La beauté de la jeunesse (Primoe)

Elle était belle Prim.
Assise à la terrasse d’un café en une belle fin d’après-midi, tu savourais l’instant sans penser à rien. A rien sauf à ton amie dont les rayons de soleil se reflétaient sur la peau de son visage. A croire qu’elle avait un peu de Soleil en elle et ça ne te surprendrait pas, elle avait ce truc un peu magique qui te donnait toujours le sourire. Vous ne pouviez physiquement pas être plus opposées l’une de l’autre et pourtant, il fallait croire que Soleil et Lune pouvaient s’entendre, se partageant la vedette tour à tour. A la différence près que toi, tu n’avais pas tant d’arguments en ta faveur si ce n’est tes grands yeux bleus et tes cheveux trop délavés, pas de quoi la concurrencer. Certains disaient pourtant que ça te donnait un style, toi tu n’en disais rien du tout. Tu avais testé le délire avec une teinture périmée trouvée dans la poubelle d’un salon de coiffure, ça t’avait plutôt plu, fin mot de l’histoire. Ta coquetterie s’arrêtait là. Pour le reste, tu t’habillais n’importe comment et tu ne faisais aucun effort pour sembler un tant soit peu féminine. Peut-être que tu pourrais demander à Prim de faire quelque chose de toi. Tu étais certaine qu’elle avait des doigts de fée quand elle s’y mettait. Ou alors est-ce qu’elle te raserait la tête ? Tu ne savais pas si ça te plairait, mas peut-être qu’on te ficherait la paix si tu décidais de te déguiser en garçon ? Tu en avais bien le style vestimentaire avec tes baskets usées dont le nez se détachait, tes shorts informes dévoilant tes guiboles plus musclées que délicates et tes t-shirts bien trop grands, tombant sur ton buste sans l’ombre d’un nichon pour les retenir. Prim, elle n’avait pas ce problème.
Du coup tu étais posée là, à la regarder parler, les deux mains jointes sur ta canette de coca, le menton posé dessus. C’est pas que ce qu’elle disait ne t’intéressait pas, loin de là, mais tu ne les connaissais pas les gens qu’elle t’avait évoqué. « Tu crois ça m’irait l’crâne rasé comme un œuf ? »

@Primrose America

joe ne l'écoute pas du tout. elle le sent bien quand elle débite à mille à l'heure un million d'histoire, l'habitude sans doute de combler le vide, parler pour éviter un sujet fâcheux c'est ce qu'elle fait de mieux mais elle oublie que joe n'est ni flic ni rex et qu'elle pourrait simplement se contenter de savourer l'instant à ses côtés sans craindre le jugement. Elle ne cesse pourtant pas de s'épancher sur une soirée ou elle a encore terminée enivrée, brode des souvenirs qui ont beaucoup moins d'importance qu'elle n'ose le prétendre puisque sa vie n'est faites que d'instants éphémère qui ont le goût de rien une fois qu'ils s'achèvent. Parle tant qu'elle a à peine toucher sa canette, n'osant le prendre que le temps de reprendre sa respiration après un débit aussi soutenu, les bulles de soda qui pétille dans sa bouche. tu crois que ça m'irait l'crâne rasé comme un œuf? trop surprise pour parvenir a retenir le coca qui s'échappe d'entre ses lèvres et la quinte de toux qui la prend maintenant qu'elle a manqué de s'étouffer avec les conneries de jo. Frappe sa poitrine, les larmes aux yeux « quoi ? » et sa voix ressemble à un coassement de grenouille à l'agonie, il faut encore une dizaine de seconde pour réussir à rétablir l'ordre dans sa gorge, secouant la tête avec l'énergie de la survivante. « merde, non fait pas ça. imagine si t'as une forme de crâne hyper bizarre genre c'est pas un œuf mais un ballon de foot dégonflé ? » puis pourquoi elle ferait ça, joe ? Ça collerait peut-être à son style mais elle est déjà jolie comme ça, avec son air de s'en foutre et son visage poupin qui laisse croire à la douceur mais sa bouche aux sourires de canaille qui cache à peine le langage de charretière. mais elle admire son audace, prim, elle voudrait avoir la même. Se demander si ça lui irait bien de se raser le crâne et oser le faire. Joe a plus de couille que la plupart des mecs qu'elle connaît, de toute façon, plus d'indépendance que bien des filles, plus de hargne que n'importe qui. « mais si t'as envie de tester j'suis sûre qu'il y a la tondeuse de rex a l'appart hein. » parce qu'après tout, quitte à ce que joe se rase le crâne autant qu'elle soit là pour en rire, ou pour admirer la divine forme de son crâne qui ressemble peut-être à un bel œuf sous sa couche de cheveux pourtant bien plus joli à son goût.

