Dans ma bulle | Carmin

Les portes de la bibliothèque se fermèrent après une simple pression sur un bouton. Je soupirais de soulagement. La journée n’avait pas été de tout repos avec beaucoup de demandes plus surprenantes les unes que les autres, mais au final, j’aimais beaucoup être au milieu de cette agitation et me sentir utile. Je passais de table en table pour récupérer les livres abandonnés à leur triste sort pour les réintégrer dans les étagères. Fidèle à mes habitudes, je flânais entre les rayonnages, le regard perdu sur les descriptions d’aventures incroyables. Les livres avaient toujours eu une place importante dans ma vie, c’était presque la seule véritable constante. Il me permettait de m’enfuir, de partir loin. Une fois un livre ouvert, rien n’était impossible ! Je pouvais devenir un pirate traversant les mers et flirtant avec des sirènes, ou même être une princesse dans de magnifiques robes luttant contre un dragon, ou une guerrière se battant pour sa famille… Rien n’était impossible, contrairement à la vie réelle. Je poussais un léger soupir en reposant le dernier à sa place. Je prenais une grande inspiration avant d’afficher à nouveau un sourire. Toujours garder le sourire. J’attrapais rapidement mes affaires et quitter pour un peu de repos.

Je marchais dans les allées du parc, profitant de la clémence du temps en cette fin de journée. Quoi de mieux qu’un bon bol d’air frais avant la longue soirée qui m’attendait. Je ne travaillais pas ce soir, du moins pas réellement… Il m’avait invité dans un restaurant assez renommé du coin. Et je n’avais pas eu le cœur de refuser. Je ne pouvais pas refuser. Il avait fait tellement pour moi. Et plusieurs messages sur mon portable me le rappelaient. Apparemment une magnifique robe m’attendait, petit cadeau pour l’occasion. Je me mordillais les lèvres avant d’enrouler inconsciemment mes cheveux autour de mon doigt dans un geste nerveux. Mon cœur battait dans ma poitrine. Impossible de me sortir, de cette situation et au final est-ce que c’était réellement ce que je voulais ? Je l’aimais… D’une certaine façon. J’avais besoin d’aide. De discuter. Et en même temps, est-ce que je pouvais vraiment déranger quelqu’un pour ça ? C’était mes propres problèmes. Je prenais une grande inspiration et commençais à envoyer un message avant de me rétracter. Je m’asseyais quelques minutes sur un banc, continuant de triturer mes cheveux. Si les princes charmants existaient vraiment comme je l’espérais : c’était le moment de venir me sauver. Cette idée me fit sourire bêtement.

Je restais la plusieurs minutes à regarder les gens passer : les enfants courir, les couples se tenir la main amoureusement ou les hommes d’affaires au pas pressé… Le monde était beau lorsque l’on prenait le temps de l’observer. Cette pensée me réchauffa le cœur. Même dans l’obscurité, il y avait toujours un peu de lumière.