ocean's nine. (lion)

nouvelle mission.
trois lettres qui éclatent de mille feux, dévorant la rétine agacée d’une luz prise d’une colère capricieuse.
duo.
c’est ce que spécifie clairement le texto que l’anonyme lui a envoyé, et un nom accompagne – ordre à peine dissimulé – cette demande : lion. les mâchoires se crispent, les opales foudroient l’appareil téléphonique d’un regard courroucé. ce n’est pas tant de travailler avec lion qui soit un problème – ce n’est, après tout, pas la première fois – mais véritablement de travailler avec quelqu’un d’autre.
luz apprécie de mener ses missions de la manière dont elle les vit, avec sa méticulosité et son expertise personnelle, ayant tout le pouvoir de prendre telle ou telle décision le moment venu. avec un partenaire, la discussion est obligatoire et luz perd son statut de chef des opérations. elle ne tarde pas à envoyer un texto au numéro affilié – celui de lion, elle en est certaine.


elle réfléchit quelques instants, et décide – ne connaissant pas suffisamment son partenaire de la soirée – de lui renvoyer :


les mains sur les hanches, plutôt satisfaire, luz reste encore quelques instants devant l’écran rétroéclairé pour tenter de calmer son palpitant. l’agacement reste persistant dans le corps trop petit et trop fin pour le contenir. néanmoins, elle attrape son double des clés et laisse un petit mot à azhar.

Citation :

je vais faire un peu de shopping mais ne m’attends pas pour manger ce soir, je vais au restau’ avec une amie.
bisous, je t’aime.

elle griffonne avant de quitter l’appartement qu’elle partage avec son frère aîné. elle hésite à envoyer un petit message à lex mais connaissant l’indépendance de son autre frère, elle préfère les laisser se débrouiller entre eux. si azhar manque de compagnie, il pourra toujours supplier lex de se ramener – pas sûr pourtant qu’il finisse par se pointer.

elle passe une bonne partie de l’après-midi à écumer les magasins, les opales scintillantes d’une excitation nouvelle. être accompagnée à son travail de la soirée est vite relégué en second plan quand elle réalise qu’elle va pouvoir se parer et de pavaner comme une princesse dans ce lieu où ne s’additionnent que des gens connus dans une réception mondaine à laquelle elle assistera aussi – petite fille aux allumettes parmi les plus grands.
pourtant, ce soir, il ne s’agit pas d’attirer trop l’attention ; juste une tenue correcte, une robe à la splendeur relative. si le lieu n’est que rarement visitable, la mission doit avoir lieu ce soir pour leur permettre d’utiliser des pass fournis afin de voir la disposition de la salle pour « préparer la décoration ».
décorateurs d’intérieur, tel est le rôle qui leur a été trouvé.
mais si la mission de ce soir est un succès, il faudra qu’ils se revoient dans deux semaines pour jouer le grand jeu et récupérer, pour l’anonyme, un artefact qui lui a été volé précédemment d’une valeur tellement élevée que lux en a le tournis.

petit coup d’œil à la montre hors de prix – un cadeau qu’elle s’est faite récemment – qui orne son poignet. l’heure avance, et il ne s’agirait pas que luz soit en retard pour son rendez-vous avec lion. elle attrape ses emplettes et repasse rapidement par l’appartement – sans plus de nouvelles d’azhar – pour se changer. pour ce soir, elle a sélectionné une robe simple et courte d’un noir de jais. elle appelle aussitôt un taxi qui la dépose aux alentours du queens uppé, et elle rejoint ensuite le château à pieds.
néanmoins, luz étant ce qu’elle est, elle décide de ne pas l’attendre à l’entrée. elle attrape son pass et réclame de voir la salle de la réception au vigile qui la jauge d’un œil scrutateur, comme si elle était une terroriste. évidemment, l’artefact à récupérer n’est pas encore présent ; il ne sera là que pour épater la galerie dans deux semaines. elle lève les mains en l’air le temps de la fouille, prenant quand même quelques instants pour ronchonner :
- vous pensez vraiment que je peux cacher quelque chose sous ma robe ?
elle sourit, aguicheuse, en adressant un clin d’œil à l’homme qui ne se laisse pas décontenancer.
- c’est la loi, madame.
moue boudeuse qui se peint sur le minois de la gamine suite à l’appellation. madame, ça fait tellement formel… tellement vieux !
- appelez-moi ziggy.
elle minaude avant que l’homme ne lui autorise le passage, sans plus s’intéresser à elle. elle hausse les épaules – luz aime être regardée, mais préfère encore davantage être oubliée. c’est plus simple pour une chasseuse de primes de ne pas trop attirer l’attention.
arrivée dans la salle, elle se faufile entre les tables – profitant de l’espace énorme qui est disponible pour voleter entre les draps blancs qui recouvrent encore les meubles, les opales fouillant chaque coin à la recherche de caméras.
lion, ce serait le moment rêvé pour te pointer !