Elle parlait toujours beaucoup trop et surtout, trop vite Prim, avec cet enthousiasme débordant, riant à ses propres histoires et anecdotes. Elle avait beaucoup d’amis Prim, beaucoup de gens qu’elle retrouvait en soirée, il y avait toujours des nouveaux noms qui apparaissaient, d’autres qui disparaissaient également à tout jamais de son répertoire. Tu ne savais jamais trop alors tu avais arrêté d’essayer de suivre. Tu t’en foutais des gens avec qui elle sortait, ceux avec qui elle s’amusait tant. Ce n’était pas comme si elle allait te les présenter et quand bien même, vous n’alliez jamais vous revoir.
Tu la laissais donc discuter toute seule puis d’un coup, sans crier gare, tu balançais ta question sans même te soucier de passer ainsi du coq à l’âne ou passer pour celle qui n’en avait rien à cirer. C’était OK parce que c’était un peu le cas, qu’on se le dise. Non, tout ce qui t’intéressait, c’était son avis sur la question. La pauvre, tu lui avais coupé la chique et elle manque de s’étouffer avec ton coca qui coula de ses lèvres. « Mais Prim ! T’es dégueu ! » te plaignis-tu en riant, lui balançant une serviette en papier à la figure pour qu’elle ne reste pas comme ça. Tout de même, tu ne pensais pas provoquer une telle réaction ! A croire que c’était tellement dingue comme idée. Tu n’en savais rien, tu voyais le côté pratique toi. « Ah tu crois ? » fis-tu en passant les doigts dans tes cheveux, caressant ton crâne en essayant d’imaginer ce à quoi il pouvait bien ressembler. « Putain la merde que ce serait ! On va prendre pour Britney Spears après » ris-tu en imaginant le joyeux bordel « Les millions en moins par contre, la loose » crus-tu bon d’ajouter d’un haussement d’épaule, te redressant pour avaler quelques gorgées de ton coca. « Ou alors tu m’fais des tresses serrées sur l’crâne, comme ça j’aurais une idée de ma tête ! » suggérais-tu d’un petit sourire. Ça ferait sans doute bizarre mais au moins, tu ne les aurais plus dans la nuque pour te faire transpirer.

Elle achève de s'étouffer, essuyant les dégâts avec la serviette que lui lance joe, priant pour que le coca ne lui colle pas a la peau toute l'après-midi. « me prend pas par surprise comme ça aussi. » sa bouche devient rictus amusé, faute rejetée sur elle dans un élan de mauvaise foi assumée par l'éclat de malice dans ses yeux. Et le sourire qui affleure ses lèvres quand joe glisse ses doigts dans sa chevelure à la recherche de dieu sait quoi, une bosse ou un creux. Semble faire l'image dans son esprit de la forme de son crâne et prim fait tout son possible pour garder un sérieux qu'elle n'a pas. « non je sais pas, mais on sait jamais. » parée de cette sagesse qu'elle n'a pas, comme si elle savait connaissait réellement la probabilité des risque d'avoir une forme de crâne étrange. « t'es plus jeune et plus canon que britney. » elle hoche la tête avec intérêt, prenant un mauvais modèle de référence pour un débat réel sur le physique de l'une et de l'autre. Elle n'est de toute façon pas très objective lorsqu'elle le dit, prim  ne voue pas un culte à la star et adore assez joe pour la trouver plus jolie que la plupart des filles qu'elle voit passer dans la rue. Mélange de beauté et d'amitié, brillant forcément plus que la nana lambda qui passe d'une démarche assurée à côté d'elle. « puis bon, j'crois qu'elle allait pas très bien quand elle a fait ça, j'dois m'inquiéter? » sourcil haussé, parce que c'est vrai que ça sort de nul part mais dans le fond prim a toujours eu du mal a suivre les pensées de joe, comme un tableau abstrait qu'elle est seule a comprendre, le don de passer du coq à l'âne d'un claquement de doigt, sans doute au gré de ses pensées décousues qu'elle a fini par ne plus chercher à vraiment comprendre. Elle se laisse porter. « tes cheveux sont bien comme ça tu sais ? Genre, ça te ressemble » c'est un compliment même si ça y ressemble pas tellement. Pourtant y a quelque chose d'inimitable chez joe, un truc propre à elle, l'air revêche peut-être, ses cheveux décolorés en bataille qui  colle si bien à elle. Un truc aérien dans son air pourtant brut. Comme un foutu diamant pas encore taillé. Entière et sans fioriture.  « mais ok, j'peux te les faire » pas certaine d'être réellement objective à l'idée de mettre sur sa tête les tresses qu'elle aborde elle-même. dévisage les traits de joe, crâne garnie de tresses. Elle a l'assurance et le je-m'en-foutisme de ceux qui pourrait tout porter, celle qui a toujours l'air d'assumer ce qu'elle est et ce qu'elle veut. A joe et son air de fonceuse, tout va. Tout peut aller du moins « mais que si j'peux te maquiller, aussi. » ça l'amuse rien qu'a l'imaginer.

