wanted dead or alive frosties w/ vanilla milk award 100,000 $ (aran)

quand tu te repasses ta vie marjo tu te rends compte que t'as pas beaucoup mais que t'as énormément finalement. un frère que t'aime et qui t'aime, un toit sous lequel dormir, un boulot qui te paye ta vie et une bande de bras cassés qui te donne ta bouffée d'air quotidienne. ça peut peut-être paraître anodin, mais quand vous vous faites une soirée télé avec un tas de pizzas à partager, t'es à l'aise marjo. t'es heureuse même. tu trouves ça quand même dommage qu'aran participe pas toujours, de tous c'est sûrement lui qui paraît le plus normal mais qui tout compte fait est le plus alien de la bande. t'aurais même bien aimé qu'il soit là à regarder la télé avec vous ce soir, t'aurais posé ta tête sur son épaule comme si y'avait aucune gêne alors que bien sûr qu'il y en a, mais c'est comme ça que t'es avec tout le monde. t'as pas de barrières, pas de filtre. la coloc c'est ta famille alors s'il faut commencer à faire des chichis pour savoir qui met sa tête sur qui ça va te saouler. et peut-être que tu te serais endormie sur lui aussi, devant la télé comme ça. au lieu de ça quand tu te réveilles c'est pas aran que tu vois mais les jambes de charlie où ta tête est posée, alors t'essaies de te sortir de tout ce méli-mélo de plaid et de déchets entassés et tu te frayes un chemin jusqu'à la cuisine pour te chercher des céréales parce que t'as vraiment trop la dalle et misère, y'a plus rien. pas même des cocopops. alors tu réfléchis un peu, parce que t'es sûre d'avoir acheté des frosties en partant du boulot la veille, puis tu te décides à prendre les clefs de l'appart d'en face pour aller les chercher. c'est peut-être gioia qui les a piqué... tu cherches un peu une fois sur les lieux et miracle, tu les trouves. alors le sourire aux lèvres tu t'en sers un bol avec un grand verre de lait à la vanille puis tu t'installes près de la grande fenêtre qui donne sur la rue pour admirer les lumières du queens et les quelques étudiants bourrées qui repeignent la rue de leur vomis, et tu souris.

Les nuits sont fragiles, parfois stupides alors le temps découpe les minutes pour qu’elles paraissent encore plus désagréables. Les nuages plombent le noir du ciel, rien d’agréable et pourtant cela ne l’a pas empêché de sortir. Il n’a pas le choix, toujours quelques affaires de prévues, un gars a ramener dans les rangs. Les journées se ressemblent ces derniers temps, ça ne fait pas si longtemps qu’il s’habitue à la vie en communauté. Pas le choix. Pas son premier choix, mais c’est plus bénéfique qu’il ne l’aurait pensé. Il ne se sent pas encore chez lui pourtant, même si c’était pas difficile de parler avec les autres, il est encore le plus détaché du groupe car il ne cherche pas à devenir un membre a par entière pour l’instant. La solitude lui va comme un gant, à jamais enchaîné par la nuit et ses vices, il sait qu’un jour il disparaîtra sans le dire à personne. En attendant, il le fait chaque soir; partir en ne revenant que le matin à l’aube avant de s’enfermer dans sa chambre et ne partager que le repas du soir avec les autres, parfois un film quand il a besoin de compagnie. C’est rare, mais ça arrive, surtout quand elle est là.

Alors cette nuit tu rentreras tard encore une fois, jamais accroché à l’horloge tu continues d’avancer dans la rue après avoir déposé ta voiture sur une place de parking plus loin, cigarette coincé entre l’index et le pouce. La démarche est bancale, signée par les heures de sommeil trop courtes et des combats auxquels il participe parfois. La porte poussée, les marches de l’escalier avalées rapidement tu te retrouves sur le pallier à tenter d’enfoncer la clef discrètement dans la serrure pour entrer.
Tu t’y attendais pas vraiment mais ce soir t’es pas le seul à pas dormir. C’est Marjo que tu retrouves assise près de la fenêtre en mangeant des céréales. Ça te fait rire un peu, alors tu lances un « tu dors pas ? » interrogateur, avant de suspecter une simple faim tardive. Elle a une tâche de lait sur le menton et t’attends de voir sans lui dire. Tu poses ta veste sur une chaise et prenant soin de ranger tes clefs dans ta poche sans pour autant te diriger vers la chambre. T’imagines que c’est la curiosité pure qui t’amènes à rester dans le salon plutôt que d’aller dormir, tu vois pas d’autre explication. D’ailleurs en la regardant, t’as la dalle aussi « tu me prépares un truc ? » d’une nonchalance qu’elle doit connaître un peu maintenant, tu n’hésites pas à jouer pour tester.

Y'a des jours quand même t'aimerais bien te retrouver seule avoir ton petit coin tranquille, un moment de repos, rien que du silence. T'as oublié ce que ça faisait de se sentir seule, tu sais même pas si t'as eu ce sentiment une seule fois dans ta vie. Quand t'y penses il y a toujours eu Ugo ou Charlie dans le coin et ça t'a toujours arrangé. Mais quand même, c'est pas évident de jamais avoir d'intimité. Même te toucher tranquille dans ton bain tu peux pas le faire, le seul truc qui passe à la limite c'est de ramener un inconnu dans une chambre et là y'a personne pour ouvrir la porte en général. Mais en général. Alors quand tu te retrouves tranquille avec ton bol de céréales tu kiffes Marjo, tu soupires et tu te dis enfin. Jusqu'au moment où un petit bruit de clef se fait entendre dans la serrure, et là tu souffles un peu en tournant la tête vers l'entrée. Aran Miles ose se pointer dans son appartement et briser ton instant de tranquillité, franchement c'est osé. Tu dors pas ? Tu ricanes un peu Marjo, tu te fous de sa gueule. Tu taquines, t'aimes bien, c'est pas méchant. Ouais si grave, je dors à fond là ça se voit pas ? T'as les yeux qui se plissent un peu quand tu souris puis tu te remets à manger sans le quitter des yeux, tu profites un peu. Il est pas moche Aran, peut-être que t'aurais pu dire oui ce soir là mais t'étais trop crevée puis c'est tellement plus amusant de le voir galérer. Et il aurait pas été là si tu l'avais pas remballé. Tu me prépares un truc ? Tu fronces pas les sourcils, tu râles pas non plus c'est pas ton genre, tu te contentes d'hausser les épaules en tournant ta tête vers le merveilleux spectacle que t'offre la rue comme si rien qu'en tournant la tête tu pouvais éviter à sa demande. C'est la meilleure esquive que t'ai trouvé depuis que t'es gamine. Mh non t'as un p'tit cul de belles jambes et de jolies mains qui peuvent faire ça pour toi alors j'vais quand même pas me lever pour les en empêcher... Et tu souris à ta connerie en finissant ton bol. Au final t'es pas trop fâchée de te retrouver seule avec lui, tu te dis qu'il détendra peut-être son string si les autres ne sont pas là.