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 American Ballet ((amos))

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Zdravko Mandadzhiev;

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Zdravko Mandadzhiev



Bertil Espegren
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Message Sujet: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Ven 21 Jan - 0:30

American Ballet


les dialogues en italique sont en bulgare
“ les textes en Georgia sont écrits ”

La douce cacophonie des violons s’accordant se mêle aux voix de celles et ceux prenant place sur les sièges luxueux de la salle de concert. À l’instar des dorures magnifiant chacun des reliefs muraux, jusqu’au plafond peint de scènes épiques d’opéras et de ballets, les spectateurs prenant possession des lieux n’inspirent que faste et influence, donnant autant de cachet à l’endroit que tous les compositeurs classiques qu’on y performe. Concerts, opéras, ballets, l’audience anonyme est pourtant peuplée de ces gens qui sont quelqu’un, de figures publiques ou plus discrètes ayant en commun ces comptes en banque bien trop remplis pour savoir qu’en faire.
Alors on cherche à les alléger avant la prochaine rentrée d’argent, on dépense sans compter pour se faire voir, pour l’ostentatoire. Gourmettes hors de prix et colliers de diamants s’affichent dans les rangs de l’opéra, se complimentent et se comparent, on juge autrui par ses atours, on estime la valeur des uns et des autres par ce qu’on en voit, et on prend soin d’être vus.
Mais il en est de plus secrets, de plus discrets, mais pas moins élégants pour autant. Du haut de son balcon individuel, il fait partie de ceux surplombant les plus simples des fortunés, ceux se contentant de cette fosse populaire qui ne leur permettra jamais de profiter pleinement du spectacle. Nonchalamment accoudé sur le velours rouge de sa chaise, il écoute d’une oreille évasive le blabla incessant d’un partenaire d’affaires qu’il a convié ce soir, en tout diplomate qu’il est. C’est qu’il la sent arriver, cette introduction musicale, ces violons enfin accordés promettant un lever de rideau dans les minutes qui arrivent. Il échange de dernières amabilités avec son voisin qui, le voyant se détourner de lui au profit de la scène venant d’apparaître, comprend qu’il ne pourra reprendre son monologue que deux heures plus tard.

L’air est familier au bulgare qui n’en est pas à sa première représentation de la Bayadère, sa passion pour la musique classique ayant fait de lui l’un des spectateurs les plus fidèles de ces représentations. D’abord les danseurs, puis viennent les ballerines. La troupe n’est pas étrangère à l’homme d’affaires qui en reconnaît les visages, particulièrement ceux des danseurs principaux. Celui interprétant Solor est le même ayant revêtu le rôle de Roméo quelques mois auparavant, et Zdravko a déjà sa petite idée quant à la danseuse tenant le premier rôle.

La voilà qui arrive d’une démarche souple et lente, ses pointes glissant sur le noir de la scène, le visage encore dissimulé sous un foulard écarlate. Le Grand Brahmane, fidèle à lui-même, lui retire le vil tissu et surprend le bulgare, pris de court par le visage qu’il découvre au travers de ses jumelles.
La surprise est agréable, dessine un sourire sur les lèvres de l’homme à qui plaît cette nouveauté, et cette détermination qui anime le regard de la ballerine qu’il ne se souvient pas avoir vu dans un seul grand rôle jusqu’alors. Nouvelle ? Non, il lui semble l’avoir déjà aperçue entre toutes les autres, ne jamais trop s’en détacher jusqu’à aujourd’hui. Elle a une passion en elle qui tranche avec la douceur de celle qu’elle incarne. Ce soir, Nikiya brûle d’un feu nouveau, captive le regard du mélomane qui n’attend plus que ses scènes, qui ne la perd pas une seconde des yeux. Et lorsque le ballet arrive sur sa fin, le bulgare convoque son sbire qui se penche pour mieux entendre ce qu’il lui glisse à l’oreille.

« Fais porter des fleurs à Nikiya en coulisses. Et obtiens-moi son nom. » L’homme de main hoche la tête, prend le bout de papier qu’on lui tend et, s’éclipsant hors du balcon, passe les appels nécessaires. À quelques blocs, on achète un bouquet à la hauteur de l’intérêt du Mandadzhiev pour celle pour qui il se lève et applaudit lorsque vient le moment de saluer, ignorant son voisin tentant de raviver la conversation par quelques critiques quant à la performance des danseurs.

