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 Jeux d'enfants (ft. Amour)

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Message Sujet: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Jeu 8 Avr - 14:31

jeux d'enfants
Amour & Misha

« La règle du jeu était de ne rien changer, et ce que l'on pouvait appeler taquinerie lorsque qu'on était gamin devait à présent s'appeler perversion. »
Il était revenu, comme à l’accoutumée, dès lors qu’Amour avait fait acte de présence pixellisée par écrans interposés. Et c’est dingue, les histoires que Misha se raconte sans même vouloir admettre que y avait plus rien pour les sauver, depuis qu’il avait fait preuve de bon sens. J’te jure, de comment j’arrêterai d’avoir des vues sur toi et de comment je te regarderai plus pareil, même si t’en as rien à foutre, plus rien, jamais, comme avant. Ca lui avait écorché d’avantage l’égo que le gosier, ces débris de verre polissant pourtant bien sa bienveillance gauche. C’est qu’il avait mis en route tout un mécanisme de conneries, persuadé d’avoir la solution quant à cette histoire avortée, pas même amorcée par ailleurs. C’est de sa faute à elle, qu’il se dit perpétuellement. Si son indifférence l’électrise et que le bastion imprenable qu’elle érige autour d’elle le sécurise.  Mais il était revenu, sans cesse, sans discontinuation. Un arrière-goût de nostalgie suintant bien sur les plaies d’un présent balafré peut-être ; c’est qu’Amour lui remémore la mélancolie des asphaltes brutes, de la liberté un peu sale, entre les vieilles masures empestant l’urine, fardées de vieilles seringues et les digressions jouasses contre la flicaille. Un autre temps, une autre époque où tout demeurait salement tourmenté, mais profondément vrai, à vous ouvrir le poitrail pour y tasser les petites douleurs érigées en grandes ferveurs.

Misha a pris en compte les indications d’Amour non sans maugréer quelque peu ; il a enfoui quelques bouteilles d’alcool dans un sac à dos, c’est qu’à l’abri des regards des nonnes - " montre bien ta trogne d’enfant d’choeur quand tu te pointeras ", qu’elle disait - le breuvage demeurait plus acceptable, en dépit d’une dégaine de jeune premier.  Il s’est doté d’une détermination un peu rude de ce soir s'enivrer les sens, sans bien savoir pourquoi, et a hélé un taxi afin de s’assurer d’un retour qui ne lui demanderait pas de poser ses deux mains défoncées sur le volant.  Puis il se souvient, bien tassé à l’arrière de la voiture jaune s’engouffrant dans les rues de New-York et dont les lumières articifielles défilent à la fenêtre, que sa daronne lui avait expliqué un jour, alors qu’il était encore tout jeune, que l’amour, ça n’existait pas. Que c’était rien d’autre que du matraquage de cerveaux pour faire coucher les filles, propagande imbécile sifflée sur le galbe de ses lippes amères. Mais Misha s’était efforcé de croire le contraire, bien déterminé à ne jamais approuver la matrone, n’y avait jamais cru. Pour preuve, Amour existait bien. " C’est du français", lui avait un jour soufflé Orphée, sans même qu’il ne se remémore les raisons de ces échanges. "Ca veut dire 'love', en anglais." Quelle drôle d'idée tout de même, que d'affubler son enfant du prénom des émois lorsque la concernée n'est pas bien foutue de s'enamourer comme il faut.

Quand il a frappé à la porte, Misha s’est arrangé pour appartenir à la catégorie des jeunes hommes à peu près fréquentables. Il a jeté brièvement un coup d’oeil à ses fringues - un jean, un pull sous une veste de cuir et des baskets, de ces accoutrements passe-partout sans saveurs - puis a levé ses yeux bruns vers un homme dont le faciès lui demeure familier. Dante Morante a la pupille neutre bien qu’étrangement accueillante en dépit de l’opacité de ses sentiments, lorsque Misha s’excuse, s’annonce, puis jette un oeil au numéro de la baraque. « J’ai du me tromper, je cherche Amour Vaughn. » qu’il tente tout de même, entre deux hésitations. Merde, c’était donc ça, ses histoires de bonnes soeurs ? Et contre toute attente, l’hôte le laisse entrer, lui indique la chambre de la concernée avant de vaquer quelque part à ses occupations.

Misha s’est bien sûr arrogé le droit de pousser la porte sans même avoir accusé d’invitation, il a toisé Amour de ses yeux interrogateurs. Comme une pointe de jalousie derrière la désinvolture feinte. « Merde, c’est quoi vot’ manie de vous traîner des sugar daddies. » Le garçon s’est souvenu d’Orphée et des compliments qu’elle balançait à outrance à l’égard de Dante ; un mec bien, fiable, intelligent. Tout ce qu’il n’était pas. Et ça se comprenait tout de même, cette propension qu’elles avaient à tomber sous le charme d’un gaillard de cette trempe. C’est que ça ne courait pas les rues. « Sympa la piaule. » Misha a sifflé son admiration sans même attendre sa réaction lorsqu’il embrassé la pièce de ses yeux curieux ; c’est que c’était foutrement déroutant, de savoir Amour posée là dans le clinquant d’une chambre. Un peu de clarté propre pour nettoyer ses plaies. « Tu vas crécher combien de temps ici ? » Dans son indiscrétion mal fagotée, Misha a posé son sac sur le lit, a avisé les environs comme l’on découvre un nouveau squat. Grand luxe, celui-ci.

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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Lun 12 Avr - 12:33


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La nuit dernière, Amour avait apostrophé son mentor, courbé sur un de ses innombrables dossiers près du feu de cheminée. « J’ai quelqu’un qui vient d’main », s’installant face à lui, elle avait préféré contrer la façon qu’il avait de ne pas la voir directement. C’était surprenant à vivre comme Dante rendait invisible les choses avant de pouvoir les voir dans leur entièreté. Tout ce qui lui était extérieur, l’homme avait besoin de le digérer comme si ces choses recoupaient de vives souffrances pour l’âme. Et le temps qu’il mettait à la distinguer elle s’étirait plus que pour tout autre, c’était évident que sa seule violence suffisait à rouiller le mécanisme. Ainsi, elle couvait la déception par son indifférence. « Juste, sois pas bizarre, c’est tout c’que j’demande », il avait abdiqué partageant la complexité d’arguer en faveur d’une turpitude sentimentale chassée par quelques rehaussements d’épaules recrus, le genre qui permet de surnommer quelqu’un cette ambivalence des penchants.

Ses pieds battent dans l’air la mesure de son agacement tandis qu’allongée sur son plumard, Amour plane au-dessus des calculs, les reprend, puis échoue une nouvelle fois. La tempe en appuie sur la naissance de sa paume, elle tente de retracer la démonstration placardée sur le bouquin, la mathématique butant contre les songes d’une autre nuit où les pulsations du myocarde s’étaient calquées sur le métronome des confidences et du ravisement. Tout ébranlement étant exclu, il avait fallu qu’elle en ravine les éclosions subreptices, portant sur sa figure l’inanité des nanas sur lequel on ne saurait s’épancher, la dégaine légère de celles qui se fichent pas mal d’être aimées. Mais ça lui allait bien à Amour, d’être la nana en arrière-plan, celle dont le monde n’est pas remué par les faux-espoirs et la tendresse bancale des inconsistants.

L’équation erronée distille la frustration, ondes généreuses à travers le corps sous tension qui démangent une colère qu’elle laisse aussitôt éclater à travers la pièce. Le bouquin s’écrase contre une statuette qui chute et se brise. La blonde éructe un râle désopilé et se presse pour ramasser les morceaux éparpillés sur le sol. Elle pense déjà se frotter aux regrets de la charité du juge lorsque le son grave d’une voix détonne, provoquant un léger sursaut chez l’indigne gamine. « Merde, va t’faire foutre tu m’as fait peur », elle se redresse, la tête et le corps de pierre au bout des doigts, elle écoule une moue dégoûtée sur l’apparition. « Puis c’est dégueu c’que tu viens d’dire », l’imaginaire présomptueux du garçon forçait celui d’Amour qui secouait le frisson de sa peau en même temps qu’elle posait les éléments rompus sur le chevet et qu’elle retombait assise sur le lit. Elle mire le soin pris par Misha pour sa toilette, parfum jusque-là humé de loin mais qui embaume l’espace « t’as pas déconné sur la gueule de premier d’la classe ». L’oeil examine attentivement les recoins d’une pièce dont Amour se méfie encore des hauts plafonds et des murs ornés. Née dans une boîte, pas faite pour subsister dans la grandeur, il était probable qu’elle n’appréciait pas non plus de s’entendre renvoyer sa propre solitude par l’écho de l’endroit. « Ouais, ça fait l’taf. J’peux penser sans être interrompue par les voisins qui baisent». Amour soupire son doute face à la question de Misha « j’sais pas, l’temps de pouvoir m’payer quelque chose de décent », omet volontairement de mentionner la formation dont Dante se fait le tuteur, comme pour s’éviter les grincements muets d’Orlov.



La môme plonge un nez curieux lorsqu’il ouvre le sac près d’elle, esquisse un sourire espiègle en découvrant le butin rapporté. « Putain t’as d’la chance que Morante t’ait pas fait une perquis’, c’est sûr qu’il aurait trouvé moyen d’te foutre en taule avec ça », un rire léger traverse sa lippe, un fond de reconnaissance pour les libertés cédées par Dante.
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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Mar 13 Avr - 11:25

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Amour & Misha

« La règle du jeu était de ne rien changer, et ce que l'on pouvait appeler taquinerie lorsque qu'on était gamin devait à présent s'appeler perversion. »


Lorsque certaines personnes s’acharnent à édifier un tant soit peu de stabilité, pour d’autres cela paraît si facile. Misha n’a pas bien oublié pourtant, la trogne qu’il avait dû avoir dès lors que Grisha lui avait ouvert pour la première fois les portes de sa chambrée. L’espace propret et soigné, l’apanage des belles baraques, tranchait avec les gourbis lui ayant jusqu’ici servi de piaule. Alors il a toisé le nouvel environnement d’Amour, y a posé les yeux et les pattes un peu partout, un brin curieux, avec la sensation étrange d’avoir vu son passé confisqué. Puis peu à peu le réveil lent, l’inconscience bien ensevelie sous les gravas de sa vie antérieure ; Misha reprend le fil normal de ses pensées, se retourne vers Amour lorsqu’elle régurgite le trop plein de bon chic bon genre de son look bien travaillé ; « t’as pas déconné sur la gueule de premier d’la classe » Le garçon a haussé subrepticement les épaules et lui a offert les rictus amusés d’antan lorsqu’il a répliqué : « C’est qu’tu m’as pas vu avec mon uniforme de lycée pour gosses de riches. Putain t’aurais fait un ulcère. » L’air trop propre malgré la chemise débraillée et la cravate jamais bien nouée, la tignasse hirsute à force de talocher du bourgeois, ça lui avait apporté son lot d’ennuis toujours réglés par le cash du daron. Bien endormir la direction à coup de biffetons, et s’assurer de la pérennité d’un avenir pour le rejeton pas bien foutu de s’entretenir avec la progéniture des élites sans avoir l’envie de leur cracher à la gueule.

