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 comme lui je me consume (joana)

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Message Sujet: comme lui je me consume (joana)   comme lui je me consume (joana) Empty Mar 18 Mai - 21:59

Comme lui je me consume. ---- /   @Joana Harper  

Les salades, les fruits n'attendent que la cueillette
Mais l'araignée de la haie ne mange que des violettes.

Les jours se suivent, et se ressemblent.
Enfumés, l'âme, le corps -- dévastés.

La nicotine au fond du gosier,
Le rien, le néant désinhibé.

Tu ne sais même plus ce que t'as fait ces quelques jours. Le corps vidé, l'âme dévastée, t'as la mémoire qui flanche, et les jambes douloureuses. Pas de virée au Sinners, cette semaine, pour la première fois depuis longtemps, pas d'adrénaline au fond de ton âme en demande, assoiffée d'ailleurs, de lourdeurs. Le néant, celui-là même qui t'pétrifie aussi sûrement que Méduse et son regard que t'as croisé dans ton cauchemar, le vide absolu, le noir et la honte.
L'indicible et terrible honte.
Maint fois dans ton sommeil tu as revu les courbes violacées de Joana. Maint fois tu t'es réveillé les yeux brouillés, l'âme attristée, et la colère qui est remontée comme une boule au fond de tes reins. Les émotions se confondent, mais ne surgissent plus comme autrefois, elles se mêlent et se tisse en toi un lacis étrange de veines du passé. Plus d'absolu. Rien que du vide.
Le vide que t'as ressenti contre le ventre de Joana, le vide qu'elle t'a insufflé en dispersant les syllabes hétéroclites et démoniques, les interdites. Ce nom bouleversé dans sa voix sensuelle, ce nom qu'elle t'a balancé en pleine gueule, comme mue par un désir soudain de te briser. Les Marlowe n'auront plus rien de toi, c'est une certitude, désormais, dans ton âme au jugement altéré par une semaine d'enfermement enfumé.
Tu jettes un œil autour de toi, alors que tu disperses négligemment ton mégot de cigarette dans ce qui ressemble vaguement à un cendrier de fortune. T'as soigneusement jonché le sol de débris divers et variés, ménagé cette atmosphère brumeuse, oui, il faut dire, t'as mis du cœur à t'enfermer dans ton enfer. Comme une métaphore de ton état intérieur, du délabrement de ton esprit, où t'as eu le malheur de laisser entrer la tornade Harper.

Sept jours de cauchemars éveillés, de néant dans ton cœur atrophié, sept jours de silence, et de cauchemar hurlé, de rien et de l'horreur en totalité. Un bébé, un bébé, un bébé, ça s'répète dans ton cerveau bridé, ça résonne, comme un écho éternité. Un bébé, un bébé, un bébé tu t'revois poser les mains sur ce ventre trop plat, trop vide, ce nombril insulte à tes désirs. Ce monstre qui un jour sortira, ce monstre pourrait être à toi. Un bébé, un bébé, un bébé on dirait la comptine d'un mauvais film, avant que le héros se rende compte qu'il se fait duper. Avant que le couteau dans son dos soit planté.
Un grand soupir s'échappe de tes lèvres asséchées. Tu ne trouveras jamais de réponse à cette question, comme à toutes les autres, car ton monde n'a plus de sens. Pas la peine de chercher une direction, elles mènent toutes au néant.
Sept longs jours, sept passages du soleil à la lune, de la terre à l'ailleurs. Une éternité de douleurs. Tu prends ton téléphone dans un vague sursaut de vie, y écrit si vite le message -- tornade Harper qui s'affiche sur ton écran. Pieu dans le cœur. Viens. Ne surtout pas te laisser le temps de réfléchir, sous peine que ton doigt se refuse à appuyer sur envoyer. Il est temps d'en finir.

Te revoilà un lion en cage.
Un pas après l'autre, douloureusement, difficilement.
Comme un besoin vital de reprendre contact avec la terre.
Avec le vrai -- puis avec elle.

Un bébé, un bébé, un bébé, oui, non, peut-être.
un jour, jamais, demain.
Un bébé, un bébé, un bébé y'a la sorcière qui a glissé ça
dans la nuit noire entre tes draps.
Un bébé, un bébé, un bébé papa, papa, papa,
le besoin vital de ta paternité.


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