rictus mauvais sur le coin des lèvres pincées, l'audace de la gamine l'amuse autant qu'elle lui donne envie de la remettre à sa place. Tout dans ces mots suintent du besoin impérieux d'être seul maître à bord, décidant dans des tournures bien choisis qu'elle sera leader. Titillant salement l'égo déjà démesuré de lion, jamais subalterne, encore moins celui d'une petite fille. Il sait qu'elle déteste ça, Luz, préférant la solitude qui engendre la maîtrise. Il arrive comme un caillou dans son engrenage bien huilé avec le sourire des emmerdeurs. Plus ravi de gagner de l'argent que d'ennuyer luz, même si l'utile se joint à l'agréable.


ferme et concis, posant les limites de ce qu'il n'acceptera pas : aucun ordre s'il n'est pas accompagné d'un s'il te plaît, rien de moins qu'un caprice d'enfant roi, de ceux qu'il n'a jamais pu faire gamin mais qu'il ne cesse plus de faire adulte. Nécessaire pour ne pas se crisper à chaque mot de luz qui sonneront comme des directives indiscutables. Si lion ne veut pas le lead, il refuse d'être larbin. Duo devenu tandem, ne laissant aucun morceau de sa vanité sur l'autel de leur mission.
jamais
il jette le portable sur le lit ou repose le costard, l'unique qu'il possède. Deux mois de salaires pour pouvoir se donner de beaux airs quand les soirées s'y prête. Trop à l'aise dans les apparats qui lui donne l'air si propre, le reflet renvoi – pour une fois – une image qui lui convient. Aussi belle qu'elle est fausse, laissant croire un instant qu'il n'a pas sur le corps les cicatrices d'une enfance, qu'il n'a plus sur les phalanges les écorchures des nuits ou il devient monstre. Il se laisse croire une soirée que même ses pupilles ne sont pas le reflet paternel, qu'elles ne propagent pas en lui le sentiment habituel de honte qui l'habite chaque fois que son regard effleure son visage dans le miroir. Il s'en arrache presque avec difficulté quand l'heure de partir approche, attentif à être en avance plutôt qu'à l'heure, l'un des seuls instants ou il daigne suivre les horaires, d'ailleurs. Soupirant trop fort quand on demande à le fouiller, le contact physique aussi non voulu qu'il est dérangeant, un regard de travers qu'il retient de justesse pour ne pas devenir cible d'une colère qui dérangerait leur mission. Il entend déjà luz le sermonner toute la nuit s'il attirait sur eux le regard d'un agent de sécurité, le pire qu'il puisse faire sans doute. Pressé de rejoindre la salle principal, il glisse déjà ses yeux sur tout les visages à sa recherche, c'est d'une facilité enfantine à chaque fois. il jette un œil à sa montre à l'heure. reconnaissable entre mille, chevelure flamboyante, luz n'est pas de celle qu'on loupe facilement quand lion peut se faire si facilement discret. Aucun trait physique qui ne sorte vraiment du lot, contrairement à elle. Lui laissant le mérite de rester invisible à son regard quand il prend le temps de scruter la pièce avec nonchalance, comptant sur l'idée qu'un décorateur peut bien scruter la pièce sous toute les coutures. L'oeil glisse à nouveau sur sa montre et laisse éclore un sourire, mettant un point d'honneur à compter dix minutes après l'heure convenu avant de se manifester pour le simple plaisir d'emmerder luz. S'excusant poliment auprès d'on ne sait plus qui avant de rejoindre la gamine qui semblerait savourer des yeux le décor s'il ne savait pas pourquoi elle était là. « souris un peu, t'as l'air crispée. » pas lui, étrangement détendu dans cet univers ou il peut être qui il veut -et certainement pas lui-même – personne pour reconnaître en lui le profil parfois inquiétant qui se dessine. Pas même luz qui ne connaît de lui que cet aspect calme – et trop rare - « y a un oeil de l'autre côté de la salle mais il devrait être facile à gérer. » le ton est badin, comme s'il parlait de la météo. « mais je suppose que t'as déjà fait le tour, chef » le surnom est une blague entre ses lèvres condescendante, se plaisant à titiller luz quand l'instant s'y prête sans perdre de vue l'objectif de la soirée. Déjà, son regard dévie, pour ne rien manquer.

elle n’a jamais vraiment rien contrôlé, la gamine adkins. et c’est bien ça qui la pousse si ardemment à vouloir tout décider, tout manipuler, pour que le plan s’échafaude de lui-même et que le château de cartes ne s’effondre jamais.
c’est peut-être aussi pour contrebalancer une solitude forcée. un abandon qui reste ancré – au fer rouge – dans le palpitant décadent. maman décédée, maman prostituée – on lui a raconté – et la famille d’accueil obligatoire à trouver. parce que son oncle, à luz, ne pouvait pas l’adopter. trop instable, trop perdu dans les méandres tortueux de l’illégalité.
alors elle a été aimée et choyée comme une petite princesse chez les adkins, mais y’a toujours le besoin de faire ses preuves, de gagner sa place. comme si elle n’était pas véritablement acceptée en tant que leur fille – faux, juste une vue de son esprit – et qu’il fallait prévoir un plan B au cas où ils cesseraient de l’aimer.
le téléphone qui vibre et les sourcils cendreux qui se froncent.


rox ? qui c’est ça, rox ? et soudain, elle repense à ce dessin animé que lex regardait parfois – bon, p’têtre une fois, et il assumera sans doute pas. rox et rouky. elle ne se souvient plus lequel est le renard, mais assurément, c’est une référence à sa chevelure flamboyante. un sourire amusé étire ses lèvres quand le but n’est que de l’agacer. un renard, ça lui correspond bien. et puis, un surnom, ça présage sans doute une bonne collaboration ?
luz s’englue dans une certaine dose de naïveté en se persuadant que c’est un geste vers elle, une manière d’établir sa soumission à la suprématie de luz lola adkins. ziggy pour ce soir, pour éviter – si l’on connaît son visage – de murmurer un véritable patronyme facilement trouvable dans une banque de données.
« souris un peu, t'as l'air crispée. »
elle sursaute légèrement, les opales fouillant les coins entre deux murs à la recherche de caméras, s’amourachant des moulures qui ornent le plafond et les frises murales. elle se tourne vers lui, un sourire radieux illuminant son visage – aujourd’hui, luz est comme une enfant. elle le jauge pourtant avec une nonchalance – et une pointe de dédain – pour afficher finalement une mine surprise. sur son trente-et-un à ce point-là, c’était inespéré.
- t’es pas mal en smocking.
haussement d’épaules malicieux quand elle essaie simplement de cacher un compliment qui pourrait lui faire plaisir. n’empêche que l’honnêteté de luz est quelque chose dont elle ne veut être privée mais assez rare pour être notifiée.
« y a un oeil de l'autre côté de la salle mais il devrait être facile à gérer. »
elle s’approche de lui, fourre ses bras autour de sa nuque dans une accolade amicale et quelque peu ambigüe. dans son oreille, elle murmure un :
- t’emballes pas chaton, je veux juste avoir un alibi pour jeter un coup d’œil de plus vers ce mur.
et effectivement, en bougeant leurs deux corps et en se faisant cavalière de cette danse improvisée, luz remarque la caméra qui lui avait échappée. hors de question d’en parler à lion qui se targuerait bien trop de l’inexpérience – du moins, il semble en être persuadé – de l’enflammée.
- tu penses le gérer comment ? manuellement ? tu fais dans les cascades ?
elle demande à voix basse en se reculant pour lui adresser un sourire léger – toujours dans cette idée d’amitié qui sied si bien aux gorilles qui doivent les analyser de l’extérieur, confortablement installés sur des chaises rembourrées face aux écrans de sécurité.
« mais je suppose que t'as déjà fait le tour, chef »
elle balaie la remarque d’un geste agacé de la main avant de capturer la sienne entre ses doigts frais pour faire le tour de la salle. elle tente d’improviser une relation de professionnels/amants qui pourraient justifier de leur proximité, de leur dégoût de se séparer. justifier des regards indiscrets vers des endroits secrets, justifier des murmures complices – pour préparer un casse dont personne ne se doute.
- ces tables sont magnifiques. je pense que des drapés blancs seraient parfaits pour être sobres mais classes.
le sous-entendu est à peine masqué. des nappes qui sont recouvertes suffisamment bas pour que des micros soient dissimulés, et savoir ainsi tous les faits et gestes des invités. elle s’approche d’une femme près de la porte des cuisines.
- pouvons-nous entrer ? il nous faut absolument savoir quelle est la disposition des cuisines et le nombre de feux disponibles pour les plats et envisager un menu approprié.
elle baratine dans un sourire affable. c’est bien sa plus grande qualité à luz : ce minois à qui l’on donnerait le bon dieu sans concession, parce qu’elle sait manipuler les sentiments, sait faire entendre ses moindres désirs. nimbée dans une aura de sensualité exacerbée, elle frôle et se montre tactile pour pousser les cœurs les plus faibles à lui céder. laisse-moi décider à ta place elle semble murmurer.
- faîtes vite, dans ce cas.
peut-être ne devraient-ils pas s’aventurer dans cette pièce, mais ils s’y engouffrent comme dans la gueule du loup.
- ici nous aurons un peu d’intimité pour parler des détails.
elle chuchote en embrassant la pièce du regard. personne qui ne travaille actuellement, et quelques accessoires à planquer pour permettre le vol.
- je n’ai pas encore eu toutes les infos, mais je pense qu’il faudra quelques personnes en plus. tu as compté combien de caméras ?
elle soulève les sourcils, attendant visiblement une intervention de lion. parce que si luz aime tout décider et avoir clairement son mot à dire, elle n’a rien contre les suggestions que pourrait proférer son collègue.

