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| long island / abîmes (cosima) | |
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| Sujet: long island / abîmes (cosima) Mer 21 Avr - 13:58 |
| abîmes@cosima blackécho du sang, des cris, dans la tête c’est la mort qui envahit chaque pensée, chaque horizon pour le peindre au noir et au rouge des exactions. aucune victoire, si ce ne sont des cadavres supplémentaires, alix est perdue, perdue, perdue. disparue. quelque part entre l’aube d’un passé mortifère et le crépuscule d’un monde où il n’a plus aucune part. c’est le déchaînement d’un après, impossible à appréhender. bien sûr, bien sûr, ils sont revenus à long island, comme deux fauves fourbus, mais pas vaincus. difficile de savoir si le sang sur sa peau est celui de l’ennemi ou le sien, difficile de comprendre où la douleur s’arrête, de la blessure mal soignée qui paralyse désormais entièrement son bras au vide qui continue de le ronger, toute une immensité qui pulse et qui le ravage, comme de l’acide qu’on aurait versé sur les plaies. l’idée de demander à newton de coller tout ça comme sur un champ de bataille n’était peut-être pas la meilleure du siècle, à bien considérer. il se souvient à peine de ses derniers mots pour médée, il se souvient uniquement de la séparation brutale, et de l’envie qu’il lui a fallu rencogner dans sa chair. l’appel du sang et du désir, toujours, la même chose que dans cette putain de suite alors que paul rampait comme un cafard tremblant sur la moquette. il secoue la tête, il est fatigué, et en même temps il sait qu’il ne dormira pas, qu’il lui faudra trouver un exutoire à la folie de plus en plus prégnante, la silencer ce soir ou en crever sûrement. un cafard qui rampe là aussi, dans la tête, sous la peau, une animalité dont il n’a même plus honte désormais que le masque est tombé… il pousse la porte, et il fait nuit, nuit dans ses iris, nuit dans la piaule, dans ces appartements qui sont les siens, au creux du manoir aux milles visages. les souvenirs hurlent parfois, au détour d’un couloir, et il ne sait plus, il ne sait pas, quelle époque fut la pire, autrefois, ou aujourd’hui, tout le mal et la violence pour un bien piètre empire. il met une seconde seulement à capter sa présence, comme si elle l’attendait, comme s’il fallait absolument un point d’orgue au supplice, et qu’elle était la parfaite victime au massacre déjà perpétré. il n’allume pas, seule la clarté qui se déverse des hautes fenêtres donnent des allures fantomatiques à leurs silhouettes qui se découpent dans le noir. pas de bleu, pas de pourpre, ce soir, que le néant, qui les oppose et les relie, depuis le début de ce conte très étrange. il la toise, écroulée dans un coin, fragile et broyée par des idées qu’elle a continué à affronter dans la solitude qu’il a lui-même dessinée en elle. en l’amenant ici, en la forçant à voir, tout le vide qu’il faudra consommer, et tout le rejet qu’elle devra surpasser. l’incertitude de sa propre identité, pour une camée, voilà un châtiment exquis, alors toute la tyrannie d’un roi devenu animal se déploie ici, dans l’ombre de la nuit, solitude d’un deuil qu’il ne lui laissera pas appréhender seule. pas de retour en arrière, n’est-ce pas ? c’est bien ce qu’il lui a dit. j’imagine que tu n’as pas trouvé la sortie. double langage pour un ricanement maladif, qui ébauche un piètre portrait de lui, à la mesure de l’image pathétique qu’elle renvoie. il approche, un pas, puis deux, puis trois, jusqu’à la surplomber, et la sensibilité n’est plus là, la douceur envolée, les échos de mots déjà oubliés cherchent à percer son esprit pour revenir museler la bête qui s’est déchaînée, mais l’échec tonne dans le timbre qui vibre, alors qu’il s'accroupit devant elle et qu’il claque des doigts devant son nez. j’te parle. et il choppe son menton pour qu’elle le regarde, et que les ailleurs factices où elle se planque dansent dans ses prunelles vides. tu t’es piquée combien de fois ? histoire de savoir ce qu’il reste d’elle, de celle qu’il crève de ravager pour un seul instant oublier, oublier qu’il a échoué, oublier qu’il a perdu un peu plus de qui il était, de cet écho fragile d’une jeunesse fantasque, qui rêvait de s’unir à un nom qui aurait donné toute sa noblesse au sien. la lumière à laquelle il a tourné jadis le dos vient de s’éteindre une toute dernière fois, il en est persuadé. alors deux fantômes, voilà ce qu’on est, à se regarder pour encore exister, et ressentir un peu ce à quoi l’on aspire. car toi et moi, on ne sait pas mentir, et tu t’es planquée jusqu’à moi pour que je sache trouver ton corps froid, déjà embrassé par la mort. pour que je puisse briser en toi un peu plus que ce que je ne fis déjà, en t’obligeant à regarder ce monde brûler. ce monde qui te méprise et que pourtant tu pourrais envahir, si seulement tu savais comment t’en prémunir. |
