Neige en Août (Emil)

(Mis au monde.) Emil regarde le ciel, puis l'étendue de vert à perte de vue, à lui en brûler la rétine, à se graver le paysage dans les iris. Un appel derrière lui, une voix féminine, quelques rires derrière. Les prunelles fixées sur ce vide qu'il sait peuplé, des champs sans mines mais dans lesquels il poserait pas les pieds pour autant. Un regard finalement en arrière, quand il sent des gouttes venir perler dans son dos, observant une de ses soeurs lui tirer un bras pour qu'il retourne dans l'eau avec eux. Des étoiles à ciel ouvert, que ses soeurs, des étoiles pour l'âme que les rires. (Mise en demeure.) Air grave sur ses traits, air de celui pour qui ça importe. Et ça lui tord les tripes, compresse l'homme tout entier qui sous le stress a l'impression que ça lui fait comme des fourmis dans le bout des doigts. L'envie de les agiter, de retourner à ses stylos et ses feuilles, à ses études dans lesquelles il a plongé à coeur perdu, l'organe déjà foutu dans le fond, déjà trop dévoué aux envolées grandioses et aux histoires fantastiques. Le bleu de ses yeux qui se perd sur le gris de son père, sur ses cheveux qu'ont déjà pris de l'âge comme s'ils avaient été épuisés pour deux, pour trois. ‘‘Je suis gay.’’ Bombe qui tombe, qui se fait pourtant lettre. Parce qu'il faut le temps que ça vienne, comme s'il avait écrit les mots en les verbalisant, comme s'il avait posté la missive et que ce silence venait à être le temps de réceptionner le courrier. Et ils l'ouvrent enfin, quand les yeux s’agrandissent légèrement. Impact. Regard des parents l'un envers l'autre, père un peu plus ouvert que la mère, déjà dans l'idée que ça voudra dire que de son fils, elle n'aura jamais de petits enfants. Cliché dans sa tête. ‘‘On s'en doutait un peu déjà...’’ Elle n'a pas éclaté au sol, cette foutue bombe lâchée en plein repas. Et tout reprend, comme si finalement, ce courrier n'avait pas été si important. (Mise en tension.) Chaleur incandescente. Sa bouche contre la sienne, ses doigts entremêlés aux siens. Ils sont en plein hiver mais c'est comme être en plein désert. Comme se brûler la peau face à un soleil carnassier, contre des soupirs vibrants. De quoi se perforer le coeur mais qui pour l'heure s'affole juste sous les gestes. Emil qui s'oublie, lui aussi, n'a que le sourire aux lèvres quand elles ne sont pas occupées à être tiraillées par un amour naissant. Jeunesse qui se fait, cercle éternel qui se met en place. L'Amour qui prend des allures masculines véritablement, après cette déclaration faite en tremblant, muscles qui pulsent sous ceux que d'autres nommeraient travers. Mais pas lui, pas la famille. Alors il peut bien se perdre tout contre cette peau-là aussi, s'essayer à ce qui le fera presque autant vibrer que les livres. (Mise en terre.) Rupture, déception, amertume. Les premiers émois se terminent déjà, d'avec ce garçon-là. Il a envie de lui tordre le cou avant de se résigner à comprendre que c'est tout le contraire, finalement. Qu'il avait ce désir de les passer sur sa gorge, de sentir la pomme d'Adam rouler sous ses empreintes. Terminée, l'induction. L'enfant grandit, passe à adulte et s'en va loin de ses affres là, range les peines au placard de ce coeur pas pour autant atrophié, pas d'amour d'enfance à jamais aimé, passé à autre chose au travers de ses études, de ce temps qui passe, des paysages qu'il prend moins le temps de regarder. Trop grand, plus assez d'heures dans une journée. Emil a laissé place au professeur Hofman et à croire qu'il ressort plus si facilement. (Mise en orbite.) Satellite solitaire, sans planète à laquelle se raccrocher. Qui erre dans l'espace, qui se perd parmi les étoiles sans jamais parvenir à s'arrêter au milieu d'elles. Un besoin d'explorer, encore et encore, quand bien même il n'a pas été envoyé dans les airs pour ça. Un satellite solitaire, aimant être entouré quand même, pris parfois dans l'attraction d'un astre, avant de le voir s'éloigner ou le délaisser de lui-même. Lassé l'appareil, de ne plus sentir la ferraille vivre, qu'importe la beauté de étoiles filantes.