Luz est une femme-enfant. Des allures doux qui masquent les airs fatals. Son visage doux parsemés de tâche de rousseur est un leurre qu'il reconnaît désormais, ses yeux qui scrutent jusque dans les moindres recoins. Décèle toutes les failles. Une machine de guerre avec la fragilité du verre. Alliage étonnant qui n'en finit pas de l'inquiéter – souvent – craignant peut-être qu'un jour elle ne se brise ou le brise, lui. « je suis plus que pas mal » réajustant la veste avec un dédain flirtant avec l'ironie plutôt que de retourner le compliment. Avare de gentillesse, surtout quand il s'agit de luz, plus coutumier des combats verbaux quand elle tente de prendre l'ascendant que l'ouverture des chakras. Préférant tabler sur l'idée qu'elle se sait jolie que de le dire, elle trouverait dans ses mots une brèche facile pour le charrier et lion n'offre aucune cartouche pour se faire tirer dessus. Surtout pas dans les mains de celle qui font de leur gagne pain les affaires louches. Et l'odeur de sa peau assaille ses narines, entre ses bras comme un étau. Un contact inattendu qui le crispe toujours quand il ne le voit pas venir. Animal sauvage dont on envahit l'espace vita. il pose, malgré tout, machinalement la main sur son dos, les doigts qui se crispent face aux palabres qui résonnent hautaine à ses oreilles. « redescend un peu rox, il m'en faut beaucoup plus pour m'emballer. » légèreté implacable, son rictus au coin des lèvres. Un amusement prudent, tout en paradoxe quand il s'agit de luz – ou simplement de leur boulot – nécessitant toujours de rester sur ses gardes malgré l'éternel sourire qui affleure à ses lèvres. Une décontraction feinte qu'elle bouscule trop vite. « les cascades ? » inconsciemment son poids balance sur la jambe droite, éternelle vacillante, se soustrayant trop souvent à son devoir depuis six ans, depuis la douleur, depuis louve. L'égo démesuré s'écorche sous une question banale qui rappelle de vieux souvenirs qui le bouscule, le rendrait presque hostile s'ils n'étaient pas surveillé. Ses lèvres se crispent dans un simulacre de sourire. « je voyais plutôt de charmantes décorations choisis avec ton subtil œil féminin. ou un contact spécialisé. » pour les mettre hors service. de toute ses forces, il détend son corps, tente de rester dans ce rôle serein qu'elle a bousculé d'un rien, sans même le voir. Déjà occupé à balayer d'un revers de main le surnom ironique qui l'ennuie, ayant au moins le mérite d'effacer l'instant trouble de lion qui retrouve l'éclat d'un sourire devant son geste. Offrant gracieusement un assentiment muet pour les nappes quand pose son regard sur les tables. « ou des compositions florales. » pur esprit de contradiction, pour ne pas la laisser reine des observations ni des décisions. Et dans le fond, une sûreté aussi, un plan b si besoin, parant les choix de luz en ajoutant un filet de sécurité. Un goût de on ne sait jamais dans un univers inconstant qui demande toujours de prévoir des positions diverses pour perdre aucune informations importantes. Et l'idée – savoureuse – de la voir lever les yeux aux ciel pour ne pas avoir simplement dit que c'était une bonne idée. Il se fait silencieux quand elle minaude. Il ne saurait enlever à luz son talent pour attendrir n'importe qui, tantôt fatale tantôt enfantine. Succube innocente. Aucune intervention nécessaire quand il voit le visage de la femme se dérider, déconcentrée de sa tâche et focaliser sur le jeu d'actrice mené avec brio. Elle ne tarde pas à offrir son assentiment, les laissant s'engouffrer dans les cuisines. « t'en connais la disposition ? » balayant les lieux du regard, davantage soucieux de voir surgir quelqu'un sans qu'ils ne l'entendent venir que d'être réellement surpris. Les oreilles qui traînent sont le fléau des gens comme eux. Si luz affirme qu'ils auront plus d'intimité, lion ne s'empêche pas de faire un tour rapide de la cuisine, de la chambre froide jusqu'à la porte qui donne vers les bennes à ordure pour s'assurer de ne pas voir apparaître soudainement un trop bien intentionné qui irait tout répété à qui de droit pour une promotion ou quelques billets. Se plaisant à prendre son temps en revenant jusqu'à luz, traînant avec ostentation pour le plaisir enfantin de la voir soupirer. « depuis le temps que tu rêvais d'un tête à tête avec moi. » l'air affable, sourire de loup. Éternel animal. Ses mains glissent dans les poches de son smoking, le visage qui retrouve son sérieux quand luz questionne, des interrogations qu'il perçoit trop souvent comme un test, interrogatoire pour jauger ses compétences. Il la connaît si prompt à juger ceux qu'on lui colle en tandem que même les banalités ont le goût d'examen à ne pas foirer. « sept rien que dans la salle, sans doute un angle mort vers la gauche de l'entrée. A vérifier. » ça peut toujours être utile ses yeux voguent dans la cuisine, l'air soucieux. « mais pour un événement comme celui-là, faut s'attendre à un personnel de sécurité en plus. A savoir qui et combien ils seront. » combien pour l'aspect technique. Qui, parce qu'il est toujours possible d'en soustraire quelques uns à la liste.

