O Fortuna - Noah Oakley

Tu as changé Noah. Si on t'avais dit un jour que tu te ferais du soucis non pas pour une femme, mais deux, tu aurais éclaté de rire. Tu as la réputation d'être impitoyable, sans attache, volage, un véritable cœur de pierre au sens littéral du terme et pourtant tu es constamment entrain de t'inquiéter pour Lizzie depuis que vos chemins se sont croisés mais aussi pour Gabi. Même si votre relation n'était pas exclusive, du moins pour toi parce que tu n'as jamais rien voulu lui promettre, sachant pertinemment que tu ne pourrais pas tenir tes engagements, tu t'es sincèrement attaché à elle. Elle a été un refuge pour toi quand tu sombrais, tu as toujours su trouver du réconfort à ses côtés depuis que vous vous êtes retrouvés par hasard quelques années plus tôt. Elle était comme un phare dans la nuit jusqu'à ce qu'on tente de te faire accuser de meurtre et que tu rencontres cette jeune avocate qui t'as tiré d'affaire. Tu n'es pas fier d'avoir fait le mort pendant huit mois, aucun doute qu'elle doit te haïr et avoir envie de t'étriper. Il faut dire que tu connais le caractère de madame et que tu ne t'attends pas à ce qu'elle t'accueilles à bras ouverts. A vrai dire, tu comptais te faire discret et ne pas reprendre contact, laisser les choses se tasser, c'était sans doute mieux pour elle que tu te sois éloigné. Toujours cette même excuse que tu te rabâches sans cesse dès que c'est toi qui merde. Dans le fond, tu le penses, que tu es toxique pour les personnes à qui tu tiens. Tu attires les emmerdes, tu as de mauvaises fréquentations et ça se finit rarement bien. Tu préfères ne pas prendre de risques quitte à passer pour le dernier des salopards.

Sauf que la donne a changé quand tu as appris que Gabi s'était faite sévèrement agresser. Hors de question pour toi de rester de marbre face à cette nouvelle. Tu te retrouves vite face à un problème, Gabi est constamment accompagnée depuis et ça va être compliqué de te retrouver seul un instant avec elle. Ce jour là, tu suis sa voiture de loin et lorsqu'elle s'arrête devant une boutique de luxe tu esquisses un sourire. Tu réfléchis à toute vitesse et quelques minutes plus tard tu glisses un joli petit billet dans la veste d'un gosse du quartier pour qu'il aille jouer la comédie dans le magasin, histoire de distraire tout le monde pendant que madame Gunnerman est dans les cabines d'essayages. Tu te faufiles le plus discrètement possible alors que toute l'attention se focalise sur ce môme entrain de pleurer toutes les larmes de son cœur. Putain, c'est un bon ce petit. Tu retiens ta respiration quand tu arrives aux cabines, personne. Tu l'entends parler, te rendant compte qu'elle ne s'est pas aperçu de la pagaille dans le magasin, et tu t'approches lentement. Quand Gabi passe la tête hors du rideau, tu restes dans la pénombre avant de prendre la parole. Tu sais bien que tout te vas, tu seras sublime dans n'importe laquelle de ces robes. Tu t'avances pour qu'elle puisse enfin te voir, esquissant un sourire charmeur et réduisant la distance entre vous, te retrouvant devant la cabine. Ton visage se durcit lorsque tes yeux scrutent le sien, analysant les ecchymoses qu'elle cache avec son maquillage. Ton pouce vient se poser sur sa joue. Qui t'as fais ça ? Je sais je débarque comme ça, après huit mois de silence mais réponds moi s'il te plait