La salle résonne encore des applaudissements du public lorsque la troupe quitte définitivement la scène, laissant au bulgare un goût de reviens-y alors qu’il envisage déjà d’assister aux prochaines représentations. Dans un long soupir visant à le faire revenir à la réalité, il accroche enfin son regard à celui qu’il a délaissé deux heures durant, posant sur son épaule une main amicale lorsqu’il lui propose enfin de continuer la soirée en tête à tête afin de mieux parler affaires.

Les parties accessibles vidées de tout public, il ne reste plus que quelques employés se retournant sur le jeune homme portant un bouquet gigantesque aux couleurs du costume porté par sa destinatrice. On lui indique la direction des coulisses à la porte desquels il frappe pour, rapidement, voir apparaître la silhouette élancée de l’une des danseuses à qui il tend le présent floral.

« Pour Nikiya d’la part de mon boss. » qu’il informe sobrement avant d’y glisser le papier confié plus tôt à l’homme de main. « C'est quoi son vrai nom ? » qu'il demande sèchement, prenant tant la danseuse de court qu'elle ne peut que lui répondre naturellement.
« Amos Hulst. Pourquoi ? »
Pas de réponse, voilà que le messager disparaît au détour d’un couloir, et la danseuse derrière la porte qu’elle referme pour chercher l’intéressée du regard, le papier entre les doigts qu’elle ne peut s’empêcher de lire.

“ Un talent digne des plus grandes, et une passion qui vous mènera loin. Vous m’avez subjugué du début à la fin ”


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effacée par la noirceur, la môme n'a plus de myocarde suffisant pour s'enticher d'un être.
fausse déesse, elle s'imagine rayonnant dans un monde dans lequel elle est souveraine, joue à donner des illusions à quelques âmes.
zdravko; rp; rp; rp

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Message Sujet: Re: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Sam 22 Jan - 22:09


le grand soir est enfin là.
présenté sous de grands augures,
ils ont vu six vautours.
elle en a vu douze.
et romulus fonda rome.
dans les maigres coulisses peintes aux couleurs d'un renouveau qu'elle manifestait tant, son corps frissonnerait de cette exaltation nouvelle, se réchaufferait face au grand rôle auquel elle s'apprête à donner vie, face à nikiya et aux pulsions de vie ardentes qu'elle lui offrira, ce soir. c'est elle et sa frêle silhouette qu'elle offrira à leur vue insatiable, portant la légère responsabilité de les laisser repartir avec des rêves édulcorés, à l'aube d'être flouées dans leurs encéphales carnassiers, ces fameuses illusions qui ne pourront que la représenter, gracieuse déesse leur susurrant des mots doux et les trompeurs tracas qui se jouent dans la bayadère. elle écrasera l'aveuglante lumière des projecteurs sous ses pas pour se l'injecter, pour rayonner de la furieuse passion qui se noie sous ses os, qui se nourrit de sa chair et qui ne cesse d'augmenter son désir de posséder l'aura solaire, céleste consécration qui la distinguerait, elle et sa folie astrale. on ne fait plus qu'une toi et moi, nikiya. la môme qui ne cessa de vouloir le monde entier écrasé dans sa paume, n'en tient pour l'instant qu'un seul morceau entre ses deux mains. en coulisses, tandis que les quémandeurs d'utopies s'installent, amos n'a plus que le silence entre les lippes, le voile de la danseuse du temple posé sur les contours de son visage fermé, il épouserait parfaitement ses formes si seulement elle ne l'avait pas dérobé délibérément à une autre, lui brisant les pieds, brûlant ses derniers espoirs, expédiant la danseuse principale dans le néant, là où elle ne sera plus que poussière et cendres. alors, sous le voile carmin, le sourire béant d'amos se dessine, lui lacère l'épiderme tant il est grand des efforts qu'elle a dû payer de son être.
les regrets n'existent plus
tout cela n'est plus
que sa porte de sortie
qu'une chaleur qui réchauffe son âme noircie
amos et nikiya ne font plus qu'une, une sirène gracieuse résolue, enfin, à leur raconter la mort foudroyante, l'amour sans issue et les retrouvailles de deux âmes destinées pour s'unir. la môme s'est abandonnée elle aussi aux tourments de la bayadère depuis un certain temps, remplaçant ses sentiments par ceux qu'elle pense devoir ressentir. (passion rouge, défaite grise, acceptation verte, la mort noire sans regrets) elle vibre d'une certaine fascination pour le personnage qu'elle représente, ce soir. elle se fanerait d'admiration pour les illusions qu'elle doit symboliser, chaque danse qu'amos effectue sous la chaleur brûlante des projecteurs n'est plus qu'une valse affectueuse avec le diable pudibond sur qui, à présent, elle a emprise. sa peau laiteuse en frissonne d'avance, se délecte de la grandeur rayonnante qu'on lui a attribué, puisqu'après tout, elle sera sienne, un jour. le moment sacré est presque à sa portée. le voilà. terrible et si doux. elle fait son entrée, avec une détermination qu'on ne lui connaissait pas, avec une grâce qu'elle s'est efforcée d'augmenter des semaines avant la grande première. oh, amos, douce amos, a abîmé son corps pour qu'il intègre à merveille les pas, les sauts, les postures dignes des plus grandes. mais ce soir, lorsque c'est à son tour de briller sur les planches, les bleus ne sont plus que mirages, les pieds déformés eux, ne sont plus qu'un instrument qui la mènera au sommet. au sommet du monde, en haut du queens, peu importe. elle ne crèvera pas dans la misère qui grouille sur le sol, elle ne retournera pas croupir dans la suie qui les aveugle tous.
alors ce soir,
elle danse avec trop de passion,
elle tourbillonne jusqu'au point de non retour,
les autres n'importent plus,
il n'y a qu'e l l e
(elle ne flanche plus)
elle se laisse emportée par les pas,
se berce avec les sauts,
s'a b a n d o n n e  totalement sur les mélodies.
et si solor fume son opium,
c'est nikiya qu'ils regrettent
jusqu'à la dernière note, amos était nikiya, presque cousues peau à peau, sang à sang, pour qu'aucune d'entre elles n'oublient qu'elles sont indissociables, ce soir. elle ne m'échappera pas. jusqu'au dernier moment, la môme s'est appliquée à leur en mettre plein la vue, à leur distribuer des étoiles qui voleront dans leurs regards une fois que le rideau sera de nouveau opaque. pourtant, une fois que les applaudissements résonnent, c'est le myocarde qui se fait lourd, si lourd qu'amos serait tentée de se l'arracher, d'enlever ce poids qui la compresse, qui brûle son oxygène face à son désarroi. elle en veut plus, elle en veut encore, elle n'est qu'une camée de la scène, qu'une camée de l'attention qui régnait, quelques instants sur chacun de ses passages. en coulisses, seulement des hochements de têtes félicitent sa performance, on ne parle que de ceux qui étaient là. l'gratin, comme elle aime dire amos. le beau monde. et ses lippes s'étirent de façon spontanée, presque conquérante, ils l'ont vu. peut-être n'est-elle qu'un artifice qu'ils oublieront bientôt, mais ils l'ont vu. la victoire ne cesse de se rapprocher et la môme devient insoutenable, prise d'éclats de joie qui ne s'étaient pas manifestés depuis de longs mois.
la vie lui paraît belle
pour une fois
elle fut une déesse sur ce vieux plancher
une putain de môme
avec l'aura solaire
qu'elle vole
une main s'approche de son épaule et amos s'retourne bien avant qu'elle la touche. les mots ne fonctionnent plus entre la compagnie et elle, ils se doutent de ses actes. mais sans preuves, la môme préfère en rire, en rire jusqu'à ce que son estomac s'en torde. les fleurs sont étonnamment belles, peut-être trop pour le rôle qui ne lui revenait pas. à quoi bon s'en soucier? la surprise fut encore plus grande lorsqu'elle lut le mot. "un talent digne des plus grandes, et une passion qui vous mènera loin. vous m’avez subjugué du début à la fin." tout son être s'électrifierait sous des millions de volts. tout cela n'est que la consécration des nombreux sacrifices, des promesses qu'elle s'est efforcée de briser, de foutre en morceaux. on l'a vue. on l'a aimée. et le mot la touche en plein dans le cœur, brutal réconfort, brutale reconnexion à la réalité. qui est-il? pourquoi ne l'a-t-elle pas vu? seuls les hommes offrent des fleurs aux danseuses.
elle doit recommencer
elle doit recommencer
à les éliminer
pour apaiser son âme
pour le revoir
même si ce n'est que de loin
elle en veut toujours plus.

