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 the parachute ending | joyss

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Message Sujet: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Dim 7 Mar - 16:16


◐ ◐ ◐
[ the parachute ending ]
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Dans une pièce bondée, au milieu des corps et des âmes qui se perdent, Adonis est seul. Il est rongé par cette terrible impression, celle de ne plus jamais pouvoir être plein. Plus les années passent et plus le vide s’agrandit, plus il gagne du terrain et aspire les rares parties qui restent de lui. Condamné à vivre le reste de sa vie sans sa plus belle moitié, il a été maudit avant même d’être né. Une sorcière aux visages multiples et informes s’est penchée au-dessus des astres la nuit où la première cellule de son Être est apparue. Elle a soufflé à l’oreille du destin des mots dans une langue inconnue, elle a formulé dans l’ombre de l'univers des incantations mauvaises et maléfiques, elle a déposé sur lui la marque indélébile du malheur. Adonis, prince du chaos, fils issu du mariage de la violence et de la colère. Anthea et lui ont cru pouvoir y échapper, ils ont pensé que les kilomètres et le continent laissés entre eux et l’horreur de leur enfance absoudraient leur destinée. Et, peut-être que pendant un temps cela a marché. Quoi qu'il en soit, Adonis y a cru lui. Le sourire d’Anthea a tout éclipsé pendant plusieurs années, il a rendu les cicatrices sur leurs corps de jeunes adultes moins visibles. Adonis a voulu croire que la lumière existait. Mais le maléfice n’a jamais été rompu, sa destinée n’a jamais été changée. Et la sorcière qui s’est penchée sur son berceau avant même qu’il ne soit né a décidé de le punir pour avoir cru être heureux. Sa sœur est morte entre ses mains, de sa main, et elle a laissé derrière elle un vide abyssal et une culpabilité monstrueuse.

Ce soir, comme tous les soirs où le vide prend le dessus, où la culpabilité domine et triomphe, Adonis s’enfonce dans la nuit. Il vient, en digne héritier du monde des ombres, régner sur les âmes dont la société ne veut pas, sur les paumés du destin. Il remplit le vide avec l’alcool, avec toutes les pilules, les cartons et les poudres qu'il trouve sur sa route. Il libère le monstre, et ferme les yeux un sourire sur les lèvres quand il s’avance, triomphant, sur le sentier de la folie. Adonis est arrivé dans la boite de nuit bondée sans se souvenir comment, il a perdu sa conscience quelque part sur la route qui l'a mené au club, entre le verre et la pilule de trop. Les lumières s’étalent sur les corps qui dansent tandis que lui, il reste tapi dans l’ombre, à l’écart des vivants, assis seul sur une banquette. Il regarde sans vraiment voir des visages inconnus, les paupières closes, offrir leur âme à la nuit. La musique résonne dans son crâne, le sang dans ses tempes tambourine sur le rythme des basses et sa mâchoire se crispe sous l’effet des amphétamines. Il rumine sa défonce, se déchiquète un peu l’intérieur des joues, accueille avec un sourire tordu sur les lèvres l’annonce de son futur naufrage.

Et c’est là, au milieu des inconnus qui se balancent en rythme qu’il la voit. Tess. La meilleure amie d’Anthea, jeune femme qu’ils ont pourtant laissée à Manchester derrière eux vingt ans plus tôt. C’est la première fois que ce fantôme lui rend visite. Car elle ne peut pas être autre chose qu’une nouvelle manifestation de cet esprit qui ne tourne plus rond ; elle est obligatoirement un fantôme de ce passé qui reprend forme la nuit tombée. Autrement, comment pourrait-elle être ici à New-York ? Comment son corps de gamine pourrait-il avoir été épargné par les ravages du temps qui passe ? Adonis se lève, tangue alors qu’il traîne son corps enivré vers ce fantôme qu’il veut attraper. Généralement, il n’approche pas ces apparitions, il se contente de les détailler, les observer de loin, mais ce soir il n'en peut plus. Il veut savoir, où elle est. Anthea, qu’est-ce que tu fous ? Ça fait des semaines que je t’attends, et ce n’est jamais toi qui viens. Il va bien falloir que tu te décides un jour ou l’autre à me dire clairement ce que tu attends de moi. Il se glisse difficilement entre les corps, ralenti par le mélange explosif qui coule dans ses veines, il avance dans la souffrance à la manière d’un nouveau-né qui cherche son chemin hors de l’utérus de sa mère. Et quand il arrive enfin à s’extirper de la foule qui danse, qu’il arrive au niveau de cette apparition, qu’il tend sa main moite vers son bras, il arrive à l’attraper. Merde, je commence vraiment à perdre pied Anthé. Son regard est noir, ses pupilles dilatées à l'extrême. Il sent sa propre folie s’incarner sous sa main. « Fuckin’ hell Tess, elle est où ?! »  Ses doigts maculés de peinture serrent le bras frêle de la jeune femme. Et bien qu’il soit à quelques centimètres, il ne voit pas la réalité de celle qui se dresse devant lui, aveuglé par la drogue et par le manque de cette soeur partie trop tôt.