lion n'est pas un partenaire qu'il soit aisé de côtoyer. totalement ancré dans une insubordination qui ferait crisser les dents de luz si seulement elle se savait supérieure à lui hiérarchiquement, il crée des tensions inutiles dans ce duo improbable. ou peut-être ne fait-il que répondre aux provocations de la gamine adkins, trop habituée aux caprices pour les oublier dans le monde professionnel. disons qu'il n'est jamais aisé d'additionner deux caractères forts et indépendants, surtout quand ces derniers ont l'habitude de travailler en solo.
« je suis plus que pas mal »
un sourire un peu trop énorme déforme ses lèvres nimbées d'un rose-pêche. autant pour la discrétion, autant pour ne pas réagir aux remarques de lion et ne pas aller dans son sens. ses opales analysent encore quelques instants la tenue, et un « c'est vrai » grignote un peu trop ses lippes. il ne faudrait rien de plus qu'un souffle pour que ses pensées s'évadent et que la vérité éclate. après tout, lion est un bel homme. la chevelure épaisse dans laquelle n'importe quelle femme brûlerait de perdre ses doigts entre deux gémissements, les opales claires dans lesquelles se noyer… la lèvre inférieure qu'elle mordille sans réellement s'en rendre compte.
enfin ! luz et lion sont incompatibles, combien même les deux entités le voudraient. autant ne pas fantasmer sur un homme qui joue avec ses nerfs comme un chat avec une pelotte de laine.
elle le prend dans ses bras pour justifier une proximité et quelques chuchotements – on ne suspecte que rarement les couples, quand ils font preuve de contacts physiques et intimes. et elle est surprise par sa musculature mais ne fait rien pour le montrer ; la main de lion sur la peau nue de son dos la fait néanmoins légèrement sursauter – ses mains sont des glaçons ! du moins, elle se persuade que c'est pour cette raison.
« redescend un peu rox, il m'en faut beaucoup plus pour m'emballer. »
haussement de sourcils suspicieux comme seule remarque.
« les cascades ? »
bah oui, idiot elle voudrait répondre, mais elle reste murée dans la même expression que précédemment.
- pour atteindre les caméras.
petit sourire quand elle s'imagine lion grimper jusqu'au coin ; un mélange de singe et de spiderman qui lui sied à ravir.
« je voyais plutôt de charmantes décorations choisis avec ton subtil œil féminin. ou un contact spécialisé. »
si elle commençait presque à le trouver sympathique, cette énième rebuffade – et son envie de toujours renchérir et d'avoir le dernier mot – lui donnerait presque envie de le repousser et de cesser de le cajoler. mais force est de constater que ça passe mieux pour les murmures, et qu'être contre lion… n'est peut-être pas si désagréable.
« ou des compositions florales. »
haussement d'épaules dédaigneux – et si luz se fond dans le corps de lion, l'idée que son geste puisse le déranger la fait jubiler.
- les fleurs, c'est so 2000. voire 1990.
n'as-tu donc pas de goût ? hurlent ses opales dardées dans celles de son collègue. et plus profondément, il y a tous les autres reproches. t'en as pas marre de jamais me laisser le dernier mot ? arrête de me combattre, accepte ma supériorité. combat de coqs et d'égo qui se joue alors que l'enjeu et le salaire colossal sous-jacent devrait être l'unique priorité. lion et luz pourraient être d'excellents collègues voire amis si seulement ils n'étaient pas si semblables. si seulement ils arrêtaient de vouloir avoir l'ascendant l'un sur l'autre.
elle le lâche enfin pour s'approcher des cuisines, fait son numéro de charme et ne tarde pas à entrer.
« t'en connais la disposition ? »
bien sûr que non ! je veux juste faire la pro devant toi pour que t'aies le seum.
- évidemment.