Amour s’est contentée de corroborer les dires de Misha lorsqu’il a commenté son nouveau dortoir, sans une bribe de vent glacé pénétrant sous la porte. Sans le clébard lui montant la garde et qui n’était plus là, pour avoir subi la jalousie excessive d’un père réglant le tout par la poudre et le flingue. Tout de même, ça avait foutrement accablé Misha de la savoir hors-sol, encore empêtrée sous les problèmes et la misère. Mais il n’avait rien confié, rien laissé sous-entendre. Parce qu’il avait bien conscience de comment ça faisait tâche d’être revenu comme une fleur, après tant d’années occultées, pour mieux s’inquiéter des effets néfastes des murs humides et des cafards sous le sommier sur son hygiène de vie. Ici, c’était le temps de se refaire une santé financière, disait-elle. A cette remarque, Misha a fini par lâcher du regard les quelques CDs trônant sur un meuble, fières reliques des années 90, avant de se tourner vers elle. Ne lui offrant plus ni la nuque, ni le dos, ni même ses élans curieux, il a fini par opiner du chef : « Ouais, le temps que tu sois admise dans une fac, c’est ça ? C’est cool comme projet. » Et c’était bien vrai, de comment il était admiratif de sa détermination à s’en sortir, elle qui aurait pu tomber dans les affres de la poudre blanche, un peu comme lui. Ce qui les avait séparés jusqu’ici était la chance. Pas bien la ténacité, la volonté et la hargne, juste les circonstances. Sans doute que sans Grisha, Misha aurait fini en taule, et que dans une réalité parallèle Amour s’était laissée convaincre par sa soeur d’adoption d’une belle manucure dans les quartiers prisés de Manhattan.

Comme une compensation à ses efforts, parce qu’il eût fallu nourrir le cerveau de déviances et de liberté pour bien se faire au poids infâme des révisions, Misha a fini par ouvrir son sac puis le dépecer de trois bouteilles. A la remarque d’Amour, dont le faciès s’est illuminé de reconnaissance, Misha a compris que son bienfaiteur bornait bien les limites de la connerie. « J’aurais dû aller en taule pour plus que ça. » La nostalgie des vols et des braquages, c’était pas bien la fierté qui l’animait en ce temps-là mais la voracité pour s’en sortir. Misha a fini par s’asseoir sur le lit et a glissé une main dans la poche intérieure de son veston à la recherche d’un butin. Il en a ressorti l’interdit, de ce que Amour lui avait pourtant demandé de ne pas ramener dans cette baraque des probités, puis lui a tendu le haschich aux faux airs de cancéreuse bien roulée. A la vue de la mine déconfite - peut-être même courroucée - de son vis-à-vis, Misha a appuyé sur son crétinisme : « Ca va c’est rien qu’du shit, ça t'fera du bien. Fais pas ta prude, me dis pas qu’t’es pas cap de tirer dessus. » Et c’est pourtant pas bien la volonté de tout faire foirer pour elle qui l’anime au contraire, mais bien de partager un moment de complicité, un peu maladroit et bien bancal comme il faut.

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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Mer 14 Avr - 18:51


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Elle n’a pas ergoté, protégeant son secret du mépris tangible de Misha face à la profession visée. Forces de la discorde, qui renvoyait aux injustices vécues et renâclées alors qu’ils n’étaient que de sales mômes caustiques et mal fagotés. Amour a éludé d’un « mh » absent en s’affaissant sur le matelas, et y avait rien d’étonnant à ne pas la voir exaltée par un potentiel retour à l’école, elle qui en avait fréquenté les bancs que pour les massacrer à coup de compas et de marqueur tout en faisant rôder l’angoisse chez ceux qui osaient un regard.

Misha a tiré un pochon de sa veste, a pendu cette herbe au bout de ses doigts dont le pollen opacifiait le plastique. Ses yeux conquièrent d’abord avec envie cette petite dose d’interdit et de prohibé présentée sous ce toit chaste, puis ils dévisagent le garçon qui se tient derrière en mandataire de sa débauche. Il y avait plus fort et plus contraignant que son refus à elle, c’était son refus à lui d’entendre celui qu’elle lui avait pourtant présenté plus tôt. Elle expulse alors son déplaisir dans un profond soupir, et le gamin qui flaire sa résistance exhibe quelques badineries légères. À avoir longtemps ratissé les ruelles du Queens avec elle et à s’être frotté à ses vices et ses ruses, Misha n’a pas oublié comment obtenir d’Amour ce qu’il souhaite; rien n’excitait davantage la bonne volonté de Vaughn que lorsqu’il y avait une mise à prix. Alors il  lui propose de sauver son honneur, sa dignité ou quoique ce soit qui se perd lorsqu’on refuse un joint, et Amour étire un sourire de vainqueur tant la tâche est aisé, plus agréable que les responsabilités qu’elle occulte en se saisissant du mégot.