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Message Sujet: Re: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Lun 8 Mar - 12:30


the parachute ending

La gêne épouse le visage d’une Joyss qui n’a rien à foutre dans les alcôves grisâtres de chiottes d’une boite de nuit empestant la crasse laissé par l’être humain derrière lui, qu’il soit femme ou homme, elle s’est toujours fait la réflexion passagère que la propreté n’est pas non plus alignée à la femme elle-même, dédaignant de son regard trop clair les femmes qui passent, qui rient, qui basculent sur leurs pointes danseuses ivres et défoncées. Elle s’empêche de mirer le couple même qui s’engonce dans une cabine, un tic nerveux agitant son visage pâle et presque jaune sous les néons des toilettes au-dessus des grands miroirs rayés et crasseux qui lui font face. Elle se voit, khôl sous les yeux, encore maquillée comme la plus belle des putain pour charmer les hommes, ses lèvres pourpres empestant le péché, quelques verres ayant suffit à la rendre un peu déséquilibrée. Elle observe Dixiana, sa face pleine d’euphorie, son carton bien enroulé et s’enfilant une ligne de plus au bord d’un lavabo aussi sale que le reste. Joyss ne peut rien dire, garde les lèvres closes, refusant pour la énième fois la proposition désagréable de ce poison qui lui donne l’envie de gerber ici-même. Les gémissements du couple venant d’entrer font office de musique tandis que tambourine les basses de la musique passant dans la fosse non loin d’elles. Elle, femme de luxure, ne l’ayant découvert que depuis quelques temps, se voient rougir sous les échos peu sibyllins des plaintes de la femme et de l’homme s’alliant contre une vielle porte de toilette. Rien de romantique, rien de beau, rien qui ne puisse lui donner une quelconque envie. « T’en fais une sale gueule. » Dixiana la sort de la contemplation de voyeur fixant les chevilles qu’elle perçoit de sous la porte qui fait entendre ses tiraillements à chaque à-coups d’une étreinte lui en rappelant une autre. Dixiana, les pupilles dilatées comme jamais, s’élève, rit d’un rien sans qu’elle ne comprenne pourquoi, sa force décuplée alors qu’elle enroule son bras autour de ses épaules « T’entends ça ? C’est pas l’meilleur des endroits pour baiser mais … si tu choisis bien ton coup, j’te jure que tu peux t’éclater. » Un baiser sur sa joue, tendre et presque maternelle achève cette diatribe qui a réussi à empourprer bien davantage le visage de celle qui courtisait peu de temps auparavant les hommes eux-mêmes, ayant vu bien des parties intimes se dévoiler pour elle sans jamais les toucher. Elle n’en veut pas, elle n’en réclame pas. Oscillant entre nausée, fatigue et un brin de fascination pour ce monde qu’elle explore, elle se laisse entrainer hors du monde où le stupre vite fait et mal fait accable les corps.

Pour la énième fois, elle rabaisse l’ourlet d’une robe de soie moirée lui collant trop au corps, dévoilant bien plus qu’elle ne le voudrait et ses boucles sombres sursautent à chaque pas que la poussent à faire Dixiana, prisonnière de sa main, l’entendant chanter, hurler, rire aux éclats, observant ce que l’énième chemin de poudreuse a fait d’elle, la menant à bon port au pays d’un bonheur qu’elle ne veut pas explorer, restant avec sa mélancolie, son sérieux parfois ennuyant, elle le sait mais se refuse à faire plus que s’enivrer. La tête lui tourne et elle aimerait dire à son amie et compagne de nuit d’aller moins vite, de ne pas la bousculer davantage, tamponnant les épaules de certains passants dans l’étroit couloir sombre et plus elles avancent, plus la musique se fait tonitruante, le genre de musique sans aucun sens qui donne simplement l’envie d’ondoyer dans la fosse, un verre à la main, une clope entre les lèvres, de s’abandonner à l’euphorie. Elle aimerait oser danser, oser comme toutes ces filles qu’elle voit entraîner les autres dans des mouvements sporadiques, peut-être même pas ivres, simplement heureuses d’être ici. A un seul moment, elle se voit arracher à la poigne de Dixiana dont les ongles ripent trop fort sur son poignet, laissant échapper une légère plainte d’entre les lèvres pourpres d’une Joyss qui perd alors le lapin blanc qui s’enfonce loin d’elle, bousculée par une silhouette. Prête à s’excuser, elle voit le regard de rapace qui la mire, le sourire goguenard, l’œillade vers ce que dévoile son décolleté plongeant où s’esquisse un tatouage bien discret, une envie soudaine, une provocation pour celui à qui elle appartient malgré elle. Nauséeuse mais ivre, elle recule, tangue, bouscule d’autres corps et la panique s’infiltre dans ses veines, dans ce corps emporté par la foule dansante, dans le navire de la nuit où la lumière agresse ses pupilles noirâtres qui se transforment en têtes d’épingles, l’envie de régurgiter l’énième vodka-orange commandé se faisant pressante. Elle espère ne pas faire l’erreur de tacher qui que ce soit de la bile qui lui brûle la gorge. Les larmes manquent de lui monter aux yeux alors qu’elle supplierait presque n’importe qui, présence rassurante, d’apparaître pour la sortir de là, balbutiant des « Pardon. » qui ne font évidemment pas entendre. La douceur de la nuit s’éloigne pour l’emphase d’une grande élancée bancale dans les coups de trois heures du matin où tout devient plus noir et plus obscur encore qu’avant, où les corps se déshabillent de leur dignité, où on oublie la solitude pour certains, où on la noie pour d’autres.