(Nouveau chapitre.) Pourquoi est-il ici ? Pourquoi là, à cet instant ? Dans ce bar bien loin de sa vie initiale ? Comme pour relancer le roman de sa propre vie, comme pour se donner un nouveau souffle, comme pour donner l'occasion à la ferraille d'un nouvel univers où graviter. Trou noir qu'est ce renouveau, oui, une vitalité qui se laisse apprivoiser de nouveau dans toutes les perspectives offertes. Et peut-être que l'orbite abordé n'aurait pu rester qu'un point lointain sans tout ça. Pourtant il lui apparaît là, l'astre seul et la gravité se fait, au point qu'il se dise qu'il lui plaît. Parce qu'il a cette intelligence dans les propos qui ravit le professeur. Parce que ça lui donne l'impression que c'était belle et bien la chose à faire, d'avoir pu tout quitter pour cette vite-là. Qui dès les prémices viennent à lui arracher des frissons, quand les prunelles de l'autre s'accordent aux siennes, que les échanges ne sont pas que verbaux, qu'il lui parle aussi d'avec le regard ce garçon. Belle étoile qu'il ne pensait pas approcher si intensément, mais au moins le devine-t-il majeur, au vu du verre whisky devant lui. Il lui murmure et l'autre rétorque que ça fait plus de dix ans qu'il peut en boire, des verres de whiskey. L'habitude encrée chez l'étoile que de devoir justifier son existence d'avec cette bouille trop juvénile. Et les rires se multiplient par dizaines, du plus franc à des soufflés simplement, quand ils n'ont plus rien à se dire, quand l'attraction est trop importante. Alors il se soustraie à la logique, vient à picorer ses lèvres des siennes, à se redécouvrir une passion qu'il avait enfouie sous tout les papiers et responsabilités. Comme si l'adulte Hofman avait trop pris le pas auparavant, que Emil pouvait enfin respirer de nouveau, au travers de cette bouche qui happait tout son souffle. Meurtrissure contre tes lèvres, l'éphèbe. Jeunesse instillée dans le bout de ses doigts fougueux, qui se rappelle des émois d'autrefois quand il a parcouru cette peau qui lui a été offerte. Et puis cette naïveté revenue en laissant ce bout de papier avec son numéro, l'odeur plein le nez encore de garçon qui lui avait fait tourner la tête bien assez pour ne plus voir la route à suivre. Un sourire, comme un adieu sans avoir su le mesurer, pour se laisser étreindre par les regrets ensuite, quand le portable n'a jamais sonné pour autre chose que le travail à venir. Au moins y avait-il quelqu'un pour le serrer encore entre ses bras, à l'idiot qui s'est consumé pour un instant qu'il a consigné par écrit, comme pour l'exorciser. Mais cela sonne comme un tableau inachevé pour le presque quarantenaire, de voir comme les dernières lignes sonnent comme amères. Pluie de météores, carlingue bourlinguée, ferraille en attente d'un nouvel astre pour le réparer.

ça y est, le queens est tout à toi !  ton personnage est fin prêt à jouer les cartes que le destin lui a distribué. et nous, nous attendons avec impatience de pouvoir jouer avec toi.

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les choses en cours actuellement / pour rester en adéquation avec cette version haute en couleurs, un tout nouvel event solo vous a été concocté. un indice sur cette animation ? la couleur des émotions. si vous faites partie des curieux, vous trouverez toutes les explications nécessaires dans la catégorie "new-york et le reste du monde" en cliquant sur les différentes coloяrooms mises à votre disposition [[Seuls les administrateurs ont le droit de voir ce lien]].

le petit mot de la fin / nous avons déjà hâte de partager cette superbe aventure à tes côtés. alors à ton clavier, c'est parti pour de l'amusement à la pelle !  bon jeu parmi nous.