Perchée sur sa fenêtre, le briquet grésille et consume l’extrémité. Amour tire dessus plusieurs fois avant de le tendre à son propriétaire puis recrachant la nuée toxique, brise sa nuque vers l’arrière comme si le corps se rompait au moment même où l’agitation intérieure disparaissait. « T’avais raison, ça fait du bien, mais la prochaine fois qu’j’dis non et qu’tu respectes pas j’te fous mon poing dans la tronche », elle fait revenir sa tête, plante sa pupille dans celle de Misha. La gratitude prend les atours d’une morale bancale car Amour ne saurait se contenter de remerciements inoffensifs face à l’invasion constatée « j’ai pas b’soin qu’tu décides pour moi, tu piges? », véritablement, elle n’avait besoin de personne pour faire les mauvais choix à sa place. Les traits de son visage s’adoucissent pour faire reculer la querelle. « Mon tour maintenant », déclaration fièrement faite qui reprend la partie initiée par le flegmatique. « On n’a pas d’verres, pour la vodka. Cap d’aller nous trouver deux verres dans la cuisine, mais tu dois y aller en caleçon et… Attends… », elle passe une main farouche au travers la chevelure brune, frotte quelque peu pour lui donner l’apparence hirsute « comme ça, c’est mieux ». Elle voulait lui donner des apparences échauffées créées par un désir impérieux qu’ils auraient voulu assouvir à deux, et qu’il prenne le risque de faire tressaillir Dante qui le trouverait à chercher dans les placards un verre pour se désaltérer. Ça l’amuse de s’imaginer le malaise tirailler l’un puis l’autre.

Finalement, Amour plonge la main dans le sac d’Orlov, dévisse le bouchon d’une des bouteilles  en verre et porte le goulot à ses lèvres pour en boire une gorgée. La provocation assène Misha, et lorsqu’elle a fini, ses yeux retrouvent le chemin de son visage « alors, t’es cap? À moins qu’t’aies peur d’finir en taule pour exhibitionnisme cette fois ». C’est pas vraiment une adepte des jeux Amour, ce qu’elle apprécie mieux c’est la gagne ou la triche, le genre de trucs qui la foutent sur un podium pour obtenir le grand prix. Mais il était désormais certain, depuis qu’il avait lancé les dés, qu’elle s’autoriserait tous les subterfuges pour en faire un perdant.
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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Jeu 15 Avr - 15:20

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Amour & Misha

« La règle du jeu était de ne rien changer, et ce que l'on pouvait appeler taquinerie lorsque qu'on était gamin devait à présent s'appeler perversion. »
Le passé les a rattrapés comme les crevards courent après la faim. La nostalgie s’est érigée d’office et a brandi haut ses couleurs dès lors que la belle provocation les a gagnés. Ça les a allumés en dedans, cette propension à bouleverser l’ordre établi, bien salir l’ambiance proprette de cette baraque et, au passage, risquer de se brûler les ailes. Misha a ourlé ses lippes d’un rictus des malices comme il l’a vue capituler, davantage par la soif de la victoire et le dédommagement de la honte d’échouer à son épreuve, et qu’il a saisi le joint qu’elle lui a tendu. Et de comment elle tempère, toujours, la fierté qui bande bien sous les palabres enrobées de menaces ; Misha écoute d’une oreille lorsqu’il se cale contre le bureau, le haschich se consumant sous les lèvres. C’est qu’il goûte à nouveau au passé d’antan lorsqu’il l’entend éructer son faux courroux, cette égide qu’elle brandit dans l’espoir de prouver au monde qu’aucune faiblesse ne saurait être sienne, qu’aucun échec ne saurait être sien, qu’aucun badaud ne saurait lire en elle. « j’ai pas b’soin qu’tu décides pour moi, tu piges? » « Ouais ouais. » Cette vieille rengaine sur les lèvres amusées ; cause toujours j’te connais bien. Y a dix ans déjà - putain dix ans - t’avais que l’amertume sous la langue, des airs de chiot acculé, prétendant avoir la rage. Mais c'était pas bien grave parce que, déjà, j't'aimais bien comme ça.

L’exhibition d’assurance s’opérant en eux puise ses racines dans l’excitation d’un passé aux cendres encore chaudes. La complicité encore quelque peu timorée, exulte sous le coup des petites provocations, des jeux d’enfants, jeux à la con. “C’est mon tour maintenant”, qu’elle argue avec trop de confiance comme elle s’approche et lui lègue son défi. Ce dernier ne lui extorque de prime abord aucun tribu étonné, jusqu’à ce qu’elle n’évoque des sous-vêtements. Misha se renfrogne, la nuque raidie et le grognement sourd, comme une négation tacite quant à l’idée. « Attends… » « Garde tes mains pour t’gratter l’cul. » Qu’il peste, boudeur et mécontent, sa nuque effectuant une contorsion afin de se dérober à son entreprise d’ébouriffage. La même gueule des condamnés suintant le stupre, les cheveux hirsutes fourragés par l’amante. Mais ces petits rien de sale humeur factice, ces rires en coin et ces instants dérobés, ont la saveur d’un autre temps, lointain, de lorsqu’il n’avait pas la panse pleine mais où peut-être, le garçon se sentait moins seul.