Et alors elle sent l’agression d’une main s’enrouler, serpent moite, autour de son bras. Elle esquisse un sourire, prête à faire face à Dixiana l’ayant enfin retrouver pour perdre toute sa joie. Elle fond, elle se couche comme le soleil un jour se coucha sur la plage, derrière l’océan. Et Sahel n’est pas là pour la protéger du noir, et Sahel ne viendra pas embrasser ni sa joue, ni ses mains, ni son cou pour l’empêcher de penser à sa peur du noir. Et Cez ou Gregor, qu’importent, tous les hommes qui ont hantés sa vie ne pourraient la sauver de celui qui lui fait face. Pleine d’alcool, elle reconnait sans mal les traits d’Adonis, le cœur serré et dans un réflexe idiot, elle cherche dans la foule l’image de Sahel, entrouvrant les lèvres sur un souffle erratique. Mais la poigne qui serre son bras l’engourdit et elle tente de se libérer avant que sa cheville ne manque de se tordre de l’intérieur sur ses escarpins qui font de ses pieds des plantes écorchées et sa robe remonte davantage sur ses cuisses, sur les courbes de ses reins dévoilant presque l’humble coton noir qui s’y cache dessous. Mais la honte ne vient pas et elle se fige face au cri que l’artiste lui jette soudainement en pleine face. Tess ? Cillant face à cette appellation, elle secoue la tête, se disant que son nom n’a pas été retenue, qu’elle fait partie de ces gens dont on oublie facilement et l’existence et le prénom, qu’avec Sahel ça n’aura pas duré assez longtemps pour que son ami ne retienne celui d’une simple ex, parmi d’autres peut-être. « Je … J’sais pas où elle est. J’vois pas d’qui tu parles ! » Elle s’exclame pour se faire entendre, la voix pourtant hésitante, l’alcool rongeant ses veines. Elle observe sa mine, y voit là les marques de la défonce et d’une certaine folie, se rappelant la sécheresse de son ton lorsqu’elle osa poser trop de questions. « Lâche moi. » ordonne-t-elle alors de son ton grinçant, Rosa se montrant au plus bon des moments, le regard un peu plus noir, tentant de s’écarter de cette main maquillée de peinture et elle se fige. Elle se fige, revoyant les phalanges de Sahel parfois encore pleine de la terre sculptée et elle se laisse alors emporter par l’idiote de déposer sa main sur celle qui l’entoure. « Où il est ? Tu sais où il est ? » Et s’entame le labyrinthe des questions qui répondant par d’autres, s’avançant comme une aliénée vers lui, esquissant un sourire hésitant, la fille entichée, bête, idiote mais plus pure levant son visage vers la longiligne silhouette « Il est où, Adonis ? »

Car moi je me souviens au moins de ton nom,
Car moi je ne pourrais pas oublier le matin où il nous laissa tous les deux,
Car moi je n’ai rien oublié de cette maigre période où j’ai cru pouvoir être heureuse.
 


(c) corvidae
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Message Sujet: Re: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Lun 8 Mar - 18:56


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Ses mains moites s’appuient sur des épaules dont il ne connait pas les propriétaires, son visage se frotte à des bras transpirants et inconnus qui s’agitent sur des basses assourdissantes. Adonis avance dans une marée humaine qui ne veut pas de lui, au milieu de corps qui entravent sa route vers le passé. Par moment, il a l’impression que le sol se dérobe sous ses pieds alors qu’il ne s’agit que de l’abandon de son corps face à l’effort. Il avance, dans la souffrance, il rampe vers ce fantôme dont il ne voit plus le visage à présent. Et même si c’est dur, même s’il n’est pas sûr de vaincre la difficulté, Adonis continue d’avancer. Il s’enfonce dans la nuit, plonge la tête la première dans le gouffre d’une folie qui ne lui fait plus peur. Animé pas ce besoin viscéral de savoir, de toucher le passé du bout du doigt, de poser les questions lui rongent le cœur. Les lumières se mélangent aux ombres, les corps inconnus se cognent contre le sien, et c’est quand il pense qu’il n’y arrivera pas, quand l’air commence à manquer qu’il est expulsé par la marée humaine et qu’il s’échoue sur la rive hallucinée.

Les doigts tendus vers elle, Adonis s’attend à ce qu’ils se referment sur de la poussière, il n’est pas sûr de parvenir à saisir l’insaisissable. Et pourtant, sous ses doigts il sent maintenant sa peau. Chaude et légèrement humide est l’apparition qui est venue visiter sa nuit. Son regard ahuri se dépose sur le visage de la gamine-mirage. Elle a toujours le même noir sous les yeux, la même robe trop courte et les même cheveux ébènes qui aspirent les joies et les transforment en supplices. Tess. Ça fait vingt ans qu’il ne l’avait pas vu. Laissée derrière eux dans la brume anglaise, elle était pourtant la seule vers qui Anthea se tournait parfois, quand Adonis ne pouvait pas répondre aux questions de la jeune fille qui devenait femme. Elle était à l’école avec eux et n’a jamais disparu du paysage jusqu’à ce que les jumeaux, eux, se volatilisent sans laisser de trace. Pourquoi elle et pas toi ? L’esprit drogué d’Adonis tourne en boucle, il fume devant cette apparition qu’il sait sortir tout droit de son esprit malade. Et il est en colère. En colère contre sa sœur de rester cachée dans les ombres de sa folie, en colère contre lui-même pour lui donner envie de rester loin de lui. Et dans cette frénésie dantesque, il ne voit pas que sous ses doigts il ne s’agit ni d’un mirage, ni de cette amie laissée derrière lui il y a vingt ans, il ne se rend pas compte qu’il s’agit en réalité d’une autre gamine qui a croisé sa route quelques mois plus tôt. Et c'est peut-être parce que de cette réalité, il n'en veut tout simplement pas.

