— i'll be there (w/alyzée)

T’as appelé, et pourtant, aucune réponse de sa part. T’as donc pris une grande inspiration, tu lui as envoyé un message et t’as laissé un peu de temps s’écoulé. Et toujours, aucune réponse. Et clairement, tu n’aimes pas ça toi, pas quand il s’agit d’elle, tout du moins. Les clés de ta voiture que t’as rapidement agrippés d’une main. Avant de prendre la direction de son appartement. Alors que tu n’es même pas certain qu’elle y sera. Faut dire que tu n’aimes pas trop t’imposer de la sorte. Seulement voilà, t’as un peu peur qu’il lui soit arrivé quelque chose. Parce que tu sais bien que ce n’est pas impossible que ce soit le cas, et c’est bel et bien ce qui te fait peur à toi.
La route qui n’a pas été trop longue. Parce qu’elle n’habite pas bien loin de chez toi, la jeune femme. Le moteur que tu coupes, avant de te tirer une clope et de la coincée entre tes lèvres. Dernière chance. Rapide coup d’œil que tu finis par lancer à ton cellulaire, avant de sortir de ta caisse. Avant de laisser tomber ta cigarette au sol et de l’écraser. Puis, t’as pris la direction de l’entrée. T’as laissé ton poing s’abattre contre la porte, et t’as attendu, le moindre signe de vie. Les secondes qui s’écroulent à nouveau, sans réponse. Et cette fois, tu mets beaucoup moins longtemps à t’impatienter. « Alyzée, merde ouvre-moi. » Toi, qui est patient d’habitude, mais clairement c’est totalement différent dans ce genre de situation. Oui, parce que clairement, t’es entrain de t’imaginer le pire. Les coups contre la porte qui continuent à s’enchainer, avant qu’un long soupir ne s’extirpe de tes lèvres. Oui, parce que clairement, elle n’a pas l’air d’être là. Ou sinon, elle t’ignore en beauté. Il te reste donc plus qu’une chose à faire. Attendre. Qu’elle se décide à t’ouvrir, ou qu’elle revienne. Parce que t’as clairement aucune idée d’où elle peut bien être. Et c’est probablement ça le pire. Alors, tu prends une grande inspiration. Et maintenant, tu ne fais qu’espérer qu’elle va bien.
@alyzée putskowski

elle l'entend, son téléphone. et pourtant, elle n'a pas la force de l'attraper, de tendre le bras et de répondre. ça doit sûrement être un des garçons qui s'inquiète bien trop pour elle. et au fond, peut-être qu'ils ont raison. parce qu'aly, elle craint. depuis sa dernière agression, depuis qu'un des types de son père a osé lever la main sur elle, c'est difficile pour qu'elle accepte de sortir. ne serais-ce que faire les courses, ça lui semble impossible. encore une fois, alyzée s'est foutu dans un sacré pétrin alors qu'elle voulait juste profiter d'la fraicheur des nuits. elle avait b'soin d'se retrouver seule. et pour la peine, elle s'retrouve avec des côtes cassées. son téléphone vibre encore, et encore. elle souffle un bon coup, se redresse au beau milieu d'ce lit bien trop grand quand il n'y reste plus qu'elle. il suffit qu'elle tourne son regard pour voir la photo qui traîne sur la table de chevet. c'est juste eux trois. ça n'sera toujours plus qu'eux trois. la rosuse fini par attraper son téléphone du bout des doigts, laisse ses doigts qui appuyent sur l'écran. teddy. en temps normal, elle aurait sûrement esquisser un sourire, mais aujourd'hui, elle n'en a ni la force, ni l'envie. elle est en train d'couler, aly. en train d'se laisser noyer.
et ça va pas, putain. elle a envie d'pleurer, la môme. pourtant, la seule chose qu'elle est capable d'faire, c'est d'se lever pour s'installer dans la cuisine, pour ouvrir la fenêtre et allumer une clope. tant pis, si les garçons essayent de la joindre. elle répondra plus tard, ou sûrement pas. elle est concentrée, est perdue dans ses pensées. sursaute, quand ça cogne si fort contre sa porte. elle s'y rapproche, jettant la clope dans l'cendrier, elle finira simplement par se consummer toute seule. elle entend cette voix qu'elle connaît, pourtant, y'a cette voix dans sa tête qui lui hurle d'ne pas ouvrir.
elle devient juste dingue, juste folle. elle secoue la tête, la rousse. aly est paumé. aly est en train d's'achever bordel. elle met du temps, avant d'simplement mettre cette main sur la poignée. pour ouvrir, c'est encore plus long, encore plus bordélique dans sa tête. elle n'sait pas à quel moment elle a eu une seconde de lucidité, pour ouvrir, pour laisser sûrement une des personnes qui comptent le plus pour lui, après les garçons, pénétrer dans l'appartement. qu'est-ce qu'tu fais là ? c'est la seule chose qu'elle est capable de demander. un peu trop perdu, un peu trop d'choses.