Misha a senti l’aura du succès greffé tout autour d’elle, il a perçu dans son regard la jouissance de la gagne. Alors il a consenti à ne jamais plier, a relevé le défi non sans siffler et s’attelant à ôter sa veste puis son pull : « Putain tu fais chier. J’commence mon stage avec lui lundi. Ce mec, c’est ma porte de sortie à tout mon merdier. » A force de recouvrer la connivence d’antan, Misha s’est confié sans trop le vouloir. Il a laissé tomber des miasmes de vérités ; j’ai besoin de ce stage pour me barrer, sans qu’elle ne puisse bien saisir tous les tenants et aboutissants. Puis d’un coup, comme ça, s’est retrouvé en caleçon comme l’on se dépouille de ses problèmes. Il a laissé les fringues au sol, sans grand soin, avant de s’engouffrer dans le vestibule. Et cette sensation de malaise lorsqu’il a avisé le couloir, sans bien savoir quelle porte s’ouvrirait gracieusement sur la cuisine. Les grincements sourds sous les poignées que l’on pousse, et ce souffle qu’il retient lorsqu’il prêche la discrétion. Sacrée baraque, bien trop imposante, les couloirs ont des airs de dédale alors que Misha cherche désespérément son graal. Puis soudain, la porte s’ouvre sur un salon à la lumière tamisée ; mauvaise pioche, il réprime un soupir. Le gardien sacré des lieux lève son nez de son bouquin - ce genre de livre épais à la reliure de cuir, supposant l’échauffement des grands cerveaux - et a figé son regard flegmatique dans celui du garçon. Misha a entrouvert les lèvres, y a retenu des faux-fuyants un peu cons, ces dérobades un peu rustre : j’vous assure qu’on n’a pas baisé. Et fort heureusement, comme il a bien scellé les lippes puis dégluti sous le malaise avant de quémander d’un air qui se voulait serein, presque sans effort malgré les joues empourprées : « J'cherchais juste la cuisine. »

Lorsque Misha est revenu dans la chambrée armée de deux verres à eau, il a tiré sur sa trogne des traits renfrognés. Ca lui a donné dix ans en arrière, ces airs de gamin mal fagotté et en prise avec la vexation. Posant les verres sur le bureau, Misha s’est empressé de se rhabiller, des gestes à la va-vite, encore piqué de malaise. Il a quémandé le joint afin de s’en repaître, bien remplir les poumons d’une sérénité brumeuse méritée comme il s’est accoudé contre le châssis de la fenêtre. « Mazel Tof, t’es dépucelée. » Au regard de ton hôte, de cette baraque, au regard des incommodités provoquées par cette stupide gageure. Mais à force d’un bref silence, Misha a fini par sourire, quelque peu amusé. Il a considéré le jeu bien plus que l’embarras et a laissé voguer son regard sur le bordel de la chambre. Les CDs, de nouveau, ont attiré son attention et allumé la brèche de ses souvenirs. « Tu t’souviens de Big Joe ? » Ce disquaire du coin de la rue, ça se voyait qu’il préférait vendre des vinyles et qu’il prenait soin des gosses des rues se réfugiant dans sa boutique pour mieux échapper aux morsures de l’hiver. « C’est con qu’il ait été bouclé pour trafic de stups. Juste avant qu’les flics descendent dans son gourbi, il m’avait proposé d’bosser comme vendeur. » La nostalgie derechef étouffée dans la cornée, et de s’entendre penser que tout aurait pu être différent.

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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Sam 17 Avr - 16:17


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Ils s’enlisent dans ces enfantillages sabordés de leur paresse réfractaire, d’Amour qui malmène et de Misha qui régurgite mollement la brimade. Une éloge s’invite silencieusement en elle, disperse de la clarté comme bouillonne l’allégresse, modeste consolation pourtant aux orages provoqués par le garçon. Alors Amour referme instamment les volets sur ces vibrantes couleurs qui aimeraient l’habiter, fait régner la pénombre et taire cette maudite sagacité qui irradie la liesse. Mais elle parvient moins à dissimuler cette hilarité qui l’étreint lorsque Misha se rebiffe et capitule, se parant de sourires badins. Les vêtements sont abattus sur le sol, effeuillage hâtif d’une jouvencelle qu’aurait la fringale. Quand il invoque le stage dans l’entreprise austère et certainement bien vêtue de la justice, Amour peine encore à imaginer la silhouette du délinquant dans la peau ascétique d’un homme de droit. « C’est cool, t’oublieras pas d’être poli du coup, il a un faible pour les gamins bien éduqués », a-t-elle raillé sans lever le regard vers son acolyte car Vaughn déglutissait à présent une jalousie insipide en anticipant les mérites que Dante donnerait à son stagiaire.

Misha se retire explorer l’immensité du domaine tandis qu’Amour pose mégot et bouteille pour le suivre en retrait, furetant à travers les cloisons d’où elle contient un amusement certain. Celui-ci éclate aux réverbérations contrites de Misha qui lui parviennent d’en bas, la môme pouffe dans sa paume de main et rebrousse le carrelage jusqu’à sa chambre, fugueuse coupable dont l’ombre est désormais talonnée par celle, grincheuse, d’Orlov. Au sein des murs bénits par leurs ébats simulés, il revient, la trouve Amour prostrée contre la fenêtre, moqueuse et indulgente alors qu’il exalte quelques vantardises sur une virginité qu’il se serait appropriée. « Si généreux d’ta part, j’manquerais pas dormir avec mon hymen sous l’oreiller c’soir », aux rôles attribués par leur mascarade, la caustique s’adonne à l’adulation écoeurante de l’amante pour celui qu’elle a fait roi entre ses draps.


