SAVE THE QUEENS
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.



 
(02.06.2023) STQ FÊTE SES 5 ANS HAPPY BDAY !
Le deal à ne pas rater :
Funko POP! Jumbo One Piece Kaido Dragon Form : où l’acheter ?
Voir le deal

Partagez

 

 pallas athéna. ~ (béatrice).

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité;

Invité
- - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - - -


avatar




pallas athéna. ~ (béatrice).  Empty
Message Sujet: pallas athéna. ~ (béatrice).    pallas athéna. ~ (béatrice).  Empty Lun 17 Mai - 22:29


Une cigarette logée entre ses phalanges, Darren expire sa fumée grise en contemplant la devanture embourgeoisée de la galerie qui a pignon sur rue. Ce ne sont pas moins de onze lettres majuscules taillées dans un métal doré qui sont clouées au mur et promettent monts et merveilles. Un couple de jeunes gens parvenus quitte les lieux, bras dessus, bras dessous, le sourire au bord des lèvres et la dégaine empruntée au Vogue anglais de la décennie précédente. Il existe un charme anglais, une élégance -so british- qui, comme le Titanic, n’a pas réussi à faire la traversée de l’Atlantique. Le costume de Darren a été taillé sur-mesure à Savile Row, en plein coeur de Westminster, un subtil mélange de laine, de mohair, de lin, la noblesse qui s’immisce jusqu’à l’étiquette en soie de sa cravate. S’il a quitté son bureau bruyant de Wall-Street avec un peu d’avance, ce n’est pas pour trouver chaussure à son pied mais peinture à son mur. Un subtil mélange de noir, de gris, de blanc, la volupté d’un coup de pinceau, la finesse d’une courbe au fusain. Le mégot de sa Lucky Strike termine sa course sous la semelle d’un mocassin Gucci en cuir et armé de son plus beau sourire de Dandy, il franchit le seuil avec la décontraction d’un homme du monde, la démarche légère dans ses pompes hors de prix, l’anglais perdu dans l’effervescence de Big Apple.

Longtemps, Lord Evergreen, sa majesté le père, lui a répété que l’art n’était pas une affaire sérieuse. L’expression d’âmes dérangées, la manifestation d’esprits tourmentés, la folie aux couleurs de l’arc-en-ciel. Il a rétorqué, qu’il préférait le talent monochromatique de Pierre Soulages aux subtilités du calcul stochastique, les courbes des corps enlacés de Klimt à celles vertigineuses de la bourse qui s’effondre. On lui a répondu, un verre de scotch, distillé deux décennies plus tôt à la main, qu’il aurait tout le loisir d’investir dans des toiles, des dessins et des gribouillis lorsqu’il aura empoché son premier million. Il en a touché quatre, en six ans, essentiellement des bonus déplafonnés qui saluent son audace, encouragent sa prise de risques, ses opérations périlleuses. Il apparait comme le jeune requin, squale aux dents longues qui fait bondir le cours des actions, en réalité, il pianote en zieutant sa bonne étoile et prie pour ne pas finir dans l’ancienne cellule de Nick Leeson responsable de la ruine de l’une des plus prestigieuses banques anglaises à la fin des nineties.

Son regard, de séducteur avisé, de futur collectionneur s’heurte à la beauté contemplative à l’autre bout de la pièce. Il se risque à penser très fort, qu’elle fait de l’ombre aux toiles de maitres qui tapissent les murs ; il ne faut pas sous-estimer la drague lourde, celle qu’on emprunte aux amateurs pour décrocher un sourire, les tentatives assumées de l’homme mi-beauf mi-poète. Souvent, ça marche ! L’accent anglais et les billets verts qui débordent de son portefeuille n’étant pas étrangers à l’équation mais il les soustrait volontairement et estime que ce n’est que l’oeuvre de son charme naturel, un bagou balayé par le vent des plaines du Midlands. « Bonjour, vous pouvez me renseigner s’il vous plait ? » Il interpelle la gardienne des lieux qui semble faire un inventaire complexe des différentes toiles exposées. Déjà, il repère ici et là, quelques lithographies qui épouseraient parfaitement les murs de son pied à terre new-yorkais. Un loft industriel récemment réhabilité et entièrement financé par le sacro-saint clan Evergreen en guise de cadeau d’adieu au fils prodigue. Quand on aime, c’est bien connu, on ne compte pas ! « J’ai emménagé récemment... » Et voilà qu’il tente de la bercer de son plus bel accent importé directement de Mayfair et Kensington. « Il n’y a rien de plus triste que des murs vides. » Un lit vide peut-être ? Mais le mythe du gentleman en prendrait un coup s’il osait ce trait de génie à voix-haute, alors il s’abstient, modère son enthousiasme en un simple et discret sourire.

@Beatrice Vaughan
Revenir en haut Aller en bas
 
pallas athéna. ~ (béatrice).
Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
SAVE THE QUEENS :: 
 :: boulevard of broken dreams :: versions #25 et #26 :: rps
-
Sauter vers: