lion en cage. Confiné entre les murs trop étroit d'un appartement quasiment vide. On appelle ça
l'ambiance minimaliste. hypocrisie des sans le sous qui jure qu'ils veulent rien de plus que ça. Lion préfère le faste de ces choses qu'il n'aura jamais.
l'idée d'atteindre un jour un objectif improbable pour les gens comme lui. Courant après l'antipode de son enfance, une vie brûlante dans une maison froide. Course effrénée jusqu'à s'en essouffler, pas de trêve quand la brûlure s'infiltre jusqu'à ses poumons. Il frôle l'épuisement parfois, suffoque entre réalité et attentes. Cage thoracique qui se resserre sur les organes jusqu'à les comprimer trop longtemps.
alors il fuit. s'extirpe d'entre les murs et trouve refuge dans les ruelles, à l'air libre. Tire des plans sur la comète qui se dessine en nuée d'étoiles sur le ciel nocturne. L'idée germe comme une vieille habitude, presque un besoin quand il croit nécessaire de respirer le grand air. S'embourber dans des histoires avec l'un des seuls capables d'apaiser son esprit.
poker ce soir.
21H.
sans fioriture, jamais besoin d'enjoliver quand il s'agit de lip. Message concis qui tourne comme un engrenage bien rodé. La précision froide masque la chaleur amical qu'ils ne s'offrent qu'entre eux, il n'attend aucune réponse pour savoir qu'il viendra.
parce qu'il viendra, une rengaine vieille de près de vingt ans, le fond reste le même seul la forme change. Des gamins énervés, des ados survoltés, des adultes paumés. lip éternel acolyte. Partenaire de jeu autant qu'il l'est de vie. Ça fait si longtemps maintenant qu'il croit à peine se souvenir des années d'enfance sans le connaître.
A qui il déversait sa rage et ses emmerdes, avant ?
Il quitte les ruelles pour les grandes avenues, l'obscurité pour une lumière crue. Bourdonnement de vie qui claque sur la macadam, assourdissement des sens et dans le corps de lion, c'est une impulsion nouvelle qui s'étend dans les veines. Euphorie latente d'une soirée dont il connaît les rouages, des joueurs aussi expert qu'ils peuvent être tricheurs. Une soirée avec lip a déjà le goût d'havre de paix, autour d'une table de poker elle a aussi l'odeur des billets. Effluves qui lui met les nerfs a vif, qu'il étouffe dans une volute de cigarette, le tabac pour masquer l'excitation du flirt avec les limites. «
en retard. » un reproche sur l'air d'une blague, presque une habitude depuis vingt ans. La montre à son poignet comme accessoire obsolète, si lip y jette un œil c'est rarement pour se pointer à l'heure. Pas avec lui du moins. Sans doute un concept de riche qui lui échappe, ou le temps, comme l'argent, est soumis à ses désirs plus que l'inverse. Lip décide, d'une liasse ou d'un contact puissant. Tout ce que lion n'est pas, un canyon entre leur monde et des âmes qui se retrouvent pourtant en miroir l'une de l'autre. «
j'offre la première tournée » mégot jeté à leurs pieds, un empressement presque enfantin quand il veut pénétrer les lieux, s’asseoir à table – déjà – jouer et s'enivrer. Il accepterait même une défaite pourvu qu'il ai l'ivresse – de l'alcool et de la vie – c'est pour ça que lip est toujours ce tandem dont il ne se sépare pas.
ce soir, ils seront les rois du monde