Ça te fait rire de la voir suffoquer, se noyer dans sa gorgée de coca qui lui dégoulinait de partout. Mais Prim, même comme ça, elle restait classe. Même si tout le monde ne le voyait pas forcément, toi tu le voyais bien que c’était le genre de fille qui pouvait bien faire n’importe quoi, elle resterait malgré tout la préférée des cieux. Tu n’étais pas jalouse, tu l’admirais juste et tu étais simplement très heureuse d’être son amie, même si parfois, elle se sentait obligée de combler les vides tandis que tu te contentais de la regarder vivre. Un peu creepy mais qu’importe, Prim t’acceptait telle que tu étais. « J’avoue, ce serait la loose quand même… » confirmais-tu en lâchant tes mèches grisâtres, laissant un petit sourire se dessiner face au compliment. « Plus jeune je veux bien mais canon bof quoi » tu le pensais, Britney faisait rêver toutes les fillettes du pays, toi tu ne faisais rêver personne avec ton air renfrogné et ta grande gueule pleine de grossièretés. Heureusement que ça ne semblait pas déranger la belle métisse, il fallait avouer qu’elle était d’une patience d’ange avec toi et surtout, elle te surestimait outrageusement. C’était bon pour ton égo mais pas très réaliste, songeais-tu avec un petit sourire avant que tu ne verses une nouvelle rasade de coca dans ton gosier, terminant ta canette.
« J’sais pas, j’étais petite encore quand elle l’a fait » haussais-tu des épaules, pas concernée par les états d’âme de Britney Spears. Tu avais tes propres problèmes à gérer, tu n’allais pas encore t’occuper de ceux de Brit-Brit. Tu tentais de songer un instant aux problèmes que pouvaient avoir une star internationale comme elle mais honnêtement, tu ne voyais pas trop là. Pas de problèmes pour remplir le frigo, pas de problème pour se mettre des fringues correctes sur le dos, non vraiment tu n’envisageais pas qu’on puisse péter un boulon comme ça. Prim revint pourtant au sujet de tes cheveux et tu pris une mèche entre tes doigts pour les regarder. « De toute manière faut pas que j’y touche encore sinon ils vont crever » fis-tu en haussant des épaules, laissant néanmoins un sourire illuminer ton visage. « Trop cool ! » ton sourire laissa pourtant place à une grimace comique quand elle ajouta sa condition. « T’es malade, tu veux me faire ressembler à un go ou quoi ? » ris-tu avant de te pencher soudain vers elle. « T’as fini ton coca ? Chaud on se barre sans payer ? »