D’une main, la gosse verse une rasade d’alcool formant un typhon au centre des deux verres, s’installe sur le sol face aux CDs, le verre posé à côté d’elle. Les opales se redressent sur les mémoires qu’il ravive, Big Joe, un vieux bien portant et grisonnant qu’aurait pas fait de mal à un morveux en dépit de quelques oeillades appuyées sur les gamines. Leurs souvenirs divergeaient bien, ce que chacun avait pu retenir comme rancoeur, estimer comme précieux, les choses s’emboîtaient déjà mal dans le passé. « J’savais pas ça, qu’ça t’aurait plu j’veux dire », elle n’avait rien su de cette proposition de poste un peu minable. La moue rembrunie par les secrets d’enfance établis entre eux, Amour s’attarde à nouveau sur les disques mal rangés. Elle ne se souvient que de la sensation des poumons en haleine, de leurs chicanes incessantes tempérées par Vince, mais jamais d’avoir entendu Misha fredonner quoique ce soit, elle n’avait pas même la réminiscence d’un fond sonore crachant dans un écouteur saturé qu’il aurait par chance trouvé dans la rue. « Qu’est-ce t’écoutais quand t’y allais déjà, j’me souviens plus? », a-t-elle demandé la fronce de ses sourcils marquant son incapacité à retourner vers ces temps  violemment achevés.  
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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Ven 23 Avr - 11:53

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Amour & Misha

« La règle du jeu était de ne rien changer, et ce que l'on pouvait appeler taquinerie lorsque qu'on était gamin devait à présent s'appeler perversion. »
Parfois, on oublie les choses qu’on a vécues. Par instinct de survie mentale, et parce que l’on considère ces souvenirs comme absurdes, c’est toujours plus simple et efficace de les refouler. Puis une odeur, une objet, une personne, nous ramène à eux et modifient la perception de la réalité. Par chance, la mémoire est éphémère et tout rentrera bien dans l’ordre dès lors que Misha se sera remémoré de Big Joe, de comment il les accueillait avec le sourire avant de brailler de sa voix tonitruante ; ‘touche pas à ces vinyles bordel de merde’. Le genre de type d’allure débonnaire, mais dont il était considéré comme dangereux de lui marcher sur les pieds. Misha a pris place aux côtés d’Amour, le verre à la main qu’il a vidé d’une traite. Ca lui a réchauffé le gosier et agité les synapses. De s’asseoir près d’elle, comme avant, et ne pas se renvoyer à la gueule les venelles galériennes ou les chemins plus glorieux que l’un comme l’autre ont emprunté. Mais il  sait bien, pourtant, que la fièvre de l’alcool ne leur rendra pas les émois d’antan ; y a plus rien qui réchauffe, dès lors que l’on s’égare.  « J’savais pas ça, qu’ça t’aurait plu j’veux dire. » Misha a haussé les épaules l’air de rien comme il s’est attelé à la tâche de fouiner dans les CDs. Du genre curieux qui s’y connait, mais dont la moue tordue par la surprise dénote la belle ignorance. C’est pas bien la couverture des albums qui l'interpelle ni les gueules enfarinées de ces enfoirés devenus des stars, bien assez de cocaïne dans le nez pour soutenir les cartels tout en vantant leur investissement au sein d’associations luttant contre les maladies infantiles. C’est ce sentiment de jouasse étrange, comme une mélancolie recouvrée qui le secoue dès lors qu’il touche au plastique. C’est dingue, ce que le matériau brut et prosaïque lui fait se sentir bien ; le coaltar et le béton des rues laides qui dégueulent le paupérisme, le plastique des déchets, l’essence, la ferraille et le vieux tabac froid premier prix. Ca lui rappelle des souvenirs, de comment il vivait sans être bien capable de se trouver un but.  « Qu’est-ce t’écoutais quand t’y allais déjà, j’me souviens plus? » Misha a feuilleté les CDs comme un album photo lorsqu’Amour l’a sorti de sa léthargie, il a tiré une taf sur le joint pour se ressaisir. J'agis donc j'existe. La pensée, pas bien millimétrée pour lui, se fait généralement la malle juste avant qu’il ne passe à l’action. « Des trucs qui passaient à la radio et du type bien vénère. Dr Dre, Ice Cube, c’était pas mal. Même si Big Joe nous disait toujours qu’on avait des goûts d’chiotte. Mais lui, c’était un vieux d’l’ancienne génération. » Misha a souri sur le miroir de ses souvenirs, et cela faisait foutrement un long moment qu’il n’avait pas tiré le rictus sur le passé. « La plupart du temps, si on s’posait pour écouter de la musique c’était dans les caisses qu’on venait d’voler. Et c’est vrai que bosser avec Big Joe ça m’aurait juste permis de me faire de la thune honnêtement, gagner un peu ma vie, rester dans l’coin. P’têtre fonder une famille, une merde dans l’genre. Tu vois le style de rêve qu’on pouvait se permettre d’atteindre, du genre basique et pas mal chiant. J’aurais eu une vie merdique parce que j’aurais pas bougé mon cul de là-bas, mais j’aurais gagné ma vie proprement. » Le choix par dépit, le parti pris de la raison. De nouveau, Misha hausse les épaules comme pour achever le flux de sa mémoire, revenir au présent, balayer d’une main les réminiscences d’autrefois. « Et finalement c’est en braquant l’type de trop que j’en suis là. J’veux dire avec un toit au-dessus de ma tête, une chambre qui pue pas la pisse, et l'estomac jamais vide. Et quand j’me balade dans la rue, les flics viennent pas me d’mander mes papiers à tous les coins de rue. » La pupille braquée sur les albums s’est voilée du drap noir des réflexions. Dans son timbre, l’injustice, l’incompréhension, et la reconnaissance d’en être arrivé là où il est, sans même avoir eu à maquiller ce qu’il fut.