L’agitation ne faiblit pas autour d’eux mais Adonis ne voit plus rien si ce n'est elle. Le visage du brun est crispé par la drogue, et son regard est noir, profond, il donne l’impression de pouvoir éteindre les lumières qui s’agitent autour d’eux. Il sent la gamine-mirage se débattre, mais il ne relâche pas son emprise. Maintenant qu’il tient le spectre entre ses mains, il ne compte pas le laisser s’évaporer, pas sans lui avoir poser les questions qui lui détruisent le myocarde. Elle agite son visage d’enfant à la négative mais il n’acceptera pas qu’elle se défile. « Joue pas à la conne Tess! T’as toujours su où elle se cachait quand elle était pas avec moi. » Il perd le cours de la raison, avance les yeux bandés tel un funambule sur le fil tendu de la rage. Cette rage terrible qui n'a plus jamais quitté son cœur depuis qu’Anthea est partie, depuis qu’elle a rendu sous dernier souffle entre ses doigts. Il répand son ombre sur le regard de celle qui ne voit pas vraiment, la colère et la douleur lui dégoulinent par tous les pores. Et face à sa démence, la jeune femme lui montre les dents, lui ordonne de la lâcher. Il sent à peine ses doigts se poser sur les siens qui se figent sur sa chair comme du béton armé. Le temps d’un instant Adonis se pétrifie dans le marbre de sa peau blafarde, qui transpire la drogue et l’alcool, à la manière d’une des Trois Ombres de La Porte de l'Enfer.

Elle lui pose des questions qu’il ne comprend pas. La chimère s’avance alors, lui sourit faiblement, répète les mots qui ne font pas sens. « De qui tu parles ?! » Il resserre un peu plus son emprise, et induit le corps de la jeune femme à reculer jusqu’à qu’il se confronte à un mur. L'attirant ainsi un peu plus loin des âmes qui se désarticulent sur une musique assourdissante que le peintre n’entend  plus. « Tu parles de notre connard de père ?! » Emporté par la colère et intoxiqué par la drogue, le corps d’Adonis se raidit, sa mâchoire claque. « Lui aussi il vient me casser les couilles, et notre camée d'mère vient me fixer pendant des plombes, mais elle, elle est où ? elle veut que j'me foute en l'air c'est ça ? »  Sa main encore libre se resserre, et le poing qu’elle vient de former vient se fracasser contre le mur, tout près du visage de la gamine. « Dis-moi où est ma sœur ! » Et quand cette supplique sort de son cœur, elle lui arrache les tripes au passage, elle sort de sa bouche dans un fracas où la douleur retentit bruyamment dans chacune des octaves de sa voix.

Le corps présent, le regard absent.
Vivant, mais déjà mort depuis longtemps.




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Message Sujet: Re: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Mar 9 Mar - 23:18


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Désastre nocturne. La haine foudroie la peau et les iris qui se croisent quand les autres vivent ou survivent, quand les âmes se dépeignent dans un capharnaüm de couleurs qu’elle ignore subitement. Adonis la ramène à une belle époque, celle où tout allait trop bien, celle qui laissait à penser que les choses tourneraient mal trouveraient leur cheminement dans la terre fraîche d’un amour naissant, elle y croyait comme les pieux croient en leur Seigneur, elle y croyait comme une gosse croit à tout ce qu’on lui dit, tout ce qu’on lui confit, elle croyait aux « Je t’aime » qui n’osaient pas sortir et demeurait muette face aux grands yeux de Sahel la mirant, l’admirant même pour ne laisser d’elle qu’une silhouette muette et timide, que la rosée des jours heureux sur leurs lèvres liées. Elle l’aimait et l’a perdu dans une grande foule, dans la grande masse d’un New-York où la guerre fait rage, où le sang éclabousse les murs, où rien n’est juste, où elle tapine comme la pire des putain, où elle se fait désirer, où elle perdit le voile de sa virginité auprès du mauvais homme. Elle n’a jamais su ce qu’elle voulait réellement et ne saurait répondre à la question fatidique « Êtes-vous satisfaite de votre vie ? » Un « Oui » devrait sortir car chassé par les yeux sombres de celui qui l’a recueilli, elle ne pourrait cracher sur les bras qu’il lui offrit, elle ne devrait que sourire et rire malgré la déception quand elle comprit l’horreur dans laquelle il l’emmena. D’un Enfer à un autre et un autre encore, dans ces terres arides, dans ce désert où l’errance n’en finissait plus, elle trouva Sahel, dans cette époque où celui qu’elle voulait disparu, elle trouva son oasis qu’elle bu jusqu’à la lie, jusqu’à ce qu’il ne reste que le bruit tonitruant de cette porte claquée un soir, ses larmes incessantes, sa rage gravitant dans sa poitrine ensevelie sous le chagrin des sens. Elle en pleura jusqu’à se vider dans un coin de son lit, jusqu’à se faire porter pâle plusieurs jours, incapable de s’élever. Et dire que sa rencontre avec Adonis n’était parvenue que quelques temps avant la fin de son temps, avant la fin de sa première union, la seule qu’elle pourrait décompter, d’une pureté inégale.

Loin, si loin de la gangrène de la drogue qu’elle voit sur le gracieux visage du grand homme qui la surplombe, faucheuse parée de sa noirceur, de sa colère, de sa rudesse et elle siffle entre ses dents comme pour le chasser avant que tous deux ne tombent dans les abîmes d’un piège étrange. Un instant, un bref instant, elle croit que dans la foule Sahel se dissimule, qu’il pourrait venir la libérer de la main qui étrangle son bras à en engourdir jusqu’au bout de ses doigts. La panique s’infiltre dans la cage thoracique pour torturer les moindres organes qui songent à mourir sur place, se flétrir comme des orchidées au soleil pour ne rien laisser d’elle et s’évanouir sous ses doigts, comme le mirage qu’il décrit d’elle « Tess ? » Elle murmure cette fois, impossible d’entendre davantage sa voix brisée, son regard posé sur lui parlant pour elle, questionnant sa folie mais la folie ne répond que par l’aliénation car ce sont bien deux fous qui s’affrontent, l’une cachant mieux sa maladie que la sienne. Elle tente de s’échapper, se faire fantôme avant que le désir ne ronge son ventre. Pas celui qui donne l’envie de s’étendre face à un corps et de donner l’amour mais celui plus sauvage et terrible de retrouver quelqu’un qu’on sait si loin de nous. Un mirage, le sien. La respiration altérée, elle espère l’amour éthéré dans la foule pleine de disgrâce, elle le voudrait à ses côtés, sentir sur lui la terre et son parfum, glisser dans ses cheveux ses doigts parfois tremblants et timides, trouver son cœur qu’elle écoutait sans jamais cesser de se surprendre de sa présence. Adonis pourra la mener à lui. Et elle espère, pauvre idiote, ne s’attend pas au cri qui fane sa maigre joie, l’alcool la poussant à trébucher sur ses hauts talons alors qu’il la repousse et lorsque son dos percute le mur, que ses omoplates découvertes s’irritent contre la surface sombre où parfois se peignent les couleurs vivent des néons qui tournoient dans la salle, elle écarquille les yeux, hait les cris, hait la moindre inflexion qui monte, hait le bruit et les tempêtes venant de la voix. Ses ongles se plantent dans sa main alors, comme un élan de défense, comme si la peur se faisait surpasser par la rage, par cette envie irrépressible de le voir disparaître. Lui qui n’est rien. Lui qui n’a aucun droit de la toucher là où Sahel est un jour passé.