assentiment donné d'un hochement de tête, ça serait la loose ouais. Elle rajouterait bien au pire ça repousse mais elle croit connaître assez joe pour que l'idée lui convienne juste ce qu'il faut pour se lancer, et si elle doit se raser la tête, elle préférerait ne pas être celle qui s'en charge des fois que le résultat final ne lui convienne pas. « tu penses pas vraiment c'que tu dis? » évidemment, comme toutes les gamins elle a admirer britney elle aussi, devenue intemporelle depuis des années. Elle est pourtant réellement sidérée, prim à toujours vu joe comme ces filles je-m'en-foutiste mais paradoxalement confiante quand à ce qu'elle était, ce à quoi elle ressemblait. Visiblement trop peu pour se rendre compte du charme dont elle se pare avec son style – loin des magazine féminins aux filles filigranes sur papier glacé – mais assez charmante pour ne pas laisser imperméable. Ce truc – indéfinissable – que prim n'a cessé et ne cessera sans doute jamais de lui envier. Pourtant pas de celles qui s'attarderont à rassurer joe sur son charme – chose dont elle ne voudra sans doute pas de toute façon – mais si certaine, surtout, qu'a défaut de finir par s'en rendre compte, les autres le feront pour elle sans aucun problème. « ils sont canon comme ça. ça va pas a tout le monde en plus. » ça va, en réalité, seulement à ceux qui assume de le porter. Assurément pas les filles lambda au style basique qui ne sorte pas des sentiers battus. C'est là toute la classe de joe, ne suivre aucune ligne droite et avancer en slalomant au gré de ses envies – de ses besoins surtout – une liberté difficile qu'elle peut pas s'empêcher, là encore, de lui envier. Insaisissable et indépendante, loin des stéréotype de féminité qui la font grimacer quand elle s'imagine maquiller sous les pinceaux empressé de prim qui ne peut pas s'empêcher de rire avant de retrouver son air sérieux. « sérieux ? ok. » tête brûlée irréfléchie, pourtant pas une experte dans le domaine des bar-basket, savourant simplement d'avance le doux goût de l'interdit, de l'idiotie des gamines pleine de cette fougue propre aux jeunesses rêvant d'aventure. « bah reste pas assise, on bouge. » un coup d'oeil aux serveurs occupés à d'autres tables et prim est déjà levée, quittant la scène avec la maladresse de celle qui ont quand même peur de se faire choper et l'empressement modérée d'une coupable qui voudrait se cacher. Sourire aux lèvres, malgré l'impression que tout les regards sont braqués sur elle et une pancarte clignotante l'accuse.

« quoi ? j'te regarde normal. » le ton léger, amusée. Les instants avec joe sont des instants volés à la réalité, toujours plein de vie et d'éclats de rire. Et ça l'amuse forcément prim, de la gênée gentiment avec son regard qui s'attarde trop longtemps. Joe n'est certainement pas de celles qui cherchent la lumière des projecteurs et l'attention de tout les regards. Rien qu'un seul – le sien – suffit à la gêner assez pour qu'elle la repousse gentiment, reportant d'une phrase l'attention sur prim et ses cheveux. Elle touche instinctivement ses éternelles tresses qu'elle arbore toujours, jaugeant la noirceur capillaire qu'elle imagine éclaircis par la teinte qu'arbore joe. Elle secoue la tête un sourire aux lèvres. « faudrait essayer un jour mais j'crois pas. » et peu importe, la conversation joyeuse disparaît par les muscles crispés d'inquiétude. Primrose arbore un air qu'elle voudrait serein, de celle qui maîtrise la situation mais elle sait sans trop de toute que son regard – au moins lui – trahis l'inquiétude de ceux qui n'ont pas l'habitude d'agir comme ça. Elle fuit pourtant, réussi à dégager de là sans encombre, sans un regard en arrière, les yeux fixé devant comme si ça la rendait invisible. Elle ne se permet de respirer normalement que lorsque joe l'entraîne dans une rue adjacente dans un éclat de rire qui la surprend. « Tu ... » elle se renfrogne prim, prend des airs vexés qui s'étiole aussi vite qu'une éclipse devant l'imitation de joe assez exagéré pour devenir caricature. Son naturel qui balaye la blessure à l'égo d'un revers de main jusqu'à ce que son rire se joigne à celui de joe. « arrete de te foutre de ma gueule, tu crois que j'fais ça tout les jours? » secouant la tête elle retient pas son regard qui glisse vers le bout de la ruelle, comme si un escadron de police pouvait surgir soudainement pour arrêter un duo de sale gosse partis sans payer deux misérables cocas. Ca ne fait que renforcer l'hilarité de joe, sûrement plus habituée à ce genre de scène et moins craintive d'en subir des répercussions. Elle secoue la tête dans un rictus amusée, sa main qui vient pousser le corps de joe dans une attaque amicale. « j'suis sérieuse, j'fais pas ça normalement. J'avais l'impression qu'ils savaient tous » sans doute le lot de tout les coupables qui craignent de se faire choper, consciente malgré tout que l'adrénaline bienvenue n'avait pas vraiment lieu d'être. Et le rire de prim s'allège, comme une libération même si c'est d'elle-même qu'elle se moque au final.