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| Sujet: Re: long island / abîmes (cosima) Mer 21 Avr - 14:55 |
| abîmes La limpidité de l’osmose est parfaite. Parfaite dans les ombres où elle s’est enfermée volontairement, prisonnière du monde noirâtre et de crasse que l’héroïne laisse en elle. Pillarde, elle a subtilisé le bon vin, grand cru, dans l’un des bars d’une pièce abandonnée pour distiller l’héroïne qui s’est écoulé dans son cerveau éclaté, sûrement aussi explosé que le cervelet du cadavre qui ne pourrit peut-être plus et a rejoint les cendres qu’elle aurait dû être il y a des années. Auprès d’elle, confinée dans l’obscurité rassurante, comme une enfant dont n’a jamais voulu, comme ces soirs où elle fuyait les premiers foyers où les autres gosses tentaient de la malmener, elle s’est carapaté dans un fauteuil, a retiré ses bottes salies pour retrousser ses jambes contre le débardeur que cachait son pull souillé et désormais flaque de blanc près d’un des pieds de son refuge de velours. S’écoule dans un énième son de rivière le vin au fond d’un verre dont on a bien voulu l’armer. Et elle s’enivre pour oublier qu’aujourd’hui, elle a baigné dans la fange de la mort, hantée par les gerbes de sangs, par la bile qui remontait le chemin de sa gorge, par la hargne des Marlowe dans ce salon où on lui fit sentir qu’elle empestait l’ailleurs et trop l’étrange pour être même autorisée à respirer leur air. L’héroïne a su la faire sourire d’amertume, comme en cet instant où elle siffle plusieurs gorgées, la tête vibrante et lancinantes, incapable de parler. Et elle oscille entre euphorie et sanglots, ne ressemble plus qu’à la sale gamine de la souille qu’elle fut il y a longtemps et qu’elle ne cessera jamais d’être. Bien sûr, il lui faudrait partir mais les cerbères aboient et ne la laisseront certainement pas quitter le nid. Et peut-être ne veut-elle pas partir car quelque chose en elle, d’encore un peu vivant, frémit et attend, fixant la porte par laquelle il passera. James est parti depuis longtemps mais le temps lui semble soluble, insaisissable dans sa transe et les piqûres rejoignent les veines pour goûter à la délicate embrassade de la détente, son crâne retombant contre le dossier, les échos des bombes, des enfers où elle erra, des mots crachés par Médée laissant monter jusqu’à ses yeux les quelques poèmes sanglants de larmes qui veulent dire qu’elle a mal comme une chienne blessée au flanc et la nuit sombre davantage au fil des verres, au fil de la bouteille qui perd de son allure saisie et déposée de plus en plus violemment, par le garrot laissé tomber, la paresse de le rattraper, vidée de sa substance. Elle se vomit elle-même par tous les pores dans le plus chaste mutisme, fermant les yeux pour écouter le rien qui l’entoure.
Seule. Seule comme elle le fut dans cette pièce, seule et habitée par la crainte qu’un jour encore où la délaisse. Elle repense à cette mère qui l’aurait enlacée comme le fit cette femme qui ne lui offrit pas les mêmes embrassades comme accueil et à quoi bon avoir espéré être accueillie avec respect quand on sait qu’elle demeure la putain de l’histoire sordide qui l’allie malheureusement aux absents. Elle s’est laissée guider par ici, comme certaine qu’il ne la jetterait pas, lui, unique à lui avoir offert quelques mots bien qu’enrobés d’une douceur qui détonne avec celle offerte en présent la veille. Ils n’étaient plus rien alors dans ce face à face qui n’a duré qu’un temps. Sa tête roule alors qu’elle siffle le fond de son verre à pied pour que le cristal percute la table de chevet près du fauteuil où elle n’est pas reine mais clocharde ayant pris le droit de squatter les quartiers du roi dont elle pourrait entendre les pas venir jusqu’à elle si elle n’était pas tant absorbé par ses souvenirs. Il lui semble entendre l’écho d’un piano, de quelques mélodies tragiques que décrivaient sa mère de ses doigts de musicienne passionnée, la laissant pleurer de joie et de malheur, enfant fascinée et bien chanceuse d’avoir pour mère quelqu’un qui l’aima vraiment. Et les cris de celle-ci quand l’incendie éclata, quand