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Message Sujet: Re: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Mer 26 Jan - 21:04

American Ballet

late winter 2019

ballet : Coppélia - Léo Delibes


ft. @Amos Hulst


les dialogues en italique sont en bulgare
“ les textes en Georgia sont écrits ”

La cacophonie des violons n’a désormais plus grand intérêt aux oreilles de celui qui, depuis deux mois déjà, s’installe à son balcon sans rien d’autre en tête que celle qu’il attend de voir à chacune de ses représentations. La Bayadère s’en est allée, laissant place à Coppélia et à une autre danseuse principale. Nul doute que celle à qui se destinent les fleurs que descend déjà l’homme de main n’était là qu’en remplacement, et pourtant, il continue de la regarder maintenant qu’elle est n’est plus qu’une parmi tant d’autres. Mais, au milieu de ces anonymes, Zdravko la voit, sait qui elle est, Amos, retrouve chaque soir dans son regard cette même hargne qui l’animait lorsqu’elle se faisait Nikiya. Bien qu’elle n’occupe plus le centre des actes, le bulgare ne perd pas une miette du moindre de ses pas, de la moindre de ses expressions.
Ces heures passées à la regarder se mouvoir sur scène sont devenues d’agréables instants de calme et de volupté, d’élégance et de beauté l’arrachant, l’espace de quelques instants, au monde cruel des affaires et du trafic. Il ne tolère plus aucune compagnie dans son alcôve, invite ses collaborateurs partout sauf en cet endroit où sa solitude lui permet de mieux apprécier le spectacle de ces courbes épousant la musique à la perfection.

Se laissant aller dans ce jeu qu’il a lui-même initié en lui envoyant systématiquement des bouquets faisant outrageusement concurrence aux prestigieuses danseuses la côtoyant sur scène, il renchérit chaque soir d’une nouvelle note, de nouveaux compliments glissés entre les pétales de ce qu’il a appris être les fleurs favorites de celle ayant, malgré elle, éveillé son intérêt, se demandant parfois s’il n’a pas éveillé celui de la danseuse tant il lui semble la voir le chercher du regard. Mais voilà que la routine s’installe et que l’homme d’affaires est bien décidé à lui faire défaut, ce soir.

« Amène-les lui maintenant veux-tu ? » L’ombre se tenant derrière lui s’avance et se dévoile, jeune homme brun aux yeux d’acier, celui-là même qui, depuis le premier soir, fait parvenir bouquets après bouquets à la danseuse convoitée. Plus loyal que jamais, il hoche la tête et s’empare des fleurs avant de disparaître.

Le public achève de s’installer lorsque descend en trombe le messager attitré. Bouquet en main, il dévale les marches menant au hall principal avant de s’engouffrer jusqu’en coulisses où on le laisse passer. C’est qu’un homme travaillant pour un si généreux donateur de l’établissement ne saurait être stoppé en pleine course. On lui indique que les danseurs s’échauffent déjà sur la scène, dissimulés derrière l’épais rideau rouge qui les sépare du public, et Amos du regard de son admirateur. Sans perdre un instant, le jeune rejoint le bord de la scène d’où il appelle la jeune femme, l’enjoignant à l’y rejoindre, le bouquet entre ses mains laissant clairement entrevoir la raison de sa visite de dernière minute avec, comme à chacune de ses apparitions, ce bout de papier qui ne demande qu’à être lu.

