ressemble un chouia à un gnome fripé - mais tous les bébés ont c'te gueule, y paraît. 
« hé, sale enflure, j'veux ma thune ! on m'l'a fait pas à moi, p'tain. »  
l'a l'air sacrément en colère, l'balourd, avec son poing qui s'agite en vain dans l'air, mais ça l'impressionne pas vraiment, cash. et son poing l'démange, oh, tellement. mais c'vraiment pas une bonne publicité, d'tabasser les clients. 
« l'jeu est l'jeu, vieux. » qu'lance, morgenstern, nonchalant, tirant une taffe. 
la seconde d'après, la grosse paluche cramoisi l'empoigne par l'col, sa tête à quelque centimètres d'la porte arrière du casino. 
« j'v-vais pas m'faire dépouiller par une p'tain d'pédale. »
la r'marque d'trop. la rage lui brûle la gorge. et les entreilles. et chaque connexions d'nerveuses d'son corps. cash d'vient ombre. d'un coup d'poing bien placé, suivi d'un coup en plein dans l'paquet, il s'dégage facilement. et ça n'fait qu'attiser sa rage, et c'elle qui l'anime. l'arrête d'réfléchir, d'respirer même. il n'est plus qu'chair et sang, et il cogne, il n'arrête pas, il s'défoule, furieusement, sur l'corps à terre, recroquevillé. et il grogne, si fort, sans même s'en rendre compte. ses traits sont déformés par la colère, la hargne. ça fait un moment qu'le balourd a cessé d'beugler, même s'il chiale comme un gosse de deux piges, quand c'qu'il reste de la partie rationnelle d'cash le pousse lui-même à s'éloigner. essoufflé, éreinté, il s'adosse au mur, sans un regard pour l'corps inerte secoué d'sanglots. p'is, c'là qu'il la voit. une forme brouillon d'abord, p'is des jambes, des bras, un buste. un corps super bien foutu, p'tain. une potentielle balance, une potentielle emmerdeuse. manqu'rait plus qu'il ait les flics sur l'dos. ça fait un bail, qu'papa n'est plus là, pour nettoyer ses bavures, et son casier judiciaire. et la taule, ça craint, du moins, y parait.
« hé la blondasse peroxydée ! ouais, toi. » qu'il hurle, à s'défoncer les poumons. sans savoir comment il pourrait s'démerder.
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Betsi Braxton;

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Betsi Braxton



peltz.
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brynn - o'neil | cez - o'connell | kurtis - king | oona - piekarz | sage - gauthier | sonny - bador | tad - piper.
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905
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le coeur baroudeur et l'amour fugitif. t'aimes pas qu'on te retienne, t'aime pas qu'on revienne. c'est une danse perpétuelle entre toi, les émois éphémères et les désirs vagabonds.
vendeuse dans un sex shop. en proie aux vicelards qui s'la ramènent face à la blondinette au visage d'ange, les regards lubriques au détour des rayons de DVDs pornographiques et les coups d'oeil incisifs des bonhommes graveleux. un terrain de jeu. pernicieux. fétide. immoral.
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Message Sujet: Re: another graceless night. (bb)   another graceless night. (bb) Empty Mar 25 Sep - 1:51

