once a thief, always a thief // jonas.

furie. c'est l'état dans lequel débarque arthur. ses poings, serrés, provoquent quelques marques disgracieuses sur les paumes de ses mains. la nouvelle n'a mis que peu de temps à arriver à ses oreilles. négatif pour son coeur et ses nerfs. la culpabilité enserrait déjà son âme, il fallait en plus qu'elle s'occupe d'un fiancé en deuil. pire qu'un enfant. il lui fallait foncer chez l'homme afin de le raisonner. retrouver la femme. des bruits de couloirs lui avaient appris que c'était son intention depuis un bon moment. elle savait que ce n'était pas une bonne idée. pour une raison qui lui échappait, elle trouvait cela sinistre, presque malsain. il n'avait pas le droit de faire ça. pas le droit de remplacer hazel en prenant une pseudo-fiancée juste parce que son coeur battait en elle. une fois arrivée sur place, arthur n'ose pas s'aventurer trop près de l'embarcation. peur de l'eau. peur de la noyade. peur de la mort. peur de connaître le sort d'hazel. elle reste alors sur la terre ferme, et se contente d'hurler son nom. « JONAS. » ses dents se serrent, les larmes de rage ont envie de dégringoler sur ses joues. mais elle ne pleure pas, elle s'est déjà bien trop déversée ces derniers temps. rouges. écarlates. pas par peine, bien que la pensée d'hazel lui soit encore un supplice. mais une colère furieuse. seulement l'idée qu'il puisse vouloir la remplacer, seulement l'idée que la terre puisse oublier son passage. une trahison pour elle, impardonnable. alors, elle attend qu'il ne sorte. son pied tape le sol de manière convulsive. des sentiments étranges se bousculent en elle. « viens. je sais que t'es là ! » elle ne savait même pas s'il l'entendait à une telle distance, mais était prête à prendre un haut-parleur s'il le fallait. tout bouge sur l'eau, elle attend alors un nouveau signe de vie avant de poursuivre. « tu me connais assez pour savoir que mon deuxième nom est persévérance, je ne bougerai pas d'ici. » elle tire la langue, au cas où il soit à la fenêtre. elle savait qu'il n'avait pas envie de la voir. ils ne s'aimaient déjà pas lorsqu'hazel était en vie, mais maintenant qu'elle n'était plus là, rien ne les maintenait. sauf cet accident, ce massacre. l'horreur les a rapprochés, mais pas assez pour cesser leurs cris. arthur aurait aimé qu'il en soit autrement. pouvoir le rassurer, le consoler. lui dire qu'il avait été un bon fiancé et aurait fait un bon mari. mais cela revenait à lui rappeler qu'elle avait mis fin aux jours de l'amour de sa vie. même si elle était rongée par l'évènement, elle arrivait parfois à l'oublier et cesser de penser au visage angélique de la belle hazel.

Elle est là, les bras croisés sur sa poitrine, à attendre que l'oiseau sorte de sa cage. Ces derniers mois n'ont pas été de tout repos pour Jonas, et elle en est consciente. Mais, ce n'était pas une raison pour faire n'importe quoi. S'il voulait rencontrer cette femme par désespoir, Arthur serait là pour lui faire rebrousser chemin. Lors des funérailles d'Hazel, avant d'envoyer tout se faire foutre et de partir pleurer chez elle, elle avait fait la promesse à Jonas de faire en sorte qu'il aille mieux. Alors, en cas de besoin, elle l'emmènerait danser ce soir. Boire un coup. Décompresser. Penser à autre chose qu'à l'image de la belle endormie. Et même si elle était en colère, c'était la peine qui l'avait amenée jusqu'ici. La peine partagée. « Qu’est-ce que tu veux Arthur ? » Elle n'était pas la bienvenue, elle le savait. S'il avait pu, il se serait enfermé à double tour et ne serait jamais venu à sa rencontre. Arthur n'était pas là pour l'emmerder, mais bien pour l'aider. A aller de l'avant. A ne pas rester enfermé dans un cercle destructeur en invitant une femme sous prétexte qu'une partie d'Hazel vit toujours en elle. « Je t’ai donné une raison d’être en colère contre moi ? » Elle se met presque à rire. Il devait certainement savoir pourquoi elle était ici. Après tout, il ne pouvait pas ignorer qu'elle était ainsi, à l'empêcher de faire des conneries. Pour elle, il ne devait pas se lancer à coeur perdu dans les bras d'une femme pour de telles raisons. Comme à son habitude, elle essaie de plaisanter. « Tu préfères que je te dicte les raisons par ordre chronologique ou alphabétique ? » Elle blaguait. Il ne lui avait rien fait, contrairement à elle qui avait ruiné sa vie. Elle se rapproche un peu plus du bord, en faisant attention de ne pas tomber à l'eau. Il n'avait rien fait de mal. Après tout, elle ne le voyait que rarement depuis quelques jours. Pour des raisons évidentes, elle avait décidé de le laisser un peu tranquille. Après tout, elle se disait qu'il était assez grand pour se relever, sortir, et arrêter de ruminer sans qu'elle n'ait à être sur son dos. « Ecoute, je te propose qu'on aille boire un café, on pourra en parler calmement. » Elle voulait cacher sa colère, mais il l'avait tout de même décelé. Dans ses yeux, si expressifs, sans doute. Alors, elle devait garder son calme, et l'appâter ailleurs afin de discuter, entre adultes.