“ Vous m’éblouirez ce soir encore. Coppélia vous reviendra un jour, j’en suis certain. Aucune autre ne vous arrive à la cheville. ”


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effacée par la noirceur, la môme n'a plus de myocarde suffisant pour s'enticher d'un être.
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Message Sujet: Re: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Ven 25 Mar - 21:07


elle est mauvaise;
si lisse, si transparente.
mais c'est à cette autre
que l'on rendra grâce,
ce soir.
les ongles abîmés ne font plus qu'un avec la chair qu'ils meurtrissent d'une jalousie fugace, puisque ce soir, voilà la ballerine redevenue terne et salie, oubliée pour ne redevenir qu'une pâle ombre au tableau. c'est une poisseuse noirceur pourtant, qui lui colle à la peau, qui achève de brûler son épiderme à chaque regard dirigé sur la futile danseuse qui tentera de reproduire des mirages audacieux, cette fumée volatile qui se plongera sur les maudits spectateurs, si tant est qu'ils soient convaincus par swanilda et la hargne acide qui se présentera sur ses traits. la môme reste silencieuse dans les coulisses décolorées, seul un rictus amusé trahit ce qui se trame dans son encéphale désinhibé de tout intérêt pour celle qui recevra la lumière, cadeau divin qui était sensé électriser son être tout entier, la maintenir dans une grandeur que les divins eux mêmes ne connaissent pas. l'échec est tenace ce soir, il s'est logé entre les côtes de la danseuse et ne quitte plus le palpitant qui ne cesse de s'affoler, manquant d'oxygène, quémandant désespérément d'être l'astre incandescent sur lequel ils seraient tous obligés de poser les yeux. (une envie d'arracher leurs prunelles pour qu'ils la voient) viscéral sentiment, une pulsion animale qui érode les dessous de son âme avec quelques couleurs violacées, qui pousse aux actes de sang, à ces actes effectués dans la crasse qui finissent par infecter les dernières onces d'empathie qu'amos tenait intactes. maculée de péchés, voilà ce qu'elle est sous l'apparence candide qu'elle ne cesse de travailler, un ange qui ne demanda que sa propre déchéance pour un instant de gloire qui fut bien trop éphémère. si ses prunelles se font bien trop irritées par des manigances incontrôlées, elle n'a toujours été qu'une méprisable, effaçant ses failles, travaillant chacune des émotions traversant son visage pour qu'elles paraissent d'un réalisme incontestable. caméléon venue vendre son corps et ses pas sur le devant d'une pauvre estrade,
c'est elle qui aurait dû épouser ce rôle;
mais on ne peut couper les ailes de tous les cygnes présents,
et s'attendre à s'en tirer si facilement.
amos n'a plus qu'un fardeau morne sur ses frêles épaules ce soir. bannie de la chaleur des projecteurs pour ne faire partie que d'un décor superficiel, avec de vulgaires pas à présenter, et la môme ne cesse de se demander s'il sera là ce soir, à la voir dans la boue que constitue l'ombrageuse scène, s'il sera là à envoyer des fleurs pour une misérable sur qui les regards ne se poseront plus, ce soir. deux à valser sans même se voir, un jeu de chat et de la souris sans qu'on sache qui dévorera qui. les voix se font entendre, les spectateurs ne cherchent qu'à s'assoir, impatients des rêves qu'on projettera devant leurs humbles iris. curieusement, lorsqu'une voix inconnue s'applique à prononcer son prénom, amos ne frémit plus comme lors des premières fois, la lassitude s'installerait malgré les tentatives du donateur pour la surprendre à chaque fois. c'est elle qui doit mener la danse, devenir le prédateur et non plus cette proie si frêle. comment s'appelle-t-il? ordonne-t-elle, en attrapant le bouquet d'une façon précipitée. l'homme n'a guère l'air de vouloir parler, semble déjà être sur le point de s'en aller, de la laisser sur sa faim, de la laisser croupir sous l'impatience qui la martyrise. vous lui direz qu'à partir de ce moment, je n'accepte plus les présents des inconnus. un nom, c'est tout ce que je demande. le regard se fait audacieux, bien trop sûr de lui, et le ton de sa voix n'est qu'agacement pour qu'il n'oublie aucun de ses mots. comme elle, qui n'oublie aucun mot envoyé, gardés précieusement dans un tiroir, quelque part. "
“ vous m’éblouirez ce soir encore. coppélia vous reviendra un jour, j’en suis certain. aucune autre ne vous arrive à la cheville. ”

ce soir, elle n'aura que la hargne au corps, s'abîmera les pieds jusqu'à en saigner. il le verra. il saura. coppélia lui revient, et la prochaine fois, c'est amos éblouie par la lumière qu'il verra.