Qui es-tu pour oser me baver ta colère sur le visage ?
Qui es-tu pour éructé sur moi tes mauvais présages ?


Et il ne verra pas changer les iris, ni les tremblements devenir ceux du vice. Oh elle répondra à l’ignare qui semble avoir abusé des toncar menant au paradis, il semble être perdu, cherchant son son lapin blanc et lorsqu’il la secoue, lorsqu’il élève son poing, elle pense alors que la fin est venue, se sent incapable de bouger face à la violence qui s’abat près de son visage, frôlant sa joue, faisant voleter ses cheveux contre sa joue poudrée, lèvres entrouvertes. Le cri terrible lui arrache le ventre et elle découvre le miroir ignoble de l’enfant qu’elle fut, qui hurla de vouloir voir sa mère, pourtant coupable de l’avoir délesté de son innocence, pourtant coupable de bien des maux, hurlant pour sortir du paysage gris, vert sale dans lequel on l’avait enfermé. C’est ainsi que s’effondrent les larmes acides sur les joues maquillées. Elle n’a rien senti venir, la digue se voit briser par le poing qui est venu s’abattre tout près d’elle et le temps se fige, devient un rien qui ne compte plus. Elle soupire, le hait de la ramener à ce qu’elle ne voulait plus voir, ni savoir, le hait de la tirer vers des horizons qu’elle avait fuie depuis longtemps. Elle ne veut pas y revenir, elle ne veut plus entendre les cris de sa mère, ses murmures d’aigle noir posant son bec contre son cou, promettant qu’elle la protégerait de tout quand elle détruisit quelque chose en elle, à tout jamais et que rien ne pourrait recoudre. « Oh … » Un soupir, Joyss s’efface et se fane comme elle le voulait tant, Rosa s’évase et s’ouvre, jolie fleur aux épines tranchantes, glisse vers lui un regard hanté par l’indifférence alors même que les larmes déteignent sur ses joues d’enfant peu sage. Si Sahel la voyait ainsi, il ne l’aimerait définitivement plus. Il ne l’a peut-être jamais vraiment aimé. Peut-être était-elle une belle passade ? Comme pour sa mère. Comme pour tous. « Elle est pas là. Mais je sais peut-être où elle se cache. » Elle regrettera d’avoir osé lui dire ça, de sourire de cet air qui veut courtiser sans aller plus loin, élevant sa main pour saisir le poignet du poing qui a dû se blesser. « Tu as toujours été trop violent, Ado. Tu devrais t’calmer. Je n’aime pas quand tu t’fais mal … » Sa voix tremble, grignotée par une peine qui est dû à cette trahison qu’elle lui offre, à ce cadeau plein de fiel, à cette vengeance gratuite, à cette envie de voir l’autre souffrir pour oublier sa peine. Plus le temps passe et plus il emporte avec lui les débris de son innocence, pureté chérie, pureté détruite. D’un pas, elle s’avance, sourit au travers de ses larmes qui n’ont rien d’une mauvaise comédie dans la lueur de cette nuit où ils sont emprisonnés dans les murs où la chaleur les faits suer, où l’odeur des corps se mêlent aux parfums chers ou moins chers, où l’alcool la pousse à la pire des conneries. A ce qui demeurera un poids qu’elle se traînera encore longtemps. « Elle est pas loin, tu sais ? Elle est pas loin. Mais moi ... »

Elle ignore qui est Tess, elle ignore même le nom de cette sœur qu’il cherche. Elle voit seulement ses yeux qui ne voient que ce qu’ils veulent bien voir, elle perçoit seulement cette douleur qu’elle prend contre sa poitrine comme son poing qu’elle mène tout près des monts des seins qu’il ne pourra toucher car elle n’est pas un fruit à mordre ce soir, pas pour lui, jamais, le forçant à étendre sa paume, à délier ses phalanges blessées là où se débat son cœur qui se noie dans la détresse de la nuit. « Tu sens pas, Ado ? Tu sens pas comme j’suis vivante ? Arrête d'jour au con et peut-être que je t'en dirai plus. J'donne jamais rien sans rien en échange, tu le sais. »

Je n’attendrai pas demain pour me vomir de te tromper ainsi,
Je n’attendrai pas demain pour trouver ma vengeance là où je ne devrais pas la trouver,
Je n’attendrai pas demain pour m’enfoncer, un peu plus, dans cette gangue dont on sortira pas.
Je n’attendrai pas demain car demain, pour l’instant, n’existe même pas.
C’est maintenant qu’il faut souffrir,
C’est maintenant qu’il faut s’aimer ou se haïr,
C’est maintenant qu’il tromper et trahir,
C’est maintenant que tu vas périr, Adonis.
 