Tu ne sais pas trop quoi en penser. De ce silence radio. Du fait qu’elle ne soit peut-être pas chez elle aussi. Et d’ailleurs, toi, ça ne te rassure pas du tout. Tu te serais contenté d’un simple je vais bien, si elle avait daigné te le dire. Mais non… rien. Et ton esprit qui commençait à se torturer, imaginant mille et un scénarios qui la concernaient. Milles et une possibilités qu’elle n’allait pas bien. Parce que ça restait toujours une possibilité. Qu’il lui soit arrivé quelque chose. Et bien que ce n’était pas ce que tu espérais, cela n’en restait pas moins une possibilité… Du moins, c’est ce que tu croyais, avant d’entendre la porte s’ouvrir derrière toi. Toi, qui avait fini par t’asseoir pas loin de l’entrée, toi qui te redresses d’un bon, à l’instant même où tu entends sa voix. « qu'est-ce qu'tu fais là ? » Qu’est-ce que tu fais là ? Merde, tu te fais du souci pour elle. Et à voir la tête qu’elle a, le manque de vivacité qui l’habite, tu en viens très vite à la conclusion que tu avais justement vu juste. Qu’elle n’allait effectivement pas très bien. Seulement, tu ne pourrais pas l’aider, si elle ne te disait rien. « Ça fait presque une heure que je tente de te joindre sans succès… » Que tu commences, faisant un léger pas vers l’avant. Parce que oui tu t’approches d’elle, peu mieux la voir, mais tu gardes une certaine distance, n’osant pas trop d’imposer près d’elle. Parce que tu sais bel et bien qu’elle n’a peut-être aucune envie qu’on la touche. Même si t’aurais bien envie de la prendre dans tes bras. « Je me faisais du soucis pour toi. » Que tu finis par avouer. Bien qu’elle devait déjà s’en douter. Parce qu’au final, tu te faisais toujours du souci pour elle, un peu trop. Toi qui aimerais bien la préserver des atrocités de la vie. Parce que clairement, tu la considères bien trop jeune pour avoir déjà passer à travers tout ce qu’elle a vécu. Mais dans cette situation, tu sais que tu es complètement impuissant. « Et je pense que j’ai eu raison de m’en faire… » Vu la mine abattue qu’elle aborde. Ton regard, qui cherche le sien pendant quelques instants avant de le retrouver. Cette fois, tu ne dis plus rien. Tu te contentes simplement de la questionner du regard. Pour essayer de savoir ce qui s’est passé, ce qui lui arrive. Espérant même qu’elle te donnera une réponse par elle-même. Même si ça, tu en doutes.

elle n's'attend pas à l'voir. ou p't'être que si. parce qu'elle a vu les messages. elle a rejeté les appels. elle l'a fait parce qu'elle voulait pas affronter tout l'bordel qui allait suivre par la suite. elle est épuisée, au fond. d'voir les mêmes regards inquiets quand on parle d'son sujet. la pauvre aly, qu'elle entend souvent d'la bouche des garçons quand ils sont persuadés qu'elle dort. alors qu'non, c'pas l'cas. les messes basses, elle l'supporte plus. l'ras l'bol.
alors oui, ce soir, quoi qu'elle n'sait même pas l'heure, ni l'temps à l'extérieur. elle est en train d's'enfermer. et c'est sympa d'faire semblant quand ils sont là et quand ils lui posent des milliards d'questions, mais elle n'en peut plus. elle a mal. elle a d'fois du mal à respirer. ça compresse sans qu'elle n'sache quoi faire ; l'horreur qu'elle n'souhaite même pas à son pire ennemie.
alors oui, elle est étonné, d'le voir. mais en même temps, pourquoi elle n's'en est pas douté ? et l'pire, c'est que ted connaît bien trop la môme. alors quoi qu'elle dise, quoi qu'elle fasse, il s'ra faire la part d'la vérité et du mensonge. j'dormais. c'est à la fois la vérité, à la fois un mensonge. mais après tout, qu'est-ce qu'elle va lui dire d'autre ? qu'elle crève d'envie d'être toute seule pour méditer sur l'sens d'sa vie ? pour n'pas flancher, prendre un couteau et s'le poignarder ? non, parce qu'il va prendre peur, et qu'elle est persuadée qu'c'est un truc qu'elle doit pas dire. tourner sa langue sept fois dans la bouche qu'on lui dit ; pour une fois, elle s'y tient. elle en vient à fuir son regard, à chaque mot qu'il prononce. sûrement la honte. elle n'sait pas, et c'est hors d'question qu'ça aussi, elle l'avoue à voix haute. j'vais bien ted, j'ai... j'suis juste épuisée. ça s'ressent dans sa voix qui est complètement en vrac. ça s'ressent dans l'moindre de ses gestes. c'pas un mensonge, ça non plus, elle n'lui dit juste pas la vraie vérité. ça s'ressent car ses yeux s'humidifient sans qu'elle n'arrive à l'contrôler. alors dans l'plus grand silence, elle s'contente juste d's'approcher d'lui, et d'se blottir contre lui. sans pleurer. sans l'ouvrir. elle en a juste besoin. elle veut juste qu'on lui dise encore et encore qu'tout va bien s'passer, et qu'tout va bientôt s'finir.