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Message Sujet: Re: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Ven 15 Avr - 21:38

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ballet : Coppélia - Léo Delibes


ft. @Amos Hulst

les dialogues en italique sont en bulgare
“ les textes en Georgia sont écrits ”

La tension monte sur cette scène encore dissimulée derrière les épais rideaux rouges. Les pas de danse se font plus nerveux, plus précis, les oublis deviennent intolérables mais les remarques et la frustration s’expriment en silence pour ne pas être entendues du public qui achève de s’installer de l’autre côté. De cet autre côté, des yeux acier attendent le lever du velour rouge, les pas gracieux de cette muse que le hasard leur a présentée et dont ils ne se décrochent plus à chacune des représentations auxquelles ils assistent. Seul dans son alcôve, Zdravko attend patiemment que la salle plonge dans le noir et que la lumière soit faite sur cette ballerine au regard bien trop brûlant de passion pour la douceur que ses danses inspirent.

C’est un jeu curieux auquel il s’adonne, le bulgare, un jeu d’observation et de prédation à la fois, où sa seule et unique proie est parfaitement consciente d’être au centre de l’attention de cet homme n’ayant pas encore décidé de se dévoiler. C’est osé, c’est risqué, la belle aurait parfaitement pu refuser les nombreux bouquets et messages qu’il lui a faits parvenir, mais ne les voyant jamais lui revenir, l’homme d’affaires se prend au jeu et continue, toujours plus, attendant son heure pour enfin révéler son identité. Ce soir, peut-être, ou bien la fois prochaine, l’envie ne lui en manque pas mais l’attrait du mystère entretenu conserve une certaine part de satisfaction dont il ne saurait se défaire trop tôt.

Mais sur les planches, il est une diva qui en décide autrement, qui arrache les fleurs des bras du simple messager qui ne bronche pas, déjà quelque peu habitué au personnage qu’il a décrit, chaque soir, à son employeur. Il ne lui répond pas, pas tout de suite du moins, mais songe à mettre fin à ces interminables allers et retours en coulisses dont il commence à se lasser. Alors lorsqu’elle l’interpelle tandis qu’il tourne les talons, le jeune homme se contente d’un vague indice.

« Deuxième balcon côté Cour. »

Juste ce qu’il faut pour s’épargner une dernière remarque bien sentie en disparaissant dans l’obscurité, laissant la ballerine sous les projecteurs. Derrière le rideau, l’orchestre se fait silencieux, le public le suit. Quelques notes, et le velours rouge s’élève pour laisser place au spectacle.

Les yeux du bulgare, dissimulés derrière une paire de jumelles, trouvent rapidement l’objet de leur convoitise, ne s’en détournant pas un seul instant lorsque le messager revient prendre place derrière lui.

« Elle veut votre nom, boss. » Les lèvres de l’homme d'affaires s’étirent dans un sourire amusé. Le voilà, ce feu qu'il connaît si bien. La voilà, cette femme qui veut plus que ce qu’elle n’a déjà.
« Et que lui as-tu donné ? »
« Votre balcon. » Zdravko réprime un rire, ne détournant pas un seul instant le regard de la jeune femme, demeurant dans l’ombre de son alcôve pour demeurer anonyme, encore quelques temps, jusqu’à ce que la dernière scène avant le premier entracte ne prenne place.

Le balcon est alors déserté, son occupant ayant pris lui-même la direction des coulisses, en compagnie de son homme de main, où on l’accueille avec un étonnement certain jusqu’au bord de la scène d’où il découvre la ballerine sous un autre angle, sous une nouvelle proximité, mais toujours aussi passionnée jusqu’à ce que ne résonne la dernière note et que ne s’élèvent les applaudissements du public auxquels se joint le bulgare depuis le bord de la scène. Dissimulés derrière le rideau de nouveau baissé, les danseurs se dispersent, se désaltèrent, s’éclipsent pour les quelques minutes leur étant accordées, désertent les planches petit à petit pour mieux mettre en valeur cette silhouette devenue si familière que Zdravko retrouve avec un sourire satisfait.