catsi / another graceless night /

De l'argent t'en as tellement que tu ne sais plus quoi en faire, bb. Si tu étais femme à clichés, tu pourrais t'assoupir toutes les nuits au creux d'un matelas de billets verts pour enrichir chacun de tes rêves, des plus sages aux plus érotiques. Tu pourrais les foutre au feu avec le reste des inhibitions que tu avais déjà fait le choix d'incendier depuis bien longtemps. Tu pourrais te baigner dans un bain de chèques dont le montant comporteraient plus de zéros que tu ne possédais de paires de chaussures. Tu pourrais te payer un boy, puisqu'on te prend déjà pour une fille de petite vertu. Ou tu pourrais te payer un garde du corps pour protéger princesse de ce monde en dehors qu'on dit parfois trop cruel. Mais toi, c'est ce monde-là qui éveille ton intérêt Betsi, loin de l'univers aseptisée au sein duquel tourne d'ordinaire la petite planète Braxton. Gamine affamée des dangers du mal famé. Ingénue aux pieds nus sur un pavé de crasse.
Le casino, c'est un peu ton entre-deux-monde, un mélange exquis de luxe et de vices à la hauteur de tes plus folles attentes. Et puis le casino, c'est aussi ce souvenir embrasé qui fait bouillonner ta mémoire ; celui de quelques heures qui auraient presque pu t'enivrer plus que l'alcool. Presque. Parce que c'était pas si bien que ça. Et comme si la nicotine pouvait miraculeusement rendre plus intéressant le jeu en solitaire, t'as décidé que t'allais d'abord te griller une clope derrière le bâtiment. Mais y'a des cris étouffés qui percent le manteau nocturne. Une rage bruyante qui se fait entendre jusqu'à annihiler ce désintérêt pourtant si bien ancré en toi depuis la nuit des temps. T'autorises même une oeillade curieuse, et c'est ce que t'aurais sans doute jamais dû faire. Muscles crispés et cerveau en friche, tu te fais violence pour ne pas réagir. « Hé la blondasse peroxydée ! Ouais, toi. » Seules tes iris se meuvent pour accrocher le type qui t'interpelle. Le reste de ton corps, lui, reste totalement immobile, et tu fais même de ton mieux pour faire comme si de rien n'était. Comme si la scène qui venait tout juste de se jouer devant tes yeux n'était rien. Comme si l'appel du type en face ne t'inquiétait pas le moins du monde. Parce que t'es pas une pauvre petite chose, Betsi. T'es pas une poupée à protéger. T'as été l'ombre au tableau mais une ombre, ça ne fuit pas. Alors, les épaules relevées, tu avances de quelques pas sans pour autant répondre quoi que ce soit. L'air délibérément détaché (et parfaitement exécuté pour l'avoir travaillé si souvent), tu t'adosses contre le mur le plus proche avant de retirer un briquet et la cigarette de secours du tissu de dentelle qui emprisonnait deux parts indécentes de ta féminité - un geste qui, par ailleurs, dévoile davantage ce décolleté que tu avais à peine cherché à camoufler en premier lieu de toute façon. Tu portes le bâton de nicotine jusqu'aux lippes carmins, l'allumes, et te décides finalement à poser à nouveau ton regard sur le jeune homme en face de toi. Tu restes toutefois silencieuse quelques secondes encore, le temps de tirer une première taffe d'un geste si lent qu'il paraîtrait presque lascif. « Tu crois que tu vas prendre combien pour ça ? », tu le questionnes d'un ton sans doute trop léger compte tenu des circonstances. Une moue prend possession de tes lèvres. « Vingt ans ? Trente ans ? » Tu marques une courte pause dont tu profites pour afficher un rictus délibérément narquois. « Perpet' ? » Tu hausses les épaules, et feints un air désolé. « J'te conseille de plaider la légitime défense, tu gratteras sans doutes quelques années. Et puis si tu te tiens à carreaux une fois en taule, t'en gagneras quelques autres pour bonne conduite. » L'insolence au bord des lèvres, le moindre de tes sarcasmes te rend irritable et le simple fait que tu sembles prendre cette affaire à la légère n'aidait en rien à améliorer cet état de fait, bien au contraire. « Et d'ailleurs... je suis peut-être la dernière nana que tu vas voir avant un bon bout de temps chéri alors s'il te plaît, ne soit pas désagréable ; ce blond est naturel. » Un détail qui n'avait aucune espèce d'importance, pas même pour toi. Mais c'est ainsi que tu as l'habitude de contrôler les situations compliquées. C'est ainsi que tu as l'impression de dominer. C'est ainsi que tu marches, bb. Et lui, il avait tout intérêt à suivre la direction que tu avais choisie pour ne pas entacher la contenance que tu avais su retrouver à grands coups de sarcasmes et d'ironie.

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Message Sujet: Re: another graceless night. (bb)   another graceless night. (bb) Empty Sam 27 Oct - 23:09