(c) corvidae
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Message Sujet: Re: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Sam 13 Mar - 10:40


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Le monde s’agite et les pensées s’entrechoquent. Pris dans un tourbillon fou et insensé Adonis choisit la voie de l’irraison, le chemin du danger. Il s’est dirigé à grands pas vers une apparition de ce passé maudit, de cette enfance détruite qu’il n’ose même plus murmurer depuis qu’Anthea est partie. Un fantôme de cette vie entre les mains, il abandonne la réalité, ne cherche pas à la retenir, accepte d’enclencher son propre naufrage. Car il le sait, parler à cette sirène sortie des eaux mouvantes de ses songes ne le libérera pas de sa sentence, elle ne fera que l’entraîner un peu plus loin sur la marée noire et enfoncera très certainement sa tête sous l’eau. Mais si cette noyade est synonyme de retrouvailles avec sa sœur, Adonis ne prendra pas le risque de se débattre et de survivre à cette rencontre. Le mirage lui, semble vouloir lui échapper, ne semble pas accueillir l’intervention du peintre dans sa danse comme un bon présage. Pourtant, n’est-il pas là pour lui ? N’est-il pas ici pour lui souffler les mots pour détruire sa vie ? Alors, Il la regarde et lui pose la question, celle qu’il se répète depuis si longtemps qu’elle ne veut presque plus rien dire.

Anthea, où est-u ? pourquoi n’es-tu pas là ? J’espère au fond de moi que tu puisses me pardonner pour tout ce que je t’ai fait, pour la manière dont je t’ai poussée à me quitter. Tu sais, rien n'a changé, je t’appartiens toujours et te suis toujours dévoué. Mais plus personne ne prononce ton prénom pour faire chanter ma voix, ton rire ne vient plus rebondir sur les murs et atterrir dans mon cœur, et la lumière de ton sourire est devenue une légende au milieu de la nuit. Je me souviens encore du soleil qui dansait dans tes cheveux et de la malice qui courrait sur ta langue, enfant du soleil née sous l’ombre de la lune, tu méritais bien mieux que moi pour seul rempart entre le monde et toi. J’aimerais te dire à quel point je suis désolé pour tout ce que je t’ai fait, désolé de ne pas avoir réussi à te protéger, désolé d’être celui qui t’a éteinte à tout jamais. S’il-te-plait Anthea, laisse-la me guider jusqu’à toi.

La colère et la douleur se mélangent et s’incarnent dans son poing, se fracassent contre un mur humide baptisé par la condensation à l’ADN inconnue. Sa voix perce les basses, se fraye un chemin au milieu de la musique. Terrible supplique d’un homme qui a tout perdu et aimerait tout retrouver, qui supplie d’être pardonné. Et le fantôme se met à pleurer, sans qu’Adonis ne parvienne à le voir, aveuglé par la douleur, embrumé par la rage. Au milieu des larmes, lui tout ce qu’il voit ce sont ses lèvres qui s’étirent, tout ce qu’il entend ce sont mots qu’elle prononce. Je sais peut-être où elle se cache. Et soudain l’air qui lui manquait se fraye à nouveau un chemin jusqu’à ses poumons et au milieu du chaos jaillit l’espoir. Sans qu’Adonis ne parvienne à déceler la lueur du mensonge et de la trahison. Il se raidit, se fige à l’entente de cette révélation. Ses yeux se perdent dans ceux du mirage, il s’accroche à cette illusion qu’il croit y voir. Et quand elle saisit le poignet de sa main ensanglantée, qu’elle prononce des mots bienveillants, qu’elle lui souffle de se calmer, il redevient le gamin brisé qu’il n’a jamais vraiment cessé d’être mais que le peintre en colère fait taire, qu’il dissimule pour mieux le protéger. « J’en peux plus Tess, c’est trop dur sans elle. »  L’expression d’une douleur soufflée qu’elle n’entendra peut-être pas mais qu’il confie à cette amie du passé qu’il pense avoir retrouvée.

Elle s’approche, saisit sa main abîmée et la glisse près de son cœur. Et là, derrière sa peau tendre et chaude, il perçoit les battements d’un cœur qui s’agite. Il perçoit le rythme cardiaque de sa propre folie qui résonne au milieu de ce corps pourtant halluciné. Et il y croit, il croit de plus en plus à la possibilité de peut-être obtenir les réponses qu’il cherche, de peut-être pouvoir enfin revoir celle sans qui il ne reste plus rien de lui. Alors quand Tess lui dit d’arrêter, sous-entend qu’il devra lui donner pour recevoir Adonis abandonne définitivement la réalité. Il prend ses petites mains dans les siennes, les apporte à ses lèvres et supplie : « Il faut que t’me dises où elle est, j’ferai tout ce que tu veux, tout ce qu’il faut, mais laisse-moi lui parler, il faut que j’lui dise que j’ai jamais voulu la tuer. »  Les larmes bouffent ses pupilles dilatées par la drogue, il est prêt à tout lui donner de lui pour qu’elle le guide au milieu de la nuit, qu’elle lui montre le chemin pour retrouve celle qui semble pourtant plus vouloir de lui. Il l’attire au milieu des corps, il veut entendre ce qu’elle a à lui dire et l’agitation qui règne autour d’eux n’est pas propice à ce genre d’échange. Arrivés maintenant dans un couloir, où des gens passent sans les voir, où les basses résonnent encore mais ne sont plus que l'écho timide de ce qu’elles sont vraiment, il lui fait à nouveau face. « Dis-moi ce qu’il faut que je fasse Tess, je le ferai. »  Adonis est déterminé, animé par le besoin viscéral et maladif de retrouver l’introuvable, d’enlacer à nouveau l’insaisissable. « J’te fais confiance, t’as toujours été là quand on en avait besoin, alors j’t’écoute. »  Ses yeux dans les siens, il se rappelle de tous ses souvenirs qui les unissent et de cette place unique qu’elle a longtemps occupé dans leur vie. Elle est la seule qui pourra savoir, car il est sûr qu’Anthea se cache de tous les autres fantômes qui viennent le visiter la nuit, que les monstres ne pourront jamais lui dire où la trouver.