elle ne devint qu’un monstre dont la peau rongée ne se voit qu’à peine dans la pénombre abritant ses démons, sa peau semblant avoir été pourléchée si longtemps par l’infâme passion de l’Enfer. Lorsque la porte s’ouvre enfin sur la silhouette contre laquelle elle pourrait avoir l’audace de se réfugier, elle n’entend rien, le regard vitreux cerclé de ce rouge qui souligne les larmes qui lui sont venus, murmurant à peine la mélodie délicate que chantonnait sa mère. Si elle était encore des vivants, l’aurait-elle elle aussi prise dans le creux de ses bras ? Et les balancements se font discrets, d’avant en arrière, ivre et camée jusqu’à la lie, au bord d’un coma d’émotions où elle ne ressent que l’envie d’oublier que désormais, elle n’est plus digne de porter aucune insigne, si ce n’est celle du crime. Les mèches noires entourent son visage et elle ne perçoit pas la phrase jetée dans le néant qui les sépare, elle fixe le sol pour ne pas avoir à le regarder, quelque chose pourtant, au fond de sa prison de chair, oscillant pour soupirer le soulagement de le voir ici et vivant. Il lui donnera la vie. Il lui donnera la mort. Et peu importe alors car elle erre entre les deux alors même qu’il saisit enfin son menton pour la forcer à tomber dans les crevasses de ses yeux qui semblent noirs dans cette nuit qui les rallie à nouveau, à croire qu’ils ne sont pas fait pour se voir le jour, lorsque l’aube ou le soleil broie leurs peaux. Piteuse, elle l’observe sans autre émotion qu’une détresse profonde et le sourire lunaire de celle qui n’est qu’à peine consciente de ce qu’il se trame, que le bras demeure blessé et pourrait s’infecter. Son toucher cogne contre sa peau froide et elle frissonne de croiser le vide jumeau au sien, élevant une main pour la déposer contre sa joue, une caresse ressemblant presque à celle qu’elle aurait voulu de sa part lorsqu’elle revint le visage taché, le choc pour seul vêtement et le sang pour unique maquillage. « J’sais pas … J’compte plus. J'suis défoncée, c'est tout. » Chuintement de cette voix cassée, grignotée par les heures sans parler, son pouce frôlant la pommette, y voyant la désastre de la souffrance sur ses traits. Détonation d’un rire soufflé alors qu’elle se penche, manquerait de tomber tant l’ivresse se mêle à la maladie de la came qui la gangrène « J’fais peur à voir hein ? Mais j’te rassure … T’as une sale gueule aussi. » Et ça sonne comme autre chose, dit sur le ton suave d’une femme qui se voit enticher du mauvais homme et qui pleure de savoir qu’elle n’aura jamais rien. Alors les digues cèdent et elle laisse pleurer ses yeux, souiller ses doigts de ce sang translucide « J’ai tué quelqu’un aujourd’hui, James. » Elle le déclare comme une soudaine révélation, riant d’elle-même en se dérobant à sa poigne pour s’élever soudainement, saisissant la bouteille de vin à moitié terminée « Belle-maman sera pas contente hein ? J’ai volé un … millésime ou j’sais pas comment on appelle ces conneries. » Elle se fiche d’être pathétique, peu consciente, détendue comme abattue par une balle, la mort sous la peau et elle tombe enfin sur la plaie du bras, la hargne dans le geste quand elle saisit sa nuque pour les rapprocher l’un de l’autre, pour que dans les plus sombres secrets de la nuit, les esquisses de leurs visages s’effleurent, qu’il ne reste que des bouts de souffles entre eux « Tu devais faire soigner ton putain d’bras. J’veux pas … que t’aies mal. » La diction balbutiante et traînante, c'est un aveu qui voit ses lèvres trembler,, ses ongles se planter davantage dans l’épiderme de l’échine comme pour que le chien enragé ne se tire pas loin d’elle, ses yeux souillés de son chagrin et de son inquiétude enfin dévoilées. « J’ai eu peur … »
Peur d’être seule. Peur d’être à nouveau abandonnée et seule. Peur de n’être rien à tes yeux comme je ne semble plus appartenir au monde de Médée. Je suis l’amante qu’il faut châtier, tu le sais, car nous avons signer la mort le premier sort, la mort d’un tout, le début d’un rien, d’une chimère qui ne tiendra pas tant elle est nécrosée par nos mornes désirs, par nos envies sauvages qui arrachent toutes nos viscères et hantent, comme des fantômes cruels, nos poitrines qui s’effleurent. J’aimerais crever ce soir dans ton royaume, pour ne plus avoir à ressentir. J’aimerais oublier l’aube et ce temps qui me tue car personne ne semble entendre que je souffre et ça me tue, tu m’entends ? Ça me tue.
(c) corvidae |
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