/ DIVERS.

(f) / Mélopée / 17 ans / En recherche d’elle même / célibataire / libre.
A minuit comme un mauvais conte, l’enfant fut trouvée assise à l’ombre d’un cul de sac, chaton apeuré, frissonnante de froid sous ses loques. Elle ressemblait bien à la petite marchande d’allumette, ses grands yeux ouverts sur le danger. Elle ne su rien dire quand Dante l’emmena chez lui, lui offrit une tasse de chocolat chaud enrobé de chantilly, elle n’osa pas la prendre de frayeur. Les marques sur ses bras, les marques sur son cou, les marques partout. Il prépara une chambre. Le lendemain l’emmena dans sa nouvelle maison. Émerveillée par la sécurité, par les longs couloirs de satin et puis cet endroit rien qu’à elle, elle s’installa. On tente bien de la faire parler pour qu’elle puisse raconter son histoire - mademoiselle semble assez bavarde, elle chante - mais, les mots pour témoigner ne viennent pas, se bloquent là, dans le creux du coeur. Mélopée, c’est comme cela qu’il l’a nommé le Morante, puisqu’elle ne connaissait même pas son prénom. 
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(m) / Cormac / 21 ans / première Scientifique / En couple libertin / libre.
Les mots interdits fusent dans les couloirs, l’on entend l’agressivité de jeune homme derrière les portes entrouvertes de la salle de classe. Aux professeurs il dit merde, aux adultes il dit merde, il dit merde à tout, à ce monde, à cette terre mais pourtant rit et se vautre dans un bonheur friable récemment retrouvé. Il travaillait dans les laboratoires où l’on fabriquait les drogues, amphétamines, et autres substances qui offrent les bons moments illusoires pour oublier la lourdeur d’une vie. Lui il était obligé, par ses frères puis sa mère qu’il aimait, péniblement puisqu’il devait bien se charger – mal – de l’éducation des chérubins qu’elle pondait une fois par an. Cormac c’est le type qui crache à la gueule avec ses mots violents, il ne connaît que ça, la menace, les insultes, parfois c’est même un langage affectif qu’il dit. Au lieu de dire je t’aime, il dit casse toi avec un sourire sur ses lèvres et son regard espiègle. Protecteur, il surveille passionnément les nouveaux, protège tous ces blessés entrant dans cet abri. Il a peur Cormac, tout le temps il a peur, le ventre grésille des paniques qui se transforment en énergie noire, il frappe les murs, il frappe les hommes, il frappe parce que ça aussi c’est tout ce qu’il connaît. Quelques fois il se montre plein d’autodérision, se définit comme un cliché du petit caïd alors qu’au fond, il a l’espoir de devenir un mec bien. Pour elle surtout.
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(m) / Gabriel / 25 ans / Allongé sur son lit / célibataire (pas le temps) / libre.
Voici l’ange qui sommeille, allongé sur son lit, les yeux rivés au plafond, son casque sur les oreilles pour échapper aux bruits de l’existence. Parfois c’est compliqué de les ignorer, ces bruits et ces personnages enfuis des histoires morbides, on vient le voir pour lui dire, que cette vie est belle maintenant mais il peine à le croire. Alors il reste allongé sur son canapé. Quelques fois, il traverse l’entrée pour aller se promener et ses camarades applaudissent, solidaires envers lui. Il comprend pas trop pourquoi on le comble d’amour puisqu’il n’a jamais eu de ce truc qu’on appelle affection, affection par-ci, affection par là, affection comme une maladie prend-il le plaisir de rétorquer. C’est une histoire de reconstruction a tendance à dire Cormac, le rejoignant et lui proposant un joint, sous les fenêtres et le froid de l’hiver. Ouais dit plutôt que c’est une deuxième prison, mais ça aussi c’est juste pour le plaisir de la contradiction. En réalité il est heureux d’être ici échappant enfin à la Romashka qui l’avait vu grandir. Lui il avait fui, la culpabilité dans le précipice de son coeur, c’est que les femmes on les traite pas comme ça. Les femmes on les respecte qu’il se disait. Il avait haussé les épaules, dépité, résigné, attendant la mort, qu’on me tue on s’en balance. Mais Dieu, apparemment, ce jour là, bâtit un chemin puisqu’il lui offrit l’idée d’un délit. Dante Morante ne l’envoya pas en prison, il l’envoya ici. Il a bien tenté de dire qu’il était lié pour la vie, mais le juge, dans un geste paternel lui dit qu’il ne se passerait rien, qu’il était en sécurité.
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(f) / Alice / 22 ans / En reconversion / célibataire / libre.
De son regard embrasé de peur, elle se recule toujours de trois pas. Une respiration loin des touchés qu’elle a trop reçu. Sur son corps des travers et des montagnes d’hématomes, des empruntes de doigts qui ne partiront pas et, dans le cerveau, des images obscènes, des paroles pornos. Alice ne parle jamais de ce qu’elle faisait, on le devine aisément par le ton de sa voix agressive, son corps qui se replie quand un homme s’avance vers elle. Misandre par effroi et non par haine, Alice connaît la partie sale de la domination masculine et n’en veut plus de cette domination. Elle a pas trop confiance en elle, un euphémisme pour dire que son narcissisme, celui qui permet de donner et d’aimer est morcelé dans un corps tout aussi fracassé. Elle était pas liée à un gang ou à des proxénètes de ce qu’elle dit, mais elle ment, consciente du danger des questions posées discrètement par Dante. Elle sait pas pourquoi elle protège ses bourreaux, élabore des déductions et des théories dans le bureau du psy. Puis oublie parce que c’est mieux d’oublier tout le mal pénétrant dans ses veines. Alors, comme Gabriel, parfois, elle s’assoit près de la fenêtre et n’en bouge plus. Seule Mélopée arrive à réveiller cette part de maternité, un état protecteur et ouvert aux autres. Elle n’est pas exempte d’humour noire et sait fédérer ses proches autour d’elle. Mais l’humeur s’égaie de noirceur, la revoilà presque léthargique, refusant toute proposition puisant dans les mouvements d’une vie quotidienne.
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