Je suis prêt à devenir l’esclave de ma folie,
Je suis prêt à me faire servant de la nuit,
Si on me donne le droit de revoir ton sourire,
Si on m’accorde une dernière fois la mélodie de ton rire.


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Message Sujet: Re: the parachute ending | joyss   the parachute ending | joyss Empty Dim 16 Mai - 13:54


the parachute ending

A quoi joues-tu ?
Rosa ou Joyss, qui es-tu réellement ?
Putain ou puritaine ?
Pure ou manipulatrice ?
Veuve noire ou blanche colombe ?


Sous les néons les yeux s’assombrissent sous le khôl qui pourrait s’écouler de ses joues, voir fondre la cire de son masque d’infortunée putain qui déambule dans la foule sur ses aiguilles qui manqueraient de lui tordre les os au moindre aux pas. Elle craint plus que tout le regard sombre dans lequel elle se noie mais n’y voit là, au fond, que ce besoin viscérale d’être guidé vers l’aimé qui s’est alors échappé de sa vie. Elle est banale, Joyss quand Rosa est une fille facile et peu fragile, quand elle porte une armure, comme sa folle de mère qui ne cessait de déposer son tendre bec d’aigle noir au creux de son cou pour chercher le rubis précieux de sa vierge enfant. Dépucelée par l’incestueuse marâtre, elle s’est vu tournoyer dans les méandres d’un cauchemar dont elle peine encore à sortir. La nausée lui vient alors qu’elle voit en Adonis le moyen, ignoble et cruel, injuste même, de venger sa peine. Sahel lui fut arraché et depuis elle ne fait que semblant de rire et d’apprécier la vie, tout a un goût d’amertume, comme on croquerait dans un fruit pourri au jus purulent s’écoulant sur le menton comme les larmes des clients qui se dissipent sur sa langue étendue. Elle a la bouche souillée de la semence des pauvres hommes qui pensent avoir le pouvoir sur elle lorsqu’elle s’agenouille et qui voudrait d’elle alors, surtout Sahel, surtout lui. Et même Adonis alors ne pourrait supporter de toucher une putain comme elle s’il savait.

Secouée dans tous les sens, elle oscille et gravit les échelons d’une pure folie en lui promettant qu’elle est son mirage, qu’elle vit là, sous la poitrine dévoilée, le voit chavirer comme un bateau déjà troué emporté par les flots d’émotions qui font écho aux siennes. Ses larmes manquent de dégringoler sur la douceur de ses joues pleine d’un blush qui fait pourtant trop ressortir sa pâleur car elle en devient malade de lui faire croire à l’ineptie d’une chose dont elle n’a aucune idée. Tess n’est personne pour elle, qu’un autre masque enfilé comme pour ne pas être Joyss ce soir, comme pour ne pas être la faiblarde qui chiale à tous les coins après les passes difficiles, qui s’engoncent dans les plus étroits chemins de passions aux côtés d’amants veules qui transpirent contre sa peau quand ils osent aller plus loin que quelques caresses. Elle détourne la tête lorsqu’ils veulent déposer leurs lèvres sur sa bouche, pour les laisser lécher le cou où les nuées de parfum se sont déposés. Alors il grimace et elle voudrait sourire de les empoisonner au moins à quelque chose, dahlia noir. Aussi noir qu’elle est vêtue ce soir, aussi noir sont ses yeux malgré leurs grâces bleutées quand ils épousent la noirceur féline de celui qui lui jeta son mépris à la gueule quelques temps plus tôt, cillant face à la détresse qui emprunte le visage de l’homme qui fut celui qu’elle cru si proche de l’être aimé jusqu’alors. Son souffle s’éprend de folie quand ses mains viennent se faire adouber de quelques baisers sur ses phalanges, manquerait de lui hurler de ne pas toucher à des doigts aussi sales que les siens car il ignore ce qu’elle en a fait ce soir, il ignore à quel point elle est pourrie de l’intérieur et qu’elle ne devrait pas jouer avec lui. Elle manque de reculer face à pareil folie, à ce geste tendre qu’elle ignore être ambiguë ou non pour finir par se figer face à l’aveu, oscillant d’un œil à un autre, ses lèvres pourpres entrouvertes sur des mots qui peinent à venir, perdant de sa superbe. Rosa ne bégaye pas, elle séduit, elle charme et se joue des hommes, surtout d’un d’entre eux dont elle aimerait retrouver le refuge car le douleur se conjuguent bien dans la sauvagerie de leurs étreintes. Elle a connu l’impureté de la jouissance sous les éclats d’obus donnés par les coups de reins qui la détiennent sans fin. Il a suffit d’un regard pour qu’elle comprenne que Cez Blackbird signerait sa perte, une perte incertaine, sans bien savoir s’il s’agirait du linceul de sa virginité ou de sa sagesse. Il lui prit les deux et ce soir Rosa aimerait s’amuser auprès d’un autre découvrir la passion fanée, se laisser alanguir dans la myriade d’extase qui n’attend pas de lendemain, ni de suite. Il n’y a qu’un épisode à l’opiniâtreté qui poursuit son chemin sous les néons, sous l’électronique musique qui pourfend leurs tympans et les gens hurlent et rient quand ici les larmes affleurent comme naissent les fleurs du mal sur les rives de quelques rivières sanglantes.