La mort était une amie respectable, pour Arthur. Elle la côtoyait chaque jour, au travail. Maquillant ses effets afin que les cadavres soient présentables, que la famille puisse les voir. Pourtant, elle ne pensait que peu à sa propre mort, et à ce que cela pourrait engendrer dans son entourage. Elle avait perdu sa meilleure amie. Elle avait abandonné son amour de toujours. Elle n’avait pas de véritable ami. Et sa famille était restée dans son pays d’origine. Elle n’avait personne pour partager ses détresses, et pire, elle savait qu’une fois le voile du défunt tombé sur son visage, elle n’aurait personne pour l’accompagner jusqu’au trépas. Personne à son enterrement. Personne pleurant lors des funérailles. Elle ne devait donc pas mourir ainsi, au milieu de visage malveillants. Tout le monde lui en voulait, sans exception. Elle avait tué un ange, et devait vivre avec cette idée jusqu’à la fin de ses jours. Et, malgré le poids qui brimait ses épaules, personne n’avait la bonté de venir la décharger de ses idées noires. Non. Personne. Et si elle souriait toujours, c’était uniquement pour qu’Hazel, depuis son paradis, soit fière d’elle. Elle ne voulait pas baisser la tête, ne pas laisser les médisants gagner. Rester forte, et vaincre. La mort ne devait pas l’éloigner de cet objectif. La noyade avait pourtant toujours été une phobie, pour elle. Lorsqu’Hazel était encore de ce monde, elle voulait l’emmener à la mer, lui faire découvrir les joies de l’océan. Finalement, elles n’en auront jamais l’opportunité. Et Arthur, aussi courageuse soit-elle, devra vivre avec cette peur sur le coeur. Restant bien à sa place, ne s’approchant pas trop prêt de l’eau, elle crie presque pour se faire entendre aux oreilles de Jonas. Elle était en colère, mais ne comptait pas foncer comme une furie sur son bateau pour aller le noyer, elle était plus raisonnée que ça. Elle comptait parler avec lui, de manière adulte. Comme souvent. Et si sa colère pouvait se transformer en tristesse, elle ferait en sorte de ne pas crouler sous son poids. Voilà tout.
Elle croise les bras sur son torse, en le regardant de haut en bas lorsqu’il ose répondre à sa question rhétorique. Oui, elle avait des raisons de lui en vouloir, mais il ne les connaissait peut-être pas. Après tout, elle n’était pas sensée être au courant de cette envie de rencontrer la personne possédant le coeur de son amour. Elle continue de le regarder, satisfaite de l’emmerder en cette belle journée où il avait prévu de rester seule. Elle ne bougera pas sans lui, et il la connaissait assez pour le savoir.  Elle ne bouge pas en le regardant se rapprocher du bord de son bateau. « Pourquoi ? T’as de la compagnie dans ton putain de bateau ? T’as déjà tourné la page ? » Elle a mal au coeur en disant ça, incapable de se remettre de la mort de sa meilleure amie. En apprenant que Jonas avait dans l’idée de trouver la nouvelle Hazel, Arthur s’était sentie trahie. Elle dit tout cela d’une voix très faible, presque dans un murmure. Elle n’attendait même aucune réponse de sa part. Le voyant lui tendre la main afin qu’elle monte sur le bateau, la belle décroise ses bras. Elle se met à paniquer, presque tremblante. Elle secoue vivement la tête, se rapprochant juste légèrement du bord. Regardant en bas, elle a un hoquet de terreur en voyant l’eau. Elle regarde Jonas, sa colère laissant place à la panique. « Je ne peux pas, c’est au-dessus de mes forces. » Elle reste ainsi, à le regarder. S’il veut la faire monter à bord, il faudra certainement la porter.