venom.

venom
@shea harrington

elle saurait pas dire, devon, comment elle a atterri dans cette boîte,
l'entrée était trop chère, elle était pas assez bien sapée, mais elle a réussi à consommer outre mesure, jusqu'à se retrouver au milieu de la piste de danse, le cerveau vidé de toutes substances.
elle saurait pas dire, non plus, comment elle s'est retrouvé enfermé dans ces chiottes, avec l'corps d'une blonde écrasé contre sa poitrine. tout ce qu'elle sait, c'est qu'elle en mourrait d'envie. il n'y a qu'à voir ses lèvres qui se pressent avec ferveur contre celles de l'inconnue, ses gestes méthodiques qui deviennent abrupts tant le désir lui tiraille le ventre. elle croit mener la danse, mais c'est elle qui se fait plaquer à intervalles irréguliers contre les parois de ce huis-clos improvisé. elles ont l'espoir que la musique soit assez forte pour masquer les froissements de peaux et autres gémissements qui s'élèvent au grès de leur étreinte. parfois elle parvient à capter le regard qui la dévore et elle se surprend à détourner aussitôt le visage, préférant de loin clore ses paupières pour s'évader vers la jouissance. c'est rapide, suffisant pour qu'elle en garde un bon souvenir. willis se laisse embrasser par pincipe alors qu'elle se rhabille, adresse un sourire presque comblée à son coup d'un soir qui lui rappelle son prénom. les lettres s'emmêlent dans ses neuronnes, sofia ou sophie, qu'importe, elle l'aurait oublié en quelques minutes. l'échange de numéro est pourtant fait, c'est devon qui inscrit le sien dans le répertoire de blondie avant qu'elle n'ouvre la porte de la cabine.

il lui faut quelques secondes, de trop, pour reprendre ses esprits. ses cheveux sont en désordre quand elle lève les yeux vers le miroir gigantesque placardé au mur. ses sourcils se froncent instantanément quand dans le reflet elle ne se retrouve pas seule. ce n'est rien d'autre que le visage de shea qui lui fait face alors elle cligne des yeux pour la faire disparaitre. se frotte le visage du dos de la main et soupire en s'apercevant que l'image ne disparait pas. ce n'est pas le fruit de son imagination mais bien la pathétique réalité qu'est sa vie: bourrée de non-sens et de rencontres hasardeuses. t'es dans ma tête ou t'es réelle ? qu'elle demande avec maladresse en s'approchant des vasques pour se laver les mains. puis elle laisse glisser son index le long de ses lèvres pour terminer de retirer son rouge à lèvres à moitié effacé.

et à cet instant, elle donnerait tout pour qu'elle ne le soit pas, réelle.