un unique mot qui témoigne d'un énième mensonge. elle pourrait s'aventurer sur un terrain glissant, dire « à gauche, c'est le garde-manger. à droite, c'est la sortie de secours. » mais elle a trop peur de se planter. parce qu'une erreur avec lion la suivra durant toute sa vie… jusqu'à ce qu'ils arrêtent de bosser ensemble, et encore. qui plus est, force est de constater que le grand patron aime bien les foutre en binôme ; comme s'il savait que ça les faisait râler.
et luz se retient de peu de laisser échapper un soupir de soulagement en voyant lion faire le tour de la pièce. parce qu'elle n'a même pas pensé à le faire elle-même et que des oreilles curieuses pourraient traîner et tout faire merder.
putain, j'assure pas. quand lion est là, je perds tous mes moyens. elle se fustige, se questionne, s'agace.
et elle ne tient plus, soupire bruyamment, quand elle voit lion marcher au ralenti jusqu'à elle. perdre du temps, il n'y a que ça qui l'amuse ! mais au fond, ça l'amuse un peu, luz. elle est tentée de le siffler comme un gros beauf mais craint bien trop que ça rameute des indésirables.
« depuis le temps que tu rêvais d'un tête à tête avec moi. »
haussement d'épaules.
- comment t'as deviné?
elle ronronne d'un ton enjôleur. pas que l'idée lui déplaise, mais de là à en rêver… faut quand même pas déconner. mais luz les oblige tous les deux à se reconcentrer vers la mission en reparlant des sujets qui fâchent : caméras et partenaires supplémentaires.
« sept rien que dans la salle, sans doute un angle mort vers la gauche de l'entrée. A vérifier. »
un sifflement admiratif viendrait presque ponctuer la fin de la phrase de lion si elle n'était pas engluée dans tant de fierté.
« mais pour un événement comme celui-là, faut s'attendre à un personnel de sécurité en plus. A savoir qui et combien ils seront. »
elle hoche la tête, perdue dans un sérieux exemplaire.
- et nous ? juste nous deux ? j'ai peur que ce soit peu. mais le patron a dit que – et c'est logique – moins nous serons nombreux, plus nous toucherons. j'ai envie de prendre le risque mais… tu t'en sens capable ?
luz ne doute absolument pas de lion – et elle fait tout pour que ça se ressente dans les inflexions de sa voix – mais c'est une véritable préoccupation qui brûle dans ses prunelles claires. parce que luz n'est peut-être pas très franche, elle est complètement imparfaite, mais qu'elle possède une certaine loyauté. elle n'abandonnera jamais lion, combien même ça pourrait mettre en péril la mission.
- il faut voir pour cacher des caméras sous les tables, équipées de micro. comme ça, nous saurons en permanence où sont les invités. si on peut se substituer à l'un d'entre eux – avec un peu de laxatif dans son repas, par exemple – pendant une partie du dîner, pour avoir un alibi par exemple… je ne sais pas, ça peut être utile.
elle continue de réfléchir à voix haute.
- mais si nous faisons ça, nous allons avoir besoin de quelqu'un qui contrôle les caméras. ça monte le nombre de collaborateurs à minimum trois. et le salaire est donc divisé par trois.
légère grimace. luz n'est pas si portée que ça sur l'argent, mais quand un contrat rapporte autant que ce qu'on lui a fait miroiter, elle apprécie de gagner l'entièreté. d'autant qu'elle connaît lion et sait avec qui elle partage le pactole – et le travail, qui sera forcément bien fait. elle n'apprécie que peu d'incorporer un.e inconnu.e dans l'équation. et puis outre l'argent, c'est son adoration pour les compliments concernant son travail impeccable qui lui donne envie de minimiser le nombre de personnes impliquées.
- je ne fais confiance qu'à toi. tu penses qu'on pourra gérer?
les sourcils froncés, l'air grave, luz redresse le regard vers lion – parce que, pendant sa réflexion, elle l'avait plongé dans le vide. elle se met totalement à nu avec cet aveu qui témoigne d'un lien réel malgré leur relation houleuse.

