woman's work ;imra

En quelques mots seulement elle a réussi à piquer ta curiosité. Bien sûr, tu t’en souviens de cette affaire, et pour cause elle avait fait beaucoup de bruit, quelques journaux y avaient même consacré leurs unes. Mais passé le procès, l’engouement médiatique été aussitôt retombé. Pfou comme un soufflet. C’est ce qui arrive souvent avec ce genre d’affaire, les foules se déchaînent pendant temps, prennent parti, victime ou bourreau, puis oublient bien vite et reprennent le cours de leur petite vie tranquille. c’était pareil avec l’affaire de ta sœur, les journaux, la télé, les radios, en ont parler durant des jours entiers, mais pas plus d’une semaine. Parce qu'au fond, ce qui fait vendre, ce sont les faits divers sordides. plus c’est glauque, mieux c’est. plus ça fait chialer dans les chaumières, mieux c’est. le reste, ils s’en foutent.

T’es intrigué, tu veux en savoir plus et tu accepte-le rendez-vous. T'es pourtant pas bien sur d’accepter l’affaire. faut dire qu’en termes dé d’affaire houleuse tu as déjà ton quota, ton lot de casseroles au cul. Maitre Cavaletti, avocate du diable et de tous ses sujets. T'es pas bien sûr que d’aller défendre un gars condamné dans une affaire d’homicide avec une question de race soit une bonne idée pour ta carrière, mais la réalité est différente. tu te fous de savoir où est la vérité, la justice, tant que la paie est attrayante. et puis ça t’paiera tes prochaines vacances au soleil, t’en a bien besoin.

adresse envoyée, tu te prépares rapidement, troque ton tailleur moulant contre un jean un peu plus confortable, une paire de tennis, une bouteille de rouge coincé dans ton sac. un taxi pour t’emmener à l’autre bout de la ville. tu détestes le métro, d’autant plus depuis que tu as les moyens de te déplacer sans t’entasser dans une rame bondée d’inconnu en sueur. t’observe la ville défilée sous tes yeux, le véhicule s’arrêtant à l'adresse indiquée. c’est une petite brune qui t’ouvre, à peu après ton âge, de grands yeux de biche. Plutôt mignonne. franchement mignonne même. “salut, je suis maitre cavaletti, on... on s'est parler par message”, t’es sûr qu’elle s’en souvient, les mots encore chauds dans ton souvenir. t’esquisse un semblant de sourire, du moins ce qui s’en approche, sortant la bouteille de ton sac, l’agitant sous son nez. “j’ai ramené de quoi tenir, c’est mieux que du café”, tu entres enfin, à peine après avoir y être invité. si ta pauvre mère voyait tes manières… tu poses la bouteille, te tourne vers elle, la curiosité piquant tes lèvres, “bon alors, si on reprenait tout depuis le début ?”, finalement, tu l’accepterais peut-être cette affaire… pour au moins avoir le plaisir de la revoir.