(laure) one more light

one more light

Le goût de cendre dans le fond de la gorge alors que les pas ont du mal à faire preuve d’une cadence adéquate. La rage pour exploser le ventre, cette même rage qui l’influence dans les combats illégaux. Ceux à même de marquer son corps de cicatrices, des frasques de violence, des marques de guerre. Sa gueule lui fait un mal de chien, le carmin qui laisse encore sa trace contre ses phalanges et la brûlure lui ronge les os. Il n’en a rien à faire le chef de police, la douleur pour le faire sentir encore en vie. Le droit chemin n’est plus pour lui. Cette nouvelle ville pour sauver sa vie, son couple, mais la déchéance lui colle à la peau, comme cette ombre dans son dos, les échos de pas dans les siens.
Sa paume se porte contre les côtes et il aspire ce bout de poison, il remplit ses poumons de ce cancer en bâton. La violence qui ne le quitte pu, blâmer le monde pour la disparition de sa fille et déverser son poison sur les autres pour calmer la hargne. Ils sont les même à ses yeux, les fous, les criminels.

Il pousse la porte. Il n’a pas envie de rentrer. Pas pour retrouver le regard noir de sa femme. Ils s’aiment et se détestent. Ce précipice qui se creuse entre eux, ce trou béant qu’il a de plus en plus de mal à enjamber. Il la ressent, cette haine qu’elle éprouve à son égard, mais il n’arrive pas à tourner la page Franz. Ce doute dans son esprit qu’elle est encore en vie. Il ne peut pas abandonner. Il n’arrive pas à laisser sa petite perle derrière. L’impression qu’elle est quelque part. Cette même impression qui a tué son couple et qui continue de l’éloigner de sa femme. Il est devenu un étranger Franz.
La musique lui vrille les tympans. Ce goût de fer dans la bouche, ce goût âcre dont il ne se défait pas. Il ne cache pas les plaies, il ne cache pas les blessures. Il se fait un chemin parmi les corps, parmis les ombres qui se collent, qui se charment. Ca ne lui fait rien. Il a besoin d’un verre pour calmer la douleur, pour oublier que ses côtes lui fendent le corps de part en part. L'hôpital aurait été une destination plus logique, mais il se retrouve ici. Il n’a pas envie de rentrer. - Vodka. Merci. L’ombre d’un homme droit. Le père déchu, le père échoué, le père épié. Sauver les autres, sauver des vies, mais il n’arrive plus à remettre la sienne en place. Une ironie du sort. Une vengeance dont il ne se doute pas. Les indices soigneusement dispersés pour le tenir en haleine, pour alimenter la douleur et la chute aux enfers. Franz. Il perd pied.

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Princesse, qui se sent complètement déboussolé à l’heure actuelle. Goût amer, laissé au fond de la bouche, ce même goût qui ne s’estompe pas vraiment. Alors toi, tu tentes de le camoufler. Avec de l’alcool, surtout. Parce que clairement, ça a le mérite d’être efficace. Princesse qui avait donc quitté ton château ce soir-là, après avoir refuser la compagnie de sa sœur. Princesse qui avait pris la direction du bar le plus proche donc. Pour noyer ses pensées dans l’éthanol. Enfin ça, tu aurais probablement pu le faire en solitaire, chez toi. Mais donc, tu avais cette étrange impression que tu ne supporterais d’être enfermé entre ces quatre murs. Tu pensais que des lumières tamisées, un brouhaha général permettrait à t’engourdir les pensées. Et peut-être bien qu’accrocher ton regard dans celui d’un inconnu, lui offrir l’un de tes plus beau sourire te permettrait d’oublier, de te sentir mieux. Ouais bullshit.
Toi, qui est assise là depuis quelques temps déjà. Toi, qui sirote ton cocktail, beaucoup trop lentement d’ailleurs. Toi, qui se fait accoster d’ailleurs, à l’occasion. Par des mecs assez mignons. Et étrangement, après quelques paroles échangées, toi, tu finis par te lasser. Et tu en finis par te demander ce qui peut bien clocher avec toi. Jusqu’à ce que tu poses ton regard sur lui. Cet homme, à l’allure un peu ébréché. En fait, pas qu’un peu. Qui te semble même, dans un état pire que le tien. Ou ça, c’est peut-être bien parce que ses plaies à lui, sont visibles. Ton regard, poser sur lui. Et pendant quelques instants, tu ne fais que le regarder. L’épier même. Avant d’abandonner ton cocktail, au coin du bar, avant de faire quelques pas, en sa direction pour venir le rejoindre. « Cette place est libre ? » Que tu demandes, simplement pour la forme. Et pourtant toi, tu n’attends même pas sa réponse. Non, tu prends place à ses côtés. Parce que toi, tu n’aimes pas demander la permission. Et tu aimes encore moins qu’on te dise non. Princesse, qui n’a aucun scrupule d’imposer sa présence à cet étranger. Parce que tu as l’impression d’avoir le monde à tes pieds. Ton regard qui se perd dans le tien un instant. Mince sourire qui se glisse sur tes lèvres avant de faire un petit signe au serveur pour qu’il amène la même chose. Parce que peut-être bien que ça ira mieux à coup de vodka que de cocktail. Ou disons que ça ira un peu plus rapidement. « J’me suis dit que tu pourrais aimé avoir un peu de compagnie. » Ou peut-être bien que c’est toi, qui en avait besoin.

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Les plaies béantes dans le corps, les plaies hideuses sur le visage et contre l’épiderme. Les marques de vestige d’antan, de souffrance dont il n’arrive pas à se détacher malgré les efforts pour en reprendre le contrôle. De sa vie. De sa folie. De ce qui fout le camp. Sa femme. Sa famille. Ses pensées, sa convenance. Que les idées vers elle, sa petite et sur le fait qu’il ne sait pas où elle se trouve. Petite perle. Aude. Perdue dans ce monde sans ses parents ou peut-être le cadavre pourrissant traînant quelque part. Des frissons lui passent dans le dos à cette idée et il la repousse avec un verre de plus, pour empirer son état. Parce qu’il n’a pas le courage d’affronter la vie de sa pleine conscience, de son plein gré. Il a besoin de béquille, pour oublier la chaos qui trône au dessus de sa tête. Les marques internes, les coups externes, parce qu’il ne ménage pas les déchets de la société, que les briser un peu plus, que se défouler sur les autres pour en oublier sa propre douleur.
« Cette place est libre ? » Une voix féminine qui le sort de sa torpeur. Son mariage est fichu. Pourtant, il ne retire pas sa bague au doigt, parce qu’il se berne de fausseté sur le fait qu’il pourrait en reprendre le contrôle. Ils s’aiment par moment, la folie des corps pour les animer, pour les posséder, mais ils ne sont plus bien ensemble. Franz n’a pas été là pour elle.
Son regard vide dévisage la nouvelle venue sans gêne, une demoiselle, dont il ne sait pas l’âge. Qu’est-ce qu’elle pourrait bien lui vouloir, elle et son visage parfait, elle et son visage de porcelaine. - Oui. Elle est déjà assise à côté de lui et si les effluves de son parfum doucereux lui parviennent au narines, lui doit dégager des vapeurs d’alcool et de cigarette. Charmant.
« J’me suis dit que tu pourrais aimé avoir un peu de compagnie. » Ca lui arrache un rire. Il fait tellement pitié que les âmes charitables viennent le voir pour lui tenir compagnie. - Y’a surement plus intéressant ici, vu l’âge que t’as.
Il ne sait, pas. Il prend une chance. Parce qu’elle n’a pas les traits tirés, parce qu’elle n’a pas l’ombre de la vieillesse qui lui tourne autour de la tête. Pas de sarcasme dans la voix, pas de méchanceté, que les pensées qui fusent sans qu’il ne puisse retenir quoi que ce soit l’allemand. Parce que c’est l’alcool qui empêche les filtres de se poser ou un simple manque de volonté. - Un choisi l’épave dans le fond du bar plutôt que les jeunes fringants qui rêvent clairement de finir la soirée avec toi? Parce qu’il n’est pas stupide, il sait voir qu’elle est attirante, qu’elle pourrait en faire baver plus d’un et ça l’amuse qu’elle soit là. Ça arrive à arracher un soupçon de sourire qui tord le visage. Le serveur dépose les verres sur la table et Franz, il sort les billets. L’argent. Ça n’a plus trop d’importance pour lui et ce n’est pas comme s’il en manquait. - Aux décisions incompréhensibles. Il ne parle pas seulement d’elle, mais de sa vie qui tourne en enfer depuis trois ans. Son verre vient se cogner contre celui de sa voisine avant d’en avaler le contenu d’un trait.

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Princesse qui impose sa présence. Sans un seul remord. Parce que clairement, tu t’en fiches de ce qu’il peut bien en penser, dans tous les cas, tu t’assiras là. Tu ne marques même pas ce regard de travers qu’il te jette, tu te contentes simplement de lui adresser un sourire. Et quelques jolies paroles. Princesse qui ne semble pas trop le déranger d’ailleurs. Parce que mis à part la surprise qui teinte les traits de son visage, il finit pourtant pour te confirmer que la place est bel et bien libre. Et toi, tu l’interprètes de façon à comprendre qu’il t’autorise à y rester. Quoi que même si ce n’était pas le cas… « Y’a surement plus intéressant ici, vu l’âge que t’as. » Plus jeune, peut-être. Plus intéressant, tu n’en es pas tout à fait certaine. Parce que ce n’est clairement pas pour rien que t’as fini par te poser ici, juste à côté de lui. T’as bel et bien sentie qu’il semblait différent. Qu’il avait peut-être ce petit quelque chose que les autres types de ce bar n’avait pas. Oui, c’était bien ça. Il avait attisé ta curiosité. Il l’avait piqué à vif, et maintenant c’était ça qui occupait ta pensée. Et c’était de ça dont tu avais besoin. Les épaules que tu hausses pourtant, dans un premier temps. En guise de réponse. Peut-être pour manifester ton désaccord. Ou pour t’éviter de devoir lui dire la véritable raison pourquoi c’est lui que tu as choisi d’approcher. Parce que les marques qui lui parsème le corps, cette douleur que tu deviennes, tu la partages toi. Et en quelque sorte, tu te sens un peu moins seule. « Un choisi l’épave dans le fond du bar plutôt que les jeunes fringants qui rêvent clairement de finir la soirée avec toi ? » Ton regard qui se perd dans le sien à cet instant. Maigre sourire que tu vois se dessiner sur ses lèvres à cet instant. Avant que vos verres soient déposés devant vous. Princesse toujours muette pour l’instant, qui prend bien temps d’analyser la situation. Peut-être bien parce que tu tentes de trouver les bons mots pour qu’il cesse de te voir comme cette gamine, que tu es au final. « Aux décisions incompréhensibles. » Petit rire qui s’échappe de tes lèvres. Si c’est à ça qu’il veut trinquer, ça, ce sera. Le verre que tu portes à tes lèvres, avant de laisser le liquide te brûler l’œsophage. Et de redéposer ton verre vide contre le comptoir. Puis tu reprends la parole, finalement. « Après, j’dois avouer que j’suis pas tout à fait d’accord avec toi. » Que tu lances, sans même prendre le temps de préciser que tu parles de ses précédentes paroles. Les premières qu’il t’a réellement adressées. Peut-être pour te faire comprendre dans un sens que tu n’avais rien à faire ici. « Qu’est-ce que lui aurait de si intéressant ? » Que tu demandes, pointant un jeune homme, certes, pas trop moche, mais qui pourtant, te semble à première vue, d’un ennui mortel. « Ou le grand brun, dans le coin là-bas ? » Puis tu lui désignes, le coin opposé de la pièce. Où se trouve ce jeune homme, avec qui tu as discuté, un peu plus tôt. Et toi, après à peine deux minutes, voilà que tu étais déjà lassée. Et le problème, c’est que tu pourrais continuer comme ça, indéfiniment. Mais toi, tu te penches un peu vers l’avant. Tes lèvres qui viennent caresser son tympan. Les quelques mots que tu souffles, au creux de son oreille, sans aucune gêne. « Peut-être bien que j’espère que tu me donneras une bonne raison de rester. »