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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Mar 4 Mai - 11:52


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L’encadrement du lit qui soutenait leurs vertèbres poussait douloureusement contre les os, Misha et Amour se partageaient désormais l’étroitesse d’une aire entre le lit et la chaine hi-fi collée au mur, si près qu’elle pouvait flairer l’haleine alcoolisée et les arômes du tabac qui refroidissait sur les tissus du garçon. Cependant, rien ne lui semblait plus confortable que les désagréments infligés, dans cette pièce alors assez grande pour accueillir les carcasses pliées dans un coin. Elle, tolérait certainement cette promiscuité grâce à cette passivité exacerbée des fulgurantes résonances du joint et de la liqueur dans son estomac vide, sirotait pieusement son verre en faisant dévaler la pupille sur les caresses déposées contre le plastique d’artistes datés. Un rictus se déroulait sur les lèvres du gamin, elle l’entendait sans avoir besoin de redresser le menton pour s’y user la rétine, car les images salaces du passé ne lui exhortait pas la même allégresse à qui s’était habituée à tout faire passer à travers le filtre de l’ennui.

Misha lui contait des instants dérobés, dialoguait sur ses absences répétées qu’Amour se souvenait d’avoir maudites aux côtés de Vince. C’est qu’un lâcheur t’façon. Les mains fichues dans le fond de poches trouées, Amour frappait du bout de la semelle un cailloux, le projetant contre une benne en métal d’où s’échappait le bruit meurtri de la ferraille. Finalement, lasse d’attendre, elle finissait par hausser les épaules et rebroussait chemin près d’un Vince déblatérant, extatique, l’ordre du jour constitué de grands riens, mais qu’ils accompliraient ensemble pour dévier l’irascibilité d’une môme boudeuse. Ils retrouvaient le jeune russe le soir même ou le lendemain, son flegme galvanisé par les méfaits, l’aura d’un prince de la chaussée couverte d’ordures, tapissée de toxico en plein vol, tout autour de lui. Des rares sentiments qui  la remuaient, Amour se souvenait correctement du mépris qu’elle lui dévouait dans ces temps-là.

Le repenti continuait. Le verre était vide. Pour une fois, le silence était comblé par des gerbes de son discours à lui, qui prônait famille et travail en un idéal existentiel bien que foutrement ennuyeux. Amour sondait la faconde et comme il s’efforçait d’en amenuir la nostalgie d’un haussement d’épaule placide, se rappelait cette nuit chez elle où il lui avait confié ce que les masques étaient lourds à porter. La blonde a levé le regard, a cherché celui de l’homme. « On dirait qu’ça t’manque ou qu’tu regrettes », il pouvait voir comme il lui était opaque au froncement de ses sourcils. Sa parole pesait entre questionnement et une alluvion de reproches car Misha ne pouvait regretter d’avoir échappé au pire. « J’veux dire, t’as une famille maintenant, t’fais des études et t’as suffisamment d’fric pour pas crever d’ennui au même endroit ». Amour a soupiré, balancé sa tête en arrière sur les couvertures « j’sais même pas c’que tu fais encore dans cette ville pourrie, j’me serais barrée y a longtemps si j’avais eu la même chance que toi » ses doigts tendus dans le vide réclamait le restant du joint qu’elle portait à ses lèvres aussitôt intercepté, elle redressait la tête pour expirer. La cruauté de sa réalité l’avait toutefois empêché de s’imaginer au devant de paysages étrangers, à quel moment d’un guerre contre l’injustice sociale était-il permis de rêver? Et Amour qui sentait que Misha pouvait lui demander d’énumérer ses destinations, décidait d’en réchapper dignement. « J’ai la dalle, on bouge? »

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Message Sujet: Re: Jeux d'enfants (ft. Amour)   Jeux d'enfants (ft. Amour) Empty Lun 21 Juin - 23:43

