come on, mess me up. - joyss

{ come on, mess me up }
☾ w/@joyss lane

oh, my deepest lonely, they never listen anyway
in the witchin' hour, while the city sleeps, we're wide awake

les iris sont sombres et la mâchoire est crispée. serrée par les angoisses montantes, par les éclats de la nuit qui vient de se dérouler devant ses yeux. et les mains sont tremblantes. le toucher du revolver encore encré sur les paumes, il tente de l’effacer en les frottant sur son jean mais rien n’y fait. mais plus important encore, le coeur est terrifié ; de savoir qu’il en est capable, de savoir qu’il est le prochain sur la liste à devoir rendre les comptes du Dark Mist. même si le nectar enivrant et dangereux qu’est l’alcool a su apaiser sa peine, le myocarde se meurt et pleure encore. les émotions se décuplent et se confrontent les unes aux autres. la désapprobation des unes et l’acceptation des autres tandis que l’esprit se veut mortifié, bien trop dérangé pour obtenir une quelconque réponse rassurante. tout est parti si vite. tout a éclaté sous l’influence désastreuse. tout s’est démantelé bien trop rapidement et c’est comme si les morceaux ne souhaitaient plus reprendre place dans la douceur de ses paumes. les mains en premier plan, celles qui ont servi à le blesser, à tuméfier sa cuisse aussi bien que son être. et la voix d’Adonis, aussi chaude au creux de son oreille, le suppliant d’appuyer sur la gâchette. tout refait surface, tout devient bien trop réel pour le jeune sculpteur qu’il est. le vent claque sur ses joues à l’image même du désespoir qui s’est emparé de lui. brutal et soudain, la gâchette tirant en même temps sur son propre destin. les croyances partent en fumée et le bruit assourdissant l’étourdit, le fait perdre pied. et pourtant, malgré cette peur qui peuple son coeur, il savait que ce jour viendrait, que l’innocence de son travail laisserait place à l’horreur de la vérité. celle qui écorche, celle qui blesse. parce que le Dark Mist n’est pas crédule, non loin de là. il est fort, indépendant et sait parfaitement faire preuve de violence, comme toutes les organisations illégales. mais la famille qu’il a vu grandir en eux en est incapable. ils sont des frères et des soeurs, incapables de blesser, incapable de tuer. et c’est sûrement ce qu’il aurait pensé encore durant des années, si jamais on ne l’avait confronté à l’horreur personnifiée. mais tout est tellement différent, à présent. le sang a été versé et Sahel n’en est que le simple responsable. lui seul a su appuyer là où il ne fallait pas et lui seul devait récupérer les miettes de son innocence.

mais là, dans cette nuit aux brises effrayantes, où l’alcool a su se frayer un chemin, il tente de rentrer chez lui, de retrouver le seul endroit qui lui permettrait de se perdre volontairement, de pouvoir lâcher cette détresse interne qui le broie petit à petit. mais ses pas le mènent ailleurs, là où il pensait ne jamais plus revenir. devant chez elle. là où ils s’étaient retrouvés il y a déjà quelques semaines. là où il avait su retrouver le doux sentiment d’appartenance, celui qu’il ne semble pouvoir perdre, pas mal lorsqu’elle n’est plus à ses côtés. alors il s’arrête. juste un instant, pour réfléchir. doit-il sonner ? lui ouvrira-t-elle ? la découvrira-t-il comme la dernière fois ? Rosa pour Joyss ? mais elle est la seule qu’il souhaite voir, la seule qui compte, au final. celle qui saura lui donner les réponses qu’il recherche. là dans cette noirceur, il ne voit qu’elle. elle est la lumière au fond du tunnel, celle qui saura trouver le chemin. parce que dans ce ciel brumeux et pluvieux, elle ne représente que les étoiles étincelantes, celles encore bien trop jeunes pour se laisser partir. alors il n’écoute que la conscience déstabilisante et il grimpe. les marches deux à deux, se pressant dans le couloir qui ne mêle qu’à elle. mais là, devant sa porte d’entrée, il hésite. un long instant parce qu’il est tard, parce qu’il pue l’alcool et le désespoir. parce qu’il sombre dans cet état second dont on se relève rarement. parce qu’elle est Joyss et qu’il n’est que Sahel. et les mains tremblent, encore un peu, davantage que sur le trajet mais elles se cognent contre la porte, dans un bruit presque inaudible. le geste est frêle, comme le corps qui le supporte. les cernes sous ses globes sont creusées et la mine est renfrognée, larmoyante. « c’est moi, Joyss… j’ai b’soin d’toi. j’ai merdé. » lâche-t-il alors que sa voix se brise. « j’ai vraiment merdé… » et son front se colle à la porte, découragé par la certitude que la porte ne s’ouvrira pas cette fois. que la seule manière de pouvoir supporter cette indécence n’est que la solitude. fais attention à toi, avait-elle dit. et il avait promis que tout irait bien, que rien ne lui arriverait. mais ce fut encore un énième mensonge. le genre de mensonge qu’on ne peut retirer, qu’on ne peut excuser. et à cet instant, l’eau dévala, salée comme celle de la mer qu’il aimait tant, sur ses joues fraîches et souillées par la culpabilité.

s’il te plaît, ouvre-moi,
ne me laisse pas vivre ça sans toi.