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Franz, il n’a rien à apporter de bon. Plus maintenant, c'est un venin ancrer dans les veines, un poison qui y circule sans cesse. La disparition de sa fille qui a semé le trouble, qui hante son esprit malade. Il ne sème que le chaos un peu, celui qui prend possession de sa vie. Il ne sait pas ce qu’elle fait là, demoiselle perdue venue s’échouer auprès de sa carcasse. Il traîne là. Parce qu’il n’a pas envie d’être autre part, il n’a pas envie d’avouer sa vérité, le père déchu. L’enquêteur souillé. Incapable de résoudre le propre crime de son existence condamnée. Il parle, les mots qui file et l’ironie en guise de vie. Entre les mains d’une femme qui s’amuse à briser sa vie, comme il a brisé la sienne. Sa quête de la justice, comme son père, elle est bafouée maintenant. Pour des situations incompréhensibles. Briser le rêve d’une femme. Briser des vie. C’est ce qu’il à fait et maintenant le karma lui revient au visage.
Elle s’active, la poupée, la parfaite, elle reprend le contrôle de la situation de sa grâce ébranlée. Qu’est-ce qu’elle lui veut réellement? « Après, j’dois avouer que j’suis pas tout à fait d’accord avec toi. Qu’est-ce que lui aurait de si intéressant ? Ou le grand brun, dans le coin là-bas ? Peut-être bien que j’espère que tu me donneras une bonne raison de rester. » Le regard qui suit celui de la demoiselle, la délicieuse assis à côté de lui. Franz, il n’a rien à offrir de bon, rien à offrir de saint, il n’a plus la force de cacher la vérité. Pas ce soir. Pas maintenant. Le souffle qui se perd dans le cou, l’odeur sucrée qui vient jouer de son odorat. Il écoute et lui aussi, il attend. Le corps imposant qui se fait sentir près d’elle et la chaleur de son souffle s'infiltre contre l'épiderme de la jeune fille. - Si tu veux rester, je ne te garantis pas la meilleure compagnie. Aveu qu’il lance comme ça.
La phrase qu’il lance à son tour, qu’il retourne en guise de réponse pour se détacher d’elle, ensuite. Il crée l’espace à nouveau pour terminer le reste de son verre déjà bien trop vide. - Ils n’étaient pas intéressants? Pas assez? Surement, sinon tu ne serais pas là. Constat qu’il lance à son tour et sa main s’active pour attirer l’attention du serveur. Franz demande un peu plus d’alcool, pour elle et pour lui. Peu importe. Il a seulement besoin de plus. Il n’a pas envie de penser ce soir, seulement ce besoin de chasser les idées, les folies, les attentes. Ne plus penser. Un moment. - Ca dépend ce que tu cherches exactement? Parce qu’il y a des choses qu’il ne sait plus donner, son palpitant mort au fond du torse. Perdu. Franz, il ne voit pas la porte de sortie de sa vie misérable. Franz il doit abandonner, mais il n’y arrive pas. Le manque de sa fille, il se fait sentir, jour après jour. - Peut-être suis-je incapable de te de divertir assez pour que tu restes. Un rire entre les lèvres pendant qu’il s’avale encore le contenu d’un verre. - Alors. Quel est ton nom, mademoiselle? Un regard en biais, les iris qui observent la demoiselle et Franz se tourne, pour lui faire face. - Si tu cherches le prince charmant, c’est pas ici, mais tu n’as pas l’air de ça. L’enquêteur se trompe peut-être, mais c’est son impression du moment qu’il balance alors que le corps se penche un peu plus vers elle. Les doigts viennent effleurer l’épaule avant qu’il n’attrape un verre pour lui tendre. Un contact léger, pratiquement absent. - Franz, enchanté. Il tend son verre une fois de plus. Franz, il ne pense plus correctement.

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