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Amour & Misha

« La règle du jeu était de ne rien changer, et ce que l'on pouvait appeler taquinerie lorsque qu'on était gamin devait à présent s'appeler perversion. »
Misha a lâché le soupir de trop ; celui qui voile la lippe d’un drap de dépit et de courroux contre sa personne. Ce soir, c’est certain, il parle en excès. C’est pas bien son genre pourtant d’être volubile, de se laisser aller à la rêverie, à la réflexion sonore puis d’engoncer ses pensées dans des mots qui sonnent justes dotés un semblant de syntaxe pertinente. Sa nuque a rabroué comme un frisson lorsqu’il a saisi la moiteur du pathos et le dégoût pour ses propres remords. La nostalgie est vomitive, plus encore lorsqu’on se retrouve du bon côté de la barrière. A moins que ça ne soit l’excès de vodka lui tapissant le gosier qui lui donne des relents du genre pugnaces, une amertume sous la langue. « On dirait qu’ça t’manque ou qu’tu regrettes » Merde, elle a tout pigé. Amour, ça se voit à sa trogne de blondasse appétissante qu’elle joue parfois des clichés qu’elle renvoie. Du genre grognasse pas bien dégourdie et le cerveau en latence. Mais ce qu’elle ignore, c’est qu’elle percute bien plus vite que ce qu’elle avance. Le fac-similé de la stupidité semble être son kif, comme une recherche absolue de son paraître alors qu’elle a les synapses plus réactifs et moins étriqués qu’un speaker de chez Fox News. Preuve en est qu’elle insiste, la gamine. Avec cette pudeur exécrable, cette facilité qui pour une fois semble exaspérer Misha. C’est qu’il ne l’a jamais prise en grippe, pas même lorsqu’elle s’évertuait à le haïr, l’éconduire ni le mépriser. Il eut fallu lui ouvrir le crâne en deux, au ruskov, pour comprendre que ses sentiments à l’encontre de la jeune blonde l’aveuglaient à l’en rendre con. Toujours, il revenait. Parfois avec des années de retard, et il avait mis cet errement sur le compte de la ponctualité jamais bien respectée par ses us et coutumes. « j’sais même pas c’que tu fais encore dans cette ville pourrie, j’me serais barrée y a longtemps si j’avais eu la même chance que toi  » Les révélations font toujours ça ; enfoncer d’autres portes et éveiller les sens à d’autres solutions. Misha s’est figé sous l’axiome d’Amour, et tout son corps a fait le coup de la panne. Ses yeux bruns ont coulé sur elle et la pupille s’est dilatée soudain sous la prise de conscience ; partir et tout plaquer. Y a cette tension dans la nuque, les épaules, le regard, qui le rend à la fois glacial et bouleversant. Mais la môme n’y voit rien, et heureusement, s’efforce de lui demander le joint qu’il finit par lui tendre d’un geste lent et mesuré. Enfin, le mutisme s’est niché dans sa gorge, a creusé ce gouffre entre la lucidité et la réalité. Partir et devenir quelqu’un d’autre. C’est pas bien l’oseille qui lui manque ni ne lui impose les limites spatio-temporelles. Une fois encore, Misha a une chance de connard suintant par tous les pores de sa peau. ‘On bouge ?’

Amour a éclaté sa bulle léthargique et c’est drapé dans son mutisme que Misha s’est levé par approbation. La croupe endolorie lui rappelle le temps qu’ils ont passé à palabrer sur le sol nu, et lui a injecté les doutes quant à son appréhension du temps ; cela fait bien une heure qu'ils s'échangent des inepties et que leur tête à tête lui paraît être une éternité. Il l'a alors suivie au dehors, le regard un peu trouble et les sourcils formant l'arc de celui qui pense durement. "Comme les intellos têtes à claque", aurait piaffé Vince sans même saisir que la personne étant à l'origine de ces graines germées dans son esprit portait le nom d'Amour. Les mains plongées dans les poches et la démarche cotonneuse, Misha a beau affirmer que c’est l’alcool et la drogue douce qui le mettent dans cet état apathique, il ne peut nier l’implacabilité du bordel fracassant sa boite crânienne. ‘J’me serais barrée y a longtemps’, comme un mantra, ronronnant dans la caboche. Et ce n’est que lorsque l’odeur de friture ne l’extirpe de ses pensées qu’il daigne lever le nez et animer son regard d’un sursaut de réalité. Reprendre les vieilles habitudes et se voiler la face, assurer que tout va bien et que rien ni personne n’écale les fêlures tues. Misha a poussé d’une main ferme l’épaule de la blonde lorsqu’il a avisé la devanture du fast-food avant de s’y engouffrer d’un pas supposant l’appétence criarde pour la malbouffe.

« J’m’en charge. » qu’il lui a soufflé en l’invitant à aller prendre place pendant que son estomac s’affaire à la tâche de la commande. Et c’est ainsi qu’il a retrouvé Amour quelques minutes plus tard, le plateau à la main débordant de burgers graisseux et la mine soudain plus animée. C’est que ce nouveau projet de toute une vie lui a fichu la dalle. « J’emmerde ceux qui disent que Shake Shake c’est surcôté. C’est la base. » Il a planté ses crocs dans la bouffe avec bon appétit, comme un môme recouvrant les côtés funs d’une vie terne. Pour mieux visser le masque sur ses pensées et éviter les mouvements de l’âme. Eviter que Amour ne lise le vacarme dans sa pupille et le tapage sur ses traits tirés. Le stratagème aurait pu fonctionner si, une fois le burger englouti, Misha ne s’était pas de nouveau laissé au vide et à l’excitation de l’après ; s’il partait et qu’il ne la revoyait pas, alors voulait-il savoir : « Hey. Dis. » C’est rare qu’il la contemple ainsi. Avec autant d’intensité dans la pupille, comme un adieu dérisoire. Misha a recouvré un sérieux qu’on ne lui connaissait guère, et cela lui donne de suite des airs un peu trop solennels. « Ca t’ennuie si… On r’parle de ce qui s’est passé ? La nuit où j’ai braqué le flingue sur toi. » Le point de non-retour ou la loi de Godwin. La nuit où il avait balancé ses maigres chances aux ordures, entraînant dans sa connerie la houle des emmerdes à venir.

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