la silhouette échevelé d'cash s'découpe dans l'ombre. 
il a les tripes au bord des lèvres. 
et son corps menace d's'auto-détruire,
ou d's'foutre en position fœtale, parmi l'hémoglobine d'la carcasse à d'mi respirante sur l'sol.
il n'avait pas prévu, d'se foutre dans une telle merde - et encore moins avec témoin à l'appui. 
p'tain. p'tain. p'tain.
on l'entend arriver, barbie, avec l'claquement provocateur d'ses talons sur le bitume. on la voit surtout. l'regard d'cash s'accroche aux déhanchements lascifs d'ses hanches, à ses cheveux, ébouriffés par l'vent, d'un blond d'chérubin. elle n'a pas la dégaine d'l'ange, barbie - plutôt celle du bras droit d'satan. un bras droit sacrément bien foutu. derrière ses longs cils, morgenstern décortique ses expressions, la lueur qui danse dans les orbes d'la blondasse peroxydée. il n'arrive pas à cerner ses grandes pupilles bleus, qui semblent vouloir l'bouffer, et ça l'déstabilise, casey. tout s'écrase face au mur d'glace, nonchalant et narquois, affiché par la sulfureuse d'moiselle. adossée au mur, elle dégage un paquet de c'décolleté aguicheur pour y saisir un bousilleur d'poumons. elle a la dégaine d'celle qui croit fiévreusement qu'l'monde appartient - sûr'ment pété d'thunes, ou ex-pété d'thunes, bicause tout l'monde sait qu'le billet vert est dieu. pourtant, elle traîne dans les bas fonds d'new-york, parmi les rats, et les charognes, tel qu'casey fucking morgenstern. un drôle d'spécimen, qu'il s'dit. 
« Tu crois que tu vas prendre combien pour ça ? »
son ton si léger, si détonnant, l'déraille - les coups, répétés, toujours plus forts, lui semble presque émergés d'un rêve. il ignore si elle est troublée l'moins du monde. c'dont il est foutrement sûr, c'qu'elle est plutôt douée, pour l'cacher derrière des couches écœurantes d'sarcasme et d'ironie. dans une aut' situation, il pourrait même en être impressionné.
« Perpet' ? »
il n'est pas d'humeur, cash, pour ces p'tits jeux.
il veut juste, 
qu'elle ferme sa gueule, p'tain. 
qu'les mots-vipères qui dégoulinent d'ses lèvres carmins, où pendent une clope, cessent. 
parce qu'aussitôt échappés dans l'air glacial, ils tournent en boucle dans sa caboche, accentués par les gémissement d'l'aut pauv' type sur l'sol.
vingt-cinq ans… trente…perpet'... taule… légitime défense.
plutôt crever. l'angoisse lui tord les entrailles - et sa propre faiblesse l'agace. c'la panique, c'te fois, qui s'diffuse dans ses veines. l'pire des poisons. d'celle qui vous paralyse. la colère l'empêche d'réfléchir. néanmoins, il tente d'garder une expression froide, distante. c'foutu masque qui s'fond si profond en lui, qu'il en oublie souvent la présence
« Et d'ailleurs... je suis peut-être la dernière nana que tu vas voir avant un bon bout de temps chéri alors s'il te plaît, ne soit pas désagréable ; ce blond est naturel. »
il aim'rait qu'elle arrête d'déblatérer. deux p'tains d'sec. qu'il puisse aligner ses pensées brouillons. avec la démarche d'un prédateur, il s'approche d'elle - presqu'trop près, s'lon les distances d'sécurités qu's'imposent cash. son est souffle tout proche d'son visage.
« si tu l'dis », qu'il crache, l'air pas d'tout convaincu, et méprisant. 
il veut sentir la peur s'dégageant d'ses pores, plutôt qu'le parfum outrageusement sucré d'barbie. il veut qu'elle tremble, qu'elle éloigne l'regard. il veut qu'elle s'sente vulnérable. il veut lui faire avaler c'te foutue moue supérieure, et cet air d'arrogance frisant l'idiotie. il veut qu'elle s'liquéfie sous ses yeux. parce qu'c'ainsi qu'il maîtriserait la situation.
parce qu'on ferme sa gueule, quand on a la trouille, hein ? 
tout pour étouffer c'qui s'est passé. 
« écoute, poupée. t'as pas l'air si conne qu'ça. si t'veux pas d'problèmes - et crois-moi, t'en veux pas -, tu n'as rien vu, rien entendu. t'ferme ta gueule, et t'continue ta pauv' p'tite vie. » susurre t-il, d'sa voix comme mille lames acérées. « ça s'rait dommage d'abîmer ta jolie gueule, t'trouve pas ? » qu'il ajoute, glacial, un sourire mielleux aux lèvres. 
il saisit, sans gêne, l'paquet d'clopes pour s'choper une cigarette, tout en maint'nant un contact oculaire avec barbie.
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le coeur baroudeur et l'amour fugitif. t'aimes pas qu'on te retienne, t'aime pas qu'on revienne. c'est une danse perpétuelle entre toi, les émois éphémères et les désirs vagabonds.
vendeuse dans un sex shop. en proie aux vicelards qui s'la ramènent face à la blondinette au visage d'ange, les regards lubriques au détour des rayons de DVDs pornographiques et les coups d'oeil incisifs des bonhommes graveleux. un terrain de jeu. pernicieux. fétide. immoral.
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Message Sujet: Re: another graceless night. (bb)   another graceless night. (bb) Empty Jeu 13 Déc - 12:57

catsi / another graceless night /

De toute évidence, ta présence est des plus malvenues. Tu le comprends dès lors que tes les opales noisette se font témoins d'une scène qui n'aurait jamais dû se dérouler devant elles. Le type, il a pas franchement une gueule à être content de te voir (ça, tu t'es fait à l'idée qu'il regretterait plus tard - tout le monde devrait apprécier la sacro-sainte présente de princesse Braxton). Mais c'est que tu sais tout autant te rendre indésirable, Betsi. Comme l'imprévu dont on ne veut jamais. L'écharde dans le doigt. L'ampoule sous le pied. La blessure si profonde que la cicatrice ne s'efface jamais. Tu peux être tout ce que l'humain désire bb, et la seconde d'après, devenir la plaie béante du monde. Pourtant, le mec en face de toi, il a l'air d'en avoir connu. Il a pas la tête de celui qui en est à sa première galère, ni même de celui qui affronterait son premier dérapage. Et à côté de ça, il a plutôt la gueule de celui qui sait que tu vas l'enfoncer un peu plus encore dans la merde si tu t'approches de trop près. Le regard acéré, assombri par des sourcils exagérément froncés. La mâchoire crispée. Chaque détail semble te conseiller de rebrousser chemin. Mais tu n'es pas poupée docile, Betsi. Et tu ne recherches pas, ce soir, la sécurité d'un sourire. Heureusement, sans doute. Parce que l'inconnu n'avait manifestement rien à t'offrir - ou, plus exactement, ne semblait pas vouloir partager la noirceur de sa soirée avec toi. Mais toi bb, tu ne te rappelles pas lui avoir demandé son avis. Les décisions, c'est toi qui les prends. Toi, et toi seule. Toi qui veux, toi qui exiges, toi qui dérobes, toi qui obtiens. Toi à qui tout appartient, même les choix des autres. Alors, tu optes pour une position des plus détendues pour lui signifier que tu n'as aucunement l'intention de bouger d'ici, quand bien même ta présence pouvait être dérangeante. Mais son silence princesse, il te fait perdre patience. Tu trépignes sur un pied, puis sur l'autre, comme si tu perdais l'équilibre à chaque nouvelle seconde alors qu'en réalité tu ne tiens simplement plus en place, vexée qu'il ne rentre pas si aisément dans ton jeu. « Quoi ? T'as perdu ta langue ? » T'inspires une nouvelle bouffée de nicotine pour te donner une contenance. « Mh, j'ai lu quelque part que de tels traumatismes pouvaient engendrer la perte de la parole », tu ironises en désignant le corps d'un léger coup de tête. Toutefois, bien que cette affirmation soit vraie, il n'en restait pas moins que le type préférait rester silencieux par choix. Sans doute croyait-il qu'il s'agissait là du meilleur moyen pour te faire déguerpir, ne voyant plus aucun intérêt à une situation stagnante qui tendrait à se rapprocher dangereusement du stade de l'ennui extrême. Dans un sens, il n'avait pas tort. Mais tu n'es pas dupe, Betsi. Et t'as bien l'intention de camper là, au moins jusqu'à ce qu'il daigne t'adresser la parole. Pari gagné au bout du compte. Tes muscles se tendent de manière instinctive lorsque le fauve s'approche enfin de toi, et pour la première fois de ta vie, tu appuies davantage ton dos contre le mur dans l'espoir de te fondre dedans. Les pupilles s'agitent, et tu ne ressembles plus à rien d'autre qu'à un chaton blessé pris au piège. Pour la tigresse que tu es d'ordinaire bb, c'est pathétique. « Ecoute, poupée. T'as pas l'air si conne qu'ça. Si t'veux pas d'problèmes - et crois-moi, t'en veux pas -, tu n'as rien vu, rien entendu. T'ferme ta gueule, et t'continue ta pauv' p'tite vie. » Tu hausses faiblement les épaules comme pour lui signifier qu'il avait peut-être tort. Que tu n'avais peut-être pas peur des problèmes. Que tu ne fermerais peut-être pas ta bouche de peste. et que tu ne retournerais peut-être pas à ta vie de princesse bien rangée. Pour autant, tu n'oralises pas la moindre réponse (sans même admettre à toi-même que c'est sans doute par crainte d'aller trop loin - parce que bb, tu vas toujours trop loin). « ça s'rait dommage d'abîmer ta jolie gueule, t'trouve pas ? » Tes lèvres se pincent par automatisme mais ne t'empêcheront pas pourtant de faire l'erreur de lui répondre enfin. « T'oserais pas me toucher. », que tu le défies en accrochant son regard. Tu hausses les sourcils, joue de tous les éclats qui pouvaient aviver tes yeux noisettes. Et tu décides finalement de ne pas lâcher, pas même lorsque le type se permet de se servir dans ton paquet de cigarettes. Immobile. Impassible (tant bien que mal). « Puisqu'on en est à partager une clope entre copains », tu commences avec sarcasme, « Peut-être que c'est le moment de me dire ce qu'il s'est passé. » Tu tentes l'impossible et le diable avec, Betsi. « Auquel cas je vais devoir aller noyer ma déception dans l'alcool. Et je parle beaucoup quand je suis saoule. » Menace camouflée. Sourire victorieux teinté de malice. Il est temps de reprendre les rênes.

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