« Les fleurs ont-elles été à votre goût ? »


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Message Sujet: Re: American Ballet ((amos))   American Ballet ((amos)) Empty Ven 27 Mai - 18:30


les cheveux clairs
se font martyrisés
dans ce chignon bien trop serré.
c'est une fine implosion qui menace, là, dans le creux de sa main fragile et si pâle, d'engloutir le peu de succès que la danseuse s'est appropriée, arrachée dans les orbites de ceux qui ne sont plus qu'ombres à présent. la nervosité ne fait qu'accentuer les travers qu'elle ne peut cacher, la joue se fait mordre à de nombreuses reprises, alors il n'y a plus que le goût de l'hémoglobine pour lui redonner ses iris ravageurs. le goût d'un mirage qui se regarde fondre à vue d’œil. il est là, tapi dans le noir d'une salle qui sent la diversité de l'eau de cologne, l'inconnu devenu prédateur. deuxième balcon côté cour. bien qu'en y pensant, les muscles se crispent et le visage s'agace de cette impuissance fatale, de cette impuissance à laquelle elle prend part, appréciant chaque seconde de lumière envoyée vers ses prunelles. elle mendie amos. elle mendie misérablement, chimère grignotée par des pulsions puériles, une môme qui, trop longtemps, n'a su que moisir au crépuscule. elle échoue. mais on ne peut pas continuer à briser des côtes non? se contente de trop peu. il serait temps que la hargne prenne possession de tout ce qui lui reste, qu'elle lui donne autre chose que les restes putrides, qu'enfin, elle soit cette putain de danseuse étoile dont le nom résonnerait dans les pièces de leurs lamentables appartements. qu'il soit gravé sur les murs, dans leur chair. qu'ils soient tous à elle, si le monde lui appartient. ces pensées n'ont plus que l'effet d'une immolation forcée, d'une âme jetée sans peine sur un bûcher. sans même s'en apercevoir, autour des autres silhouettes, le retard s'est accumulé dans ses derniers pas, et la voilà qui file, tente de reprendre sans montrer le doute qui l'habite, montrant le regard féroce de celle qui ne se plaît plus dans le fond, de celle qui n'est là que pour une chose. votre admiration. votre jalousie. votre envie. tout ce qui vous appartient. rapidement, la première partie se termine, la môme s'enfuit, marche à grande enjambées, mais pas suffisamment pour entendre que son échec fut visible par la compagnie. c'est une voix qu'elle ne connaît pas qui se fait entendre pourtant. sa voix. et brusquement, si elle ne se retenait pas, elle rirait de façon hystérique, puisque le destin semble répondre à ses attentes, lui tendre ce qu'elle demande. enfin, ses yeux se posent sur celui qu'elle n'a jamais rencontré. sans doute l'imaginait-elle plus vieux, fumant des cigares, laissant son épouse bien plus jeune pour aller voir des ballets. elles fanent déjà. vous devriez penser à changer de fournisseur. le sourire se fait provoquant, elle ne peut se permettre de paraître vulnérable dès la première fois. il est des loups, de ceux qui savent, de ceux qui voient la faiblesse dans les êtres. vous êtes? un prénom, un nom, quelque chose. elle reste là, à attendre qu'il se présente enfin, elle et ses cernes tirés, ne le lâchant pas du regard. la partie est bien trop déséquilibrée pour ne serais-ce que penser au prochain coup, au prochain mot, au prochain défi lancé à la hâte.
nerveuse, la môme. nerveuse de ne pas réussir à cerner celui qui se trouve en face d'elle. sans doute est-il comme les autres, le genre à croire aux promesses après quelques mots doux, le genre à stagner dans une vie morose. alors, elle attend. elle attend de voir, si finalement, il sera dans son camp, de voir si il est de ces miracles dont on parle tant.


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