Inconsciente pendant un long instant, elle se laisse entraîner ailleurs, comme prête à aller vers l’Enfer quand elle sait qu’il s’agit là de la pire des erreurs, oscillant sur ses hauts talons, un peu ivre peut-être, un peu folle aussi, les yeux éclatés à la furie de ses pensées qui explosent comme des grenades dans de la terre noire, un No Man’s Land où personne n’oserait s’aventurer car il y erre des choses bien difficiles à partager même en mots.

Sahel.
Sahel, pardonne moi.
Sahel, pardonne moi pour ce que je fais ce soir.
Sahel, pardonne moi même si je ne le mérite pas.


Il n’y a que ce nom dans sa tête car il y a bien la dépouille de leurs corps enlacés sur le champ de bataille de son esprit, quelque part entre le cadavre calciné de sa mère et celui de ses camarades de pensionnats qui moururent sous les affronts de la solitude, de maladies qu’on ne prit pas la peine de soigner. Elle en a vu mourir bien trop pour les compter et se retrouver à nouveau face à la mort d’une fille dont elle ne sait rien lui donne la nausée. Le dos contre un mur à nouveau, elle sent la caresse de ses cheveux noirs contre ses joues rosées de honte et de chaleur, elle s’expose à la lueur de la détresse d’Adonis sans bien savoir quoi lui dire, secouant la tête comme pour se rétracter, voulant réchapper aux mains qui la tiennent, s’enfuir aussi loin qu’elle le peut et ne plus jamais le croiser. « Je… » Elle murmure mais qui pourrait l’entendre même aussi loin des basses qui font vrombir les murs et le sol, où les gens passent mais ils demeurent des fantômes dans cette impasse, comme un couple parmi d’autre et elle ploie sous les yeux aux rétines dilatées, sourcillant avant que dans le feu d’une impulsion elle ne laisse glisser ses doigts de la paume qui détient sa main coupable, entoure le visage pour s’en approcher sans ambiguïté, reconnaissant là les mêmes dessins qui s’esquissent dans les yeux de Dixiana quand elle renifle une ligne ou plus. « T’es défoncé, Ado. T’as encore pris quelque chose c’est ça ? » Elle secoue la tête, se sent faillir sous les à-coups du désespoir qui tambourine sous sa poitrine, se demandant comment elle pourrait le consoler de la perte. « Elle te manque hein ? Je sais qu’elle t’manque. A elle aussi, tu lui manques, j'le sais. » Elle ignore même qui est Anthea mais peu lui importe, elle lui apportera de ce réconfort qu’il faut pour la rejoindre. « Tu… Tu m’en donnerais un peu ? » Sourire qui chavire à la commissure de ses lèvres pourpre alors qu’elle s’approche, flirt avec la dangerosité de quelque chose de sombre et noir que le lendemain lui fera regretter. Elle veut toucher un peu des étoiles dans lesquelles il flotte « On pourrait la rejoindre ensemble. On la verra si tu m’fais monter là-haut avec toi. » Ses pouces caressent les joues humides des larmes, tente d’en éponger les traces pour qu’il ne demeure que les rides du désespoir chimérique sur le faciès peu ingrat, qu’elle aurait pu trouver beau dans une autre vie, sous une autre forme. Bien sûr, il plait à Rosa, Rosa s’enivre de son parfum et de cette solidité dégingandée qui se dégage de sa silhouette, se pare de vulgaires pensées en se demandant comment il sait saisir les femmes, l’entendre gémir grâce à elle alors expose une moue plus douce, ses yeux topaze bleu se dessinant dans la suie de la nuit, son souffle se déposant contre une jour qu’elle embrasse, soufflant un rire « Je sais qu’elle t’attend depuis longtemps. Mais moi, moi j’arrive jamais à la voir vraiment. Tout est flou, tout m'échappe... » La pointe de son nez glisse sur la peau chaude et humide pour que leurs faciès ne soient qu’à quelques soupirs l’un de l’autre, dérivant vers les récifs où ils finiront par s’écraser. Il n’est personne pour elle comme pour lui, elle ne demeurera qu’un antique mirage. « Faut t’assurer que j’sois bien vivante, Ado. T’es sûr de toi ? T’es certain que j’sois vraiment là ? » Et elle joue des fils qu’il lui a donné pour broder la pire des histoires, sous peine de tomber dans un piège qui la fera se morfondre de honte plus tard « Si j’suis Tess, dis moi ce que tu ressentais pour moi. Dis moi, j’ai oublié tes mots avec le temps qui passe. » Ignoble mensonge, ignoble personne qu’est Rosa ou Joyss mais Rosa osa là où l’autre la fermerait, laisserait tranquille ce pauvre homme qui n’a demandé qu’à trouver l’aimée à son tour. Et quelque chose se fissure quand elle sourit plus franchement, comme si les deux faces d’une même pièce se rejoignaient alors, laissant glisser les cristaux de ses larmes sur ses joues maquillées « J’veux pas être toute seule ce soir. J’veux… J’veux la rejoindre avec toi. » Mouvement qu’elle ose, venant enlacer la taille, poser le bouton rose de ses lèvres sur le menton qu’elle parvient à atteindre, murmurant une ultime fois « J’ai toujours voulu de toi. Mais toi, Ado, tu serais prête à t’donner à moi pour la voir ? »

Abandonne moi ta détresse, j’y sculpterai la silhouette de ta princesse disparue,
Je prendrai ce qu’il faudra pour faire de cette nuit quelque chose qui ne peut s’oublier.
Tu verras, Adonis, ce soir, tu ne souffriras plus, je le promets.



(c) corvidae
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