Ils se connaissent,
se connaissent peu.
Un tandem bien rôdé qui s'apprivoise encore mais force est de constater qu'il ne sait rien d'elle, pas plus qu'elle ne sait beaucoup de lui. Sa jambe est solide ce soir et demain? mais on ne dévoile pas ses faiblesses, surtout pas face à luz qui l'impressionne souvent et à qui il se refusera toujours de montrer la moindre faille dans un sursaut d'égo qui pourrait bien se heurter au succès de leur mission si elle venait à imposer ses cascades stupides pendant qu'il persisterait à se murer dans son mensonge par omission – choisissant de croire, de fait, qu'il ne ment pas vraiment – Jamais frileux quand il s'agit du jeu, il pose toute ses cartes sur l'espoir qu'il parviendra a la faire changer d'avis, trouvant une solution de replis plus sûr – pour lui surtout – que de crapahuter partout pour atteindre les caméras. Il mise sur l'appétence de luz – dans une généralisation foireuse qui suppose que toutes les femmes aiment ça – pour la décoration et surtout pour son désir de contrôle qui serait total s'ils venaient à choisir la décoration. Un échec cuisant quand son sarcasme l'atteint en pleine gueule, ses yeux lançant des éclairs qui prête à sourire. À séduire. ses doigts se crispent sur le bas de colonne de luz, le sourire amer a quelques centimètres de son visage, jeu de dupes. Un duo bien assortis de l'extérieur qui teste les limites de l'intérieur. Il rapproche ses lèvres vers elle dans un élan intimiste, les amants de connivences quand il murmure presque contre sa peau comme des mots d'amours susurrés loin des oreilles indiscrètes. « t'étais née en 2000 toi ? » l'attaque est facile quand luz n'est pourtant pas si jeune, flirte de quelques années à peine avec son âge à lui. Mais les aînés ont toujours plus d'aisance à infantiliser les jeunesses effrontées qui veulent dominer, d'une remarque bien sentie sur cette vie dont ils ne connaissent rien quand, finalement, lion en sait trop peu sur luz pour savoir vraiment en juger.
Parce qu'elle ne se dévoile pas,
parce qu'il ne demande rien,
il se contente de la suivre et de l'affronter sans poser de question. Pas plus hier qu'aujourd'hui. Ses pas menant jusqu'à la cuisine, balayant d'un geste de la main son adverbe assuré, persuadé que luz connaît sûrement la disposition – puisqu'elle gère bien mieux que lui – mais bien trop heureux de lui montrer qu'il ne lui laisse pas totalement les rênes quand il prend malgré tout le temps de scruter chaque recoin des cuisines pour plus de sûreté. Revenant, plein de condescendance, sourire aux lèvres et ironie sur le bout de la langue qui ne suffit pas à déstabiliser luz, surjouant les femmes séduites, ronronnant presque. Trop ostensible pour qu'il soit dupe de son spectacle dans lequel il rentre. « parce que c'est leur rêve à toutes. » rois des vaniteux, pas une once de vérité dans ses mots mais quelle importance ? Tout est question de paraître puisqu'il n'est, pour luz, qu'un écran de fumée. Qui il veut, pourvu qu'il fasse le boulot. Une chance de pouvoir se façonner à l'image qu'il désire dans des yeux qui ne l'ont jamais vu. Surtout pas dans son quotidien aux dégradés de gris, sans beauté ni reliefs. Luz ne sait rien de l’acidité qui coule dans ses veines, des erreurs commises, de la jambe abîmé.
du point faible,
l'argent.
Trop préoccupé à l'idée de se soustraire au plan impliquant des cascades il en a oublié qu'il perdrait une somme conséquente en incluant quelqu'un d'autre. Une somme sur laquelle il ne veut perdre aucun centimes, les comptes déjà trop souvent à sec. Ses poings se crispent dans les poches de son smokings, scindé en deux entre l'appât du gain et l'envie de ne pas mettre en échec leur mission pour un zéro en plus sur le chèque final. Ses lèvres s'entrouvrent sans qu'il sache encore ce qu'il en sortira, un flot qu'il ravale quand luz reprend la parole, ses yeux perdus dans le vide et ses phrases qui résonnent jusqu'aux oreilles de lion. Dessinant un plan qu'il imagine sans mal, rajoutant les détails au fil du déroulement qu'elle en fait.
je ne fais confiance qu'à toi,
presque un électrochoc, ses yeux forcés de scruter son visage comme s'il attendait de voir s'incruster sur ses lèvres le rictus ironique qu'elle arbore si facilement lorsqu'il s'agit de le titiller. Il ne perçoit pourtant qu'une honnêteté sans fard qui réchauffe quelque chose au creux de la cage thoracique, comme s'il avait réellement douté de la confiance de luz – et peut-être étais-ce le cas jusqu'ici – incapable d'en exprimer autant, y a pourtant l'esquisse d'un sourire qui n'a jamais été aussi sincère sur les lèvres de lion quand elle demande s'ils peuvent gérer. « évidemment. » même dans leur dynamique singulière luz et lion forment un tandem où l'un peut toujours s'appuyer sur l'autre, un alliage de forces qui crée un équilibre presque parfait et une réussite quasi constante. C'est sans doute pour ça qu'ils finissent si souvent à travailler ensemble : même entre les piques et les égos, ils se retrouvent toujours pour former ce binôme inaltérable. Elle peut bien l'énerver chaque seconde, s'il ne devait choisir qu'une personne, ce serait elle. « peut-être que t'as raison. » il en grimacerait presque de l'avouer clairement lui qui est si prompt à se jouer de luz en prétendant lui mettre des bâtons dans les roues pourtant ça sonne avec un naturel qui ne blesse pas, comme si elle méritait de l'entendre une fois. il fronce les sourcils, focalisant sa concentration sur les opales de la rousse comme si elle détenait dans le fond de ses iris expressives le plan parfait pour remplir leur mission. et c'est le cas elle ouvre la voie sur quelque chose qui semble faisable, mais risqué. « peut-être qu'on peut se substituer à un couple toute la soirée. Si possible qui vient d'assez loin pour qu'ils ne soient pas connus de tout le gratin présent. On pourrait facilement se faire passer pour eux, ou leurs représentants. On serait au cœur de la fête. » il est conscient que ça impliquerait peut-être des risques inutiles, comme celui de croiser quelqu'un qui connaîtrait réellement les invités auxquels ils se substitueraient, l'impossibilité de pouvoir agir si on leur tient la jambe que le couple qu'ils remplaceraient signale leur absence à la soirée ou simplement d'être démasqué s'ils ne sont pas parfaitement attentif. et alors? luz l'a bien dit, ils se font confiance, quand bien même ils savent rarement se le dire. Lion la laisserait choisir la route les yeux fermés s'il le fallait, ils peuvent gérer ça. « il suffirait de trouver un moyen de mettre les caméras hors service ou au moins d'empêcher la visibilité le temps du vol. et de reprendre notre place dans la soirée pour ne pas éveiller de soupçons plutôt que de disparaître. » un travail titanesque mais s'il y a bien une chose dans laquelle luz et lion sont doués, c'est jouer la comédie. Luz plus qu'aucune autre sait afficher une palette d'émotions complète et ses airs angéliques ne laisseraient personne penser qu'elle est l'auteur d'un méfait. « on en est largement capable. » ensemble. s'ils peaufinent les détails, si tout est sous contrôle, lion ne doute pas un instant du succès de l'opération, son regard appuyé sur celui de luz l'atteste. Le jure tout en jaugeant sa réaction,
il est prêt à sauter si elle accepte d'y aller avec lui.

