b(r)aise. MILA

traits de caractère / colère. dans son sang en ébullition, qui tourne dans ses veines pour en faire battre un palpitant trop sauvage. trop fort. elle cogne dans les murs, se casse parfois quelques ongles bien manucurés en guise de leurre. carapace dure, carapace froide, elle se déverse quand l’orage gronde. et comme la foudre, impossible à canaliser, brève, jamais savoir où elle frappera à nouveau. lumière instable, électrique, choc émotionnel qui fait d’elle l’instable au cœur mystérieux. avarice. quand le désir est trop grand pour ses petits yeux aux couleurs changeantes. elle en veut trop, toujours plus, encore et encore sans se contenter vraiment. elle gratte, elle s’immisce et s’incruste comme une putain de bactérie qui nous ronge. elle aime ce jeu de poker qu’est la vie, l’idée que sa tête soit mise à prix juste pour toucher le pactole du bout des doigts. envie. fille de rue, fille de nuit. louve affamée qui veut faire cesser son désintérêt. celui qu’elle a envers les autres, envers le monde mais sans jamais vraiment y arriver. pourtant elle force, elle peut faire croire à qui bon lui semble que la lune est rouge, que les étoiles sont vertes et qu’elle sait aimer. sans jamais le penser, sans jamais y croire, simplement pour faire briller des regards en attendant qu’un la touche en plein dans le mille. l’orgueil. elle croit en elle. peut être un peu trop, jamais assez pour elle. gamine déstructurée, un peu trop naïve sur les bords pour ne pas croire à sa chute. elle ne vit que dans son monde, celui où elle est reine, où elle est maîtresse d’un jeu et de quelques pions qui font bien. elle fait pitié dans ce rôle, mais elle aime ça alors elle reste en attendant de se faire calciner un jour. gourmandise. elle croque dans l’âme, dans la chaire pour ne laisser que des empreintes venimeuses dont on a du mal à s’en défaire. des souvenirs ardents, violents parfois mais trop marquants pour ne pas en laisser quelques uns derrière elle en stress post-traumatique. elle s’en branle, tant qu’elle a dévoré deux ou trois semblants de démons ou une ou deux âmes trop propres. paresse. elle dort éveillée, en plein dans ce rêve qu’elle s’est créée en même temps que cette nouvelle vie. ce nouveau elle au visage inchangé. elle se berce d’illusions, de faux semblants, de mensonges auxquels elle croit dure comme fer. luxure. les diamants dans les yeux, l’or dans les paroles abrutissantes ou hypnotisantes, la lame d’argent au bout de sa langue parfois trop tranchante. mila elle brille de milles feux, aveuglant ces autres sans aucun scrupule d’un personnage inventé de toutes pièces.

disorder. apocalyptique. l’enfance échouée, à la dérive au milieu des vagues gourmandes. une seule bouée de sauvetage, lui, un frère aux émotions mortes depuis trop longtemps. bouée ou ancre, elle ne sait pas trop mila quand elle s’y accroche à bout de bras. quand elle ne voit que ça a quoi se retenir pour ne pas périr dans la solitude. elle aurait pu avoir la vie de rêve, les parents, le clébard qui va bien et les goûters pour quatre heures. elle aurait pu avoir le monde si elle l’avait voulue, parce que c’est grands yeux, eux, ils en attiraient du monde. ils en berçaient quelques uns au foyer des délaissés. mais pas lui, personne ne le regardait à lui. le visage écorché, les yeux qui saignent, le sauvage en décalage qu’ils craignent trop pour s’en approcher. pour tenter de l’apprivoiser quand ils savent d’avance, dans l’obscurité de ses traits, que c’est voué à l’échec. alors milena elle n’avait pas le choix, incapable de lâcher prise, d’abandonner le radeau en ruine de sa chaire et son sang.

goodbye. adieu l’innocence, le regard naïf, les traits angéliques et l’enfance. adieu milena. elle s’est laissée fondre dans le décor, se mêlant aux murs teintés de rouge, abandonnant l’océan pour les flammes d’un enfer qu’elle ne connaissait pas assez bien. encore trop enfantine pour ne pas en subir les conséquences, pour ne pas finir par se brûler. la drogue qui défile sous son nez au bout blanchâtre, les histoires de cul et d’argent qui bourdonnent à ses oreilles chaque jours, chaque nuits. elle finira par en faire la une de ces histoires, par en être l’actrice principale et à quel prix ? aucun repère, mise à part le vice et le sale. aucune douceur, aucun conseil qu’elle aurait pourtant tué pour avoir. qui l’aurait peut-être empêché de sombrer si bas. tellement profond qu’elle n’est même plus à sauver.

lover. le cœur qui bat. pour le danger, pour lui. les picotements dans tout le corps, pour la lune et l’adrénaline au fond de cette chambre aussi délabrée qu’eux. il a les traits plus durs, plus fermes, plus vieux. il l’a mise dans tout ses états lui et sa froideur électrisante, passionnante. même sa bague au doigt n’a pas suffit à éloigner milena, non, au contraire ça l’a rendue encore plus accro. cette idée de devoir se cacher, cette frénésie dans les nuits chaudes entre la peur et le désir insurmontable. elle en a laissée des plumes, des morceaux de cœur ou même son organe entier en est resté. quand elle est ressortit, il n’y avait plus rien d’elle que la mare de sang dans lequel elle baigne. une femme jalouse, une femme trahie pour une pauvre gosse qui ne vaut pas un sous. un ego touché, une fertilité abondante que milena n’avait pas vu venir. une grossesse qui n’était pas prévue dans le programme, non, c’était pas ça qu’elle avait imaginé. juste une belle histoire d’après ses contes de fées à elle, une histoire passionnelle, labyrinthique et déstabilisante. le genre d’histoire qui colle à la peau.. les bleus, les cicatrices de brulures, le goût du fer entre les lèvres, les organes vitaux chamboulés. ça, ça lui a collé à la peau. et elle est restée là, presque inerte au coin de cette rue, l’embryon qui dégouline entre les cuisses et l’espoir de voir son démon venir la sauver. il ne viendra jamais, jamais.