ce qui est intéressant dans la relation qu’entretien luz avec lion, c’est bien les différents aspects qui la composent. tantôt partenaires, tantôt chat et chien qui se testent et se défient, les deux adulescents se prennent parfois dans un jeu idiot qui n’autorisera qu’un unique vainqueur.
les piques et critiques s’amoncèlent sur fond de jeux complices et d’amants plein d’un désir charnel écœurant. bientôt, ce ne seront plus les câlins qui seront effectués comme façade, mais bien les fourchettes piquées sur les tables qui seront envoyés dans les cuisses, les yeux, les bijoux de famille…
et pourtant, luz, elle l’aime plutôt bien, lion.
elle apprécie ces quelques minutes en dehors du temps avec lion, tant qu’elles ne sont pas trop longues.
au fond, lion la sort de son petit train-train quotidien qui ne parvient plus réellement à la satisfaire. les mensonges ont ce goût d’amertume et de rancœur qui reste sur la langue, même plusieurs heures après les avoir proférés. c’est l’odeur du tabac froid qui se prolonge contre le palais.
« t'étais née en 2000 toi ? »
mine outrée à l’intérieur, impassibilité chronique et déplaisante à l’extérieur. juste un haussement de sourcils qui trahit un chouïa son désarroi. la vérité, c’est que luz est assez impressionnée par la facilité avec laquelle lion a détourné ses propos… et l’a réattaquée. jolie punchline, chaton.
et mentalement, si elle refuse de répondre, elle ajoute : pas depuis très longtemps.
elle aurait presque été tentée de lui pincer le fessier du bout des doigts et de se délecter de sa réaction – tout en en profitant pour tâter de la marchandise.
et ils passent dans la cuisine, et il l’agace encore davantage en mettant ses atouts physiques sur le devant de la scène, et son air de « beau gosse » des bas quartiers.
« parce que c'est leur rêve à toutes. »
elle lève les yeux au ciel. ce n’est pas qu’elle ne trouve rien à répondre, simplement qu’elle n’en a pas envie. parce que la vérité, c’est que dans d’autres circonstances, ça ne l’aurait pas dérangée. après tout, lion est loin d’être laid. il ne suffirait plus que de gommer les traits agaçants de sa personnalité – et encore, luz appréciant tout particulièrement ces petites guerres, elle serait presque tentée de les gommer à moitié.
finalement, elle se décide à rétorquer :
- je mentirais si je disais que t’étais laid à faire peur. je vais même te faire une confidence : j’apprécie presque nos moments passés ensemble.
elle sourit, en espérant ne pas regretter le compliment glissé. parce que lion peut rapidement s’emballer et que son égo n’a aucune limite, semble-t-il. la vérité, c’est que luz ne ferait ce genre de missions périlleuses avec personne d’autre.
luz se perd ensuite dans un monologue concernant le nombre de collaborateurs nécessaires pour la mission, l’appât du gain faisant battre plus rapidement son palpitant. et elle avoue sans détours une vérité totale, la confiance qu’elle ne porte qu’à lui. ils ne sont pas nombreux, les chasseurs de primes à travailler pour le compte de cet anonyme qui la contacte si souvent. ils se comptent sur les doigts d’une seule main. mais si elle n’a pas testé toutes ces personnes, il n’y a qu’avec lion qu’elle peut lâcher du lest et il n’y a que son avis à lui qui lui importe.
« évidemment. »
évidemment qu’il peut gérer. et évidemment que ça la fait sourire, elle, de voir l’orgueil de lion scintiller de mille feux. dans un seul mot, il a su insuffler tellement… des tu crois quoi ?, tu m’as pris pour qui ?. et il faut dire que cet excès de confiance en lui plaît particulièrement à luz : elle sait qu’il est fondé.
« peut-être que t'as raison. »
elle ne comprend pas réellement ce qu’il sous-entend par là. est-ce qu’il ressent la même chose qu’elle ? est-ce que sa réflexion autour du nombre de personnes à mettre sur ce coup est logique ? en tout cas, le seul fait qu’il lui donne raison – même avec un peut-être glissé subrepticement – la ferait presque flamboyer d’un bonheur intense.
« peut-être qu'on peut  se substituer à un couple toute la soirée. Si possible qui vient d'assez loin pour qu'ils ne soient pas connus de tout le gratin présent. On pourrait facilement se faire passer pour eux, ou leurs représentants. On serait au cœur de la fête. »
les yeux plongés les uns dans les autres, luz hoche la tête face aux palabres et à la réflexion de lion. une partie de la jeune femme aimerait retourner sur le champ des piques en marmonnant un : toute une soirée avec toi, c’est vachement long. mais la situation exige du sérieux et ils se doivent de réfléchir réellement aux implications à prendre. parce que le grand patron, s’ils venaient à être dans une posture désastreuse, ne lèverait pas le petit doigt pour les aider. ce n’est pas pour rien qu’il tient à son anonymat.
« il suffirait de trouver un moyen de mettre les caméras hors service ou au moins d'empêcher la visibilité le temps du vol. et de reprendre notre place dans la soirée pour ne pas éveiller de soupçons plutôt que de disparaître. »
luz fait quelques pas dans la pièce, les opales fouillant le sol à la recherche d’une réponse à toute cette réflexion. elle se mordille la lèvre, lève tantôt la tête pour fouiller au plafond pour ensuite retourner chercher sur le sol carrelé des cuisines.
« on en est largement capable. »
on. c’est un unique mot, de deux lettres, qui la ferait presque sombrer. parce qu’elle est si souvent perdue dans une solitude pesante, à devoir mentir à sa famille et à bosser toute seule, que ces deux petites lettres lui éclatent le cœur en mille morceaux.
et c’est le torse bombé et la fierté qui lui donnent la force de répondre :
- bien sûr qu’on en est capables. ce sera nous deux contre toute une équipe de sécurité entraînée à repousser ce genre de tentatives.
elle hoche la tête, la détermination brillant de mille feux dans son regard mordoré. elle lève la main, dans l’attente d’un high five qui signera ce deal qu’ils ont passé, et la réussite de cette mission périlleuse.

hs: